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Ce nom se peut prendre dans un sens étendu ou dans un sens limité. La Palestine prise dans un sens limité, marque le pays des Philistins ou des Palestins, qui occupaient cette partie de la terre promise, qui s’étend le long de la Méditerranée, depuis Gaze au midi, jusque vers Lydda au septentrion. Il semble que les Septante ont cru que le nom hébreu Philistiim signifiait des étrangers, puisque ordinairement ils le traduisent par Allophyli, qui signifie des étrangers, des hommes d’une autre tribu.
Quand le terme de Palestine se prend dans un sens plus étendu, il signifie tout le pays de Chanaan, toute la terre promise, tant en deçà, qu’au delà du Jourdain ; quoiqu’assez souvent on la restreigne au pays de deçà ce fleuve, en sorte que, dans les derniers temps, la Judée et la Palestine passaient pour une même chose. On trouve aussi le nom de Syria Paltestina donné à la terre promise, et on comprend même quelquefois cette province dans la Coelé-Syrie ou dans la Syrie Creuse. Hérodote est le plus ancien écrivain que nous connaissions, qui parle de la Syrie-Palestine. Il la place entre la Phénicie et l’Égypte. Voyez Reland, Paloestinoe l.1, chapitres 7 et 8. Voyez aussi ce que nous avons dit sur le mot Juda.
Moïse parle de la Palestine comme du meilleur et du plus beau pays du monde, d’une terre où coulent des torrents de miel et de lait ; les auteurs profanes en parlent à-peu-près de même. Hécatée, qui avait été nourri avec Alexandre le Grand, et qui écrivait sous le premier Ptolémée, parle de ce pays comme d’une terre fertile et très-peuplee, une province très-bonne et qui porte toutes sortes de fruits. Pline en fait une description à-peu-près semblable ; il dit que Jérusalem était la plus fameuse des villes, non-seulement de la Judée, mais même de tout l’Orient. Il décrit le cours du Jourdain comme celui d’un fleuve agréable ; il parle avantageusement du lac de Génésareth, du baume de Judée, de ses palmiers. Tacite, Ammien Marcellin et la plupart des anciens, qui ont eu occasion de faire mention de la Palestine, en ont de même parlé avec éloge.
Les mahométans qui devraient l’avoir mieux connue que bien d’autres, en parlent d’une manière exagérée à la vérité, mais qui prouve son extrême fertilité. Ils disent qu’outre les deux villes principales du pays, qui sont Elia et Ariha, c’est-à-dire, Jérusalem et Jéricho, il y avait dans cette province mille bourgades, qui avaient chacune de très-beaux jardins ; que les raisins y étaient si gros, que cinq hommes pouvaient à peine en porter une grappe, que cinq personnes pouvaient demeurer a couvert dans l’écorce d’une seule grenade : Que ce pays était habité anciennement par des géants de la race d’Amalech, qui étaient d’une grandeur extraordinaire.
Malgré tous ces témoignages des anciens, il se trouve des gens qui sont incrédules sur la fécondité de la terre sainte. Les voyageurs qui y vont en parlent pour la plupart d’une manière peu avantageuse. Le pays, disent-ils, paraît sec et stérile ; il est peu arrosé ; il y a peu de plaines cultivées. Strabon est un des anciens qui en a parlé avec plus de mépris ; il dit que cette province est si stérile, qu’elle ne fait envie à personne, et qu’on n’eut pas besoin de combattre pour la conquérir, que Jérusalem est située dans un terrain sec et stérile.
Saint Jérôme, témoin oculaire et très-bien instruit des qualitts que l’Écriture attribue à la Palestine, dit que ce pays est plein de montagnes, qu’on y souffre la sécheresse et la soif, qu’on n’y recevait que de l’eau de pluie, et qu’on était obligé de suppléer aux fontaines par les citernes. Mais le même saint Jérôme parle ailleurs très-avantageusement de la fertilité de la Palestine : il avoue qu’il n’y avait aucun pays qui pût la lui contester. Les voyageurs modernes qui parlent de sa stérilité présente, ne nient pat qu’elle ne conserve encore des traces de son ancienne fécondité dans certains endroits, où l’on trouve toutes sortes de fruits presque sans aucune culture ; ailleurs l’herbe y croit avec une abondance et d’une hauteur extraordinaires. Si les montagnes de quelques campagnes sont stériles, c’est qu’elles ne sont plus cultivées faute d’habitants. Combien d’autres pays, autrefois renommés par leur fécondité, sont aujourd’hui réduits en des solitudes affreuses et stérilesl [ Sur la valeur actuelle du sol de la Palestine par rapport à l’agriculture, voyez le Voyage de M. le duc de Raguse].
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