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Fameux philosophe que quelques-uns croient avoir été disciple du prophète Ézéchiel ; car ils veulent que Nazaratus, Assyrien, précepteur de Pythagore, soit le même qu’Ézéchiel. Il est certain que Pythagore voyagea dans la Chaldée et dans l’Égypte, et on a prétendu que c’était dans ces voyages qu’il avait appris ce qu’il savait des lois de Moïse, et sur tout sa Tétrachys, ou son Quartenaire, que l’on croit n’être autre chose que le nom sacré de Jéhovah, composé de quatre lettres.
Mais on peut démontrer que Pythagore n’a pu voir Ézéchiel en Chaldée. Ce prophète y fut mené avec le roi Jéchonias en 3405. Il commença à prophétiser en 3409. Il prophétisait encore en 3430, quatorze ans après la prise de Jérusalem. Il pouvait avoir alors environ cinquante ans, supposé qu’il n’ait eu que vingt-cinq ans lorsqu’il fut amené captif au delà de l’Euphrate. Depuis l’an 3430 nous n’avons plus aucune date certaine de la vie ni de la mort de ce prophète. Denys d’Halicarnasse montre que Pythagore est venu au monde vers l’olympiade 47, quatre générations après Numa. Ussérius met sa venue en Égypte en l’an du monde 3457, sous le règne d’Amasis. Il y demeura vingt-deux ans, selon Jamblique. Il fut pris, et mené à Babylone par les soldats de Cambyse, l’an du monde 3479. Il revint en Italie du temps que Brutus délivra sa patrie du joug des Tarquins ; vers l’an 3506. Il n’est donc pas croyable que Pythagore ait été disciple d’Ézéchiel. [On voit que toutes ces raisons ne sont fondées que sur des données chronologiques incertaines, ou sur des rapprochements arbitraires]. Jamblique, dans la vie de ce philosophe, dit qu’il allait volontiers, et demeurait longtemps dans le temple du mont Carmel, dans la Phénicie, ou dans la Palestine. On se sert de ce passage pour prouver qu’il avait eu commerce avec les Juifs.
La plupart de ceux qui ont parlé de ce philosophe veulent qu’il ait été disciple de Zoroastre à Babylone, et qu’il en ait tiré ces grandes connaissances qui le rendirent ensuite si fameux dans l’Occident. Car nous ne doutons pas que ce ne soit Zoroastre que Porphyre a voulu désigner sous le nom de Zabratus, ou Zaratus, et saint Clément d’Alexandrie sous celui de Nazaratus. Voici comme ils racontent la chose. Lorsque Cambyse conquit l’Égypte, il y rencontra Pythagore, qui s’y était rendu pour s’instruire des sciences du pays ; il l’arrêta prisonnier et l’envoya avec les autres captifs à Babylone, où Zoroastre vivait alors. Il se rangea sous la discipline de ce grand homme ; Zoroastre le purifia des souillures de sa vie précédente, il l’instruisit des choses dont un homme vertueux doit étre affranchi ; il lui enseigna quels sont les principes de l’univers, et les secrets de la nature.
Cette histoire s’accorde assez avec notre chronologie, et on convient que Pythagore fut à Babylone, et qu’il profita beaucoup du commerce qu’il eut avec les mages. Outre ce que nous avons marqué, il y apprit l’arithmétique, la musique, la connaissance des choses divines, et en particulier le dogme de l’immortalité de l’âme. Tous les anciens auteurs grecs avouent qu’il fut le premier qui enseigna ces importantes vérités ; mais il ne l’enseigna pas dans toute sa pureté : il la corrompit par l’idée de la métempsycose, qu’il avait puisée chez les Indiens, ou l’on dit aussi qu’il voyagea. Il faisait consister l’immortalité dans une certaine révolution et transmigration de l’âme d’un corps dans un autre.
On a trouvé dans la doctrine de Pythagore, dans ses maximes, et dans la vie de ses disciples plusieurs traits qui ont fait dire qu’il avait tiré plusieurs choses des thérapeutes et des esséniens, et qu’il était du nombre de ces anciens disciples des prophètes, dont les carmes se vantent de tirer leur origine.
Les pythagoriciens observaient l’abstinence de viande, mettaient tout leur bien en commun, ne mangeaient rien de ce qui avait eu vie, rejetaient les onctions d’huile, méprisaient les plaisirs, portaient des habits blancs, non de lin, mais de laine, s’abstenaient du jurement, avaient un souverain respect pour les vieillards, n’osaient faire de l’eau en présence du soleil, gardaient longtemps le silence dans leurs écoles, avaient une déférence infinie pour les sentiments de leurs maîtres
Pythagore reconnaissait une unité du principe, dont procédait la dualité d’une manière indéfinie. Mais cette dualité était toujours attachée, comme la matière, à son principe ou à son auteur. Il croyait que toutes choses avaient procédé de cette unité. On croit remarquer dans ces expressions l’unité d’un Dieu en trois personnes. Il condamnait les images de la Divinité, et voulait que son culte fût chargé de peu de cérémonies ; Dieu était le principal objet de son culte et de ses études. Il disait que le sel était dans les repas le symbole de l’union, et que chez les Hébreux il était dans les sacrifices le signe de l’alliance avec Dieu, qui avait défendu de lui offrir aucune victime sans sel (Lévitique 2.13). La manière figurée et symbolique dont il donnait ses instructions était imitée des Hébreux et des autres Orientaux, qui cachaient souvent le secret de leurs sciences sous des allégories et des paraboles. Jésus-Christ défend à ses disciples de donner les choses saintes aux chiens, et de jeter les perles devant les pourceaux (Matthieu 7.6).
Tout cela rassemblé confirme la conjecture de ceux qui veulent que Pythagore ait eu quelque commerce avec les Hébreux, soit dans l’Égypte, ou dans la Chaldée, ou dans la Palestine.
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