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En latin stibium, en hébreu Phuc, en grec stimmi, est un minéral qui approche de la nature des métaux ; on le trouve dans les mines d’argent et de plomb. Il est de couleur noire et rempli de longues aiguilles brillantes. On le mêle à divers métaux, et il sert généralement à leur fusion. L’antimoine est aujourd’hui fort employé dans la médecine ; mais avant le douzième siècle, on ne s’en servait que dans la composition du fard, et c’est en ce sens et par rapport à cet usage que nous en parlons ici. L’Écriture (2 Rois 9.30) nous le décrit comme un fard dont les femmes se servaient pour se noircir les yeux. Jésabel ayant appris que Jéhu devait entrer dans Samarie, se farda les yeux avec de l’antimoine, ou selon l’Hébreu, se mit les yeux dans l’antimoine, elle se les frotta entièrement, ou même elle les plongea dans le fard pour parler à cet usurpateur et pour se montrer devant lui.
Comme les yeux grands, bien fendus et noirs passaient pour les plus beaux, ceux et celles qui avaient soin de leur beauté, se frottaient les yeux, le tour de l’œil et la paupière avec une aiguille trempée dans une boite de fard d’antimoine pour se noircir l’œil, pour étendre la paupière ou plutôt pour la replier, afin que l’œil en paraisse plus grand. Encore aujourd’hui, les femmes syriennes, arabes et babyloniennes se frottent et se noircissent le tour de l’œil ; et tant les hommes que les femmes, dans le désert, se mettent du noir dans les yeux pour se les conserver contre l’ardeur du soleil et contre la vivacité de ses rayons. M. Darvieux dit que les femmes arabes bordent leurs yeux d’une couleur noire composée avec de la tutic que les Arabes appellent Kehel. Elles tirent une ligne de ce noir en dehors du coin de l’œil pour le faire paraître plus fendu. Isaïe (Isaïe 3.2), dans le dénombrement qu’il a fait des parures des filles de Sion, n’y a pas oublié les aiguilles dont elles se servaient pour peindre leurs yeux et leurs paupières.
Jérémie (Jérémie 4.50) parlant aux filles de Sion : En vain vous vous revêtirez de pourpre et vous mettrez vos colliers d’or, en vain vous vous peindrez les yeux avec l’antimoine : vos amants vous mépriseront. Et Ézéchiel (Ézéchiel 23.48) découvrant les dérèglements de la nation juive sous l’idée d’une femme débauchée, dit qu’elle s’est baignée, qu’elle s’est parfumée, qu’elle a frotté ses yeux d’antimoine, qu’elle s’est parée, qu’elle s’est assise sur un très-beau lit et devant une table bien couverte, etc. Job (Job 42.14) marque assez l’estime que l’on faisait de l’antimoine, en donnant à une de ses filles le nom de vase d’antimoine ou de boite à mettre ce fard : cornu stibii. L’auteur du livre d’Énoch dit que dès avant le déluge, l’ange Azléel apprit aux filles l’art de se farder.
Tertullien et saint Cyprien ont fort déclamé contre cette coutume usitée en Afrique, même parmi les hommes, de se peindre les yeux et les sourcils : Inauge oculos tuos non stibio diaboli, sed collyrio Christi, dit saint Cyprien. Pline parlant des dames romaines, dit qu’elles se fardaient jusqu’aux yeux : Tanta est decoris affectatio, ut tinguantur oculi quoque. Sardanapale se peignait les yeux et les sourcils. Josèphe fait le même reproche aux séditieux qui prenaient le nom de Zélés et qui s’étaient emparés du temple de Jérusalem.
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