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primitioe. On appelait de ce nom les présents que les Hébreux faisaient au Seigneur d’une partie des fruits de leur récolte, pour témoigner leur soumission et leur dépendance, et pour reconnaître le souverain domaine de Dieu, auteur de tout bien. On offrait ces prémices au temple d’abord, avant que de toucher aux moissons ; et ensuite après les moissons, avant que les particuliers commençassent à en user ; et c’est pour cela qu’on les appelait prémices. Les premières prémices qui s’offraient au nom de toute la nation,étaient d’une gerbe d’orge, que l’on cueillait le soir du 15 de nisan (Lévitique 23.17), et que l’on battait dans le parvis du temple. Après l’avoir bien vannée et nettoyée, on en prenait environ trois pintes, que l’on rôtissait et concassait dans le mortier. On jetait par-dessus un log d’huile ; on y ajoutait une poignée d’encens ; et le prêtre prenant cette offrande l’agitait devant le Seigneur vers les quatre parties du monde ; il en jetait une eoignée sur le feu de l’autel, et le reste était a lui. Après quoi chacun pouvait mettre la faucille dans sa moisson. Voyez ci-devant l’article gerbe.
Lorsque la moisson du froment était achevée, c’est-à-dire, le jour de la Pentecôte, l’on offrait encore au Seigneur des prémices d’une autre sorte au nom de toute la nation, lesquelles consistaient en deux pains de deux assarons, c’est-à-dire, de trois pintes de, farine chacun. Ces pains étaient de pâte levée. Josèphe ne met qu’un pain, et il dit qu’on le servait aux prêtres à souper le soir même, avec les autres offrandes, et qu’il fallait les manger ce jour-là, sans qu’il en restât rien pour le lendemain.
Outre les prémices qui s’offraient au nom de toute la nation, chaque particulier était obligé d’apporter ses prémices au temple du Seigneur. L’Écriture n’en prescrit ni le temps, ni la quantité. Les rabbins enseignent qu’il fallait apporter au temple au moins la soixantième partie de leur récolte et de leurs fruits. Les plus libéraux donnaient le quarantième ; les moins libéraux, le cinquantième ; les autres, le soixantième. Ils s’assemblaient par troupes de vingt-quatre personnes, pour apporter en cérémonie leurs prémices. Cette troupe était précédée d’un bœuf destiné pour le sacrifice, couronné d’une couronne d’olivier, et ayant les cornes dorées. Un joueur de flûte marchait devant eux jusqu’à Jérusalem. Les prémices étaient de froment, d’orge, de raisins, de figues, d’abricots, d’olives et de dattes. Chacun portait son panier. Les plus riches en avaient d’or ; d’autres d’argent. Les plus pauvres en avaient d’osier. Ils marchaient en pompe jusqu’au temple, en chantant des cantiques. Lorsqu’ils approchaient de la ville sainte, les bourgeois allaient au-devant d’eux, et les saluaient civilement,
Quand ils arrivaient à la montagne du temple, chacun, même le roi, s’il y était, prenait son panier sur son épaule et le portait jusqu’au parvis des prêtres. Alors les lévites entonnaient ces paroles : Je vous louerai, Seigneur, parce que vous m’avez élevé, etc. (Psaumes 30.2). Et celui qui apportait les prémices disait (Deutéronome 26.4-5) : Je reconnais aujourd’hui publiquement, devant le Seigneur votre Dieu, que je suis entré dans la terre qu’il avait promis avec serment à nos pères de nous donner. Alors il mettait le panier sur sa main ; le prêtre le soutenant par-dessous, et il continuait : Lorsque le Syrien poursuivait mon père, il descendit en Égypte, ou plutôt : Mon père était un pauvre Araméen, qui descendit en Égypte et y demeura comme étranger, ayant très-peu de personnes avec lui. Mais il s’accrut depuis, jusqu’à former un peuple grand et puissant, qui se multiplia jusqu’à l’infini. Cependant les Égyptiens nous affligèrent et nous persécutèrent, nous accablant de charges insupportables. Mais nous criantes au Seigneur le Dieu de nus pères, qui nous exauça et nous tira de l’Égypte par sa main toute-puissante… Il nous a fait entrer dans ce pays et nous a donné cette terre, où coulent des ruisseaux de lait et de miel : c’est pourquoi j’offre maintenant les prémices des fruits de la terre que le Seigneur m’a donnée. Ayant dit ces mots, il mettait son panier à côté de l’autel, il se prosternait et s’en allait. On peut voir ce qui regarde les prémices traité fort au long dans la Misne, dans les traités intitulés Thrumoth et Becorim, et les commentateurs qui ont écrit sur la Misne et sur les chapitre 22.29, et 23.19, de l’Exode.
Il y avait encore une autre espèce de prémices qui se payait au Seigneur (Nombres 15.19.20) : lorsqu’on avait pétri le pain dans chaque famille, on en mettait à part une portion, qui se donnait au prêtre ou au lévite qui demeurait dans la ville. S’il ne s’y trouvait ni prêtre ni lévite, on la jetait au four et on la laissait consumer par le feu. La loi n’avait pas fixé la quantité de pain que l’on devait offrir à chaque fois : mais saint Jérôme dit que la coutume et la tradition l’avaient déterminée entre la quarantième et la soixantième partie de ce que l’on pétrissait. Philon parle de cette coutume comme n’une chose usitée parmi tous les Juifs. Léon de Modène témoigne qu’elle s’observe encore aujourd’hui. C’est un des trois préceptes qui regardent les femmes, parce que ce sont elles ordinairement qui font le pain. Lorsqu’on a fait un morceau de pâte gros de quarante œufs, on en prend une petite partie, qu’on forme à la manière d’un gâteau ; puis on la jette au feu, en disant : Soyez béni, Seigneur notre Dieu, roi du monde, qui nous avez sanctifiés par vos préceptes, et qui nous avez commandé de séparer un gâteau de notre pâte. Les rabbins tiennent qu’on n’est obligé à payer les prémices que dans la Terre promise, qu’on doit donner au moins la vingt-quatrième partie de la masse qu’on a pétrie, et que les boulangers n’en doivent que la quarante-huitième.
Enfin, dans l’Écriture, on donne souvent le nom de prémices aux offrandes de dévotion que les Israélites apportaient au temple, pour y faire des repas de charité (Deutéronome 12.6-8), auxquels ils invitaient leurs parents et leurs amis, et les lévites qui étalent dans leurs villes. Les prémices étaient, avec les dîmes, le plus solide et le plus assuré revenu des prêtres et des lévites. On leur donnait les prémices de tous les fruits de la campagne et de tous les animaux premiers-nés. Les enfants même premiers-nés étaient au Seigneur. On les offrait dans son temple et on les rachetait d’une certaine somme d’argent (Exode 12.1-3 ; 34.20 ; Nombres 18.16 ; Lévitique 27.6), qui était de cinq sicles, ou huit livres deux sous un denier.
Le nom latin de primitioe se prend non-seulement à la lettre pour les prémices des fruits de la terre et les offrandes qu’on faisait au Seigneur, mais aussi pour ce qu’il y a d’excellent en chaque chose. Par exemple, saint Paul (Romains 8.23) dit que les chrétiens ont les prémices du Saint-Esprit : Primitias Spiritus habentes ; c’est-à-dire une plus grande abondance de l’Esprit de Dieu, et des dons plus parfaits et plus excellents que n’en avaient eu les Juifs. Ailleurs il dit que Jésus-Christ est ressuscité des morts, comme les prémices de ceux qui sont décédés : Primitice dormientium (1 Corinthiens 15.20). Jésus-Christ est, ainsi qu’il est dit ailleurs (Apocalypse 1.5), le premier-né des morts, ou le premier-né des ressuscités : Primogenitus mortuorum. Et le même saint Paul (2 Thessaloniciens 2.12) dit que les Thessaloniciens sont comme des prémices que Dieu a choisis pour les sauver. Il les a choisis par une distinction particulière, comme on choisit les prémices parmi ce qu’il y a de plus exquis dans les fruits, pour les offrir au Seigneur.
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