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Fils aîné de Chanaan (Genèse 10.15), et fondateur de la très-ancienne ville de Sidon, capitale de la Phénicie.
Ville très-ancienne et très-célèbre, fondée par Sidon, fils aîné de Chanaan. Strabon met Sidon à quatre cents stades de Béryte, et deux cents de Tyr.
La plupart dérivent le nom de Sidon de l’hébreu ou du syrien zada, qui signifie pécher. Josué (Josué 11.8) la nomme Sidon la Grande, par excellence, quelques-uns ont pris occasion de dire que de son temps il y avait deux Sidon, une grande et l’autre petite ; mais aucun géographe n’a fait mention d’une seconde Sidon distinguée de la grande. Josué assigna Sidon à la tribu d’Aser (Josué 19.28 Juges 1.31) ; mais cette tribu ne put s’en mettre en possession. Elle est située sur la Méditerranée, dans une belle campagne, à une journée de Pandas ou des sources du Jourdain, ayant un bon port. Abulféda la met à soixante-six milles ou vingt-deux lieues de Damas. Cette ville a été de tout temps fameuse par son commerce. On l’appelle aujourd’hui Zaide [autrement Stade et Séyde]. On montre quelques anciennes médailles de Sidon, où l’on voit d’anciens caractères phéniciens qui sont les mêmes que les caractères hébreux dont se servaient les Juifs avant la captivité de Babylone. Les principales divinités des Sidoniens étaient Baal et Astarté, ou le soleil et la lune. Ils adoraient aussi Hercule. Les Hébreux ont souvent imité l’idolâtrie des Phéniciens, surtout depuis qu’Achab, roi d’Israël, eut épousé Jézabel, fille d’Etbaal, roi de Sidon (1 Rois 16.31). Il est très-souvent fait mention de cette ville dans l’Écriture.
Une heure avant d’arriver à Sidon, dit M. Poujoulat (Correspondance d’Orient, lettr. 137, tom, V pages 514-528, passim), j’ai passé une rivière appelée Nahr-Nosey, près de laquelle est une fontaine nominée el-Borok, semblable aux fontaines de Ras-El-Aïn ; un aqueduc portait à Sidon les eaux de cette fontaine, comme celui de Ras-El-Ain allait abreuver la cité de Tyr. Je ne vous ai point indiqué, dans cet itinéraire [Voyez Sarepta], plusieurs villages suspendus au penchant des montagnes. Ces villages, dont les principaux se nomment el-Ourby, Gasih, Darbeseialt, occupent d’admirables positions. En général, la route de Tyr à Sidon présente une suite de situations heureuses, de points de vue qui saisissent le voyageur : c’est un continuel spectacle, avec de grandes scènes, avec d’imposants tableaux. Aux jours de la gloire de Tyr et de Sidon, une foule de petites cités, de palais, de maisons de plaisance devaient couvrir ces rivages ; ce devait être quelque chose de semblable aux bourgades, aux kiosques, aux jardins répandus sur les deux rives du Bosphore.Tout est empreint de grandeur sur les chemins solitaires de Sidon…
Séyde, entourée de jardins, de vergers, de bois de pin, bâtie au penchant d’une colline, au bord de la mer, conserve encore des airs de reine, grâce à sa magnifique situation. Cette ville, semblable à Saint : Jean-d’Acre par son étendue et sa population, qui est de six mille habitants, m’a paru animée. Les Sidoniens d’aujourd’hui offrent un mélange de musulmans, de Grecs catholiques, de Maronites et de Latins. Les khans, beaux et nombreux, attestent la haute importance de Séyde dans les derniers temps. Une corniche, placée au-dessus de la porte d’un de ces khans, représente un chien terrassant un cerf. J’ai vu en Chypre et dans plusieurs cantons de la Palestine des médailles représentant la même allégorie. Le fronton de la porte du même khan montre une pierre de taille sculptée avec deux lions semblables à ceux qu’on voit sur le haut de la porte Saint-Étienne à Jérusalem. Les bazars de Séyde paraissent bien fournis. La ville est enfermée de murs ; mais ces murs n’ont rien de redoutable, et ne tiendraient pas contre la moindre attaque. Une petite rivière, nommée Aoula, abreuve la cité au moyen de canaux découverts où les habitants peuvent puiser en liberté. Dans le siècle dernier, Séyde était la métropole du pachalik, et la résidence d’un consul français. C’est depuis Djezzar que Saint-Jean-d’Acre est devenue la demeure des pachas : de cette époque date la ruine des établissements français à Séyde…
Le port, au nord de la cité, a peu d’étendue ; et s’il ne songeait pas d’abord aux bouleversements que ce rivage a dû subir, le voyageur s’étonnerait que ce fût là le port d’une cité qui couvrit de ses navires toutes les mers. On y trouve à peine deux pieds d’eau, excepté à son entrée, où les bateaux arabes peuvent encore mouiller. Ce manque d’eau, dans le port de Sidon, m’a fait ressouvenir que l’émir Fakreddin y jeta une grande quantité de terres et de décombres pour le fermer ainsi aux galères dn sultan qui le menaçait. Les navires jettent l’ancre auprès d’un îlot de rochers, situé à un mille de distance, au nord-nord-ouest. À droite du port est un château ou plutôt un amas d’habitations arabes surmonté d’une grande tour. Pour y aller, on passe sur un pont de pierre bordé à différents intervalles de dix petites colonnes de granit. Ces dix petites colonnes de, granit sont, avec d’autres colonnes couchées autour de Séyde, les uniques restes de l’antique splendeur sidonienne.
Je vous ai montré en quelques mots Sidon telle que le temps et les hommes l’ont faite : cité arabe sans éclat, sans importance. Ce n’est plus Sidon apportant la science au monde, parcourant toutes les mers en souveraine, recevant dans ses palais de marbre les trésors de la Perse et de l’Arménie, de l’Arabie, de l’Afrique et de l’Égypte, filant des étoffes et des tapis éclatants d’or pour les déesses, les femmes et les filles des rois d’Orient ; c’est Séyde, pauvre femme arabe, qui n’a plus ni palais de marbre sur sa rive ni vaisseaux sur les mers ; qui, pour vivre, est réduite à vendre à des sœurs, pauvres comme elle, des oranges, des citrons et des cédrats.
Ce qui frappe d’abord dans les âges antiques de Sidon, c’est le génie inventeur, la science industrieuse des habitants. Homère vante les Sidoniens comme habiles en toutes choses. Les annales les plus reculées sont remplies de la gloire des enfants de Sidon. C’est un sujet de haute pensée pour le voyageur que cette terre sidonienne, premier berceau des sciences humaines, premier berceau des arts, qui ont préparé la civilisation du monde. Les Phéniciens, peuple choisi, peuple unique, travaillés du besoin d’agir et de connaître, formaient une famille à part dans l’Orient. Peut-être avaient-ils reçu de l’Inde, de la Perse, de Babylone et d’Ecbatane, quelques lumières primitives, quelques traditions fécondes ; mais ce qu’ils n’inventèrent point, ils le perfectionnèrent. Et toujours est-il vrai de dire que de ce peuple nous sont venues les plus grandes choses : on leur donna une étincelle, et ils en firent un soleil. La vieille Égypte, qui fit un mystère de sa sagesse et de sa science, voilait pour ainsi dire son flambeau, et n’éclairait point le reste de la terre ; mais la Phénicie, moins silencieuse et beaucoup plus communicative, chercha à répandre au loin ses lumières. L’Égypte des temps passés se présente à moi sous la figure d’un prêtre muet qui cache sa flamme sainte au fond du sanctuaire. La Phénicie, au contraire, se montre comme un de ces dieux antiques qui portaient un phare sur leur tête au milieu des mers.
Il est surtout deux découvertes capitales dont la gloire doit revenir à Sidon, je veux parler de la découverte de la navigation [Voyez Nok] et de celle de l’écriture…
On m’a montré, dans un jardin près de la ville, à l’est, une petite mosquée, bâtie, dit-on, au lieu même où le Christ, passant par le pays de Sidon, guérit la fille de la Cananéenne. Une tradition que je ne prendrai pas la peine d’examiner, parce qu’elle ne repose sur rien, place autour de Sidon le sépulcre du patriarche Zabulon, qui mourut en Égypte, celui du prophète Sophonias, et celui de Bézéléel, ouvrier célèbre, qui construisit le tabernacle du temple du désert. Quant au tombeau de ce Bézéléel, qui peut-être était Sidonien, il peut se faire qu’il ait été placé autour de la ville. On sait que le roi Hiram envoya à Salomon un grand nombre de Sidoniens pour travailler à la construction du temple de Jérusalem…
Parcourons nos chroniques pour voir Sidon au temps des guerres saintes. Vous avez dit, dans votre Histoire, comment le roi Baudouin, en 1111, soumit cette ville au culte de la croix. Elle fut concédée, à titre héréditaire, à Eustache Grenier, et l’antique métropole de Phénicie devint une seigneurie Crançaise. Arnold de Lubek, en racontant une croisade d’Allemands sous les ordres du chancelier Conrad, en 1198, dit que les pèlerins trouvèrent Sidon sans habitants et sans provisions.
Vous eussiez vu là, ajoute le chroniqueur, des maisons de pierre et de bois de cèdre ornées de diverses manières. Ces maisons, que naguère on se faisait gloire d’habiter, on s’empressait alors de les détruire de fond en comble. Que de guerriers changèrent en écuries ces beaux édifices pour y loger leurs chevaux ! que de croisés firent cuire leurs aliments avec du bois de cèdre !
Ceci prouve qu’à l’époque des croisades Sidon gardait encore des restes de son ancienne magnificence. En 1159, saint Louis, comme je l’ai indiqué plus haut, releva les fortifications de Sidon, démolies par les musulmans de Damas. Pendant que les chrétiens s’occupaient paisiblement du rétablissement de la cité, elle fut tout à coup surprise par les Turcomans, et la population tout entière expira sous le fer des barbares. Le roi de France se trouvait à Tyr lorsqu’il apprit ce désastre. Il voulut venger ses frères massacrés, et s’en alla assièger les Turcomans dans le château de Panéas, où ils s’étaient retirés. Revenus sur la rive sidonienne, le saint roi trouva les cadavres des chrétiens répandus autour de la ville. Déjà ces tristes restes tombaient en putréfaction, et le monarque ordonna de les ensevelir ; mais chacun s’éloignait, et c’est alors que saint Louis donna le plus touchant exemple de charité, en se chargeant lui-même d’un des cadavres…
Maara des Sidoniens, Maara Sidoniorum, Josué (Josué 13.4), ville apparemment assez près de Sidon. D’autres croient que c’était une caverne. Maara en hébreu peut signifier une caverne.
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