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Samarie

Samarie (1)

Ville capitale du royaume de Samarie ou des dix tribus, fut bâtie par Amri, roi d’Israël, qui commença à régner en l’an du monde 3079, et mourut en 3086. Ce prince acheta la montagne de Someron deux talents d’argent (Genèse 10.18), ou la somme de neuf mille sept cent trente-quatre livres sept sols. Cette montagne appartenait à un nominé Somer, et quelques-uns croient qu’il y avait déjà quelques commencements de ville, fondés sur ce qu’avant le règne d’Amri il est déjà fait mention de Samarie (1 Rois 16.24). Mais d’autres reconnaissent une prolepse, ou anticipation dans le discours de l’homme de Dieu, qui parle de Samarie sous le règne de Jéroboam.

Quoi qu’il en soit, il est certain que Samarie ne fut ville considérable et ne devint capitale du royaume d’Israël que depuis le règne d’Amri. Avant lui, les rois d’Israël demeuraient à Sichem ou à Thersa. Samarie était située sur une montagne agréable et fertile, et d’une situation avantageuse, à douze milles de Dothaïm, à douze milles de Merrom et à quatre milles d’Atharoth. Josèphe dit qu’elle est à une journée de Jérusalem. Au reste, quoiqu’elle fût bâtie sur une hauteur, il faut qu’il y ait eu des eaux en abondance, puisqu’on voit des médailles frappées dans cette ville où l’on a représenté la déesse Astarté foulant aux pieds un fleuve, ce qui fait voir qu’elle était bien arrosée ; et Josèphe remarque que Jean Hircan, prince des Juifs, l’ayant prise, la ruina de fond en comble et fit même passer le torrent sur ses ruines pour en effacer jusqu’aux moindres traces.

Les rois de Samarie n’oublièrent rien pour rendre cette ville la plus forte, la plus belle et la plus riche qu’il leur fût possible. Achab y bâtit un palais d’ivoire (1 Rois 22.39), c’est-à-dire où il y avait beaucoup d’ornements d’ivoire. Amos (Amos 3.15 ; 4.1-2) décrit Samarie sous Jéroboam II comme une ville plongée dans les délices et dans la délicatesse. Je détruirai, dit-il, vos appartements d’hiver et vos appartements d’été ; vos maisons d’ivoire périront, et la multitude de vos maisons seront ruinées. Écoutez ce que je vous dis, vaches grasses qui êtes à Samarie, qui accablez l’indigent par vos injustices et qui brisez les pauvres, qui dites à vos seigneurs : Apportez, et nous boirons, etc.

Benadad, roi de Syrie (1 Rois 20.34), avait bâti des places publiques ou des rues à Samarie apparemment pour le commerce, où ses gens demeuraient pour trafiquer. Benadad, son fils, assiègea cette place sous le règne d’Achab (d), l’an du monde 3103, avant Jésus-Christ 891, avant l’ère vulgaire 901. Il vint à la tête de trente-deux rois, avec une nombreuse armée, mettre le siège devant Samarie (1 Rois 20.1-3). D’abord Benadad envoya des ambassadeurs au roi d’Israël pour lui demander ses trésors, ses femmes et ses enfants les plus chers. Achab, se sentant trop faible pour lui résister, lui accorda tout ce qu’il lui demandait ; mais les ambassadeurs étant revenus lui demander encore tout ce qu’ils trouveraient à leur gré dans les maisons de ses sujets, alors Achab fit assembler tous les anciens du peuple et leur dit : Le roi de Syrie nous tend des pièges ; je lui abandonne tout ce qui est à moi, et non content de cela, il veut encore avoir ce qui vous appartient. Tous les anciens répondirent : N’écoutez point ces propositions, et ne vous rendez point à ces injustes demandes. Achab renvoya donc les ambassadeurs, et leur dit : Je donnerai tout ce qui est à moi pour acheter la paix, mais je ne puis disposer ainsi des biens de mes sujets. Benadad, courroucé de la réponse du roi d’Israël, lui envoya faire des menaces, et ordonna que l’on fît l’investiture [lisez l’investissement] de la ville.

Alors il vint un prophète trouver Achab, et lui dire de la part du Seigneur (1 Rois 20) : Vous avez vu toute cette multitude innombrable de Syriens ; je vous la livrerai aujourd’hui entre les mains. Le roi lui demanda : Par qui ? Le prophète lui répondit : Par les valets de pied des princes des provinces. Achab ajouta. : Qui commencera le combat ? Ce sera vous, dit le prophète.

Le roi d’Israël fit donc passer en revue les valets de pied des princes, et il s’en trouva deux cent trente-deux ; ensuite il fit la revue du peuple, et tous les enfants d’Israël se trouvèrent au nombre de sept mille. Ils firent une sortie sur le midi pendant que Benadad, dans sa tente, buvait et faisait bonne chère avec les trente-deux rois qui étaient venus avec lui. Les valets de pied des princes marchaient à la tête de l’armée d’Israël. On vint dire à Benadad qu’il sortait du monde de Samarie ; il répondit : Soit qu’ils viennent pour demander la paix, soit pour combattre, prenez-les vifs. La petite armée d’Israël s’avança, et chacun commença à tuer tout ce qui se présenta devant lui. Les Syriens se trouvant sans commandant à leur tête, prirent la fuite ; l’armée d’Israël les poursuivit vivement, et Benadad fut obligé de monter à cheval et de se sauver avec les autres rois qui l’accompagnaient.

Observations (de Folard) sur l’investiture [l’investissement] de Samarie par Benadad, et sur la déroute de son armée par les valets de pied des princes d’Israël (1 Rois 20). J’ai cru devoir me servir plutôt du ternie d’investiture que de celui de siège dans cette entreprise de Benadad, roi de Syrie, contre la ville de Samarie. Ce prince y marcha accompagné de trente-deux rois ou du moins de trente-deux roitelets, dans l’intention d’en faire le siège, avec un grand appareil de machines et une armée innombrable. Voilà de quoi parler bien haut et agir sur de grandes espérances. Il campe devant la place et envoie sommer Achab, roi d’Israël, de se rendre. Les conditions que Benadad lui fait faire par ses ambassadeurs sont de la nature de celles que l’on fait subir aux villes prises d’assaut ou sur le point de l’être ; comme s’il eût été bien assuré que des gens qui sont à couvert de bonnes murailles, qui ont les armes à la main, leur roi à leur tête, leur religion et leur liberté à conserver, se trouveraient d’humeur à se rendre sous de telles conditions. Voici ce que le roi de Syrie lui fait dire par ses ambassadeurs : Votre argent et votre or sont à moi ; vos femmes et vos enfants les plus chers sont a moi. Je trouve dans Achab une soumission extraordinaire à ses ordres ; jamais vassal n’en a marqué de plus grande ; il ne se regarde pas comme son vassal et sou tributaire, mais, à l’entendre parler aux ambassadeurs de Benadad, il semble que lui et tout son peuple sont au nombre de ses esclaves. Il fallait sans doute que le grand nombre des troupes syriennes l’épouvantât et qu’il se crût bien peu assuré dans sa place avec près de huit mille hommes de combat. Que répond donc Achab à ces propositions ? Ô roi, mon seigneur, je suis à vous, comme vous le dites et tout ce que j’ai est à vous. Apparemment qu’il entendait tout ce qu’il avait et dont il pouvait disposer, et non ce qui était à son peuple et dont il n’était pas le maitre ; Benadad prétendait sans doute avoir le tout, c’est pourquoi il renvoya ses ambassadeurs lui dire : Demain donc, à cette même heure, j’enverrai mes serviteurs vers vous ; ils visiteront votre maison et la maison de vos serviteurs, et ils prendront tout ce qu’il leur plaira, et ils l’emporteront. Il y a une grande différence (comme dit fort bien le savant commentateur) entre ce qu’entendait Achab et ce que prétendait le roi de Syrie. Celui-ci voulait disposer absolument de tous les biens, des personnes et des sujets appartenant au roi d’Israël, et Achab ne se soumettait que sous l’espérance qu’il lui accorderait des conditions modérées, et qu’il serait simplement obligé de payer le tribut ou à racheter la paix et le pillage de la ville ; mais quand il vit qu’il n’en voulait pas moins à la liberté qu’aux biens de son peuple, il fit assembler, tous les anciens et demanda leur avis là-dessus. Tous lui répondirent unanimement :

Ne l’écoutez point, et ne vous rendez point à ce désir. Ainsi le roi répondit aux ambassadeurs : Je vous ai accordé vos premières demandes, mais pour la dernière, dites au roi mon seigneur que je ne puis m’y résoudre.

Sur le refus du roi d’Israël les ambassadeurs se retirèrent et firent leur rapport à Benadad, qui les renvoya avec des paroles pleines de menaces pour intimider Achab et ses sujets ; et pour leur donner une idée plus grandede ses forces et de sa puissance, voyez ce qu’Il leur fait dire (1 Rois 20.10) : Que les dieux me traitent dans toute la sévérité, si toute la poussière de Samarie suffit pour remplir seulement le creux de la main de tous les gens qui me suivent. Cette hyperbole surprend le lecteur ; je n’en serais cependant pas surpris, si les termes pulvis Samarioe expriment la force de l’original ; mais dom Calmet prétend que le Chaldéen est beaucoup plus fort : Toute la terre du pays ne suffira pas pour mes gens, si chacun d’eux en emporte seulement autant qu’il peut s’en attacher sous ses souliers. Cela surpasse les gasconnades les plus outrées. La réponse d’Achab est excellente et rabat beaucoup de cet orgueil démesuré : Dites à votre maître : Que personne ne se glorifie, ni armé, ni désarmé.

Benadad reçut cette réponse lorsqu’il buvait à l’ombre, apparemment sous une feuillée, avec les autres rois ; et il dit aussitôt. à ses gens : Qu’on enferme la ville ; et ils l’enfermèrent. La réponse d’Achab le piqua tellement, qu’il résolut d’en faire le siège dans les formes ; pour cet effet il fit investir de tous côtés la ville, et même fit tirer une ligne environnante tout autour pour empêcher que personne ne pût ni y entrer, ni en sortir.

En même Limps, pour rassurer le roi d’Israël, il vint un prophète, qui lui dit de la part du Seigneur : Je confondrai l’orgueil de Benadad et de tous ces rois qui l’accompagnent. Vous avez vu cette multitude innombrable ; je vous déclare que je vous la livrerai aujourd’hui entre, les mains ; et ce sera par les valets de pied des princes des provinces que cette formidable armée sera mise en déroute, afin que vous sachiez que c’est moi qui suis le Seigneur. Il est apparent que les valets de pied des princes d’Israël étaient, comme dit dom Calmet, des pages ou des jeunes gentils hommes, qu’on élevait à la cour auprès du roi, qui en fit la revue ; et il en trouva deux cent trente-deux ; et ensuite celle du peuple, qui se trouvèrent au nombre de sept mille, tous enfants d’Israël

Ils sortirent de la ville sur le midi. Cependant Benadad était dans sa tenta qui buvait et qui était ivre, aussi bien que les trente-deux rois qui étaient venus à son secours.

Que peut-on attendre d’un général et d’un roi ivre, et même des trente-deux autres, qui sans doutden avaient pris comme lui avec abondance ? On peut juger de quoi sont capables trente-trois ivrognes bien remplis : d’aller dormir plutôt que de se mettre à la tête d’une armée.

Les valets de pied des princes des provinces marchaient à la fête de l’armée. Benadad ayant envoyé voir ce que c’était, on lui vint dire : Ce sont des gens qui sont sortis de Samarie. Il dit à ceux qui lui parlaient : Soit, qu’ils viennent pour demander la paix, soit pour combattre, prenez-les tous vifs. Il-n’était pas aisé de se saisir d’une telle ambassade, composée de sept mille deux cent trente-deux hommes, qui marchaient contre une armée sans chefs ; partagée en différents quartiers autour de la ville, et dont il n’y avait peut-être pas un seul homme sain d’esprit et de jugement ; car, à l’imitation de leurs chefs, ils pouvaient être aussi dans la débauche. Cependant les valets de pied des princes des provinces s’avancèrent, et le reste de l’armée après eux, c’est-à-dire, que le petit corps composé des valets de pied des princes formait comme une avant-garde, qui attaqua d’abord les troupes syriennes qui se présentèrent pour tâcher de les saisir ; mais elles furent repoussées et rechassées dans leur camp. Le gros de l’armée d’Israël suivait de près, qui, attaquant et taillant en pièces tout ce qui se rencontra à son passage, répandit le trouble et la terreur dans toute l’armée de Benadad, qui n’eut que le temps de monter à cheval et de se sauver avec les cavaliers qui l’accompagnaient.

Je range l’armée d’Israël sur deux corps, l’infanterie au centre et la cavalerie sur les ailes ; car dans la bataille d’Aphec, dont il est parlé immédiatement après, l’auteur sacré (1 Rois 20.27) dit qu’ils marchèrent contre les Syriens et campèrent vis-à-vis d’eux comme deux petits troupeaux de chèvres, c’est-à-dire partagés en deux corps, faisant comme deux petites armées. Joab, général des troupes de David, avait ainsi divisé son armée en deux dans la bataille où il défit les Syriens et les Ammonites (2 Samuel 10.9-10). À l’égard de la cavalerie je présuma qu’il y en avait, puisqu’ils poursuivirent les Syriens, qui en avaient un si grand nombre.

Ce qu’il y avait de singulier, et en même temps de fort commun, c’est que les flatteurs du roi de Syrie attribuent la honte de leur défaite, non à l’orgueil et à l’ivrognerie de leur roi et des autres rois, mais aux dieux des Juifs. Leurs dieux, disent-ils (1 Rois 20.23), sont des dieux des montagnes et c’est pour cela qu’ils nous ont vaincus ; il vaut mieux que nous combattions contre eux en pleine campagne, et nous les vaincrons. Voilà comme on colore les défauts des grands, lorsqu’ils ont fait des fautes ; ce n’est pas à leur conduite déréglée que l’on s’en prend, c’est à la mauvaise fortune ; sans elle la victoire ne pouvait échapper. Ces flatteurs conseillent donc à Benadad de renvoyer tous les rois de son armée, de mettre en leur place des officiers généraux et de remplacer tous les soldats, les chevaux et les chariots qu’il avait perdus ; ce qu’il fit : mais ils ne lui conseillent point de chasser de son cœur cet orgueil démesuré, ce penchant à l’ivrognerie, et tous ses autres vices ; c’est pourquoi le Seigneur livra encore une fois son armée entre les mains des enfants d’Israël, qui la taillèrent en pièces, et fit voir qu’il était le Seigneur tout-puissant, le Dieu des vallées comme des montagnes. [Ici se terminent les observations de Potard].

L’année suivante, Benadad remit une armée sur pied, dans le dessein apparemment de marcher encore contre Samarie (1 Rois 20.26-27) ; mais cette armée fut taillée en pièces. Quelques années après il revint encore assièger Samarie (2 Samuel 6.24, 7.1-4), et la réduisit à une telle famine, qu’une mère y mangea son enfant ; mais la ville fut délivrée par un effet sensible de la protection de Dieu. Enfin elle fut assiégée par Salmanasar, roi d’Assyrie (2 Rois 17.6-7), la neuvième année d’Osée, roi d’Israël, qui était la quatriéme d’Ézéchias, roi de Juda, du monde 3280, et elle fut prise trois ans après, savoir : l’an du monde 3283, avant Jésus-Christ 720, avant l’ère vulgaire 724. Le prophète Osée (Osée 10.4-9 ; 14.1) parle des cruautés exercées par Salmanasar contre les assiégés ; et Michée (Michée 1.6) dit que cette ville fut réduite en un monceau de pierres. Les Chutéens qui furent envoyés par Assaradon pour demeurer dans les terres de Samarie ne songèrent pas à s’établir dans les ruines de cette ville ; ils demeurèrent à Sichem, dont ils firent la capitale de leur État. Ils étaient encore sur ce pied-là, lorsque Alexandre le Grand vint dans la Phénicie et dans la Judée.

Cependant les Chutéens avaient déjà rétabli quelques maisons à Samarie dès le temps du retour de la captivité, puisque Esdras (Esdras 4.17 ; Néhémie 4.2) parle déjà des habitants de Samarie, et que les Samaritains, jaloux des faveurs qu’Alexandre le Grand avait accordées aux Juifs, se révoltèrent pendant que ce prince était en Égypte, et brûlèrent vif Andromaque, qu’il avait établi gouverneur de Syrie. Alexandre marcha contre eux, prit Samarie, et y mit des Macédoniens pour l’habiter, donnant le pays des environs aux Juifs pour le cultiver, leur accordant l’exemption du tribut. Les rois d’Égypte et de Syrie, successeurs d’Alexandre, les dépouillèrent de la propriété de ce pays.

Mais Alexandre Ballès, roi de Syrie, rendit à Jonathas Machabée les villes de Lydda, d’Ephroem et de Ramatha, qu’il démembra du pays de Samarie (1 Machabées 10.30-38 ; 11.28-34). Enfin les Juifs rentrèrent dans la possession de tout ce pays sous Jean Hircan, Asmonéen qui prit Samarie, et la ruina de telle sorte, dit Josèphe, qu’il fit passer les torrents sur ses ruines. Elle demeura en cet état jusqu’en l’an du monde 3914, qu’Aulus Gabinius, proconsul de Syrie, la rétablit et lui donna le nom de Gabinienne. Mais c’était encore peu de chose, jusqu’à ce que le grand Hérode lui rendit son ancien lustre et lui donna le nom grec de Sebaste, qui revient au latin Augusta, en l’honneur de l’empereur Auguste, qui lui avait accordé cette place en propriété.

Les auteurs sacrés du Nouveau Testament parlent assez peu de Samarie, et lorsqu’ils en parlent, ils expriment sous ce nom plutôt le pays que la ville dont nous parlons. Par exemple, quand on dit que Jésus passait par le milieu de Samarie (Luc 17.11 Jean 4.4), c’est-à-dire par le pays de Samarie. Et encore (Jean 4.5) : Jésus étant venu dans une ville de la Samarie nommée Sichar. C’est là où il eut un entretien avec une femme de Samarie, c’est-à-dire, une Samaritaine de la ville de Sichar. Après la mort de saint Étienne (Actes 8.1-3), les disciples furent dissipés dans les villes de la Judée et de la Samarie, et le diacre saint Philippe vint dans la ville de Samarie, où il fit plusieurs conversions. Les apôtres, ayant appris que cette ville avait reçu la parole de Dieu, y envoyèrent Pierre et Jean pour donner le Saint-Esprit à ceux qui avaient été baptisés. C’est là où était Simon le Magicien, qui offrit de l’argent aux apôtres, afin qu’ils lui communiquassent le pouvoir de donner le Saint-Esprit. Samarie n’est jamais nommée Sébaste dans les livres du Nouveau Testament, quoique les peuples étrangers ne la connussent guère que sous ce nom-là. Saint Jérôme dit qu’on croyait qu’Abdias était enterré à Samarie. On y montrait aussi les tombeaux d’Élisée et de saint Jean-Baptiste. On trouve plusieurs médailles anciennes frappées à Sébaste ou Samarie, et quelques évéques de cette ville ont souscrit aux anciens conciles.

Rois de Samarie. Voyez l’article Rois [« De Samarie, capitale des dix tribus d’Iraël, il était prédit : Je ferai de Samarie une éminence qui s’élève dans un champ, et comme un lieu propre à la plantation ae ta vigne ; j’en ferai rouler les pierres dans la vallée, et j’en mettrai à nu les fondements (Michée 1.6). Hérode le Grand agrandit Samarie et l’embellit. Elle fut le siège d’un évêque pendant plusieurs siècles de l’ère chrétienne, et il existe encore plusieurs de ses médailles et de ses anciennes monnaies. Ce sont là tous les monuments d’une ville qui a cessé d’exister depuis longtemps. Ses pierres ont été roulées dans la vallée. Un des premiers voyageurs modernes nous la représente comme entièrement couverte de jardins ; une relation plus récente parle de la même manière de la colline où fut jadis Samarie, et montre que sa situation présente est marquée, trait pour trait, dans les menaces de Michée. » Keith, Accomplissement littéral des prophéties, chapitre 5.

À quatre heures de Naplouse, au nord-ouest, nous nous arrêtâmes, dit M. Gilot de Kerhardène, au pied de la montagne où est assise l’ancienne capitale du royaume d’Israël, dont les ruines couronnaient la cime du Someron. Pour y arriver, on laisse la route des caravanes, et on monte sur la gauche pendant une demi-heure. Je n’essayerai point de peindre l’effet que produit sur le voyageur l’aspect de cette cité. L’enceinte de Samarie, comme celle de Naplouse, est la moitié du circuit de Jérusalem, et du haut des murailles flanquées de tours, on jouit d’une vue magnifique qui s’étend jusqu’au Garizim. Parmi tant de ruines, entassées dans le même oubli, on remarque les débris de l’église de Saint-Jean-Baptiste, qui a été un temple païen, et qui serait maintenant une mosquée, si la ville consacrée à Auguste n’était un désert ; on y cherche en vain les restes du tombeau du fils de Zacharie. Nous continuâmes notre route et nous arrivâmes à Genine vers six heures. Des ruines de Sébaste jusque-là on compte six heures de marche. Correspond d’Orient, lettr. 135, tome 5 pages 476].

Samarie (2)

(Royaume, province ou pays de), ainsi nommé de Samarie, sa capitale. C’est le royaume d’Israël (1 Rois 23.32 ; 2 Rois 17.24 Jérémie 23.13 ; Ézéchiel 16.53 ; 23.43 ; Osée 8.5-6 ; Michée 1.1 ; Luc 17.11 ; Jean 4.4-7) ; et plusieurs fois dans les Actes. La Samarie, province de Palestine, s’étendait, dit Barbié du Bocage, de l’ouest à l’est, des bords de la Méditerranée au rivage du Jourdain, et du sud au nord, de la Judée à la Galilée, et renfermait les territoires de l’ancienne tribu d’Éphraïm et de la demi-tribu ouest de Manassé. Elle fut comprise avec la Judée dans la première Palestine consulaire.

Étant partis de Jérusalem le 5 juin 1831, à l’heure où le Christ expira, nous arrivâmes, dit M. Gilot de Kerhardène (Correspond d’Orient, lettre 135, tome 5 pages 463-470), nous arrivâmes à six heures au village de Bir ; c’est le lieu de repos des caravanes qui vont de Jérusalem à Damas… Après avoir passé la nuit sur des rochers, nous partîmes au point du jour … Jusqu’à Bir on traverse.un sol nu et désert, mais au delà le pays prend un aspect plus riant ; on commence à apercevoir sur la gauche, au nord-est de la montagne de Silo, des bouquets d’arbres qui pourraient bien être un reste de la forêt enchantée du Tasse, que vous (M. Michaud) aviez cru trouver dans le voisinage de Césarée. En effet les chroniqueurs placent cette forêt dans le pays de Naplouse, mais ce n’est pas le moment de prouver, en citant des textes, que c’est là qu’il convient de placer la scène des enchantements.

En avançant dans les montagnes, on voit un pays cultivé avec soin ; ce n’est plus la sauvage Judée, c’est presque un autre Liban. Des vallées riantes, des ravins boisés, des collines parées de moissons, des sommets verdoyants, reposent les yeux. Des masses d’oliviers, des murs d’appui, qui font des flancs des montagnes des espèces d’amphithéâtres réguliers, s’élevant de terrasse en terrasse jusqu’aux plus hautes cimes, des villages assis à droite et à gauche sur des hauteurs, charment le voyageur qu’ont longtemps attristé les ruines de Jérusalem. La Samarie est un pays de montagnes dont Naplouse occupe le centre ; on n’y voit point de ruisseaux, mais pendant l’hiver des torrents se forment pour disparaître au printemps. Le pays, trois fois plus peuplé que la Judée, peut avoir neuf cents âmes par lieue carrée, c’est presque la population du Liban ; du temps du Christ, le nombre des habitants a dû être quintuple. Non moins accidenté que les environs de Jérusalem, le sol est florissant malgré la disette d’eau. Plus libre que la Judée, la Samarie a pu jouir en paix de ses récoltes et améliorer les cultures ; le blé, le coton, donnent de riches produits ; l’olivier est abondant ; mais, faute desavoir préparer l’olive, on n’en tire qu’une liqueur verdâtre dont on remplit les outres, et qui suffit à la consommation de Damas et de Jérusalem. La Samarie, plus à l’abri par sa position des incursions des Arabes que les autres parties de la terre sainte, n’a d’ennemis que les pachas ; du reste le commerce y est borné comme dans tous les pays qui n’ont point de débouché. Elle est sans chemins, on n’y retrouve plus de trace des routes ouvertes par les Romains, et on rencontre des gorges si horribles, qu’il suffirait d’une poignée de fellahs embusqués pour exterminer un régiment qui s’y engagerait sans précaution ; ainsi la nature a tout fait pour la défense du pays, et les hauts lieux couronnés de villages sont autant de citadelles qui, depuis des siècles, bravent la domination ottomane.

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