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Potier

Potier de terre

Il est souvent parlé du potier de terre dans l’Écriture. Jérémie (Jérémie 18.3) nous le représente qui travaille assis sur deux pierres ; et l’auteur de l’Ecclésiastique (Ecclésiaste 38.32-33) dit qu’il s’assit près de son ouvrage, tourne la roue avec ses pieds. Il est dans un soin continuel sur son ouvrage, ne fait rien qu’avec art et mesure ; son bras donne lu forme qu’il veut à l’argile, et il courbe sa force devant ses pieds. Homère, cité dans Strabon, dit que le potier tourne sa roue avec ses mains. Encore aujourd’hui il y a assez de différence dans la manière et la posture dont les potiers de terre travaillent.

Dieu, pour marquer son souverain domaine sur les hommes et son pouvoir absolu sur leur cœur, se sert assez souvent de la comparaison du potier de terre qui fait de son argile tout ce qu’il veut, qui en fait un vase d’honneur ou d’ignominie, qui le forme ou qui le brise, qui le conserve ou qui le rejette : Vous gouvernerez les peuples rebelles avec la verge de fer et vous les briserez comme un vase d’argile (Psaumes 2.9). Les hommes sont entre les mains de Dieu, comme l’argile est entre les mains du potier, pour le former et le disposer (Ecclésiaste 33.13). L’argile dira-t-elle au potier : Pourquoi m’avez-vous faite ainsi (Romains 9.21) ? Le potier n’a-t-il pas le pouvoir de faire de la même masse de terre un vase d’honneur et un vase d’ignominie ? Voyez aussi Jérémie (Jérémie 18.2-3) et suivants.

Champ du potier. Champ que l’on acheta avec l’argent de la vente de Jésus-Christ, que Judas reporta au temple (Matthieu 1è :7,10). Voyez ci-devant l’article Haceldama. On montre aujourd’hui ce champ au midi du mont Sion, et éloigné d’un jet de pierre de la piscine de Siloé. Il est environné de murailles à la longueur de soixante-dix coudées, et de la largeur de cinquante, et couvert d’une voûte, avec sept ouvertures par le haut, pour y descendre les corps qu’on y met, et qui y sont consumés dans l’espace de vingt-quatre heures. Il faut que cette terre soit remplie d’esprits d’un sel très-corrosif, qui dissipe les chairs en si peu de temps. On dit que ce fut l’impératrice Hélène qui fit faire au-dessus de ce champ la voûte qu’on y voit encore aujourd’hui ; et on ajoute qu’elle fit charger plusieurs navires de la terre d’Haceldama, qu’elle fit conduire à Rome, et mettre contre le mont Vatican, où elle conserve encore aujourd’hui sa vertu de consumer les corps morts dans l’espace de vingt-quatre heures. Cet endroit est nommé le Saint-Champ, et sert de cimetière aux étrangers. Cornélius à Lapide dit qu’il l’a vu à Home, et qu’il a appris la vérité de ce que je viens de dire du curé du lieu.

On ne sait à quoi ce champ pouvait servir au potier, sinon à sécher sa poterie, avant que de la mettre dans le fourneau ; et le prix de trente pièces d’argent que l’on en donna, fait voir que c’était assez peu de chose. On cite de Raban Maur que Judas fut le premier qui fut enterré en ce lieu-là. Les Juifs de Pise ont aussi, dit-on, un cimetière, à-peu-près pareil à celui de Rome, où les corps sont consumés en fort peu de temps ; et ils s’estiment heureux d’y pouvoir être enterrés, parce qu’ils croient que la terre en a été apportée de Jérusalem. Les Juifs des villes voisines tiennent à honneur d’y avoir leur sépulture, et ils s’y font porter, pour se consoler de ne pouvoir être enterrés à Jérusalem.

On lit dans la Misne qu’on ne donnait pas aux criminels exécutés à mort, la sépulture dans les tombeaux de leurs familles, à moins qu’auparavant leur chair n’eût été consumée dans d’autres tombeaux destinés à ces sortes de suppliciés ; et c’est peut-être pour cela que Joseph d’Arimathie demanda à Pilate le corps de Jésus, afin qu’il fût mis immédiatement dans un tombeau particulier, avant que de passer par ces tombeaux publics, où il aurait été confondu avec les criminels condamnés pour leurs crimes.

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