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Fille de Laban, et sœur de Liah. Le nom de Rachel signifie une brebis. Lorsque Jacob, fuyant le ressentiment de son frère Ésaü, arriva en Mésopotamie, près de la ville de Haran ou de Charres, il trouva des pasteurs, à qui il demanda s’ils connaissaient Laban, fils de Nachor(Genèse 29.1-3). Ils lui répondirent : Nous le connaissons, et voici Rachel, sa fille, qui vient avec son troupeau. Rachel étant arrivée, Jacob ouvrit le puits qui était là, abreuva son troupeau, l’embrassa, et lui dit qu’il était fils de Rébecca, sœur de Laban. Aussitôt Rachel courut à la maison de son père, et y annonça la venue de son cousin. Jacob ayant été conduit dans la maison de Laban avec beaucoup d’humanité, et y ayant demeuré pendant un mois, Laban lui dit qu’il n’était pas juste qu’il le servit gratuitement, et qu’il pouvait lui dire quelle récompens il demandait. Jacob répondit qu’il le servirait pendant sept ans, s’il voulait lui donner en mariage Rachel, la plus jeune de ses filles. Laban y consentit ; et le jour des noces étant venu, Laban, au lieu de mettre Rachel dans le le lit de Jacob, y mit Liah, sœur aînée de Rachel.
Jacob ne s’aperçut de la fraude qu’on lui avait faite que le lendemain au matin. Il s’en plaignit amèrement, et Laban n’eut point de meilleure raison à lui dire sinon que ce n’était pas la coutume de ce pays-là de marier les plus jeunes avant les aînées ; et que s’il voulait s’engager à le servir sept autres années, il lui donnerait aussi Rachel. Jacob le promit, et quand la semaine du mariage fut passée, il épousa Rachel. L’affection qu’il lui porta fit qu’il eut pour Liah quelque espèce d’indifférence. Mais le Seigneur donna des enfants à Liah, et n’en donna point à Rachel ; ce qui lui causa une grande jalousie contre sa sœur (Genèse 30.1-3) et elle dit à Jacob : Donnez-moi des enfants, ou je mourrai. Jacob en colère lui répondit : prenez-vous pour un Dieu ? Est-ce moi qui vous ai rendue stérile ? Mais Rachel lui dit : J’ai Bala ma servante ; prenez-la afin qu’elle me donne des enfants. Jacob ayant donc pris Bala, elle accoucha d’un fils, que Rachel appella Dan, disant : Le Seigneur m’a jugée, a prononcé en ma fureur. Bala eut encore un fils l’année suivante, à qui Rachel donna le nom de Nephtali.
Un jour que Ruben, fils de Liah, rapportait des champs à sa mère un certain fruit nommé dudaïm, que la Vulgate a rendu par des mandragores, Rachel dit à Liah : Donnez, moi des mandragores de votre fils. Liah lui répondit : N’est-ce pas assez que vous m’ayez ravi mon mari, sans vouloir encore prendre les mandragores de mon fils ? Rachel lui dit : Je veux bien que Jacob demeure avec vous cette nuit, pourvu que vous me donniez de ces mandragores. C’est que Jacob se partageait également entre ses femmes, suivant la coutume des pays où règne la polygamie. Le Seigneur se souvint enfin de Rachel. Elle conçut et enfanta un fils, qu’elle nomma Joseph (Genèse 30.22-24), disant : Que le Seigneur me donne encore un second fils. Quelques années après (Genèse 31.1-3), Jacob ayant pris résolution de s’en retourner dans la terre de Chanaan, Rachel déroba à l’insu de Jacob, les Théraphim, ou les dieux domestiques de Laban, son père.
Jacob partit donc sans en avertir Laban ; et celui-ci ne sut rien de son départ que trois jours après. Laban se mit à le poursuivre, et l’atteignit sept jours après sur les montagnes de Galaad. Il lui fit de grands reproches sur sa fuite clandestine, et usa même de menaces, disant que si Dieu ne lui avait ordonné en son de ne lui rien dire d’offensant, il était en état de le faire repentir d’une résolution prise si à contre-temps, et si mal exécutée. Il ajouta : Pourquoi m’avez-vous dérobé mes dieux ? Jacob, qui ignorait que Rachel eût dérobé ces idoles, lui répondit : Je consens que celui chez qui vous trouverez vos dieux soit mis à mort en présence de tous nos frères. Cherchez partout, et prenez tout ce qui pourra vous appartenir. Laban commença donc à chercher dans les tentes de Jacob, de Liah, de Bala et de Zelpha, sans y rien trouver ; et comme il voulait venir dans celle de Rachel, elle cacha promptement les Théraphim sous le bats d’un chameau, et s’assit dessus. Son père ayant cherché partout, sans rien trouver, elle lui dit : Que mon seigneur ne se fâche point, si je ne puis me lever en sa présence, parce que le mal qui est ordinaire aux femmes vient de me prendre. Ainsi elle éluda les recherches de son père.
Lorsque Jacob eut passé le torrent de Jahok, il partagea ses femmes et ses enfants en trois bandes (Genèse 33.1-3). ll mit les deux servantes avec leurs enfants, les premières ; Liah et ses enfants formaient la seconde bande ; Rachel et son fils Joseph marchaient les derniers. Jacob disait en lui-même que si Ésaü faisait main-basse sur la première bande, il épargnerait la seconde ; et que s’il frappait encore la seconde, au moins la troisième pourrait s’échapper. Après qu’il eut passé le Jourdain (Genèse 35.1-5), il alla d’abord à Salem, puis à Sichem, et de là à Béthel, où il devait sacrifier à Dieu, qui lui était apparu lorsqu’il allait en Mésopotamie. Enfin comme il s’avançait vers Hébron, et qu’il était encore à la distance d’un sillon de terre de Bethléem, autrement Ephrata, Rachel fut surprise des douleurs de l’enfantement. Elle enfanta un fils, à qui elle donna le nom de Benoni, c’est-à-dire, le fils de ma douleur : mais Jacob lui donna le nom de Benjamin, c’est-à-dire, le fils de ma droite. Les douleurs de l’enfantement furent si grandes, que Rachel en mourut. Jacob l’enterra au même endroit, et lui érigea un monument, qui a subsisté pendant plusieurs siècles.
On y voit encore aujourd’hui une espèce de pyramide ou de dôme soutenu sur quatre piliers carrés, qui forment autant d’arcades. Ce monument est ceint d’un petit mur de trois pieds de haut, avec une petite entrée où l’on monte par trois degrés. Cotovic dit que le sépulcre est à six pieds de terre, long de sept pieds, large de trois et demi. Le dessus est terminé en rond. Aux deux côtés du tombeau de Rachel il y en a deux autres qui sont vides. M. Le Brun, qui l’a dessiné sur les lieux, dit que ce tombeau est taillé dans la voûte d’une roche, et couvert d’un dôme qui est soutenu de quatre piliers ou morceaux de muraille, qui donne vue sur le sépulcre. Cela est travaillé assez grossièrement, et sans aucun ornement. Le tout est aussi entier que s’il était tout nouvellement fait ; et il est assez malaisé de croire qu’il s’agit du temps de Jacob, à moins qu’il n’ait été rebâti dans la suite, tel qu’on le montre aujourd’hui aux voyageurs ; celui que Jean Nicola nous a donné me paraît plus exact et plus conforme à l’Écriture. Rachel mourut l’an du monde 2265 ou 2266, avant Jésus-Christ 173i ou 1735, avant l’ère vulgaire 1738 ou 1739 [Il existe bien encore un petit monument réputé pour être le tombeau de Rachel ; il est situé à une demi-heure de Bethléem, qui est au sud de Jérusalem, et à une heure et demie de la ville sainte. M. Poujoutat, qui a vu cet édifice au mois de février 1831, en parle en ces termes dans la lettre de la Correspondance d’Orient, tome 4 pages 207 : « Ce qu’on appelle le tombeau de Rachel est tout simplement la sépulture de quelque santon, car plusieurs voyageurs ont déjà fait cette remarque. Le monument est également vénéré par les juifs et par les disciples de l’Évangile et du Coran. Il est couvert de noms et d’inscriptions arabes et hébraïques ; à l’entour se voit un cimetière musulman. L’antique sépulture de la compagne de Jacob ne devait pas être loin de là ; mais qui pourrait nous dire ce qu’elle est devenue ? C’est là aussi qu’on doit placer Rama la Noble, qu’il ne faiit pas confondre avec Ramla, l’ancienne Arimathie. Il ne reste plus qu’un champ de pierres à la place où fut Rama. La plupart des innocentes victimes d’Hérode appartenaient à Rama, voisine de Bethléem ; aux jours de ce désastre on entendit Rachel gémir du fond de son sépulcre ; elle pleurait ses enfants, et ne voulait point se consoler, parce qu’ils n’étaient plus, quia non sunt. » Voyez Rama].
Le prophète Jérémie (Jérémie 31.15 Matthieu 2.18) et après lui saint Matthieu ont mis Rachel pour les tribus d’Éphraïm et de Manassé, nées de Joseph fils de Rachel : On a entendu à Rama, ou sur les hauteurs, la voix des lamentations, des cris ; et des pleurs de Rachel, qui pleure ses enfants et qui ne veut pas se consoler ; parce qu’ils sont perdus pour elle. Cela fut vérifié lorsque les tribus dont nous avons parlé furent conduites en captivité au delà de l’Euphrate. Saint Matthieu a fait l’application de cette prophétie à ce qui arriva à Bethléem, lorsque Hérode y fit mourir tous les enfants au-dessous de deux ans. Alors Rachel, qui est enterrée près de là, fit en quelque sorte retentir ses cris et ses lamentations sur la mort de tant de jeunes innocents immolés à la jalousie et à la cruauté d’un prince soupçonneux.
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