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Ou Sathan. Satanas.
Ce terme est purement hébreu ; il signifie un adversaire, un ennemi, un accusateur, et il est-souvent traduit par adversaire dans les Septante et dans la Vulgate. Par exemple (1 Samuel 29.4), les satrapes des Philistins disent à Achis : Renvoyez David, de peur qu’il ne devienne notre ennemi et qu’il ne tourne ses armes contre nous. Et : Le Seigneur suscita des adversaires à Salomon, en la personne d’Adad et de Razon (1 Rois 11.14-23,24).
Quelquefois saint Jérôme a conservé le nom de Satan dans le sens d’adversaire. Par exemple (1 Rois 5.4) : Non est Satan, neque occursus malus : Je n’ai ni ennemi ni mauvaise rencontre (2 Samuel 19.22). Enfants de Sarvia, pourquoi étes-vous devenus mes ennemis ?
D’autres fois Sathan se met pour le démon. Par exemple, dans Job (Job 1.6-7 ; 2.1-8) : Satan se trouva au milieu des enfants de Dieu, et Dieu lui dit : Satan, d’où viens-tu ? Et dans les Psaumes (Psaumes 109.6) : Que Satan soit à sa droite pour l’accuser. Et dans Zacharie (Zacharie 3.1-2) : Satan était à sa droite, et il dit à Satan : Que le Seigneur te réprime.
Dans les livres du Nouveau Testament, Satanas se prend aussi et dans le sens d’adversaire et dans celui de démon. Par exemple, Jésus-Christ dit à saint Pierre (Matthieu 16.23 Marc 8.33) : Retirez-vous de moi, Satan ; vous m’êtes un sujet de scandale ; c’est-à-dire : Retirez-vous, mon adversaire, vous qui, voulez vous opposer à ce que je désire le plus. Mais le plus souvent Satanas se prend pour le démon (Matthieu 12.16 Marc 3.23) : Si Satan chasse Satan, comment son règne subsistera-t-il ? Et dans l’Apocalypse (Apocalypse 19.9 ; 20.2) Satan, qui est appelé le diable.
Satanas se met souvent dans rÉcriture pour un accusateur, un demandeur dans un procès ; et je pense que c’est sa signification la plus littérale : L’ange me fit voir, dit Zacharie (Zacharie 3.1), le grand prétre Jésus qui était debout devant l’ange du Seigneur ; et Satan était à sa droite, pour s’opposer à lui. Les Septante ont traduit ce terme par diabolos, qui signifie aussi un adversaire, un calomniateur, un accusateur. Le Satan ou l’accusateur est à la droite de Jésus, de môme que dans le psaume (Psaumes 108.6) : Constitue super eum peccatorem, et diabolus stet a dextris ejus. L’Hébreu : Et Satan stet a dextris ejus. Zacharie continue : Et le Seigneur dit à Satan : Que le Seigneur te réprime, à Satan ! Qu’il méprise tes accusations, qu’il méprise ta mauvaise volonté.
On rapporte à ce même passage ce qui est dit dans saint Jude (Jude 1.9) : Lorsque l’archange Michel contestait avec le diable, au sujet du corps de Moïse (que le démon voulait découvrir aux enfants d’Israël pour les induire ensuite à lui rendre un culte superstitieux), Michel n’osa le condamner par des paroles de malédictions ; mais il lui dit : Que le Seigneur te commande, ou te réprime. Diabolus, en ce passage, est le même que Satan dans Zacharie.
Ange de Satan. Voyez ci-devant l’article Ange.
Règne de Satan. Jésus-Christ, dans l’Évangile (Matthieu 12.16 Marc 3.23 Luc 11.18), nous représente Satan comme un monarque qui a sous lui d’autres démons qui lui obéissent. Béelsébub est comme leur roi. Si Béelsébub, dit-il, chasse les autres démons, son empire est donc divisé ; il travaille donc à sa propre ruine : ce qui n’est nullement croyable. Il est donc faux que je chasse les démons au nom de Béelsébub. Saint Paul, dans les Actes (Actes 26.18), reconmaît que tous ceux qui ne sont pas dans la religion de Jésus-Christ sont dans l’empire eu dans la puissance de Satan. Saint Jean, dans l’Apocalypse (Apocalypse 20.7), dit qu’après mille ans Satan sera délié, et sortira de l’enfer, et séduira les nations.
La synagogue de Satan, dont parle le même Évangéliste (Apocalypse 2.9-13), sont apparemment les Juifs incrédules, les faux zélés pour la loi de Moïse, qui dans les premiers temps furent les plus ardents persécuteurs des chrétiens. Ils étaient nombreux à Smyrne, où saint Polycarpe, à qui saint Jean parle dans l’endroit cité, était évêque.
Saint Jean écrit aux chrétiens de l’Église de Thyatire, et leur dit (Apocalypse 2.24) : Vous ne connaissez point les hauteurs ou les profondeurs de Salan ; qui non cognoverunt altitudines Satanoe, c’est-à-dire, les mystères des nicolaïtes et des simoniens qui cachaient leurs erreurs sous une mystérieuse profondeur ; ils parlaient de certaines intelligences qui avaient créé le monde, et qui étaient opposées au Créateur ; ils enseignaient une science abstruse sur la nature des anges et sur leurs divers degrés. Ils avaient des livres secrets écrits d’une façon mystérieuse et profonde ; c’est ce que saint Jean appelle les profondeurs de Satan.
Être livré à Satan, c’est être excommunié, et abandonné pour un temps au démon, qui possédait visiblement ces sortes de gens, qui avaient mérité ce châtiment par leur crime ou par leurs erreurs. Saint Paul (1 Timothée 1.20) livra à Satan Hyménée et Alexandre, afin qu’ils apprissent à ne pas blasphémer. Il lui livra aussi l’incestueux de Corinthe (1 Corinthiens 5.5), afin qu’il fût affligé dans son corps, et que son esprit fût sauvé au jour de Notre Seigneur Jésus-Christ.
Jésus-Christ ayant envoyé ses disciples prêcher dans les villes et dans les bourgades de Judée (Luc 10.18), ils revinrent tout joyeux, et lui dirent : Seigneur, les démons même nous sont soumis ; Jésus leur répondit : Je voyais Satan tomber comme une étoile qui tombe du ciel. Il semble faire allusion à ce passage d’Isaïe : (Isaïe 14.12), et il marquait que le règne du démon allait finir. Ailleurs (Luc 22.31), il dit à Simon Pierre que Satan les a demandés à Dieu, pour les cribler comme on crible le froment ; mais qu’il a prié pour lui, afin que sa foi ne manque point ; marquant par là les vains efforts que le démon devait faire pour ruiner l’Église naissante [Cette interprétation est fausse ; en effet, il ne s’agit pas de l’Église naissante, mais de Pierre, c’est-à-dire, du fondement de l’Église (Matthieu 16.18) devant durer jusqu’à la consommation du siècle. Cette prière de Jésus-Christ ne concerne pas saint Pierre seulement, mais aussi ses successeurs. De tous les apôtres, saint Pierre est le seul qui eut la promesse de l’indéfectibilité, à la suite de laquelle vient l’infaillibilité ; autrement, que voudrait dire la suite du texte : Confirma fratres tuos ? Les successeurs de saint Pierre sont les seuls auxquels la foi n’a jamais manqué, et nous devons être assurés qu’ils sont les seuls auxquels elle ne manquera jamais. Qui pourrait douter de l’efficace de la prière du divin Sauveur en faveur de Pierre ou du pape son unique vicaire ?]
On a déjà remarqué ailleurs que les Hébreux attribuaient à l’opération de Satan, la plupart des maladies corporelles (Luc 13.16) : Ne fallait-il pas délivrer en un jour de Sabbat cette fille d’Abraham que Satan tenait liée depuis dix ans ?
En rassemblant tous les passages où il est parlé de Satan ou du démon, on remarque qu’il est tombé du ciel avec toute sa troupe ; que Dieu l’en a précipité pour punir son orgueil ; que, par sa jalousie et sa malice, la mort et tous les maux sont entrés dans le monde que par la permission de Dieu il exerce dans le monde une espèce d’empire sur ses suppôts, sur les anges apostats comme lui ; que Dieu s’en sert pour éprouver les bons et pour châtier les méchants ; qu’il est un esprit de mensonge dans la bouche des faux prophètes, des séducteurs et des hérétiques ; que c’est lui ou les siens qui tourmentent, qui obsèdent, et qui possèdent les hommes, qui leur inspirent de mauvais desseins, comme à David de faire le dénombrement de son peuple, et à Judas de trahir Jésus-Christ ; et à Ananie et Saphire de receler le prix de leur champ ; qu’il nous environne plein de rage comme un lion pour nous séduire et nous engager dans le crime.
Que son pouvoir et sa malice sont bornés et subordonnés à la volonté de Dieu ; qu’il apparaît quelquefois aux hommes pour les tromper ; qu’il se transforme en ange de lumière ; qu’il paraît aussi en forme de spectre, comme il parut aux Égyptiens pendant les ténèbres qui couvrirent l’Égypte au temps de Moïse, qu’il cause plusieurs maladies aux hommes ; qu’il préside principalement à la mort ; qu’il conduit les âmes des méchants en enfer ; qu’à présent il est enfermé comme en prison dans l’enfer, mais qu’il sera délié et mis en liberté à la fin du monde au temps de l’antechrist ; que le feu d’enfer lui est préparé à lui et aux siens, qu’il doit être jugé au dernier jour. Mais je ne vois pas distinctement dans l’Écriture qu’il tourmente dans l’enfer les âmes des méchants comme nous le croyons communément.
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