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Célèbre auteur juif de la ville d’Alexandrie et de la race sacerdotale, était frère d’Alexandre Lysimaque, alabarque ou chef des Juifs qui demeuraient en grand nombre dans la même ville. Josèphe l’appelle un homme illustre en toutes choses. Il se rendit si célèbre par son éloquence et par la connaissance qu’il acquit des dogmes de Platon, que l’on disait communément de lui à Alexandrie : Ou Philon imite Platon, ou Platon imite Philon, et les savants l’appelaient le Platon Juif, ou un second Platon. Il était assez âgé, lorsqu’il fut député à Rorne avec quelques autres, vers l’an ter de l’ère commune, par les Juifs d’Alexandrie, pour soutenir devant l’empereur Caïus le droit de bourgeoisie que les Juifs prétendaient dans Alexandrie. Ils attendirent à Rome que Caïus fût de retour des Gaules ; et lorsqu’il fut arrivé, ils lui présentèrent leur mémoire. Caïus les reçut avec des marques d’amitié qu’ils n’attendaient pas.
Quelque temps après il leur donna audience auprès de la ville, dans les maisons de plaisance qui portaient le nom de Mécénas et de Lauda. L’empereur leur reprocha qu’ils étaient les seuls peuples du monde qui ne voulaient pas le reconnaître pour dieu, et proféra des blasphèmes qui font horreur. Il leur dit qu’ils avaient à la vérité offert des sacrifices pour sa santé, mais qu’ils avaient aussi offert leurs sacrifices à d’autres. Puis prenant un ton plus sérieux, il leur demanda pourquoi ils ne mangeaient point de pourceaux, et enfin sur quoi ils fondaient leur, droit de bourgeoisie. Il leur fit ces demandes à diverses reprises et sans se donner la patience de s’arrêter, ni d’écouter les réponses des Juifs, Il les congédia sans rien prononcer sur le fond ; il dit seulement : Ces gens-là ne me paraissent pas si méchants qu’ils sont malheureux et insensés de ne me pas reconnaître pour dieu.
Philon a écrit plusieurs ouvrages, dont nous avons encore une bonne partie, et qui sont fort estimés des personnes intelligentes. Photius croit que c’est de lui qu’est venue dans l’Église la coutume d’expliquer l’Écriture par allégorie ; et il est vrai que souvent les Pères, surtout saint Clément d’Alexandrie et Origène, ont suivi la méthode de Philon ; mais on ne peut disconvenir que la coutume de tourner l’Écriture en allégorie n’ait été, en usage longtemps auparavant, ainsi qu’on le voit dans le livre de la Sagesse (Sagesse 18.24) et dans l’Ecclésiastique. Josèphe témoigne qu’il a eu dessein de composer un ouvrage dans lequel il expliquerait ce que Moïse avait caché sous des allégories. Enfin saint Paul a si souvent employé cette manière d’expliquer l’Écriture, qu’on voit bien que cela était ordinaire parmi les Juifs, et qu’on ne peut pas dire que Philon en soit le premier ni même le principal auteur. Voyez l’article allégorie.
Plusieurs anciens ont cru que Philon avait voulu décrire la vie des premiers chrétiens d’Alexandrie dans son livre intitulé : De la Vie Contemplative, où il représente la vie des thérapeutes. On peut voir sur cette dispute ce qu’on en a écrit depuis quelques années pour et contre. Le P. de Montfaucon a soutenu l’affirmative ; M. Basnage, M. Dupin et M. N, président de Dijon, la négative. On peut les consulter sur cette fameuse question. On dit que Philon connut saint Pierre à Rome sous Claude, qu’il lui parla et fit amitié avec lui. Photius dit même qu’il embrassa le christianisme et qu’il le quitta par mécontentement ; mais on ne trouve cette circonstance chez aucun ancien. Nous ignorons le temps de sa mort.
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