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Puits

Il est souvent parlé de puits dans l’Écriture, et, sous ce nom on entend quelquefois des fontaines dont la source sortait de terre et bouillonnait comme du fond d’un puits. Tel est ce puits dont parle l’Épouse du Cantique (Cantique 4.15). On montre à une lieue de Tyr un puits d’eau vive, que l’on prétend être celui dont parle ici l’Épouse, Le puits de Jacob, près de Sichem, est aussi appelé quelquefois la fontaine de Jacob (Jean 4.6), il y avait autrefois dans la plaine de Sodome, c’est-à-dire, dans la plaine qu’occupe à présent le lac de Sodome (Genèse 14.10), quantité de puits de bitume, d’où l’on tirait le bitume, qui se trouve à présent dans les eaux mêmes du lac Asphaltite.

Moïse parle aussi du puits du Vivant et du Voyant (Genèse 16.13), qui est entre Cadès et Barad, et que l’ange montra à Agar dans le désert, pour désaltérer son fils Ismaël, qui était en danger de mourir de soif. En ce pays-là, où l’eau est très-rare, on cache les puits en couvrant leur bouche avec du sable, afin que les étrangers ne les voient et n’en tirent point d’eau. Quelquefois il se donne de grosses batailles entre les pasteurs et les gens de la campagne, pour un puits. Voyez dans la Genèse (Genèse 26.15-20,21,32) les disputes qu’il y eut entre les gens d’Abimélech, roi de Gérare, et ceux d’Isaac, pour de semblables puits.

On montre aux voyageurs des puits d’une structure admirable à Ascalon, et que l’on prétend avoir été bâtis par Abraham et par Isaac.

Et le puits de Jacob, près de la ville de Sichem, où Notre-Seigneur eut un entretien avec la Samaritaine (Jean 4.6). On bâtit dans la suite une église sur cette fontaine, et saint Jérôme en parle dans sa lettre intitulée : l’Epitaphe de sainte Paule. Antonin, martyr, là vit encore au sixième siècle ; Adamnanus, au septième, et saint Villibalde ; au huitième siècle [M. de Lamartine, dans son Voyage en Orient (tome 1 pages 404), mentionne le puits de Jacob.

« Nous étions là, dit-il, sur les confins des tribus d’Epliraïln et de Benjamin ; le puits près duquel nos tentes étaient dressées s’appelle encore le puits de Jacob. » L’illustre voyageur se rendait de Jaffa à Jérusalem. Plus tard, madame de Lamartine fit le même voyage, et voici en quels termes elle parle du puits de Jacob (tome 2 pages 279) « Au sortir des jardins de Jaffa, nous mêmes nos chevaux au galop à travers une immense plaine… Après quatre heures de marche, nous arrivâmes à Ramla. En quittant Ramla, la route continue à travers la plaine pendant deux lieues ; nous nous arrêtâmes au puits de Jacob ; mais n’ayant pas de cruche pour puiser, et l’eau étant très-basse, nous poursuivitnes notre chemin. Tout ce pays conserve des traces si vivantes des temps bibliques, que l’on n’éprouve aucune surprise, aucune difficulté a admettre les traditions qui donnent le nom de Jacob à un puits qui existe encore, et l’on s’attend à y voir le patriarche abreuver les troupeaux de Rachel, plutôt que de douter de son identité. Ce n’est que par la réflexion que l’on arrive à l’étonnement ou au doute, lorsque les quatre mille ans écoulés et les diverses phases que l’humanité a subies, se présentent à l’imagination et viennent faire chanceler la foi ; du reste, dans une plaine où l’on ne trouve de l’eau que toutes les trois ou quatre heures, un puits, une source, a dû être un objet aussi important dans les siècles passés qu’aujourd’hui, et son nom a pu se conserver aussi religieusement que celui des tours de David, ou des citernes de Salomon. Nous entrons bientôt dans les montagnes de la Judée… »]

Les Hébreux appellent un puits Béer ; d’où vient que ce nom se trouve assez souvent dans la composition des noms propres : Par exemple, dans Béersabé, dans Béeroth-Bené-Jacan, Béeroth, Béera, etc., que l’on peut chercher chacun sous son article.

Ceux qui ont vu les puits qui se trouvent dans les déserts d’Arabie ; disent que ces puits ou bassins sont à-peu-près de la même forme. Ce sont des puits creusés dans le roc, dont l’embouchure est d’environ dix-huit paumes, on six pieds de diamètre et dix-neuf à vingt pieds de profondeur. Quelques-uns ont écrit qu’on se servait de la boussole pour les trouver ; parce qu’en ce pays-là il n’y a ni villes ni chemins, ni autre chose pour se reconnaître, à moins d’une très-longue habitude. Aussi il n’y a que les Arabes naturels du pays, ou ceux qui ont été longtemps esclaves parmi eux, qui puissent les découvrir. On n’y va d’ordinaire que pendant la nuit, à cause du danger qu’il y a d’y être rencontré par les Arabes, et encore faut-il se hâter de remplir ses outres, de peur d’embarrasser une troupe survenante, contre laquelle il faudrait se battre. L’eau en est fort claire et tellement fraîche, qu’on n’oserait la boire crue. On la mêle avec du vin ; mais bientôt elle est échauffée dans un climat si brûlant. On remarque qu’elle s’aigrit dès qu’on la transporte hors de ces déserts et lorsqu’on entre dans l’Égypte ou dans l’Inde. Mais elle se remet aussitôt qu’on la rapporte dans son climat.

Quelquefois les Arabes, par malice, comblent les puits en y jetant du sable ; d’autres fois ils en’ font perdre les sources, ou infectent les eaux, eu y jetant quelque charogne pour empêcher les caravanes d’y faire leur provision.

Puits de Joseph. Nos voyageurs parlent avec admiration du puits de Joseph qu’on voit aujourd’hui au Caire. Les mahométans ne doutent pas que ce ne sdit l’ouvrage du patriarche Joseph ll est d’une structure admirable ; et il a fallu des dépenses et un temps infini pour le construire. Sa profondeur est comme partagée en deux parties. On descend du sommet jusqu’à la moitié par un escalier qui règne autour du puits, et qui est taillé dans le roc. C’est par là qu’on fait descendre les bœufs sur une plate-forme, d’où ils élèvent l’eau par le moyen d’une roue et de longues chaînes où sont attachés des pots de cuir qui se remplissent et se vident à mesure que la roue tourne. L’eau se tire en deux temps différents, par le moyen de deuxroues posées l’une sur l’autre : La plus basse verse l’eau dans un premier réservoir, d’où la seconde l’enlève et la porte jusqu’au haut du puits.

La bouche du puits a dix-huit pieds de large sur vingt-quatre de long ; sa profondeur est de deux cent soixante-seize pieds. La seconde partie du puits, qui est la plus basse, n’a que quinze pieds de long sur neuf de large ; l’escalier par où les bœufs descendent, et qui règne depuis le haut du puits jusqu’au bas, a six pieds de large, et neuf de haut. Le tout taillé si proprement, que le rocher qui sert de rempart à cette descente, n’a qu’un demi-pied d’épaisseur du côté du puits ; il y a des fenêtres d’espace en espace, qui donnent du jour à l’escalier, et a jour vient de la bouche du puits.

À la deuxième partie du puits, qui est moins large que la première, on voit aussi une galerie ou un escalier, qui fait la même figure que le premier, mais qui est moins large et moins haut, n’ayant que quatre pieds de large et six pieds de haut, et n’a point de parapet à côté, ce qui rend cette descente très-dangereuse. Le bassin ou la source d’eau qui est au fond du puits, n’a que huit à neuf pieds de profondeur ; le goût de l’eau est un peu salé, aussi n’en boit-on que dans la nécessité, et au cas que le château ou le puits soit assiégé [Ce puits est appelé puits de Joseph, a non qu’il ait été creusé sous le patriarche de ce nom, ainsi que beaucoup de gens l’ont imaginé, mais parce qu’il est est l’ouvrage du vizir Joseph, sous les ordres du sultan-Mahomet, fils de Calaun, » dit Sonnini (Voyage en Égypte, tome 2 pages 350), qui cite Pokoke (Voyage en Orient, tome 1 pages 94). Sur Calaun ou Kelaoun et son fils, voyez notre addition à Ptolémaïde. Dans une lettre, datée du Caire le 27 septembre 1828, M. Champollion dit : J’ai visité le fameux puits de Joseph, c’est-à-dire le puits que le grand Saladin (Salahh-Eddin-Joussouf) a fait creuser dans la citadelle, non loin de son palais ; c’est un grand ouvrage. M. Michatid (Histoire des croisades, tome 2 pages 3l6), dit dans une note : Kouracoush était premier ministre de Saladin en Égypte : c’est lui qui a fait creuser le puits de Joseph…]

On parle aussi d’un autre puits de Joseph, qui est celui où l’on tient qu’il fut jeté par ses frères : on le montre sur le chemin de Damas à Jérusalem, à dix ou douze milles de la terre de Chanaan. Les Mahométans y ont bâti une mosquée en mémoire de cet événement. Mais la situation de cet endroit est trop éloignée de Dothaïm, où il alla chercher ses frères.

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