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Antipater

Antipater (1)

Fils de Jason, fut député [avec Numénius] par Simon Machabée [non par Simon, mais par Jonathas, auquel Simon, succéda] vers [les Romains et] les Lacédémoniens, pour renouveler l’alliance avec eux (1 Machabées 22.16 ; 14.17-22).

Antipater (2)

Iduméen, père d’Hérode le Grand. Cet Antipater était fils d’un autre Antipas, ou Antipater, qui avait été établi gouverneur de l’Idumée par Alexandre Jannée, roi des Juifs. Il était le principal de l’Idumée, tant par l’antiquité de sa famille, que par ses richesses. Eusèbe et Jules Africain appellent Hérode le père d’Antipater, et le font païen, et bourgeois d’Ascalon. Il disent qu’une troupe de voleurs ayant pillé un temple auprès d’Ascalon, y prirent le jeune Antipater, père du Grand Hérode, qui était ministre de ce temple ; et que son père Antipater ne l’ayant pu racheter, les voleurs le menèrent en Idumée, où il s’établit ; et que s’étant attaché à Hircan contre Aristobule, il fit la fortune que nous alions voir. Mais il vaut mieux s’en tenir au jugement et au récit de Josèphe, qui ne pouvait ignorer qui était Antipater. Quant à sa religion, on ne peut douter qu’il ne fût juif et circoncis ; car il y avait longtemps que les Iduméens avaient reçu la circoncision et la religion des Juifs sous Hircan, lorsqu’il lit la conquête de leur pays.

Antipater, dont nous parlons ici, s’attacha fortement au parti d’Hircan, roi et grand-prêtre des Juifs, contre Aristobule, qui lui contestait la souveraine autorité. Aristobule, qui avait beaucoup plus de valeur et d’esprit qu’Hircan, ayant levé une armée, et ayant battu les troupes de son frère, on ménagea entre les deux frères un accommodement, qui fut qu’Aristobule aurait le titre de roi et de grand-prêtre, et qu’Hircan demeurerait en repos dans sa maison, et jouirait tranquillement de ses biens. Antipater craignant la puissance et Phumeur entreprenante d’Aristobule, étant d’ailleurs son ennemi secret depuis longtemps, ne cessa d’animer contre lui les plus puissants des Juifs, et de solliciter Hircan à rentrer dans ses priviléges, dont Aristobule l’avait injustement dépouillé. Il lui fit même entendre que sa vie n’était pas en sûreté à Jérusalem, et il lui offrit de lui procurer une retraite assurée auprès d’Arétas, roi d’Arabie. Quoique l’humeur lente et paresseuse d’Hircan eût peine à se déterminer, Antipater le tourna de telle manière, qu’enfin il se résolut de se retirer en Arabie auprès d’Arétas, ami d’Antipater.

Lorsqu’il y fut arrivé, Antipater pressa Arétas de le rétablir dans ses États ; et Hircan lui promit que s’il le faisait, il lui rendrait douze villes que son père Alexandre Jannée avait prises aux Arabes. Arétas marcha donc contre Aristobule et le vainquit. Aristobule abandonné de la plus grande partie de ses troupes, se retira dans Jerusalem et dans le temple, où il fut pendant quelque temps assiégé par Arétas. Pendant ce temps-là, Pompée ayant envoyé Scaurus en Syrie, et y étant venu peu après lui-même, Hircan et Aristobule allèrent à Damas, pour lui représenter leurs raisons ; Antipater y soutint fortement le parti d’Hircan, et Pompée, sans se déclarer ouvertement ni pour l’un ni pour l’autre, les renvoya et leur dit qu’il irait incessamment dans leur pays, pour terminer leur différend. Il y vint en effet, prit Jérusalem et emmena Aristobule et ses enfants prisonniers à Rome. Mais Alexandre, fils d’Aristobule, s’étant échappé des mains de ceux qui le conduisaient, revint en Judée, et y aurait causé de nouveaux troubles, si Antipater avec les soldats romains qui étaient dans la province ne s’était opposé à lui.

Pendant la guerre que Jules-César fit en Égypte, Antipater lui rendit de très-grands services, en accompagnant Mithridate le Pergaménien, qui lui amenait du secours de Syrie. Il engagea les Juifs d’Egpyte à se déclarer pour lui, et à lui rendre tous les secours dont ils furent capables ; et dans la bataille qui se donna dans le Delta, Antipater commanda l’aile gauche, et secourut si à propos Mithridate, qui commandait l’aile droite, que sans lui la bataille aurait été perdue. César sut si bon gré à Antipater du service important qu’il lui avait rendu dans cette occasion, qu’il accorda à Hircan la qualité de grand-prêtre, et qu’il offrit à Antipater quel gouvernement il voudrait, et lii donna l’intendance de la Judée. Il permit aussi à Hircan de rétablir les murs de Jérusalem, à la prière d’Antipater, et en fit expédier un rescrit fort honorable à Hircan et à la nation des Juifs.

Aussitôt qu’Antipater fut de retour à Jérusalem, il fit rétablir les murailles de la ville, que Pompée avait fait abattre, et fit donner à Phasael, son fils aîné, le gouvernement de Jérusalem et des environs ; et à Hérode, son autre fils, qui n’avait alors qu’environ quinze ans, le gouvernement de la Galilée. Après la mort de Jules-César, Cassius, un de ses meurtriers, vint en Judée, et exigea de grandes sommes de la province. Antipater, en habile politique, fit en sorte qu’Hérode et Phasael ses fils furent des plus diligents à fournir ce qu’on exigeait d’eux. Il fournit même cent talents du sien pour achever les sommes qu’il fallait ; ce qui lui gagna l’affection des Romains. Mais Malichus qui avait été employé à là levée des mêmes deniers, conçut une telle jalousie contre Antipater, qu’il résolut de le faire mourir. Antipater s’en défia et amassa quelques troupes, pour se mettre en état de se défendre. Malichus assura avec de grands serments qu’il n’avait formé aucun mauvais, dessein contre Antipater, et il feignit même de se réconcilier avec lui, par l’entremise de Marc, gouverneur de Syrie.

Mais ce n’était que pour mieux cacher ses pièges. Il corrompit un échanson d’Hircan, et l’engagea à donner à Antipater une coupe empoisonnée, pendant qu’ils étaient ensemble à table chez ce prince. Aussitôt qu’Antipater fut mort, Malichus se saisit du gouvernement de la ville de Jérusalem, et nia fortement qu’il eût eu aucune part à la mort d’Antipater. Hérode et Phasael feignirent de le croire ; mais peu de temps après, ils le firent tuer près de Tyr, pour venger ia mort de leur père.

Antipater (3)

Fils d’Hérode le Grand, et petit-fils d’Antipater dont on vient de parler, était né de Doris, première femme d’Hérode. Son père lui fit épouser la fille d’Antigone, à qui Antoine avait fait trancher la tête à Antioche. Comme la mère d’Antipater n’était pas de condition, et qu’Antipater était né pendant qu’Hérode n’était encore que simple particulier, ce prince les tint lui et sa mère assez longtemps éloignés de la cour. Hérode ne se détermina à y rappeler Antipater, que lorsqu’il se fut apercu qu’Alexandre et Aristobule, ses deux fils, qu’il avait mis de Mariamne de la race des Asmonéens, parlaient d’une manière à lui donner du soupçon et de la défiance de leur soumission à ses volontés, et lorsqu’on les lui eut rendus suspects, par les mauvais rapports que l’on lui fit de leurs discours et de leur conduite.

Alors il commença à traiter Antipater avec beaucoup de distinction, et à lui faire espérer qu’il pourrait le déclarer son successeur au royaume. Il le mena avec lui lorsqu’il alla voir Agrippa, qui s’en retournait à Rome ; il le lui recommanda, et le pria de le présenter à Auguste, et de lui procurer l’honneur de ses bonnes grâces. Dès qu’Antipater se vit ainsi préféré à ses frères, il ne songea plus qu’à les faire périr, afin qu’il nè trouvât plus de compétiteurs qui pussent lui contester la royauté. Il les accusa, quoique absent, et Hérode déjà indisposé d’ailleurs contre eux, les mena à Rome, pour les accuser devant Auguste. Mais l’empereur les réconcilia à leur père, et Hérode les ramena de Rome avec Antipater. À son retour il assembla le peuple dans le temple, et lui déclara que ses fils régneraient après lui suivant cet ordre : premièrement Antipater, puis les deux frères Alexandre et Aristobule.

L’ambition d’Antipater remplit bientôt le palais d’Hérode de troubles et de frayeurs par ses calomnies contre ses frères. Hérode, qui lui avait donné toute sa confiance, écouta ses accusations avec d’autant moins de défiance, qu’Antipater feignait souvent de prendre leur parti, et de les défendre devant le roi contre ceux qui en disaient du mal. Enfin il vint à bout de les perdre ; et ils furent étranglés à Sébaste par ordre d’Hérode l’an du monde 3999, un an avant la naissance de notre Sauveur. Après cela il ne restait plus à ce malheureux que de faire encore mourir son père, pour jouir plus tôt de son royaume. Il forma donc contre lui une conspiration avec Phéroras, son oncle, frère d’Hérode. Quelques-uns des conjurés furent découverts et punis. Le roi défendit à Antipater d’avoir aucun commerce avec Phéroras ; et Antipater, pour écarter le soupçon que l’on pourrait former contre sa personne, se fit demander par ses amis de Rome, qui écrivirent à Hérode, qu’il fallait l’envoyer incessamment à l’empereur.

Antipater partit donc de Jérusalem avec de grands présents, et avec le testament d’Hérode, qui le déclarait son premier successeur ; au cas qu’il vint à mourir ; et après lui, il nommait Hérode né de Mariamne, fille du grand-prêtre Simon. Pendant l’absence d’Antipater, Hérode découvrit d’une manière à n’en pouvoir douter qu’il avait conspiré contre sa vie, et qu’il avait fait venir du poison, pour l’empoisonner. Bathyllus affranchi d’Antipater, arrivant de Rome, avoua qu’il apportait du poison à Doris et à Phéroras, pour le faire prendre au roi et peur le faire mourir, s’il n’était pas encore mort du premier poison qu’on avait dû lui donner, et qu’il supposait qu’on lui eût donné. Hérode ne doutant plus de la malice de son fils, lui écrivit, sans lui rien témoigner de ce qu’il savait, qu’il souhaitait qu’il revint le plus promptement qu’il pourrait, de peur qu’en son absence il ne lui arrivât quelque chose de fâcheux. Antipater revint en Judée, sans que personne l’eût informé de ce qui se passait, quoiqu’il se fût écoulé sept mois entre la découverte de la trahison et son retour en Palestine.

Lorsqu’il fut arrivé à Césarée, il fut surpris que personne ne vînt au-devant de lui et ne s’empressât de lui faire honneur. Étant venu à Jérusalem, on ne permit pas à ses amis d’entrer avec lui dans le palais ; et lorsqu’il voulut embrasser le roi, il le repoussa, lui reprocha la mort de ses frères, Alexandre et Aristobule, et le parricide qu’il avait voulu commettre en sa personne. Le lendemain on le fit comparaître devant Varus, gouverneur de Syrie. Hérode lui-même fut son accusateur. On produisit le poison qu’il avait préparé pour son père, et on en fit prendre à un homme condamné à la mort, qui en mourut sur-le-champ. Antipater n’ayant pu rien dire pour sa justification, fut chargé de chaînes et mis en prison. Hérode écrivit en même temps à Auguste ; pour lui faire savoir le procédé de son fils. Cependant le roi tomba malade, et se fit porter à Jéricho pour se faire traiter. Quelque temps après, les ambassadeurs qu’il avait envoyés à Rome revinrent et lui rapportèrent qu’Auguste le laissait maître de faire d’Antipater tout ce qu’il jugerait à propos, soit en l’envoyant en exil, ou en le faisant mourir.

Cette nouvelle fit plaisir à Hérode ; mais son mal augmentant toujours, il demanda une pomme et un couteau, comme pour la peler, et voulant se frapper avec ce couteau, Achiab, son petit-fils, qui se trouva là, lui retint le bras, et jeta un grand cri ; ce qui fit croire que le roi était mort. Ce bruit parvint jusqu’à l’a prison d’Antipater. Il pria celui qui le gardait, de le mettre en liberté, lui faisant de grandes promesses pour le présent et pour l’avenir. Hérode en ayant été informé, se leva sur son coude, et envoya sur-le-champ un de ses gardes pour le faire mourir. Ainsi finit Antipater, fils aîné d’Hérode, l’an du monde 4001, de Jésus-Christ 1, avant l’ère vulgaire 3. Il fut enterré sans cérémonie au château d’Hircanium. Hérode mourut peu de jours après.

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