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Nous donnons ce nom à deux livres historiques de l’Écriture, que les Hébreux appellent Dibré-iamim (Verba dierum), les paroles des jours, ou les journaux. D’autres les citent sous le nom de Chroniques. Le nom de Paralipomènes est pris du grec, et signifie les choses omises ; comme si ces livres étaient une espèce de supplément qui nous apprît ce qui est omis ou trop abrégé dans les livres des Rois et dans les autres livres de l’Écriture. Et en effet on y trouve diverses particularités qu’on ne lit point ailleurs. Mais il ne faut pas croire que ce soient les journaux ou mémoires des rois de Juda et d’Israël, qui sont cités si souvent dans les livres des Rois et des Paralipomènes. Ces anciens journaux étaient bien plus étendus que ce que nous avons ici, et les livres mêmes des Paralipomènes renvoient à ces mémoires, et nous en rapportent de longs extraits.
On ne connaît point l’auteur de ces livres. Quelques-uns ont cru que c’était le même que celui qui a écrit les livres des Rois. Mais si cela était, pourquoi ces variétés dans les dates dans les récits, dans les généalogies, dans les noms propres ? Pourquoi ces repétitions des mêmes choses, très-souvent en mêmes termes ? les Hébreux attribuent d’ordinaire les Paralipomènes à Esdras, qui les composa, dit-on, au retour de la captivité, aidé de Zacharie et d’Aggée, qui vivaient alors.
On prouve ce sentiment :
1° Par l’égalité du style, par les récapitulations et les réflexions générales qu’il fait quelquefois sur toute une longue suite d’événements.
2° L’auteur vivait après la captivité, puisqu’il rapporte au chapitre dernier du second livre le décret de Cyrus qui accordait la liberté aux Juifs. De plus il conduit la généalogie de David jusqu’au delà de Zorobabel, qui fut le chef de ceux qui revinrent de Babylone.
3° On y remarque certains termes et certaines expressions, que l’on croit être propres à la personne et au temps d’Esdras.
Mais si ces caractères semblent prouver qu’Esdras est auteur de ces livres, en voici d’autres qui lui paraissent contraires.
1° L’auteur pousse la généalogie de Zorobabel jusqu’à la douzième génération. Or Esdras n’a pas vécu assez longtemps pour cela.
2° En plus d’un endroit il suppose que les choses dont il parle étaient alors au même état qu’elles étaient par exemple, sous Salomon et avant la captivité (2 Chroniques 5.9).
3° Celui qui a écrit ces livres n’était ni contemporain ni original, mais compilateur et abréviateur. Il avait en main un très-grand nombre d’anciens mémoires, de généalogies, d’annales, de registres et d’autres pièces, qu’il cite souvent, dont il donne quelquefois des extraits, et d’autres fois de simples précis. Ailleurs il en donne de grands fragments sans y rien changer, et sans se mettre en peine de les concilier. C’est ce qui fait qu’oa trouve quelquefois la généalogie de la même personne donnée plus d’une fois.
Il nous paraît que son principal dessein était de marquer exactement les généalogies, le rang, les fonctions, et l’ordre des prêtres et des lévites, afin qu’au retour de la captivité ils pussent plus aisément reprendre leur rang, et rentrer dans leur ministère. Il avait en vue aussi de marquer quel avait été avant la captivité le partage des familles, afin qu’au retour de Babylone chaque tribu pût rentrer, autant qu’il était possible, dans l’ancien héritage de ses pères. L’auteur cite d’anciens mémoires, sous le nom de l’erba vetera (1 Chroniques 4.22). Il rapporte quatre dénombrements du peuple : l’un fait du temps de David, l’antre du temps de Jéroboam, le troisième de Joathan, et le quatrième du temps de la captivité des dix tribus. Il parle ailleurs du dénombrement qui s’était fait par l’ordre de David, et que Joab n’acheva pas. On voit par là l’extrême exactitude qu’apportaient les Hébreux à conserver leurs généalogies et leurs monuments historiques.
Les commentateurs ont assez négligé les Paralipomènes, dans la fausse persuasion qu’ils contenaient peu de choses qui n’eussent été éclaircies dans les livres des Rois : mais il est certain, comme le remarque saint Jérôme, que ces livres contiennent un très grand nombre de choses importantes pour t’explication des Livres saints, et que toute la tradition des Écritures y est contenue ; et que c’est se tromper, si on se flatte d’avoir quelque connaissance des Livres saints, si l’on ignore ceux-ci. Enfin il avance qu’on trouve dans les Paralipomènes une infinité de questions résolues qui regardent l’Évangile.
Personne ne conteste l’authenticité ni la canonicité des Paralipomènes. Les anciens Hébreux n’en faisaient qu’un livre : mais aujourd’hui, dans les Bibles hébraïques imprimées à leur usage, ils en font deux livres comme nous. Il y a un assez grand nombre de variétés dans les faits et dans les dates entre les livres des Rois et ceux des Paralipomènes, que l’on peut voir expliquées et conciliées dans les commentateurs. Le premier livre contient une espèce de récapitulation de l’histoire sainte, par les généalogies, depuis le commencement du monde jusqu’à la mort de David, arrivée l’an du monde 2289, avant Jésus-Christ 1101, avant l’ère vulgaire 1105. Le second livre soutient l’histoire des rois de Juda, et d’une partie de ceux d’Israël ; depuis le commencement de Salomon seul, l’an du monde 2990, jusqu’au retour de la captivité de Babylone, en 368, avant Jésus-Christ 582, avant l’ère vulgaire 586. On peut voir notre Préface sur les livres des Paralipomènes.
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