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Parfum

L’usage des parfums était fréquent parmi les Hébreux, et en général parmi les Orientaux, avant qu’il fût connu aux Grecs et aux Romains. Pline dit qu’on ignore qui est le premier auteur des parfums, et qu’on ne les connaissait point encore ad temps du siège de Troie. Ovide attribue l’honneur de cette invention à Bacchus.

Arnobe soutient qu’ils étaient inconnus dans les temps héroïques. Mais du temps de Moïse ils devaient être connus en Égypte, puisqu’il parle de l’art du parfumeur (Exode 30.25), qu’il donne la composition de deux espèces de parfums, dont l’un devait être offert au Seigneur sur l’autel d’or, qui était dans le Saint (Exode 30.34-35), et L’autre était destiné à oindre le grand prêtre et ses fils, de même que le tabernacle et tous les vases qui étaient destinés à son service (Exode 30.23).

Le premier de ces parfums était composé de stacté, d’onyx ou d’ongle odorant, de galbanum, d’encens, le tout de poids égal. Ce parfum était une chose sacrée et inviolable, et il était défendu, sous peine de la vie, à quelque homme que ce fût, de s’en servir pour son usage. On en portait tous les matins et tous les soirs sur l’autel d’or, qui était dans le Saint. C’était la fonction d’un des prêtres de semaine. C’est ce parfum que Zacharie, père de saint Jean-Baptiste, allait offrir, lorsque l’ange lui apparut et lui prédit la naissance du précurseur du Messie.

L’autre espèce de parfum, qui était plutôt un onguent pour oindre les prêtres et les vases sacrés du tabernacle, était composé de la myrrhe la plus excellente, du poids de cinq cents sicles ; de cinnamome, du poids de deux cent cinquante sicles ; de canne aromatique, pareille quantité ; de case aromatique, du poids de cinq cents sicles, et d’un hin d’huile d’olive. Le tout étant bien mêlé servait à faire un onguent précieux dont on oignit Aaron et ses fils, et tout ce qui appartenait au tabernacle. Mais on croit que l’on n’oignit plus dans la suite les successeurs d’Aaron, parce que leur dignité étant successive, cette onction ne paraissait pas nécessaire. Dieu avait réservé cette onctien ou ce parfum à son service, et quiconque en aurait fait pour soi on pour d’autres était exterminé du milieu de son peuple. J’ai parlé de l’autel du parfum dans l’article Autel du parfum.

Les Hébreux avaient aussi des parfums qu’ils employaient pour embaumer les morts. On n’en connaît pas distinctement la composition ; mais on sait que, pour l’ordinaire, ils y employaient la myrrhe, l’aloès (Jean 19.39) et d’autres drogues fortes et astringentes, propres à empêcher la puanteur, l’infection et la corruption, et par conséquent salées, acres et astringentes. On peut voir ce que dit Hérodote de la manière dont les Égyptiens embaumaient les corps ; car il semble que c’est des Égyptiens que les Hébreux avaient pris cet usage.

Outre les parfums dont nous venons de parler, il y en a encore d’autres qui nous sont connus dans l’Écriture, par exemple, ceux que le roi Ézéchias conservait dans ses trésors : (2 Rois 20.13) ; et ceux qui furent brûlés avec le corps du roi Asa (2 Chroniques 16.14). Judith (Judith 16.10) se parfuma le visage pour paraître devant Holopherne. On préparait les filles qui devaient paraître devant le roi de Perse pendant six mois, par l’usage de l’huile de myrrhe, et pendant six autres mois, par d’autres parfums et d’autres huiles de senteur. L’Épouse du cantique loue l’odeur des parfums de son Époux (Cantique 1.3) ; et réciproquement l’Époux dit que l’odeur des parfums de son Épouse surpasse toutes les plus excellentes odeurs (Cantique 4.10-14). Il nomme en particulier le nard, le safran, la canne aromatique, le cinname, la myrrhe, l’aloès, comme faisant partie de ces parfums. La femme débauchée dont Salomon fait la peinture dit qu’elle a arrosé son lit avec la myrrhe, l’aloès et le cinname (Proverbes 7.17). Les débauchés, dans le livre de la Sagesse (Sagesse 2.7), s’exhortent à se charger d’odeurs et de parfums précieux.

Isaïe reproche à la Judée, qu’il dépeint comme une épouse infidèle à Dieu, de s’être fardée et parfumée pour plaire aux peuples étrangers (Isaïe 47.9). Ézéchiel (Ézéchiel 23.41) semble accuser les Juifs d’avoir profané les odeurs et les parfums dont il s’était réservé l’usage, en les employant pour eux-mêmes. Amos (Amos 6.6) invective contre tes riches d’Ephraïrn, qui buvaient les plus excellents vins, et qui se parfumaient des plus précieuses huiles. La femme pécheresse, dans saint Luc (Luc 46.37), et Marie Madeleine dans saint Jean (Jean 12.3), oignirent les pieds du Sauveur avec un parfum précieux : celui de Marie Madeleine était d’épi de nard.

Tous ces exemples montrent en général le goût des anciens Hébreux, qui était et qui est encore celui des Orientaux, qui usent beaucoup de senteurs et de parfums. Ils prouvent aussi que les hommes et les femmes en usaient presque indifféremment ; et que les personnes sages et sérieuses en condamnaient l’usage trop fréquent et affecté. On voit aussi que s’abstenir de parfums, de senteurs, d’onction, passait pour une grande mortification. Esther s’abstint de parfums et d’onc tion pendant temps de l’humiliation de son peuple (Esther 14.2). Daniel (Daniel 10.3) ne s’oignit point pendant les trois semaines qu’il demeura dans l’exercice de la prière, pour obtenir les lumières qu’il demandait à Dieu.

Salomon (Ecclésiaste 10.1) dit que les mouches qui mearent /ont perdre la bonne odeur du parfum : Il ne faut qu’une mouche pour gâter une botte de senteur ; il ne faut qu’une faute pour nous faire perdre toute notre bonne réputation. L’Hébreu à la lettre : Une mouche morte fera sentir mauvais le plus excellent parfum.

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