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Nous n’avons rien à remarquer sur les portes matérielles des maisons des anciens Hébreux, si ce n’est peut-être qu’ordinairement les jambages étaient de bois ; par exemple, les portes de la ville de Gaze, que Samson emporta sur ses épaules (Juges 16.3), c’est-à-dire, la porte, les barres, les jambages, les serrures, s’il y en avait ; il enleva le tout ensemble. Aujourd’hui dans la Palestine la plupart des maisons, et même des églises, ont leurs portes fort basses, de peur, dit-on, que les Arabes, qui vont toujours à cheval dans le pays, n’y entrent et n’y commettent quelque insolence. Cependant je ne remarque rien de semblable parmi les anciens Israélites.
Mais le nom de porte se trouve souvent dans l’Écriture (Deutéronome 17.5-8 ; 21.19 ; 22.15-25.7) pour désigner le lieu des assemblées et ou l’on rendait la justice.
Comme les Juifs étaient pour la plupart employés aux travaux de la campagne, on avait sagement établi que l’on s’assemblerait à la porte des villes, et qu’on y rendrait la justice sommairement, afin d’épargner le temps de ces hommes laborieux et occupés à leurs travaux, et afin que ceux de la campagne qui avaient des affaires à la ville ne fussent pas obligés d’entrer et de perdre leur temps.
On peut voir une forme de ces jugements dans celui qui fut rendu à la porte de Bethléem, entre Booz et un autre parent de Noémi, au sujet du mariage d’e Ruth la Moabite (Ruth 4.1), et dans l’achat que fait Abraham d’un champ pour enterrer Sara (Genèse 23.10-18).
Le nom de porte se met aussi quelquefois pour marquer la puissance, la domination, à-peu-près comme encore à présent l’empereur turc fait appeler son palais la Porte. Dieu promet à Abraham que la postérité de ce patriarche possédera les portes de ses ennemis, ses villes, ses forteresses (Genèse 22.17). Jésus-Christ dit à saint Pierre (Matthieu 16.18) : Vous êtes Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église, et les portes de l’enfer ne prévaudront point contre elle.
L’Écriture remarque que l’idole de Dagon, divinité des Philistins, ayant été renversée en présence de l’arche du Seigneur, et les deux mains de cette statue ayant été trouvées sur le seuil de la porte de son temple, les prêtres de Dagon s’abstinrent dans la suite de mettre le pied sur le seuil (1 Samuel 5.5). Le prophète Sophonie (Sophonie 1.9) ne semble faire allusion à cette pratique des Philistins, sous le nom de ceux qui sautent par-dessus le seuil. La Vulgate lit : Super omnent qui arroganter ingreditur super limen. Mais l’Hébreu porte, contre ceux qui sautent par-dessus le seuil, comme nous l’avons dit.
Parmi les Tartares on ne marche pas sur le seuil de la porte des princes par un principe de respect. Les khalifes de Bagdad faisaient prosterner tous ceux qui entraient dans leur palais sur le seuil de la porte, où ils avaient enchâssé un morceau de la pierre noire du temple de la Mecque, pour le rendre plus vénérable aux peuples. Ceux-ci y appliquaient leur front. Ce seuil était, assez élevé, et c’eût été un crime d’y poser les pieds.
Portes de L enfer. Le roi Ézéchias dans son Cantique (Isaïe 38.10), représentant l’état où il se trouvait dans sa maladie, s’explique ainsi : J’ai dit au milieu de mes jours, J’irai aux portes de l’enfer. Jésus-Christ, dans l’Évangile (Matthieu 16.18), dit que les portes de l’enfer ne prévaudront point contre son Église. C’est apparemment la même chose que le Psalmiste appelle (Psaumes 9.15) les portes de la mort : Qui exaltas me de portes mortis. Et ailleurs (Psaumes 106.18) Appropinquaverunt usque ad portas mortis. Et l’auteur de la Sagesse (Sagesse 16.13) : Deducis ad portas mortis. Les Hébreux regardaient la mort, le tombeau, l’enfer, comme un pays où l’on se rendait de tous les pays du monde, pour y mener une autre vie. Nous avons vu ailleurs l’idée qu’ils avaient de la demeure des anciens géants, qui composaient sous terre une espèce de république. Les profanes avaient de pareilles expressions, fondées sans doute sur les mêmes sentiments. Achille, dans Homère, dit qu’il hait comme les portes de l’enfer celui qui dit une chose et en pense une autre.
Les mahométans donnent sept portes à l’enfer, et à chaque porte son supplice particulier : la première est celle où les musulmans qui seront tombés dans le crime seront tourmentés ; la seconde est pour les chrétiens ; la troisième pour les juifs ; la quatrième pour les sabiens ; la cinquième pour les mages ou guèbres, adorateurs du feu ; la sixième pour les païens et les idolâtres ; la septième, et le plus profond de l’abîme, est pour les hypocrites qui font semblant au dehors d’avoir une religion, quoiqu’ils n’en aient point. D’autres, par ces sept portes, entendent les sept péchés capitaux. D’autres, les sept principaux membres de l’homme, qui sont les instruments du péché.
Les portes éternelles, dont il est parlé dans le psaume (Psaumes 23.7-9), sont les portes du ciel : on invite les anges à ouvrir les portes pour recevoir le Seigneur qui rentre dans le ciel. Cela convient admirablement à l’ascension de Jésus-Christ.
Les portes de La justice : (Psaumes 117.19), sont celles du temple, où les justes, les saints, les prêtres du Seigneur, les vrais Israélites, rendent à Dieu leurs vœux et leurs louanges, où il n’y entre que des Israélites purifiés, une nation de justes.
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