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Le supplice de la scie n’était pas inconnu parmi les Hébreux. Il en est parlé dans Daniel et dans l’Épître aux Hébreux. Je pense que ce supplice vient originairement des Perses ou des Chaldéens. On m’a assuré qu’il était encore connu chez les Suisses ; et qu’ils l’exercèrent il y a peu d’années sur un de leur compatriote, coupable d’un grand crime, dans la plaine de Grenelle, près Paris. Ils le mirent dans une espèce de Cercueil, et le scièrent en long, en commençant par la tête, comme on scie une poutre de bois. Parisatis, roi de Perse, fit scier en deux Roxane toute vivante. Valère-Maxime dit que les Thraces faisaient quelquefois souffrir ce supplice à des hommes vivants : Vivos homines medios secare. Les lois des douze Tables, qui avaient été empruntées des Grecs par les Romains, soumettaient certains crimes au supplice de la scie. Mais l’exécution en était si rare, dit Aulu-Gelle, qu’on ne se souvenait pas de l’avoir vu pratiquer. Hérodote raconte que Sabacus, roi d’Égypte, reçut ordre en songe de couper en deux tous les prêtres de l’Égypte. L’empereur Caius Caligula condamna souvent des gens de condition à être sciés en deux par le milieu.
La chose n’est pas moins commune dans l’Écriture. Saint Paul, dans l’Épître aux Hébreux (Hébreux 11.37), parlant des maux qu’on avait fait souffrir aux prophètes et aux saints de l’Ancien Testament, dit qu’il y en a qui ont souffert le supplice de la scie. Origène, saint Justin le Martyr, saint Jérôme, l’auteur du poème contre Marcion, imprimé sous le nom de Tertullien, et plusieurs autres anciens ont expliqué ce passage de la mort d’Isaïe, qu’ont dit avoir été mis à mort par le roi Manassé, avec une scie de bois. Cette circonstance d’une scie de bois embarrasse ; car on ne fait point de scie avec le bois ; et d’ailleurs, on ne saurait scier un homme avec une telle scie. Nous avons proposé ailleurs quelque conjecture sur cela, en disant que cette scie de bois n’était peut-être que de certains traîneaux armés de pierre et de fer, avec lesquels on lissait les épis pour en tirer le grain. Mais ne pourrait-on pas l’entendre plus simplement d’une scie de bois, c’est-à-dire, d’une scie propre à scier du bois ; car il y a des scies de plusieurs sortes, scie pour la pierre, pour le marbre, pour le fer, pour les os, pour les arbres, à l’usage des jardiniers, pour le bois, à l’usage des charrons et menuisiers. Daniel parle aussi du supplice de la scie (Daniel 13.55) L’ange du Seigneur est prit à vous scier en deux, dès que la sentence sera prononcée. Saint Matthieu dit que le mauvais serviteur sera coupé en deux et rangé parmi les hypocrites (Matthieu 24.51). Le texte hébreu de l’Ancien Testament fait assez souvent allusion à cet usage, lorsqu’il emploie le verbe couper en deux, diviser, pour mettre à mort. Voyez (1 Samuel 16.31-33 ; Exode 19.14 ; 2 Samuel 6.8).
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