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Il y eut plusieurs rois de ce nom dans la Syrie, depuis Séleucus Nicanor, qui est compté pour le premier roi de Syrie depuis Alexandre le Grand, et qui fut père d’Antiochus Soter. Ce dernier [Antiochus I que Séleucus Nicanor eut d’Apamée, sa première femme] fut surnommé Soter, ou Sauveur, pour avoir empêché l’irruption des Gaulois qui voulaient envahir l’Asie. C’est apparemment dans cette occasion qu’arriva ce qui est rapporté dans le second livre des Machabées (2 Machabées 8.20), que les Galates étant venus attaquer les Juifs dans la Babylonie, l’armée de ceux-ci n’étant que de huit mille hommes, soutenus de quatre mille Macédoniens, les huit mille Juifs attaquèrent si brusquement les Galates, qu’ils leur tuèrent cent vingt mille hommes. C’est aussi peut-être en considération de cette belle action, qu’Antiochus Soter accorda aux Juifs d’Asie le droit de bourgeoisie dans les villes des Gentils, et qu’il leur permit de vivre selon leurs lois. On place ce privilège sous l’an du monde 3743, avant Jésus-Christ 257, avant l’ère vulgaire 261.
Surnommé le dieu, fils et successeur d’Antiochus Soter, troisième roi de Syrie, épousa Bérénice, fille de Ptolémée Philadelphe, roi d’Égypte. Laodicé, sa première épouse, se voyant méprisée, empoisonna, et Antiochus et Bérénice, et leur fils destiné à succéder au royaume. Après cela Laodicé fit reconnaître pour roi de Syrie Séleucus Callinicus, qu’elle avait eu d’Antiochus le Dieu. Voici comme Daniel prédit ces événements (Daniel 11.6) : Après plusieurs années, le roi d’Égypte ou du midi, et celui du septentrion ou de Syrie, feront alliance ensemble, et la fille du roi du midi viendra épouser le roi du septentrion, pour faire alliance ensemble ; mais elle ne s’établira point par un bras fort, et sa race ne subsistera point ; elle sera livrée elle-même avec les jeunes hommes qui l’avaient amenée et qui l’avaient soutenue en divers temps. On peut voir les commentateurs sur cet endroit.
Surnommé le Grand, est fort célèbre dans l’histoire grecque et romaine, par rapport aux guerres qu’il fit contre l’Égypte et contre les Romains. Nous ne nous étendrons pas beaucoup sur ce qu’il fit dans toutes ces guerres ; nous nous bornerons à ce qui regarde l’histoire des Juifs. Antiochus était fils de Séleucus Callinicus et frère de Séleucus la Foudre, ou Ceraunos. Antiochus succéda à Séleucus la Foudre, son frère, l’an du monde 3781, avant Jésus-Christ 219. Il fit la guerre à Ptolemée Philopator, roi d’Égypte, mais il fut vaincu près de Raphia, ainsi qu’il est raconté dans le troisième livre des Machabées, chapitre 1. Treize ans après, Ptolémée Philopator étant mort, Antiochus résolut de se rendre maître de l’Égypte ; il se saisit d’abord de la Célé-Syrie, de la Phénicie et de la Judée. Mais Scopas, général des troupes du roi d’Égypte, étant entré dans la Judée pendant qu’Antiochus était occupé à la guerre contre Attalus, reprit les places qu’Antiochus avait usurpées sur le roi d’Égypte. Peu de temps après, Antiochus le Grand remit sous son obéissance ce que Scopas avait reconquis.
Ce fut dans cette occasion qu’arriva ce que Josèphe raconte du voyage de ce prince à Jérusalem. Après la victoire qu’Antiochus remporta sur Scopas vers les sources du Jourdain, il se rendit maître des places de la Célé-Syrie et de là Samarie ; et les Juifs se donnèrent librement à lui, le reçurent dans leur ville, fournirent abondamment des vivres à son armée et à ses éléphants. Pour reconnaître leur affection, Antiochus leur donna un privilége rapporté par Josèphe, dans lequel il accorde vingt mille pièces d’argent pour acheter des animaux pour les sacrifices, mille quatre cent soixante mesures de farine, et trois cent soixante-quinze mesures de sel, pourêtre offertes avec les sacrifices ; outre cela, tout le bois nécessaire pour le rétablissement des portiques de la maison du Seigneur.
Il veut que les sénateurs, les prêtres, les scribes et les chantres du temple soient exempts du tribut que l’on paie par tête. Enfin il permet aux Juifs de vivre selon leurs lois dans toute l’étendue de ses états. Il leur remet le tiers des tributs, pour les dédommager des pertes qu’ils avaient souffertes durant la guerre ; il défend aux païens d’en-trer dans le temple sansêtre purifiés, et d’apporter dans la ville de la chair de mulets, d’ânes ou de chevaux pour vendre, sous peine de trois mille drachmes d’amende.
L’an du monde 3812, il accorda sa fille Cléopâtre en mariage à Ptolémée Épiphane, roi d’Égypte, et lui donna pour sa dot la Célé-Syrie, la Phénicie et la Judée, à condition que les tributs provenant de ces trois provinces seraient partagés également entre les deux souverains, c’est-à-dire entre le roi de Syrie et le roi d’Égypte. Trois ans après, il fut vaincu par les Romains, et obligé de céder tout ce qu’il avait au delà du mont Taurus, et de donner vint étages, entre lesquels était son propre fils Antiochus, surnommé depuis Épiphane. Les Romains lui imposèrent de plus un tribut de douze mille talents d’Eubée, de quatre-vingts livres romaines de poids chacun. Pour satisfaire à la charge que les Romains lui avaient imposée, Antiochus résolut d’aller enlever les grands trésors qui étaient conservés dans le temple de Bélus, à Elymaïde. Mais les peuples de ce pays, informés de son dessein, le surprirent et le firent périr avec toute son armée, l’an du monde 3817, avant Jésus-Christ 183, avant l’ère vulgaire 187. Il laissa deux fils, Séleucus Philopator et Antiochus Épiphane, qui lui succédèrent et qui régnèrent l’un après l’autre.
Fils d’Antiochus le Grand, dont nous venons de parler, et frère de Séleucus Philopator, roi de Syrie. Antiochus Épiphane ayant été en ôtage à Rome pendant quatorze ans, Séleucus, son frère, résolut de le faire revenir en Syrie. On croit qu’il avait dessein de s’en servir pour se rendre maître de l’Égypte, qui était depuis longtemps l’objet de l’ambition des rois de Syrie. Quoi qu’il en soit, Séleucus envoya a Rome son propre fils Démétrius en ôtage, en la place d’Antiochus et pendant le voyage de ce dernier, Séleucus mourut, en sorte que, quand il aborda en Syrie, les peuples le regardèrent comme une divinité favorable qui venait prendre les rênes du gouvernement, et s’opposer aux entreprises de Ptolémée, roi d’Égypte, qui menaçait de s’emparer de la Syrie. C’est ce qui fit donner à Antiochus le surnom d’Épiphane, comme qui dirait, Dieu qui apparaît et qui se manifeste aux hommes.
Ce prince songea de bonne heure à se rendre maître de l’Égypte, qui était alors possédée par Ptolémée Philométor, son neveu, fils de Cléopâtre, sa sœur. Il envoya Apollonius, un de ses officiers, en Égypte, sous prétexte d’assister à la première séance du jeune Ptolémée sur son trône, mais ; en effet, pour voir les dispositions des grands du royaume à son égard, et pour savoir s’ils seraient portés à lui déférer le gouvernement de l’Égypte pendant la minorité du roi, son neveu. Mais Apollonius ne trouva pas les esprits disposés en faveur de son maître, ce qui obligea Antiochus à faire la guerre à Philométor. Il vint à Jérusalem en 3831, et y fut reçu par Jason, à qui il avait vendu la souveraine sacrificature. Il avait voulu attaquer l’Égypte, mais il s’en retourna sans rien faire.
L’ambition des Juifs qui recherchaient la souveraine sacrificature, et qui l’achetaient d’Antiochus, fut le commencement et la source des maux qui accablèrent leur nation sous le règne d’Antiochus Épiphane. Jason se fit établir dans cette dignité en là place de son frère Onias III. Ménélaüs en ayant offert davantage, en fit débouter Jason, et se fit établir en sa place. Ces faux grands-prêtres, pour complaire aux Syriens, prirent toutes les manières des Grecs, leurs jeux, leurs exercices, et négligèrent le culte du Seigneur et le service du temple. Cependant la guerre était allumée entre Antiochus Épiphane et Ptolémée Philométor. Antiochus entra en Égypte en 3833, et la soumit presque tout entière à son obéissance (2 Machabées 5.3-5). L’année suivante il y revint encore, et pendant qu’il était occupé au siège d’Alexandrie, un faux bruit se répandit qu’il était mort. Les habitants de Jérusalem en ayant témoigné de la joie, Antiochus, au retour de l’Égypte, entra dans cette ville par force, traita les Juifs comme des rebelles, commanda à ses troupes de tuer tout ce qu’ils rencontreraient dans la ville. Il en fut tué quatre-vingt mille pendant trois jours, quarante mille furent faits captifs, et il n’y en eut pas moins de vendus. Il entra même dans le plus sacré du temple, conduit par le faux grand-prêtre Ménélaüs, prit les vases les plus précieux, et emporta de ce saint lieu pour la valeur de dix-huit cents talents.
En 3835, Antiochus fit une troisième expédition contre l’Égypte, dans laquelle il l’assujettit entièrement. L’année suivante, il envoya Apollonius en Judée (2 Machabées 5.24-25) avec une armée de vingt-cinq mille hommes, et lui donna ordre de tuer tous ceux qui seraient dans un âge parfait, et de vendre les femmes et les jeunes hommes. Apollonius, n’exécuta que trop exactement ces ordres. Ce fut dans cette occasion que Judas Machabée se retira dans le désert avec son père et ses frères (2 Machabées 5.27). Mais ces maux n’étaient que les préludes de ceux qu’ils eurent à souffrir dans la suite. Antiochus se mit dans l’esprit qu’il ne tiendrait jamais les Juifs dans l’obéissance, qu’il ne les obligeât à changer de religion et à embrasser les cérémonies et le culte des Grecs. Il fit donc publier un édit (1 Machabées 1.43) qui leur ordonnait de se conformer aux lois des nations de la terre, et qui leur défendait d’offrir leurs sacrifices ordinaires dans le temple, et de célébrer leurs fêtes et leur sabbat. Plusieurs mauvais Juifs déférèrent à ses ordres ; mais d’autres y résistèrent. Matathias et ses frères se retirèrent dans les montagnes ; le vieillard Eléazar et les sept frères Machabées souffrirent généreusement la mort à Antioche (2 Machabées 7) ; la statue de Jupiter Olympien fut placée sur l’autel du temple, et l’on vit l’abomination de désolation dans la maison de Dieu.
Matathias étant mort, Judas Machabée se mit à là tête des Juifs qui étaient demeurés fidèles au Seigneur. Il fit la guerre aux généraux que le roi Antiochus envoya en Judée, avec le succès que nous verrons ailleurs. Le roi, informé de la valeur de Judas et de la résistance des Juifs, y envoya de nouvelles forces ; et voyant ses trésors épuisés, il résolut d’aller en Perse (1 Machabées 3.27) pour y lever les tributs des peuples et y amasser les grandes sommes qu’il devait payer aux Romains. Il apprit qu’il y avait de très-grandes richesses dans le temple d’Elymaïde, et il prit la résolution de les enlever (1 Machabées 6.1-3 ; 2 Machabées 0.1-3). Mais ceux du pays lui firent une si forte résistance, qu’il fut obligé de se retirer vers la Babylonie. Lorsqu’il fut arrivé vers Ecbatane, il reçut la nouvelle de la défaite de Nicanor et de Timothée ; et on lui dit que Judas Machabée avait repris le temple de Jérusalem, et y avait rétabli le culte du Seigneur et les sacrifices.
À ces nouvelles, le roi transporté de colère, ordonna à celui qui conduisait son chariot de presser les chevaux et de hâler son voyage, menaçant de faire de Jérusalem un tombeau des Juifs : Mais la vengeance divine se fit bientôt sentir sur lui ; il tomba de son chariot, et se meurtrit tous les membres.
Il fut tourmenté d’une douleur d’entrailles qui ne lui laissait aucun repos. Le chagrin et la douleur de tant de mauvais succès se mêlant à sa maladie, le réduisirent bientôt aux portes de la mort. Dans cet état, il écrivit aux Juifs d’une manière très-soumise ; leur fit de grandes promesses, et s’engagea même à se faire Juif, si Dieu lui rendait la santé. Il leur recommanda très-instamment son fils Antiochus, qui devait lui succéder, et les pria de le favoriser et de lui demeurer fidèles. Il mourut accablé de douleurs dans les montagnes de-la Partacène, dans la petite ville de Tabès, l’an du monde 3840, avant Jésus-Christ 160, avant l’ère vulgaire 164 [Les exécuteurs de l’édit par lequel Antio chus Épiphane voulait empêcher l’exercice du vrai culte, déchirèrent, dit l’historien (1 Machabées 1.59-60), les livres de la loi de Dieu, et les jetèrent au feu ; et si l’on trouvait chez quelqu’un les livres de l’alliance du Seigneur, et s’il observait la loi du Seigneur, il était tué aussitôt, selon l’édit du roi. Sur quoi quelqu’un, ennemi de la religion a voulu conclure qu’à cette époque les livres des Juifs ont tous disparu, et que ceux qu’on a aujourd’hui sont controuvés : comme si, lui répond le savant Huet, évêque d’Avranches (Démonst. évangél., Prop. IV chapitre 12 rép. 19), comme si Antiochus, malgré ses plus sévères recherches, avait pu recueillir tous les exemplaires, et que dans toute la Judée on n’eût pu trouver un endroit assez sûr pour en dérober quelques-uns à la surveillance de ses agents ; comme si dans les bibliothèques étrangères, à Alexandrie, par exemple, qui était en dehors de la puissance d’Antiochus, il ne se trouvait pas des exemplaires de ces livres, et principalement la version des Septante ; comme si les Israélites, dont le royaume avait été détruit par Salmanasar, avaient pour cela renoncé à leur religion et perdu leurs livres sacrés. D’ailleurs l’auteur du livre des Machabées indique que quelques exemplaires furent dérobés à la fureur d’Antiochus, puisqu’il dit (1 Machabées 3.48) que les Israélites jeûnèrent, se revêtirent de cilices, se mirent de la cendre sur Fa tête, déchirèrent leurs vêtements, et ouvrirent les livres de la loi. Dans la lettre aux Lacédémoniens, écrite par Jonathas et le peuple juif, il est dit que les livres de la loi font leur consolation. Cette réponse s’applique aussi à la difficulté tirée de l’incendie de Jérusalem par Nabuzardan, et des exemplaires de la loi brûlés par le roi Manassès.
Fils d’Antiochus Épiphane, n’avait que neuf ans lorsque Épiphane, son père, mourut, et lui laissa le royaume de Syrie. Lysias, qui gouvernait le royaume au nom de ce jeune prince, mena contre la Judée une armée de cent mille hommes de pied, de vingt mille chevaux et de trente éléphants (2 Machabées 13). Il assiègea et prit la forteresse de Bethsura ; de là il marcha confre Jérusalem. Malgré la résistance et la valeur des Machabées, la ville était prête à tomber entre les mains des ennemis, lorsque Lysias reçut la nouvelle que Philippe, à qui le roi Antiochus Épiphane, un peu avant sa mort, avait confié la régence du royaume pendant la minorité du jeune Eupator, son fils ; ayant, dis-je, reçu la nouvelle que Philippe était venu à Antioche pour en prendre le gouvernement, selon la dernière disposition du feu roi, fit proposer aux Juifs un accommodement, afin de s’en retourner promptemént à Antioche pour s’opposer aux entreprises de Philippe. Ainsi, ayant fait la paix, il retourna aussitôt avec le jeune roi et son armée en Syrie.
Cependant Démétrius Soter, fils de Séleucus Philopator, neveu d’Antiochus. Épiphane, à qui le royaume appartenait de droit par sa naissance, car Antiochus Épiphane ne l’avait eu que par usurpation sur son neveu ; Démétrius, dis-je, s’étant sauvé de Rouie, où il était en ôtage (1 Machabées 7 ; 2 Machabées 14), vint en Syrie, et ayant trouvé les esprits fort disposés à la révolte, se mit à la tête d’une armée, et marcha droit à Antioche contre Antiochus et Lysias. Mais les peuples n’attendirent pas qu’il mît le siège devant la ville ; ils lui ouvrirent les portes, et lui livrèrent Lysias et le jeune roi Antiochus Eupator, qui furent mis à mort par ses ordres, sans avoir permis qu’ils parussent devant lui. Antiochus Eupator n’avait régné que deux ans. Il monta sur le trône de Syrie l’an du monde 3840, et mourut en 3842, avant. Jésus-Christ 158, avant l’ère vulgaire 162.
Fils d’Alexandre Balas, roi de Syrie, fut élevé chez un prince Arabe nommé Elmalchuel (1 Machabées 11.39-40). Démétrius Nicanor, roi de Syrie, s’étant rendu odieux à ses troupes, un nommé Diodote, autrement Tryphon, cint trouver Elmalchuel, et le pria de lui confier le jeune Antiochus, lui promettant de le placer sur le trône de Syrie, qui était occupé par Démétrius Nicamor. Elmalchuel eut d’abord quelque peine à y consentir, craignant que Diodote ne fît périr ce jeune prince après s’en être servi pour dépouiller Nicanor du royaume ; mais enfin il lui confia le jeune Antiochus. Tryphon le mena en Syrie, et lui mit le diadème sur la tête. Les troupes que Démétrius avait congédiées vinrent se rendre à lui, et ayant formé une puissante armée, il marcha contre Démétrius. Celui-ci fut vaincu et obligé de se retirer à Séleucie. Tryphon se saisit de ses éléphants, et se rendit maître d’Antioche.
Antiochus le Dieu, pour se fortifier dans le royaume, envoya des lettres à Jonathas Machabée, grand-prêtre et chef des Juifs, par lesquelles il lui confirmait la souveraine sacrificature, lui accordait quatre toparchies, ou quatre places considérables dans la Judée, le recevait au nombre de ses amis, lui envoyait des vases d’or, lui permettait de se servir d’une coupe d’or ; de porter la pourpre et l’agrafe d’or, et donnait à Simon Machabée, son frère, le commandement général des troupes qui étaient sur les côtes de la Méditerranée, depuis Tyr jusqu’aux frontières d’Égypte. Jonathas, gagné par tant de bienfaits, se déclara hautement contre Démétrius en faveur d’Antiochus le Dieu, ou plutôt en faveur de Tryphon, qui régnait sous le nom de ce jeune prince, et attaqua en plusieurs rencontres les généraux de Démétrius, qui occupaient encore diverses places au-delà du Jourdain et dans la Galilée (1 Machabées 11.63 ; 13.24-34).
Tryphon voyant le jeune Antiochus assez paisible possesseur du royaume de Syrie, résolut de s’en défaire et d’usurper lui-même la couronne. Il crut qu’avant toutes choses il fallait s’assurer de Jonathas Machabée ; qui était un des plus puissants appuis du trône d’Antiochus. Il vint donc dans la Judée avec des troupes, attira Jonathas dans Nolémaïde, et l’y arrêta prisonnier sous de vains prétextes. Simon, frère de Jonathas, se mit à la tête des troupes de Judée, et s’opposa aux desseins de Tryphon, qui voulait se rendre maître de Jérusalem. Tryphon, frustré de ses espérances, fit mourir Jonathas à Basca, ou Bascama (1 Machabées 13 ; 2 Machabées 14), et s’en retourna en Syrie, où il ne tarda pas d’exécuter le dessein qu’il avait conçu de faire mourir Antiochus. Il gagna des médecins qui ayant publié que le jeune prince était tourmenté de la pierre, le tuèrent en le taillant sans aucune nécessité. Ainsi Tryphon se trouva seul maître du royaume de Syrie l’an du monde 3861, avant Jésus-Christ 139, avant l’ère vulgaire 143.
Ou Soter ou Eusèbes, c’est-à-dire le Pieux ; car on le trouve sous ces différents noms dans les Anciens, était fils de Démétrius Soter, et frère de Démétrius Nicanor. Tryphon, usurpateur du royaume de Syrie, s’étant rendu odieux à ses troupes, ses soldats le quittèrent et allèrent offrir leurs services à Cléopâtre, femme de Démétrius Nicanor, qui vivait enfermée avec ses enfants dans la ville de Séleucie, pendant que Démétrius, son mari, était prisonnier dans la Perse, où il avait épousé Rodegune, fille d’Arsace, roi des Perses. Cléopâtre donc envoya vers Antiochus Sidètes, son beau-frère, et lui offrit la couronne de Syrie, s’il voulait la prendre pour femme. Antiochus y consentit. Ce prince était alors à Cnide, où son père, Démétrius Soter, l’avait mis chez un de ses amis. Il vint en Syrie, et écrivit à Simon Machabée (1 Machabées 15.1-3) pour l’engager à prendre son parti contre Tryphon. Il lui confirma les grâces et les privitéges que les rois de Syrie, ses Prédécesseurs, lui avaient accordés, lui permit de faire battre de la monnaie à son propre coin, déclara Jérusalem et le temple libres de toute juridiction royale, et lui promit d’ajouter beaucoup d’autres grâces à celles-là, dès qu’il serait paisible possesseur du royaume de ses pères.
Antiochus Sidètes, étant donc arrivé dans la Syrie, l’an du monde. 3865, épousa Cléopâtre, sa belle-sœur. Les troupes de Tryphon vinrent en foule se rendre à lui ; et Tryphon, se voyant abandonné, se retira à Dora en Phénicie, où Antiochus le poursuivit avec une armée de terre de cent vingt mille hommes de pied et de huit mille chevaux, et avec une puissante armée navale. Simon Machabée lui envoya deux mille hommes de troupes choisies (1 Machabées 15.25) ; mais Antiochus ne les voulut pas recevoir, et révoqua même toutes les promesses qu’il lui avait faites. Il envoya à Jérusalem Athénobius, pour obliger Simon de lui remettre les places de Gazare, de Joppé, et la forteresse de Jérusalem, et pour lui demander cinq cents talents pour les tributs des lieux qu’il tenait hors de la Judée, et cinq cents autres talents pour le dédommagement des torts que le roi avait soufferts, et pour le tribut de ses propres villes ; le menaçant de lui faire la guerre, s’il ne satisfaisait à ces demandes. Simon fit voir à Athénobius tout l’éclat de sa puissance et de ses richesses, lui dit qu’il n’avait aucune place qui appartînt à Antiochus, et qu’à l’égard de Gazare et de Joppé, qui étaient des villes qui avaient causé une infinité de maux à son peuple, il voulait bien donner au roi une somme de cent talents pour qu’elles lui demeurassent en propre.
Athénobius s’en retourna vers Antiochus tout en colère, et le roi se tint fort offensé de la réponse de Simon. Cependant Tryphon, étant sorti secrètement de Dora, s’était jeté dans un vaisseau et avait pris la fuite. Antiochus se mit à le poursuivre et envoya Cendébée avec des troupes dans la contrée maritime de la Palestine, avec ordre de rétablir Gédor et de combattre les Juifs. Jean Hircan, fils de Simon Machabée, qui était à Gazare, donna avis à son père de la venue de Cendébée. Simon donna des troupes à ses fils, Jean Hircan et Judas, et les envoya contre Cendébée. Ils le battirent dans la plaine et le poursuivirent jusqu’à Azot.
Antiochus ne quitta point Tryphon, qui s’était retiré à Apamée, qu’il ne l’eût forcé à se donner la mort, l’an du monde 3866, après cinq ou six ans de règne. Alors il ne songea qu’à ramener à son obéissance les villes qui, au commencement du règne de son frère, s’étaient mises en liberté. Quelques années après, Simon Machabée, prince et grand-prêtre des Juifs, ayant été tué en trahison par Ptolémée, son gendre, dans le château de Doc, près de Jéricho (1 Machabées 16.11-18), le meurtrier envoya aussitôt à Antiochus Sidètes pour lui demander des troupes, afin qu’il lui remit le pays et les villes des Juifs. Antiochus y vint lui-même avec une armée et assiègea Jérusalem. Jean Hircan la défendit avec beaucoup de vigueur, el le siège fut long. Le roi avait partagé son armée en sept parties, pour occuper toutes les avenues de la ville. La fête des Tabernacles étant arrivée, les Juifs prièrent Antiochus de leur accorder sept jours de trêve. Ce prince les leur accorda et envoya des taureaux ayant les cornes dorées, et des vases d’or et d’argent remplis de parfum, pour être offerts au temple. Il fit même donner aux soldats juifs des vivres dont ils manquaient. Cette courtoisie du roi gagna tellement le cœur des Juifs, qu’ils lui envoyèrent des ambassadeurs pour traiter de paix avec lui et pour deman der qu’il leur permit de vivre selon leurs lois.
Antiochus ordonna qu’ils rendissent leurs armes, qu’ils abattissent les murs de la ville, qu’ils payassent le tribut pour Joppé et pour les autres villes qu’ils tenaient hors de la Judée, et qu’enfin ils reçussent garnison dans leur ville. Les assiégés consentirent à ces conditions, hormis à la dernière, parce qu’ils ne pouvaient se résoudre à voir des étrangers dans leur capitale. Ils aimèrent mieux donner au roi des étages et cinq cents talents d’argent. Le roi entra donc dans la ville et fit abattre le parapet qui-était au-dessus des murs, et se retira en Syrie, l’an du monde 3870, avant Jésus-Christ 130, avant l’ère vulgaire 134.
Trois ans après, Antiochus marcha contre les Perses ou les Parthes, répétant son frère Démétrius Nicanor ou Nicator, qui avait été emmené prisonnier de guerre longtemps auparavant par Arsace, et que le roi de Perse retenait malgré lui, parce qu’il voulait s’en servir pour susciter quelque jour la guerre à Antiochus même. Antiochus donc jugea à propos de le prévenir. Il avait une armée de quatre-vingt mille hommes, ou même de cent mille hommes, selon Orose. Leur équipage était si nombreux et si magnifique, que l’on y comptait deux cent mille valets, selon les uns, ou trois cent mille, selon les autres, dont la plupart étaient cuisiniers, ou pâtissiers, ou comédiens. Le roi Antiochus traitait ses officiers dans son camp avec autant de profusion et de délicatesse qu’il aurait pu faire au milieu de sa capitale. Son armée imitait la profusion du prince ; la plupart des soldats avaient des clous d’or sous leurs souliers, se servaient de vaisselle d’argent, et avaient des tentes ornées d’ouvrages en broderie. Lorsqu’il parut sur les frontières, plusieurs rois d’Orient vinrent se rendre à lui, détestant la hauteur et l’avarice des Perses. Antiochus battit ses ennemis dans trois combats, et se rendit maître de Babylone. Jean Hircan, grand-pontife des Juifs, l’accompagna dans ces expéditions, et on croit que c’est le là que lui vint le nom d’Hircan ou d’Hircanion, qu’il acquit apparemment pour quelque action de valeur qu’il fit contre les Hircaniens dans cette guerre.
Comme l’armée d’Antiochus. était trop nombreuse pour demeurer en un seul lieu, il fut obligé de la partager pour la mettre en quartier d’hiver. Ces troupes se conduisirent avec tant d’insolence, qu’elles aliénèrent tous les esprits. Les villes se rendirent secrètement aux Perses, et résolurent d’attaquer toutes en un même jour, chacune en particulier, la garnison qui était chez elles, afin que les troupes ainsi séparées ne pussent s’entre-secourir. Antiochus, qui était à Babylone, en fut averti. Il voulut accourir au secours de ses gens avec le peu de soldats qui se trouvèrent autour de lui. Phraates, roi des Perses, l’attaqua en chemin. Il combattit avec une valeur extraordinaire ; mais enfin, étant abandonné des siens, il succomba et fut tué par les Perses ou les Parthes, selon la plupart des historiens ; ou il se donna la mort, selon d’autres ; ou enfin il se précipita, selon Élien. Cela arriva l’an du monde 3874, avant Jésus-Christ 126, avant l’ère vulgaire 130. Démétrios Nicanor ou Nicator, son frère, que le roi des Parthes avait envoyé en Syrie pour y faire diversion, remonta sur le trône après la mort de Sidètes.
Fils de Démétrius Nicanor et de Cléopâtre, vengea la mort de son père sur Alexandre Zébina, usurpateur du royaume de Syrie. Il l’attaqua, le vainquit, le contraignit de s’enfermer dans Antioche, d’où il fut bientôt chassé par la multitude du peuple accourue lorsqu’il voulut faire enlever une statue d’or de Jupiter fort massive. Il fut assailli sur mer d’une violente tempête, abandonné des siens, pris par des voleurs et emmené à Antiochus Gryphus, qui le fit mourir. Josèphe dit que Zébina fut tué dans la bataille contre Gryphus, et Porphyre raconte qu’il s’empoisonna, ne pouvant survivre à la perte de son armée. Cléopâtre, mère de Gryphus, jalouse des heureux succès de son fils, lui présenta, un jour qu’il venait de faire quelque exercice, une coupe de liqueur empoisonnée. Gryphus, qui avait été informé de ce complot, refusa de boire cette liqueur et força Cléopâtre elle-même à en faire l’épreuve sur elle-même, dont elle mourut. Après cela Gryphus jouit paisiblement du royaume pendant huit ans.
Après ce temps, comme il se disposait à faire la guerre aux Juifs, il apprit qu’Antiochus de Cyzique, son frère de mère, fils de Cléopâtre et d’Antiochus Sidètes, se préparaît à marcher contre lui. Gryphus le prévint, l’attaqua, le vainquit et l’obligea à prendre la fuite. De là il vint assièger Antioche, où Cléopâtre, épouse d’Antiochus de Cyzique, s’était enfermée. La ville étant prise, Cléopâtre se retira dans l’asile d’un temple, croyant se garantir par là des outrages et de la violence du vainqueur. Mais Tryphène, sa sœur, épouse de Gryphus, envoya malgré son mari des soldats dans le temple, qui tuèrent Cléopâtre aux yeux de la déesse qu’elle tenait embrassée.
L’année suivante, les deux frères, Antiochus Gryphus et Antiochus de Cyzique, en étant venus aux mains, Gryphus perdit la bataille ; et Tryphène, sa femme, étant tombée en la puissance d’Antiochus de Cyzique, il la fit mourir pour venger la mort de Cléopâtre, que Tryphène, sa sœur, avait fait égorger. Par cette victoire, Antiochus de Cyzique Se vit maître du royaume de Syrie, et Gryphus, son frère, se retira à Aspende, où il demeura jusqu’en l’année suivante, qu’il rentra en Syrie, et partagea le royaume avec son frère. Gryphus demeura maître de la Syrie, et Antiochus de Cyzique posséda la Célé-Syrie. Pendant que les deux frères se faisaient la guerre et s’affaiblissaient réciproquement, Jean Hircan se fortifiait dans la Judée et faisait tous les jours de nouveaux progrès. Antiochus Gryphus, après avoir vécu quarante-cinq ans, dont il avait régné onze ans seul, et quinze avec son frère Antiochus de Cyzique, fut mis à mort par le moyen d’Héraclion, qui l’attira dans ses embûches, l’an du monde 3907. Gryphus laissa cinq fils : 1° Séleucus, qui lui succéda ; 2° et 3° Antiochus et Philippe, frères jumeaux ; 4° Démétrius Eukoerus ; 5° Antiochus surnommé Denys.
Frère de mère d’Antiochus Gryphus et fils de Cléopâtre et d’Antiochus Sidètes, son oncle, fut élevé à Cyzique par sa mère Cléopâtre, qui craignait que Démétrius Nicanor, son premier mari, ne le fît mourir. C’est de là que lui vint le nom de Cyzicénien ou d’Antiochus de Cyzique. Cyzique est une ville de l’Asie Mineure, sur la Propontide. Antiochus Gryphus ayant entrepris de faire empoisonner Antiochus de Cyzique, son frère, celui-ci leva des troupes él prévint les effets de la mauvaise volonté de Gryphus. Nous avons vu dans l’article précédent de quelle manière Gryphus, après avoir gagné une première bataille, en perdit une seconde, et comment les deux frères s’accordèrent, en sorte que la Syrie demeura à Gryphus, et la Célé-Syrie au Cyzicénien. Ce dernier se voyant tranquille, tourna tous ses soins à la débauche et aux plaisirs de la bonne chère, de la chasse, des spectacles, des, bouffonneries, et à faire des machines et des automates, qui par le moyen de certains nerfs et de certains ressorts, faisaient divers, mouvements merveilleux.
Pendant ce temps, Jean Hircan, prince et grand-prêtre des Juifs, ayant assiégé Samarie, et la ville étant réduite à l’extrémité par la famine, les Samaritains appelèrent à leur secours Antiochus de Cyzique. Ce prince y vint en diligence ; mais il fut vaincu par Antigone et Aristobule, fils de Jean Hircan, qui commandaient au siège et qui le poursuivirent jusqu’à Scythopolis. Ces deux fils d’Hircan revinrent au siège de Samarie et serrèrent la ville de si près, qu’elle fut de nouveau obligée de recourir à Antiochus de Cyzique. Ce prince ayant reçu six mille hommes de Ptolémée Lathure fils de Cléopâtre reine d’Égypte, fit le dégât dans les terres des Juifs, s’imaginant par là obliger Hircan de lever le siège de Samarie : mais ses troupes furent enfin dissipées, et Samarie prise de force et rasée par Hircan. Antiochus de Cyzique fut vaincu et mis à mort par Séleucus, fils d’Antiochus Gryphus, du monde 3910, avant Jésus-Christ 90, avant l’ère vulgaire 914. Justin dit qu’Antiochus de Cyzique mourut dans la bataille ; Josèphe, qu’il fut pris et mis à mort par Séleucus ; Porphyre dans Eusèbe, qu’il se donna la mort, étant sur le point de tomber entre les mains de son ennemi. Il avait régné dix-huit ans. Il laissa un fils nommé Antiochus, et surnommé le Pieux. Mais comme il n’en est pas parlé dans l’Écriture et qu’il n’a point de liaison à l’histoire des Juifs, nous n’en dirons rien en cet endroit.
Père de Numénius, qui fut un des ambassadeurs du grand-prêtre Jonathas auprès des Romains et des Lacédémoniens (1 Machabées 12.16 ; 14.22).
Juif d’Antioche, fils du premier des Juifs de cette ville, accusa en plein théâtre son père et les autres Juifs d’avoir voulu la nuit mettre le feu à la ville. Le peuple d’Antioche ayant ouï cette accusation, se jeta sur tous les Juifs qui étaient dans l’assemblée et en tua un grand nombre ; mais Antiochus, qui cherchait moins à leur faire perdre la vie, qu’à leur faire abandonner leur religion, dit aux habitants d’Antioche, que pour distinguer ceux qui étaient entrés dans le complot de brûler la ville, de cenx qui étaient innocents, ils n’avaient qu’à les contraindre de sacrifier à la manière des Gentils ; et que tous ceux qui refuseraient de le faire, étaient coupables du crime dont on les accusait. Plusieurs périrent dans cette occasion, aimant mieux mourir que sacrifier aux idoles. Les autres apostasièrent et sauvèrent leur vie par un sacrilège. Ceci arriva environ trente-cinq ans après la Passion de Jésus-Christ.
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