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Anciennement on lavait les pieds aux étrangers qui venaient de voyage (Genèse 18.4 ; 19.2 ; 24.32), parce que d’ordinaire ils n’étaient point chaussés, et ne portaient que des sandales qui ne garantissaient point de la poussière ni de la boue. Saint Paul veut (1 Timothée 5.10) qu’on examine si les veuves qu’on prend pour le service de l’Église ont lavé les pieds des saints, des fidèles. Jésus-Christ, pour nous donner un exemple d’humilité, lave les pieds de ses apôtres (Jean 13.5), et leur enseigne par là à se rendre les uns aux autres tous les services les plus humbles.
Lespieds, dans le style des auteurs sacrés, se prennent souvent pour les inclinations, les affections, les penchants, les actions, les mouvements. Conduisez mus pieds dans vos voies ; éloignez vos pieds du mal ; les pieds de la femme déréglée descendent à la mort ; que le pied de l’orgueil ne vienne pas sur moi (Psaumes 35.12). Et ailleurs (Psaumes 118.59) : J’ai conduit mes pieds dans vos préceptes.
Être aux pieds de quelqu’un, se met pour lui obéir, être à son service, le suivre (1 Samuel 25.27). Abigaïl dit à David que les présents qu’elle lui apporte sont pour ses serviteurs qui sont à ses pieds, pour les soldats qui le suivent. Moïse (Deutéronome 33.3) dit que le Seigneur a chéri son peuple, et que ceux qui sont à ses pieds, qui l’écoutent, qui lui appartiennent, ont été instruits de sa doctrine. Saint Paul dit qu’il a été instruit aux pieds de Gamaliel (Actes 22.3), et Marie demeura assise aux pieds du Sauveur (Luc 10.32), se nourrissant de ses paroles.
Dans l’Hébreu du Deutéronome (Deutéronome 11.10), il est dit que la terre de Chanaan n’est pas comme la terre d’Égypte, où l’on sème les terres, et où on les arrose avec les pieds, c’est-à-dire que la Palestine est un pays où les pluies ne sont point extrêmement rares, où les rosées sont abondantes, où il y a nombre de sources, de ruisseaux et de torrents, sans compter le Jourdain, qui fournissent à la terre toute l’humidité dont elle a besoin pour l’humecter et porter son fruit, au lieu que l’Égypte est un pays où l’on ne voit que le Nil, où il ne pleut point, et où, les terres qui ne sont point à portée d’être arrosées par les inondations de ce fleuve, demeurent desséchées et stériles. Pour y suppléer, on y a fait des digues dans la campagne, et on y distribue les eaux par villages et par cantons ; c’est à qui en aura des premiers et davantage ; souvent on en vient aux mains jusqu’à se battre pour cela.
Mais malgré ces précautions, il y a beaucoup d’endroits qui demeurent sans eaux ; et pendant l’année les lieux les plus voisins du Nil ont encore besoin d’être arrosés d’unu manière artificielle. On le fait par le moyen de certaines machines que Philon décrit de cette sorte : C’est une roue qu’un homme fait tourner par le mouvement de ses pieds, en montant successivement par²divers degrés qui sont au dedans de la roue. Mais comme en tournant toujours, il ne pourrait pas se soutenir, il tient de ses mains un appui immobile qui l’arrête, en sorte que dans cet ouvrage les mains font l’office des pieds, et les pieds celui des mains ; puisque les mains qui devraient agir demeurent en repos, et que les pieds qui devraient être en repos sont dans l’action et donnent le mouvement à la roue.
C’est là ce que Moïse veut dire en cet endroit, que dans l’Égypte on arrose la terre avec les pieds [Niebuhr a vu une machine à-peu-près pareille, mais plus petite, dans un jardin du Caire. Voyez Description de l’Arabie, tome 1 pages 121, trad franc., Amsterdam, 1760].
Les Hébreux, par modestie, expriment quelquefois sous le nom de pieds, des parties que la pudeur ne permet pas de nommer : par exemple, l’eau des pieds (Isaïe 36.12) signifie l’urine. Couvrir ses pieds (Juges 3.1 1 Samuel 24.4), selon l’Hébreu, se met pour satisfaire aux nécessités naturelles. Le poil des pieds (Isaïe 7.20) : les poils de tout le corps. On explique à-peu-près dans le même sens ces paroles de Jérémie (Jérémie 2.25) : Ne continuez pas à vous prostituer, comme vous avez fait jusqu’ici aux peuples étrangers. Il parle aux Juifs infidèles et idolâtres. Voyez aussi (Ézéchiel 16.25).
Colligere pedes super lectulum (Genèse 49.33), se dit d’un vieillard qui se meurt ; la métaphore est prise d’un homme qui est saisi de froid, et qui se ramasse dans son lit. L’Écriture dit aussi : Se recueillir à ses pères, à son peuple, être recueilli au tombeau ; pour marquer la mort qui nous réunit tous dans une même condition et à la même nécessité.
Jacob dit à Laban (Genèse 30.30) : Le Seigneur vous a comblé de bénédictions à mon pied, c’est-à-dire, comme traduit saint Jérôme, depuis que je suis venu chez vous et que j’ai pris la conduite de vos troupeaux.
Être sous les pieds de quelqu’un., lui servir de marchepied, est une manière de parler figurée, pour marquer la sujétion du sujet au souverain, du serviteur au maître (Psaumes 8.8) : Vous avez mis toutes choses sous les pieds de l’homme. Mes ennemis tomberont sous mes pieds (Psaumes 17.39). Asseyez-vous à ma droite, jusqu’à ce que je réduise vos ennemis à servir de marchepieds à vos pieds, etc. (Psaumes 109).
Adorer le lieu où reposent les pieds de quelqu’un (Isaïe 60.14) : Ceux qui vous méprisaient viendront adorer le lieu où voua marchez. Et ailleurs (Psaumes 118.5) : Adorate scabellum pedum ejus. Et Isaïe d’une manière encore plus forte (Isaïe 49.23) : ils lécheront la poussière de vos pieds.
Vestigium pedis (Actes 7.5), la trace d’un pied, marque une très-petite quantité de terre. Les patriarches n’ont pas possédé un pied de terre dans la Palestine, ils n’y ont rien possédé du tout. Je ne vous donnerai pas un pied de terre du pays d’Édom, rien du tout : (Deutéronome 2.5).
Mettre le pied dans un lieu, signifie en prendre possession, s’en rendre le maître (Deutéronome 11.24).
Et je tiendrai ma chaussure dans l’Idumée ; (Psaumes 49.10 ; 107.10), je m’en rendrai maître.
Porter les souliers, ou délier les courroies des souliers de quelqu’un, c’est lui rendre les services les plus bas. Voyez (Matthieu 3.11 Marc 1.7 ; Luc 2.16).
Marcher droit dans une affaire (Galates 2.14), se conduire avec sincérité, sans détours, sans déguisement, est opposé à ce que l’Écriture appelle clocher des deux côtés (1 Rois 18.21) ; et dans les psaumes (Psaumes 17.46).
La nudité des pieds était une marque de deuil ; Vous gémirez dans le silence, dit Dieu à Ézéchiel (Ézéchiel 24.17) ; Vous ne ferez point le deuil à l’ordinaire, vos souliers seront en vos pieds, etc. C’était aussi une marque de respect (Exode 3.5) : Déliez les souliers de vos pieds, car le lieu où vous êtes est un lieu saint. Les rabbins enseignent que les Juifs et les prêtre : étaient nu-pieds dans le temple. Voyez ci-devant nudité des pieds et Josué (Josué 5.16).
Job (Job 19.15) dit qu’il était le pied du boiteux et l’œil de l’aveugle. ; qu’il conduisait l’un et soutenait l’autre. Il dit ailleurs (Job 13.27 ; 33.11) que Dieu a mis un lien à ses pieds, et qu’il a observé toutes ses démarches, comme un oiseau ou un autre animal qu’on conduit par le pied attaché à une ficelle ou à une corde, et qui ne peut faire la moindre démarche qu’au gré de celui qui le guide.
Laver ses pieds dans l’huile (Deutéronome 33.24) ou dans le beurre (Ézéchiel 20.5-6), marque une abondance de toute sorte de biens. Laver ses pieds dans le sang des pécheurs (Psaumes 67.24), en tirer une vengeance éclatante, en répandre le sang par ruisseaux.
L’insensé parle du pied, dit Salomon (Proverbes 6.13). Il gesticule des pieds et des mains en parlant. Les anciens sages blâmaient beaucoup ces trop grands gesticutateurs qui parlent de tous leurs membres. Ézéchiel (Ézéchiel 20.5-6) reproche aux Ammonites d’avoir frappé des mains et des pieds en signe de joie en voyant la désolation de Jérusalem et du temple. Ailleurs (Ézéchiel 6.14, il maque les mêmes mouvements pour des signes de douleur, à cause de la ruine de son peuple.
Mon pied s’est arrêté dans la voie droite : (Psaumes 15.12) : J’ai suivi les sentiers de la justice : ou plutôt, en supposant que c’est un lévite qui parle : Mon pied s’arrêtera dans le lieu destiné aux Lévites, dans le temple du Seigneur, dans le parvis des prêtres, où j’ai ma place marquée. Le Psalmiste (Psaumes 30.9) dit ailleurs : Vous m’avez mis au large ; j’étais ci-devant comme un homme dans les liens, ou dans un lieu glissant, ne sachant où placer mes pieds ; mais vous avez mis mes pieds en un lieu vaste, spacieux, ferme ; et comme il dit ailleurs (Psaumes 32.3) : Il m’a établi sur une roche, sur une pierre ferme et inébranlable.
Isaïe dit (Isaïe 32.20) : Heureux les peuples qui sèment leurs grains sur un terrain bien arrosé, et qui labourent, avec leurs bœufs et leurs ânes, un terrain gras et fertile, ou qui y font paître leurs bœufs et leurs ânes, c’est-à-dire, les y envoyer, les y faire paître, les y faire labourer.
Le même prophète dit (Isaïe 58.13) : Si vous vous abstenez de marcher et de voyager le jour du sabbat, et que vous n’y fassiez pas votre volonté. On sait que les voyages étaient défendus le jour du sabbat. Voyez (Matthieu 29.20 Actes 1.12).
Les femmes juives portaient des anneaux précieux aux pieds. Voyez ci-devant Periscelides.
Les hommes étaient ordinairement pieds nus dans la maison ; les pauvres allaient presque toujours pieds nus, même en voyage. Mais pour l’ordinaire on se chaussait quand on se mettait en campagne, Voyez souliers et Chaussure.
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