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Philosophe

Saint Paul dit aux Colossiens (Colossiens 2.8) : Prenez garde que personne ne vous séduise par la philosophie. Et dans les Actes (Actes 17.18) saint Luc raconte que saint Paul étant arrivé à Athènes y trouva des philosophes épicuriens et stoïciens qui se moquaient de ses discours. Le même apôtre en plusieurs endroits de ses Épîtres s’élève contre les faux sages et la fausse sagesse de ce siècle, qui n’est autre que la philosophiel des païens, toujours fort opposée à la sagesse de Jésus-Christ et à la vraie religion qui, dans l’idée des philosophes et des sages du monde, passait pour une vraie folie, n’étant fondée ni sur le raisonnement, ni sur l’évidence, ni sur l’éloquence et la subtilité de ceux qui la prêchaient, mais sur la vertu de Dieu, sur son autorité, sur l’opération du Saint-Esprit, qui agissait sur les cœurs et sur les esprits de ceux qu’il appelait à la foi.

Le nom de philosophie dérive du grec philos, amateur, et sophia, la sagesse. Pythagore est le premier qui ait pris le nom de philosophe, amateur de la sagesse, au lieu de sophos, ou sage, que portaient avant lui ceux qui excellaient dans les sciences. Dans l’Écriture sainte on voit de vrais sages et de vrais ouvrages de philosophie dans le livre des Proverbes et de l’Ecclésiaste de Salomon, dans les livres de la Sagesse et de l’Ecclésiasligue. Ce sont des ouvrages moraux où l’on trouve une infinité d’excellentes maximes de religion, de piété, de conduite pour tous les états de la vie. Il y a peu de raisonnement. Les anciens Orientaux s’amusaient moins à raisonner que les philosophes grecs ; ils allaient plus au fait-et donnaient leurs préceptes par sentiments et par maximes. Le livre de l’Ecclésiastique [lisez de l’Ecclésiaste] est une espèce de dispute où l’on rapporte les raisonnements des impies et de ceux qui nient l’immortalité de l’âme et la Providence, et qui mettent le souverain bien dans la volupté, dans les richesses, dans les honneurs. Leurs raisons y sont étalées avec force ; mais Salomon en montre la vanité, le néant, et conclut en faveur de la religion et de la crainte de Dieu.

Le livre de Job est encore une espèce de traité de philosophie, dans lequel trois ou quatre personnages disputent tour à tour sur la Providence, sur la conduite de Dieu envers les hommes, et sur cette grande question : si tous les maux qui nous arrivent dans ce monde sont des châtiments de nos péchés, ou s’ils ne sont pas quelquefois des épreuves de sagesse de Dieu sur ses élus.

Le livre intitulé : La Sagesse de Salomon, est un ouvrage de philosophie morale, composé principalement pour l’instruction des grands et des princes de la terre. L’Ecclésiastique a un objet plus vaste ; il comprend toutes les diverses conditions de la vie, et donne des préceptes moraux à toutes sortes de personnes. Il dérive (Sagesse 6.23) le nom de sophia, la sagesse, de l’hébreu zaphniah, une chose cachée, et nous décrit l’occupation d’un philosophe hébreu (Ecclésiaste 39.1-3), comme un homme appliqué à découvrir le sens des paraboles anciennes, à étudier la sagesse des anciens, les écrits des prophètes, les histoires des hommes fameux ; à voyager dans différents pays, pour apprendre les mœurs et les sentiments des nations diverses, et pour connaître le bien et le mal qui est parmi les hommes. Mais sa principale occupation est de prier le Seigneur, et de lui demander ses lumières ; s’il les lui accordse, le sage répandra les trésors de sa sagesse comme une pluie abondante, et sa réputation s’étendra jusqu’aux extrémités du monde.

Vers le même temps que se formèrent chez les Grecs les sectes de leurs philosophes, des académiciens, des péripatéticiens, des stoïciens, on vit parmi les Juifs, par une espèce d’émulation, s’élever aussi des sectes de philosophes, des esséniens, des pharisiens et des saducéens. Les pharisiens avaient quelque rapport aux stoïciens, les saducéens aux épicuriens, et les esséniens approchaient des académiciens. Les pharisiens étaient hautains, fanfarons, vains comme les stoïciens. Les saducéens, qui niaient l’immortalité de l’âme et l’existence des esprits, se délivraient tout d’un coup, comme les épicuriens, de toute inquiétude sur l’avenir. Les esséniens, plus modérés, plus simples et plus religieux que les uns et les autres, couraient plus après les académiciens.

De même que la philosophie des Grecs, après avoir été assez longtemps honorée et respectée par le mérite de ceux qui la professaient, tomba ensuite dans le décri et dans le mépris, par la bassesse et les vices de ceux qui prirent le nom de philosophes, ainsi parmi les Hébreux, les pharisiens, par exemple, qui, dans les commencements, s’étaient rendus recommandables par leur attachement inviolable à l’observance de la loi de Dieu, se rendirent ensuite odieux aux puissances, et méprisables aux gens de bien, par leur excessive ambition et par les interprétations erronées qu’ils donnèrent aux lois du Seigneur.

Les philosophes, contre lesquels saint Paul s’élève dans l’Épître aux Romains, vantaient l’étendue de leurs connaissances, la beauté de leur morale, l’éloquence de leurs écrivains, la force de leurs raisonnements, la subtilité de leurs arguments. Leurs maladies étaient l’orgueil, la curiosité, la présomption, l’hypocrisie, l’ambition. Ils donnaient tout à la raison, voulaient dominer partout ; et quoique leur vie fût pleine de dérèglements honteux et injurieux même à la nature, ils voulaient passer pour gens de bien ; se vantant de connaître Dieu, ils le déshonoraient par leur conduite. Saint Paul leur opposait l’humilité de la croix de Jésus-Christ, la force de ses miracles, la pureté de sa morale, la grandeur de ses mystères, l’évidence des preuves de sa mission,

On dispute si les philosophes païens ont puisé les plus beaux sentiments de leur morale dans les saintes Écritures. Les Pères ont été partagés sur cette question. Les uns ont soutenu l’affirmative, et d’autres la négative. Philon le Juif enseigne qu’avant la traduction qui fut faite des livres de Moïse par les ordres de Ptolémée Philadelphe les gentils n’avaient aucune connaissance des livres saints. Aristée fait dire à Démétrius de Phalère que les historiens, poètes et écrivains grecs n’ont fait aucune mention des livres des Hébreux, et que quelques écrivains ayant voulu en insérer quelque chose dans leurs ouvrages, en avaient été empêchés par des punitions divines qui leur étaient arrivées, et dont il rapporte des exemples. Origène (c) soutient que le nom de Moïse était inconnu aux Grecs, et que son nom ne se lit dans aucun de leurs écrits. Josèphe l’Historien reconnaît le silence des Grecs (d), et en rend cette raison, qu’ils n’ont point lu les livres des Juifs. Lactance dit nettement que les profanes n’avaient jamais lu les saints livres. En un autre endroit, qu’il est étonnant que Pythagore et Platon soient allés dans la Chaldée et dans la Perse pour s’instruire de la religion et des coutumes de ces peuples, au lieu d’aller en Judée, où il leur aurait été si facile de se transporter, et où ils auraient trouvé tout ce qu’ils avaient inutilement cherché ailleurs.

D’autres Pères en plus grand nombre sont pour l’affirmative. Ils assurent que les plus fameux des anciens philosophes ont connu les livres saints et les prophètes. Saint Augustin croit que Pythagore vit Jérémie en Égypte ; d’autres croient qu’il conversa aussi avec Ézéchiel en Judée ; qu’il connut les Juifs, et emprunta plusieurs de leurs lois, auxquelles il donna place dans sa philosophie. Saint Clément d’Alexandrie parlant aux Grecs, avance que tout ce que les lois de Platon ont de vrai leur vient des Hébreux ; que c’est de là que leurs poètes ont emprunté leurs plus belles pensées et leurs plus riches expressions. Saint Justin le Martyr entre sur cela dans le détail, et montre par plusieurs exemples qu’Orphée, Homère, Solon, Pythagore, Platon et plusieurs autres ont voyagé en Égypte, et ont consulté les livres de Moïse. Le philosophe Celse, ennemi des chrétiens, reconnaissait la conformité des sentiments de Platon avec Moïse et les prophètes des Juifs ; et il en concluait ridiculement que c’était les Hébreux qui avaient copié les Grecs, comme si Moïse et les écrivains sacrés étaient plus modernes que Platon et les poêtes grecs.

Tertullien soutient que les anciens législateurs du paganisme n’ont rien de bon que ce qu’ils ont emprunté des Hébreux. Que leurs poêtes et leurs philosophes ont puisé dans la source des prophètes ; que les démons par un artifice dangereux ont fait glisser exprès quelques traits de vérité dans les écrits des profanes, afin de détruire ces mêmes vérités dans le temps que Dieu devait les manifester au monde ; la plupart des hommes n’ayant pas assez de pénétration ou d’équité pour en faire le discernement d’avec l’erreur à laquelle elle se trouvait jointe. Saint Justin a eu la même pensée. Eusèbe a employé tous les livres onzième et douzième de son grand ouvrage de la Préparation Évangélique à montrer que Platon avait pris les principaux points de sa philosophie et de sa théologie dans les livres sacrés des Juifs. Théodoret avance que les anciens philosophes, Phérécides, Pythagore, Thalès, Solon et Platon, ont voyagé en Égypte et ont reçu des leçons non-seulement des Égyptiens, mais encore des Hébreux, jusque-là que Pythagore reçut la circoncision, que les Égyptiens avaient imitée des Juifs. Saint Ambroise semble croire qu’une des premières intentions de Platon, en venant en Égypte était de consulter les lois de Moïse et les oracles des prophètes.

Mais conime c’est ici une question de fait, il faut l’examiner sur des preuves de fait, plutôt que sur des autorités. Les preuves de fait sont de deux sortes dans cette matière :

1° La conformité des sentiments et des expressions des auteurs sacrés et des auteurs profanes, dans des endroits où ils ne peuvent naturellement s’être rencontrés ;

2° L’aveu de ceux qui ont copié les autres, ou le témoignage d’auteurs contemporains. Or dans les écrits des poêtes et des philosophes profanes, nous ne trouvons aucun aveu qu’ils aient rien tiré des écrivains sacrés ; aucun auteur contemporain ne témoigne qu’ils aient rien fait de pareil : les traits de ressemblance qui se remarquent entre les écrivains sacrés et les profanes sont purement fortuits, et dans des lieux où tous les hommes de bon sens peuvent se rencontrer sans se copier. On n’en peut donc rien conclure pour le sentiment de ceux qui veulent que les Grecs aient lu et imité les Hébreux.

Ils ne pouvaient pas même les lire, car ils les auraient lus ou dans les sources et les originaux, ou dans les versions. Les Grecs n’étudiaient pas les langues étrangères, et les Juifs, infiniment jaloux de la sainteté de leurs livres, ne les auraient pas confiés à des profanes. Ils ne pouvaient pas non plus les lire dans les versions, puisqu’il n’y en avait point avant celle des Septante, faite par Ptolémée Philadelphe longtemps après Pythagore, Platon, Aristote, Socrate, Chrysippe, Zénon et les anciens philosophes et législateurs des Grecs. Il y a même beaucoup d’apparence que la version dite des Septante est encore postérieure au temps de Philadelphe, comme on le peut voir sous l’article des Septante [Nous ne pouvons admettre l’opinion de l’auteur, parce que nous la croyons fausse. La traduction des livres saints par les Septante fut faite au commencement du règne de Philadelphe, comme nous l’avons prouvé dans notre Histoire de l’Ancien Testament, tome Il. Il n’est pas certain qu’il n’y ait pas eu une version antérieure. Mais il est certain qu’il y avait des Israélites chez tous les peuples de la Grèce et de l’Orient, et que les philosophes grecs voyageaient en Égypte, en Syrie et en Orient. Il n’est pas possible de croire que ces philosophes aient négligé de s’instruire de la religion, de la morale, de la politique, etc., des Hébreux. Un examen consciencieusement fait des livres saints et de ceux de Platon, par exemple, prouverait que ce philosophe a dit beaucoup de choses qui viennent évidemment des Hébreux].

Une autre fameuse question que l’on forme au sujet des anciens philosophes concerne leur salut éternel. On demande si en suivant les lumières naturelles et vivant moralement bien aux yeux des hommes, ils ont pu, indépendamment de la loi et de l’Évangile, éviter la damnation et le malheur éternel. Saint Paul, dans son Épître aux Romains (Romains 2.9-12), semble ne pas exclure les gentils qui ont vécu louablement de la félicité du ciel. Voici comme il parle : Les philosophes gentils sont inexcusables, parce qu’ayant connu Dieu ils ne l’ont pas glorifié comme Dieu. Si donc ils l’avaient glorifié, ils seraient excusables. Il ajoute : L’affliction et le désespoir accableront l’ame de tout homme qui fait le mal, du Juif premièrement et du gentil ; la gloire, l’honneur et la paix seront le partage de tout homme qui fait le bien ; du Juif premièrement, puis du gentil ; car Dieu ne fait point acception de personnes… Lors donc que les gentils, qui n’ont pas la loi, font naturellement les choses que la loi commande, n’ayant pas la loi, ils se tiennent à eux-mémes lieu de loi faisant voir que ce qui est prescrit par la loi est écrit dans leurs cœurs. Et (Romains 2.26) : Si donc un homme incirconcis (un gentil) garde les ordonnances de la loi, n’est-il pas vrai que, tout incirconcis qu’il est, il sera considéré comme circoncis, et qu’ainsi il vous condamnera, vous qui, étant circoncis et ayant reçu la loi, étes violateurs de la loi.

De tous ces passages on conclut que le philosophe gentil qui observe la loi naturelle et qui honore Dieu n’est pas moins justifié devant le souverain Juge, qui ne fait point acception de personnes, que le Juif qui observe la loi civile ; et même qu’il condamnera le Juif prévaricateur. Saint Justin le Martyr soutient que les anciens philosophes qui ont vécu conformément à la raison étaient déjà chrétiens, quoiqu’ils ne connussent pas Jésus-Christ, parce qu’ils suivirent par avance sa doctrine et ses maximes. Tels ont été chez les Grecs Socrate, Héraclite et quelques autres ; et chez les barbares Abraham, Ananias, Azarias, Misael, Élie et plusieurs autres. Saint Clément d’Alexandrie dit que ceux qui ont vécu avant Jésus-Christ ont eu deux moyens pour acquérir la justification, la loi et la philosophie. La philosophie pouvait les rendre justes, ou du moins les disposer à la justice, ou un degré pour y parvenir. Elle produisait une justice, mais non entière et parfaite. Il ajoute que les gentils décédés avant la mort du Sauveur attendaient dans l’enfer sa venue ou celle des apôtres ; et qu’y ayant entendu leur prédication ils crurent et furent sauvés.

Saint Chrysostome avance que les gentils.qui ont vécu avant Jésus-Christ pouvaient être sauvés sans le confesser ; qu’on demandait seulement d’eux que, renonçant au culte des idoles, ils reconnussent et adorassent un seul Dieu, créateur de toutes choses ; que si avec cela ils ont mené une vie réglée et louable, ils auront part au bonheur du ciel, selon cette sentence de saint Paul (Romains 2.10) : La gloire, l’honneur et la paix sont le partage de tout homme qui fait le bien. Origène dit que l’âme de Jésus-Christ, étant sortie de son corps, avait eu divers entretiens avec les âmes des morts, pour convertir celles qui étaient les plus dociles ou les mieux disposées à recevoir sa doctrine. Saint Grégoire de Nazianze, parlant de la descente de Jésus-Christ aux enfers, laisse en doute s’il a sauvé tous ceux qui y étaient, sans exception, ou seulement ceux qui avaient cru. Hilaire, diacre, cité sous le nom d’Ambrosiaster, assure que Jésus-Christ dépouilla les enfers des captils qui y étaient détenus, soit par la prévarication d’Adam, ou par leurs propres péchés, et qu’il mena au ciel, comme en triomphe, ceux qui se rendaient à sa prédication.

On trouve ces sentiments répandus dans plusieurs autres anciens que nous avons cités dans la dissertation sur le salut des gentils, à la tête des Épîtres de saint Paul. Les Juifs admettent à la béatitude plus d’une sorte de gentils. Ils croient par exemple, que ceux qui ont observé fidèlement les préceptes qu’ils disent avoir été donnés à Noé seront sauvés, comme aussi ceux qui ont connu Dieu, qui ont eu des sentiments raisonnables sur la Divinité, qui ont vécu d’une manière réglée et louable. Il donne pour exemple Socrate et Platon. Les talmudistes excluent du salut quatre sortes de gens, savoir les gentils qui ressemblent à Balaam et à Doeg, et les Juifs qui sont semblables à Achitophel et à Giézi ; d’où l’on conclut que les païens, qui ne sont semblables ni à Balaam, ni à Doeg, auront part à la béatitude.

On cite encore Tostat, Catharin, Erasme, et peut-être quelques autres auteurs modernes, qui ont paru croire que quelques anciens philosophes, comme Socrate, Sénèque et Platon, étaient sauvés ; tout cela dans la supposition qu’ils ont connu Dieu et qu’ils ont vécu d’une manière moralement louable. Mais quand on examine ce sentiment dans la rigueur des règles de théologie, et qu’on étudie de près les sentiments et la vie de ces philosophes qu’on nous vante le plus, on est bientôt désabusé de la bonne opinion qu’on pouvait avoir conçue de leur mérite.

Il est indubitable que sans la foi il est impossible de plaire à Dieu (Hébreux 11.6) ; que la foi sans les bonnes œuvres est morte (Jacques 2.26) ; que sans la foi au moins implicite au Libérateur, au Messie, on ne peut parvenir au salut (Actes 4.12). Or les philosophes dont on relève le plus le mérite n’ont eu ni la foi animée par la charité, ni les bonnes œuvres, ni la créance au Messie ; on ne peut donc pas soutenir qu’ils aient eu part au salut.

Socrate, le plus parfait de tous, est accusé d’avoir été attaché à l’amour infâme des garçons ; il adorait les nues, il jurait par le chien, par le chêne, par le canard. Lactance le traite de bouffon et de mauvais plaisant s’il voulait par là se railler de la religion des Athéniens, au milieu desquels il vivait, et de la religion du serment, et d’insensé s’il tenait ces choses pour des dieux. Les disciples de Socrate défendent leur maître du crime d’athéisme dont on l’accusait, et montrent qu’il adorait les dieux des Grecs. En mourant il ordonna qu’on sacrifiât un coq à Esculape. Trouve-t-on là de quoi faire un saint et prédestiné ?

Sénèque, l’objet del’admiration de plusieurs anciens, avait composé un livre des superstitions païennes, et après en avoir fait voir tout le ridicule, il concluait que le sage devait observer ces choses pour obéir à la coutume et aux lois, et les pratiquer au dehors, sans les croire intérieurement. Dion reproche à ce philosophe d’avoir commis les crimes les plus honteux, et de les avoir appris à Néron, son élève ; d’avoir amassé en fort peu de temps des richesses immenses, et de les augmenter tous les jours par ses usures. Tels étaient les plus parfaits des philosophes païens, gens qui ayant une connaissance stérile de la Divinité, la déshonoraient par leur conduite et par leur sentiment sur le fait de la religion. Nous ne nous étendrons pas davantage sur cette matière que nous avons traitée ailleurs dans une dissertation particulière, à la tète de l’Épître aux Romains.

Les Orientaux remarquent que la philosophie de Thalès de Milet, qui admet l’eau pour principe de toutes choses, a beaucoup de rapport à celle de Moïse et des Égyptiens, qui étaient à-peu-près dans les mêmes principes, aussi bien que les Phéniciens, qui faisaient naître toutes choses d’un limon fort détrempé, et dans l’eau boueuse, au lieu que les Perses et Zoroastre approchaient davantage des principes d’Anaxagore, qui posait le feu pour la première cause naturelle des choses matérielles.

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