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Se prend aussi pour toute la semaine (Luc 18.12) : Je jeûne deux fois la semaine (Jean 20.1-19 Lu 24.1 Actes 20.7 1 Corinthiens 16.2), Le premier jour de la semaine.
On dispute à l’occasion du sabbat, savoir si le Seigneur a créé tout le monde d’un seul fiat, tout d’un coup, par une action simultanée, et par un seul acte ; ou s’il s’y mit, pour ainsi dire, à six diverses reprises, et dans la suite de six jours ; en sorte que le septième jour fût réellement le jour du repos du Seigneur, et la fin de la création successive [Voyez monde]. L’on est fort partagé sur cette question. Philon, Origène, saint Augustin, Procope et quelques nouveaux soutiennent que Dieu créa non-seulement toute la matière tout d’un coup et en un moment, mais qu’il l’arrangea de même tout à la fois, et sans attendre le terme de sept jours ; que le récit que Moïse nous fait, et la distribution qu’il marque de l’ouvrage du Seigneur en six jours, n’est pas une succession de temps, mais une succession d’ordre et de raison, proposée exprès pour se proportionner à la portée du peuple, et pour lui donner une notion plus distincte de la création des êtres, en les distribuant ainsi par partie, et dans un certain arrangement.
Mais la plupart des Pères et des interprètes soutiennent la création successive, conformément au récit de Moïse. Il n’y a nulle nécessité de quitter la lettre de l’Écriture en cet endroit. Les actes réitérés et les diverses reprises que Moïse a marquées doivent à la véritéos’expliquer d’une manière qui sauve l’infinie puissance et la parfaite simplicité des actes du Créateur, et qui exclue toute idée de faiblesse, de lassitude, d’imperfection. Mais on peut faire tout cela, sans donner atteinte à la, création successive. Dieu, par sa toute-puissance, tira du néant toute la matière, tout le chaos ; et par sa sagesse il lui imprima le mouvement nécessaire, pour que ce chaos se débrouillât, et que ses parties, dégagées les unes des autres et réunies chacune avec celles qui étaient de même nature, formassent ce que nous appelons l’univers en l’état où nous le voyons. Ce mouvement, conduit par l’esprit et la sagesse du Créateur, dura six jours ; et après cela Dieu se reposa, et cessa de rien produire au dehors ; mais il continua d’agir par son concours, et à conserver son ouvrage en l’état de beauté et de perfection où il l’avait mis.
Quant aux êtres particuliers qui ne peuvent être produits par une suite du moufement général que Dieu imprima à la matière ; par exemple, l’homme, les plantes, les animaux, il faut reconnaître que Dieu les forma successivement, comme nous le dit Moïse, en appliquant, formant, animant la matière, conformément aux desseins de sa sagesse, en inspirant par son souffle à l’homme une âme raisonnable, en donnant aux animaux l’instinct pour se conserver et pour se produire, en mettant dans les plantes les qualités qui les distinguent et les semences et les graines propres à les reproduire.
Une autre grande question que l’on forme sur le sabbat, c’est de savoir si dès le commencement du monde Dieu donna la loi du sabbat, et si ce jour fut toujours observé, au moins parmi les plus justes des premiers hommes, et parmi les patriarches, même avant le temps de la loi ; si c’est là le sens de ces paroles (Genèse 2.2) : Il bénit le septième jour, et il le sanctifia. Quelques Pères et quelques docteurs juifs ont soutenu l’affirmative ; et Menassé Ben-Israël assure, suivant la tradition des anciens, qu’Abraham et sa postérité, ayant conservé la mémoire de la création, honorèrent aussi le sabbat par une suite de la loi naturelle qui les y obligeait. Il y en a même qui croient que la religion du septième jour s’est conservée parmi les païens, et que cette observation est aussi ancienne que le monde.
En effet Philon dit que le sabbat n’est pas une fête particulière à un peuple ou à un pays, mais qu’elle est commune à tout le monde, et qu’on peut la nommer la fête générale et publique, et celle de la naissance du monde. Josèphe avance qu’il n’y a aucune ville, ni des barbares ni des Grecs, ni aucune nation, où la religion du sabbat ne soit parvenue. Aristobule, dans Eusèbe, cite Homère et Hésiode, qui parlent du septième jour comme d’un jour sacré et vénérab : e. Saint Clément d’Alexandrie parle du sabbat dans les mêmes termes qu’Aristobule que nous venons de citer, et il y ajoute quelques passages des anciens, qui font aussi l’éloge du septième jour.
Il y en a qui croient que Job observait le jour du sabbat, parce qu’au bout de sept jours il offrait un sacrifice au Seigneur pour ses enfants. Quelques rabbins enseignent que Joseph observait de même le sabbat dans l’Égypte.
Mais le sentiment contraire n’est pas moins bien fondé en preuves. La plupart des Pères et des interprètes tiennent que la bénédiction et la sanctification du sabbat, marquée par Moïse au commencement de la Genèse, ne signifie autre chose que la destination qu’il fit de ce septième jour, pour être dans la suite chômé et sanctifié par les Juifs. Il ne pareil par aucun endroit de l’Écriture que les anciens patriarches aient observé le sabbat, ni que Dieu ait eu dessein de les y obliger, avant la lui. Philon dit que les Hébreux ayant oublié quel était le jour de la création du monde, l’apprirent de nouveau, lorsque Dieu ayant fait tomber de la manne tous les autres jours de la semaine, n’en fit point pleuvoir ce jour-là. Le septième jour que quelques païens honoraient, et dont ils ont parlé comme d’un jour sacré, était ou consacré en l’honneur d’Apollon, qu’on disait être né le septième jour du mois, ou c’était une imitation du sabbat des Jiiifs, que quelques païens par piété ou par superstition honoraient autrefois.
Ézéchiel (Ézéchiel 230.12-20) dit expressément que le sabbat et les autres fêtes des Juifs sont des signes que Dieu a donnés à son peuple pour le distinguer des autres nations. Et Moïse dans le Deutéronome (Deutéronome 5.15) : Le Seigneur vous a tirés de l’Égypte ; c’est pourquoi il vous a ordonné d’observer le repos du sabbat. Saint Justin le Martyr, Tertullien, Eusèbe, saint Bernard, avancent, comme une chose incontestable, que ni les patriarches d’avant le déluge, ni ceux qui sont venus après, n’ont pas observé le sabbat. Saint Irénée dit expressément qu’Abraham a eu la foi, et a été appelé l’ami de Dieu, sans la circoncision et sans l’observation du sabbat.
Dieu donna le précepte du sabbat aux Hébreux, lorsqu’ils furent arrivés à Mara (Exode 16.23), un mois après leur sortie d’Égypte, arrivée au 15 du mois Abib, qui répond au mois de mars, l’an du monde 2513, avant Jésus-Christ 1487, avant l’ère vulgaire 1491. La manne commença à tomber, selon plusieurs Pères, le dimanche, six jours avant le sabbat. D’autres veulent qu’elle soit tombée la veille même du sabbat. Quoi qu’il en soit, ce fut apparemment à l’occasion de la manne que Dieu ordonna aux Hébreux de garder, le septième jour, et de n’en point aller recueillir ce jour-là, parce qu’il n’en doit point tômher. Le même précepte de chômer le sabbat se trouve réitéré plusieurs fois dans la loi (Exode 20.8-11 Lévitique 23.3 Deutéronome 5.12) : Souvenez-vous de sanctifier le jour du sabbat. Vous travaillerez pendant six jours, et vous ferez ce que vous aurez à faire ; mais le septième jour est le sabbat dis Seigneur votre Dieu. Vous ne ferez ce jour-là aucun ouvrage ; ni vous, ni votre fils, ni votre fille, ni votre serviteur, ni votre servante, ni vos bêtes de service, ni l’étranger qui demeure parmi vous ; car le Seigneur a fait en six jours le ciel et la terre, et tout ce qu’ils contiennent, et il s’est reposé le septième jour ; c’est pourquoi il a béni le septième jour, et il l’a consacré à son service.
Dans un autre endroit (Exode 31.13 35.2), il dit que Dieu a établi son sabbat parmi les enfants d’Israël, comme un signe qui les fasse souvenir qu’il est le Seigneur qui les sanctifie. Il ajoute que quiconque aura violé le sabbat sera puni de mort ; et on voit la pratique de cette loi dans cet homme qui, ayant ramassé du bois un jour de sabbat, fut lapidé par tout le peuple (Nombres 15.32-35). Aux autres jours de fête, il était permis d’allumer du feu et de préparer à manger (Exode 12.16) ; mais cela était expressément défendu au jour du sabbat (Exode 35.2-3). Les rabbins limitent cette défense aux ouvrages serviles ; comme de cuire du pain et de la viande, et de forger des métaux. Ils croient que pour ces sortes de choses il est défendu d’allumer du feu ; mais non pas pour se chauffer. Les jours de sabbat, les ministres du temple entraient en semaine, et ceux qui avaient servi la semaine précédente en sortaient ce même jour. On mettait sur la table d’or de nouveaux pains de proposition, et on en ôtait les anciens (Lévitique 24.4). On offrait aussi ce jour-là des sacrifices particuliers de deux agneaux en holocauste, avec le vin et la farine qui accompagnaient toujours ces sacrifices. Enfin on célébrait le sabbat, de même que les autres fêtes, d’un soir à l’autre. Ils les commençaient au soir et les finissaient de même. Voilà à-peu-près tout ce qui est ordonné dans la loi pour l’observation du sabbat.
Voyons à présent quelle a été sur cela la pratique des Juifs. La première obligation du sabbat marquée dans la loi est de le sanctifier (Nombres 38.9-10). Or on le sanctifie par les bonnes œuvres morales, par la prière, par les louanges et les actions de grâces, par le culte public et particulier qu’on rend a Dieu, par l’étude de sa loi, par la justice., l’innocence et la paix du cœur. La seconde obligation est le repos (Lévitique 23.32). Il était défendu d’y faire des œuvres serviles et laborieuses, capables d’attacher le cœur et de le distraire de l’attention qu’il doit à Dieu, et dont il a besoin pour lui rendre un culte digne de sa majesté. Les Juifs ont souvent varié sur la manière dont ils croient devoir observer le repos du sabbat. Du temps des Machabées (1 Machabées 2.32-34) ils portaient le respect dû à ce jour jusqu’à n’oser se défendre même dans une juste guerre et dans la p : us pressante nécessité. Depuis ce temps ils n’ont point fait de scrupule de prendre les armes pour leur défense ; mais on voit par Josèphe qu’ils n’attaquaient point, qu’ils n’empêchaient point leurs ennemis à avancer leurs travaux, et qu’ils ne marchaient jamais, même en guerre, et dans le pays ennemi, le jour du sabbat.
Du temps de notre Sauveur ils abreuvaient le bétail, et le tiraient d’un fossé s’il y était tombé le jour du sabbat ; et par une mauvaise délicatesse, ils trouvaient mauvais que Jésus-Christ guérit les malades ce jour-là (Matthieu 12.11-12). Depuis ce temps ils ont établi qu’on donnerait à manger à une bête qui serait tombée dans un trou, mais qu’il n’était pas permis de l’en tirer. Les mêmes Juifs (Matthieu 12.1-2 Marc 2.27) se plaignirent que les disciples du Sauveur étant pressés de la faim, et passant un jour de sabbat au milieu des champs remplis de blés, en arrachassent quelques épis, et les froissassent dans leurs mains pour en manger ; et Jésus-Christ n’excuse l’action de ses apôtres chue sur la seule nécessité et sur le besoin ou ils étaient de s’en nourrir ; ajoutant que les prêtres mêmes dans le temple font des ouvrages qui partout ailleurs seraient censés des violements du sabbat, et que le Fils de l’homme était maître du sabbat, enfin que le sabbat était fait pour l’homme, et non pas l’homme pour le sabbat.
Les rabbins comptent trente-neuf défenses primitives, qu’on doit observer aux jours de sabbat, et plusieurs autres dérivées de celles-là qui sont aussi d’obligation. Leur nornbre est si grand, qu’il est presque impossible de les observer toutes ; et les rabbins ne font pas difficulté de dire que si le peuple d’Israël pouvait observer deux sabbats comme il faut, il se verrait bientôt délivré de tous les maux sous lesquels il gémit. Leur scrupule va jusqu’à défendre de peler ou de cuire une pomme, de tuer une puce, une mouche ou un autre insecte, s’il est assez gros pour qu’on puisse en discerner le sexe ; de chanter, ou de jouer d’un instrument, en sorte qu’on puisse éveiller un enfant. Avec tout cela, les Samaritains prétendent que les Juifs ne sont pas encore assez religieux observateurs du sabbat. Pour eux, ils n’allument point de feu ce jour-là, ils n’usent point du mariage, ils ne se remuent point de leur place, si ce n’est pour aller à la maison du Seigneur ; et ne s’occupent à autre chose pendant tout ce jour-là qu’à lire la, loi, prier Dieu et à lui rendre des actions de grâces.
De toutes les fêtes que Dieu a commandées par sa loi il n’y en a aucune dont les Juifs soient plus jaloux et à qui ils donnent de plus grandes louanges qu’au sabbat. Ils l’apellent leur épouse, parce que Dieu l’a accordé à eux seuls, à l’exclusion de tous les autres peuples du monde. Voici le précis de ce qu’on en lit dans Léon de Modène, qui vaut lui seul tous les juifs modernes. Les rabbins, dit-ils, ont réduit tout ce qu’il est défendu de faire le jour du sabbat à ces trente-neuf chefs, qui ont chacun leurs circonstances et dépendances, savoir : labourer, semermoissonner, botteler, lier des gerbes, battre le grain, cribler, moudre, bluter, pétrir, cuire, tondre, blanchir, peigner ou carder, filer, retordre, ourdir, taquer, teindre, lier, délier, coudre, déchirer ou mettre en morceaux, bâtir, détruire, frapper avec le marteau, chasser ou pêcher, égorger, écorcher, préparer, racler la peau, tanner, couper le cuir pour en travailler, écrire, raturer, régler pour écrire, allumer, éteindre, porter quelque chose d’un lieu en un autre, exposer quelque chose en vente.
Outre ces choses, il y en a d’autres qui sont défendues, comme des suites de celles-là : Par exemple, limer est compris sous la défense de moudre ; cailler du lait, sous celle de bâtir, et ainsi des autres. Ils ne peuvent ni allumer, ni éteindre le feu ou une lampe ; et pour l’ordinaire ils ont des domestiques chrétiens, qui font toutes ces choses dans leurs maisons au jour du sabbat. Ils ne portent sur eux non-seulement aucun fardeau, mais ils ne mettent même sur leurs habits ce jour-là précisément que ce qui est nécessaire, et poussent leur exactitude jusqu’à prendre garde aux ornements et aux habits des femmes, des enfants et des domestiques. Ils ne parlent ce jour-là d’aucune affaire ; ils ne donnent ni ne reçoivent ; ils ne vendent ni n’achètent, et ne font aucun contrat. Ils ne manient aucun outil, ni rien qui soit pesant ; ils ne touchent point d’argent, ne vont ni à cheval ni en bateau. Ils ne se baignent point, et’n’usent point de chirurgiens sans une grande nécessité. Ils peuvent marcher autant qu’ils veulent au dedans de la ville et des faubourgs des lieux où ils demeurent ; mais ils ne peuvent aller au dehors de la Ville et des faubourgs, qu’à la longueur de deux mille coudées comme nous le dirons ci-après sous l’article : Chemin qu’on peut faire le jour du sabbat.
On n’entreprend point d’ouvrage le vendredi qu’on ne puisse aisément achever avant le soir. Environ une heure avant le coucher du soleil on met en un lieu chaud ce qu’on a préparé gour manger le lendemain, et environ une demi-heure avant le coucher du soleil tout ouvrage cesse, el on suppose que le sabbat est commencé. Alors les femmes sont obligées d’allumer une lampe dans la chambre, et cette lampe d’ordinaire a six lumignons, ou pour le moins quatre, et elle brûle une grande partie de la nuit. Elles dressent aussi une table couverte d’une nappe blanche, et mettent du pain par dessus, qu’elles couvrent d’un autre linge long et étroit. Il y en a qui, pour bien commencer le sabbat, prennent du linge blanc, se lavent les mains et le visage. Ils vont tous à la synagogue, où l’on récite certaines prières marquées dans leurs livres ; après quoi ils s’en retournent chacun chez eux, et en se saluant ils se souhaitent un bon sabbat.
Étant arrivés à la maison, les pères bénissent leurs enfants, et les maîtres leurs disciples, puis s’étant mis à table, le maitre de la maison prononce certaines bénédictions sur le pain et le vin, et fait mémoire de l’institution du sabbat ; il boit un peu de vin qu’il a béni, et en donne à boire à la ronde à tous ceux qui sont à table : il en use de même du pain : et ensuite ils font la meilleure chère qu’ils, peuvent. Le matin du sabbat ils se lèvent plus tard que de coutume ; et étant arrivés à la synagogue, ils récitent plusieurs psaumes et prières propres à la louange du sabbat, entremêlés du chant et des prières ordinaires. Ou tire aussi le Pentateuque, et sept personnes lisent la section où l’on en est ; puis on lit une section des prophètes qui a rapport à la lecture qu’on a faite de la loi : ensuite celui qui tient le livre entre ses bras l’élève en haut et en donne la bénédiction à tous les assistants. Ils prient après cela pour les princes sous la domination desquels ils vivent, et on fait le sermon ou l’exhortation le matin ou l’après-dîner, selon l’usage des lieux.
Quand la nuit vient et qu’on peut découvrir dans le ciel trois moyennes étoiles, alors le sabbat est fini, et on peut retourner au travail. Ceux qui vont à la synagogue joignent à la prière ordinaire du soir certaines lectures et certaines bénédictions qui ont rapport au sabbat ; et comme ils croient que les âmes du purgatoire ne souffrent point ce jour-là, ils en prolongent la durée tant qu’ils peuvent. Quand chacun est de retour dans sa maison, on allume un flambeau ou une lampe qui soit au moins à deux mèches ; le maitre du logis prend du vin dans une tasse et des épiceries de bonne odeur ; après avoir prononcé quelques bénédictions, il bénit le vin et les épiceries, puis il flaire les épiceries, et jette le vin par terre, en signe d’allégresse, et prononce quelques bénédictions. Ainsi finit la cérémonie du sabbat. Ceux qui se rencontrent se souhaitent réciproquement une bonne semaine.
Quelques anciens Pères citent la loi qui ordonne le repos du sabbat, avec cette exception : Vous ne ferez aucune chose ce jour-là, sinon pour le salut de l’Ame, ou pour la conservation de la vie, ou enfin sinon dans les choses où la vie est en danger comme lit Tertullien, glose très-ancienne et autorisée par la pratique des anciens Juifs, qui tiraient d’un fossé un animal qui y était tombé et en danger de sa vie, et à plus forte raison qui se croyaient permises toutes les bonnes œuvres morales et de charité.
Les auteurs profanes, qui ont voulu parler ire l’origine du sabbat, n’ont fait que découvrir leur ignorance des affaires des Juifs. Tacite a cru qu’ils chômaient le sabbat en l’honneur de Saturne, à qui le samedi était consacré dans la religion païenne. Plutarque, au contraire, avance qu’ils le célébraient en l’honneur de Bacchus, qui est nommé Sabbos, et parce que, dans les fêtes de cette, fausse divinité, on criait Saba. Appion le Grammairien soutenait que les Juifs célébraient le sabbat en mémoire de ce qu’ils avaient été guéris d’une maladie honteuse, nommée en égyptien sabbosis. Les auteurs païens parlent aussi assez souvent du jeûne du sabbat, comme si régulièrement les Juifs eussent jeûné ce jour-là : Recutitaque sabbatha palles, dit Perse ; et Pétrone : Et non jejuna sabbatha lege premet. Ils ignoraient que le jeûne est défendu aux Juifs le jour du sabbat ; mais ou ils prenaient par une équivoque grossière le sabbat pour toute la semaine, pendant, laquelle quelques Juifs jeûnaient deux jours, ou ils le prenaient dans un sens trop étendu pour toutes sortes de fêtes, et parce qu’ils jeunaient au jour de l’expiation solennelle, ils en inféraient mal à propos qu’ils jeûnaient tous les jours de sabbat.
Le chemin du jour du Sabbat. On a déjà vu par Josèphe, dans l’article de Jean Hircan, que dans une expédition qu’il fit au-delà de l’Euphrate, avec le roi de Syrie, il fut cause que toute l’armée s’arrêta un Jour de sabbat ; ce qui prouve que les longs voyages étaient défendus aux Juifs ce jour-là. On voit la même chose dans le second livre des Machabées (2 Machabées 8.26-27), où Judas ne peut poursuivre sa victoire remportée sur Nicanor, à cause de la rencontre du sabbat. Priez Dieu que vous ne soyez pas obligés de fuir le jour du sabbat, ou pendant l’hiver et le mauvais temps, dit Jésus-Christ dans l’Évangile. Et Ovide : Ne craignez point la pluie, et que la rencontre du sabbat ne vous arrête point.
Mais il n’est pas moins certain qu’il leur était permis de faire une certaine quantité de chemin, puisque nous savons que l’on allait au moins au temple ou au tabernacle de l’extrémité de la ville ou du camp, et que saint Luc (Actes 1.12) nous apprend que le mont des Oliviers était éloigné de Jérusalem de la longueur du chemin qu’on peut faire le jour du sabbat. Les rabbins fixent ordinairement cet espace à deux mille coudées. Josèphe dit que le mont des Oliviers était à cinq stades de Jérusalem, qui font six cent vingt-cinq pas. Ainsi le chemin qu’on pouvait faire le jour du sabbat était d’environ six ou sept cents pas, ou un peu plus ; car le même Josèphe, en un autre endroit, met le mont des Oliviers à six stades de Jérusalem. Origène, cité par Œcuménius, dit que le chemin qu’on peut faire le jour du sabbat est d’un mille, ou de deux mille coudées. Les Juifs ont aussi accoutumé de donner au mille deux mille coudées. Ainsi il faut que leur coudée soit de deux pieds et demi, puisque leur mille comprend mille pas ou cinq mille pieds, à prendre le pas à cinq pieds chacun. Maimonides veut que celui qui ne sait pas distinctement la distance d’un lieu puisse marcher le jour du sabbat deux mille pas médiocres, ce qui fait mille pas géométriques de cinq pieds l’un. Saint Épiphane dit que les Juifs ne croient pas qu’il leur soit permis de marcher, le jour du sabbat, plus de six stades, ou sept cent cinquante pas. Le traducteur syriaque des Actes des apôtres met environ sept stades pour le chemin qu’on peut faire le jour du sabbat. Ce qui revient à ce que disent quelques rabbins, que le mille est de sept stades et demi.
Le Sabbat second-premier, Sabbathum secundo-primum, dans saint Luc (Luc 6.1), a fort partagé les interprètes. Les uns l’ont pris pour le second, d’autres pour le dernier jour des azymes, et quelques-uns pour le jour de la Pentecôte. Pâques était le premier sabbat, selon eux, et la Pentecôte le second. D’autres ont cru que le premier grand sabbat était nie premier sabbat de l’année civile, au mois de tizri, et que le second était le premier de l’année sainte ou du mois de nisan. Mais Joseph Scaliger, suivi en cela du grand nombre des plus habiles écrivains, a cru que c’était le premier sabbat qui suivait le second jour des azymes. Les Juifs comptaient ainsi leurs sabbats depuis Pâque jusqu’à la Pentecôte. Le premier s’appelait second-premier, c’est-à-dire, le premier d’après le second jour des azymes. Le second s’appelait second-second, c’est-à-dire, le second jour du sabbat d’après le second jour des azymes. Le troisième s’appelait second-troisième, c’est-à-dire, le troisième jour du sabbat d’après le second jour des azymes. Et ainsi des autres, jusqu’au second-septième, c’est-à-dire jusqu’au septième sabbat depuis le second jour des azymes. Ce septième sabbat précédait immédiatement la Pentecôte, qui se célébrait le cinquantième jour après ce second jour des azymes. Voyez les Commentateurs sur saint Luc, chapitre 7.1.
Parascève du Sabbat, ou Préparation du sabbat. C’est le vendredi, parce que, comme il était défendu de faire du feu et de cuire du pain ou de la viande le jour du sabbat, on prévenait ce jour, et on préparaît dès le vendredi tout ce qui était nécessaire pour la nourriture au jour du sabbat. Voyez ci-devant l’article Parascève.
Le Sabbat transféré au dimanche. L’obligation de donner à Dieu une partie de notre temps pour être employée à son culte et à son service est fondée sur le droit naturel. La loi de Moïse avait fixé ce jour au septième, ou au jour du sabbat. Les apôtres, pour honorer le jour de la résurrection de Jésus-Christ, l’ont déterminé de même au septième jour, et l’ont fixé au dimanche qui est le premier jour de la semaine, selon les Hébreux, et le jour consacré au soleil selon les païens. Voyez l’article dimanche.
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