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Voyez ci-devant an,
Les Hébreux avaient des années de quatre sortes :
1° Une année civile composée de douze mois, qui furent premièrement solaires, et ensuite lunaires, comme nous l’avons montré dans l’article An. Cette année commençait [à la nouvelle lune la plus voisine de l’équinoxe de l’automne, c’est-à-dire] au mois hébreu tizri, qui répond à notre mois de septembre. [Elle réglait l’ordre des affaires et des événements civils].
2° L’année sainte que l’on suivait dans l’ordre des solennités et des cérémonies de religion, [et dans les autres affaires qui concernaient le culte]. Elle commençait au mois de nisan (Exode 12.2), qui répondait au mois de mars ; et la fête de Pâque, qui tombait au milieu de ce mois, était comme la mère des autres fêtes, et commencement de l’année sainte.
3° L’année sabbatique, qui se célébrait de sept en sept ans (Lévitique 25.2 Exode 23.10), et dans laquelle on laissait la terre sans la labourer et sans la moissonner. Ce qu’elle produisait d’elle-même était au premier saisissant ; les fruits des arbres et des vignes étaient pour les pauvres, pour les orphelins et pour les étrangers. En un mot, tout ce qui venait à la campagne, était commun pendant toute cette année. Elle commençait au mois de septembre, et finissait de même, en sorte que l’on pouvait recueillir toutes les moissons et les fruits de la sixième année, et que l’on pouvait faire les semailles pour la huitième, afin que la terre ne chômât point deux années de suite.
Dieu avait commandé l’observance de l’année sabbatique (Lévitique 25.2-4), pour conserver la mémoire de la création du monde, pour reconnaître le souverain domaine du Seigneur sur toutes choses, et en particulier sur la terre de Chanaan, qu’il avait donnée aux Hébreux, en abandonnant les fruits de leurs propres champs au pauvre et à l’étranger ; c’était une espèce de tribut qu’ils en payaient au Seigneur. De plus, il voulait inspirer l’humanité à son peuple, en ordonnant qu’ils abandonnassent aux esclaves, aux pauvres, aux étrangers et aux animaux, les productions de leurs champs, de leurs vignes, et de leurs jardins.
On a beaucoup disputé sur la saison de l’année dans laquelle commençait l’année sabbatique. Les uns ont cru qu’il fallait la commencer au premier mois de l’année sainte, c’est-à-dire à nisan, au printemps ; et les autres au premier mois de l’année civile, c’est-à-dire au mois tizri, qui répond à-peu-près à notre mois de septembre. Moïse ne s’explique pas sur cela d’une manière assez distincte ; il dit simplement, que l’on ne labourera point la terre, et qu’on ne fera pas la moisson cette année. Les semailles se faisaient dans la Palestine en automne, tant pour le froment que pour les orges ; et la moisson des orges se commençait à Pâques, et celle des froments à la Pentecôte. Ainsi, pour entrer dans l’esprit de la loi, en observant le repos de l’année sabbatique, sans que la terre demeure deux ans inculte, il fallait de nécessité la commencer en automne, après toutes les récoltes ; on ne labourait point en automne, et l’on ne faisait point de moisson après l’hiver ; mais l’automne suivant, on recommençait à labourer, pour pouvoir moissonner le printemps et l’été suivants.
Dieu avait aussi, ordonné (Exode 21.2-3) que les esclaves hébreux seraient mis en liberté cette année, à moins qu’ils ne voulussent librement renoncer à leur droit, et se laisser percer l’oreille en présence des juges, pour marque qu’ils s’engageaient à une servitude perpétuelle, ou du moins à servir jusqu’en l’année du Jubilé. Ainsi dans l’année sabbatique on remettait les dettes (Deutéronome 15.2), et on rendait la liberté aux esclaves. Mais remettait-on les dettes absolument, ou en suspendait-on seulement le paiement ? Plusieurs croient que la rémission était absolue, et que les dettes étaient absolument éteintes en l’année sabbatique. La précaution des riches dont parle Moïse (Deutéronome 15.9), qui ne voulaient pas prêter à leurs frères quand l’année sabbatique approchait, semble prouver qu’après cette année, ils n’espéraient plus rien de leurs débiteurs ; car si l’action du débiteur était simplement suspendue pendant cette année, ce n’était pas un motif suffisant pour les empêcher de prêter. Comme il n’est pas question ici du prêt à intérêt qui était interdit aux Hébreux envers leurs frères, mais d’un simple prêt, le créancier pouvait l’exiger avant ou après l’année sabbatique, dans la supposition de ceux qui croient que la rémission n’était pas absolue.
D’autres distinguent entre les dettes hypothéquées sur des fonds et dont les contrats portaient la clause de dettes perpétuelles, et celles qui n’étaient point hypothéquées et portées dans de simples contrats. Ces dernières se quittaient pour toujours en l’année sabbatique ; mais non pas les autres. Ménochius croit aussi la rémission générale et absolue pour les dettes, mais non pas pour le prêt, ni pour le dépôt. Tout ceci ne regardait que les Hébreux naturels, ou ceux qui avaient embrassé le judaïsme, mais non pas les étrangers.
On dispute aussi si les dettes se remettaient, et si les esclaves se relâchaient dès le commencement, ou seulement à la fin de l’année sabbatique : l’Hébreu à la lettre porte (Deutéronome 16.1), à la fin de sept ans vous ferez rémission ; ce qui a fait croire à quelques-uns que les dettes n’étaient remises, ni les esclaves mis en liberté qu’à la fin de l’année sabbatique ; mais la plupart croient au contraire, qu’on commençait par l’année sabbatique. Le texte original l’explique très-naturellement de la fin de la semaine d’années, après laquelle venait l’année sabbatique qui en était la conclusion.
4° L’année du jubilé (Lévitique 25.8-9) se célébrait au bout de sept semaines d’années, ou la quarante-neuvième année. Elle avait toutes les mêmes prérogatives que l’année sabbatique par rapport au repos de la terre, et à la communauté des fruits qu’on abandonnait aux pauvres et aux étrangers ; et à la liberté qu’on accordait aux esclaves Hébreux. Elle avait ceci de particulier, qu’elle affranchissait ceux mêmes qui avaient renoncé à leur liberté en l’année sabbatique, et qu’elle remettait en possession de leurs biens et de leurs héritages, ceux qui avaient été obligés de les vendre ou de les engager.
Le principal motif de ces lois était :
1° De rappeler la mémoire de la création du monde par ces différentes sortes de sabbat, de septième jour, de septième année, et de sept semaines d’années ;
2° De conserver, autant qu’il était possible, parmi les Hébreux, l’égalité de biens et de conditions, en remettant les esclaves en liberté, et en faisant rentrer les anciens propriétaires dans leurs biens engagés ou aliénés ;
3° Enfin de marquer le souverain domaine de Dieu sur les biens et sur les personnes des Israélites, en ordonnant que tous les biens de la campagne fussent communs pendant la septième année, et en accordant le repos à la terre, aux esclaves et aux animaux pendant tout le cours de cette année [Voyez législation de Moïse].
Année nouvelle (fête de l’). Voyez au mot fête des trompettes (S).
Année des Grecs. L’Année des Grecs, ou L’Ère des Séleucides, dont il est si souvent parlé dans les livres des Machabées, commençait en l’an du monde 3692, avant Jésus-Christ 308, avant l’ère vulgaire 312. Le premier livre des Machabées commence ces années au printemps ; et le second livre des Machabées les commence en automne de l’an du Inonde 3692, ainsi que les Syriens, les Arabes et les Edesséniens les comptaient.
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