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Était selon quelques-uns de Synope dans le Pont, et selon d’autres d’Éphèse. Ceux qui veulent concilier ces deux sentiments disent qu’il était né dans la première de ces deux villes’ et qu’il demeurait dans la seconde. Il a vécu sous Commode, vers l’an de Jésus-Christ 175. Il fit d’abord profession du christianisme, et fut disciple de Tatien ; puis il tomba dans l’hérésie de Marcion, et enfin, s’étant brouillé avec les marcionites, il se fit juif. Ayant appris l’hébreu, il entreprit de traduire en grec les livres de l’Ancien Testament ; sa traduction est la troisième après celle des Septante. Celle d’Aquila est la seconde, et celle de Symmaque la quatrième. Saint Irénée cite Aquila et Théodotion, et ne dit rien de Symmaque, ce qui fait juger que sa version n’était pas encore faite de son temps.
Théodotion entreprit sa traduction pour contredire les marcionites, du milieu desquels il était sorti. Sa méthode lient le milieu entre les Septante et Aquila. Il ne se rendit pas esclave des mots, comme avait fait Aquila, et ne donna pas dans l’excès comme Symmaque, qui paraphrasait plutôt qu’il ne traduisait ; il s’attacha principalement aux Septante, dit saint Jérôme, dont il imitait la manière simple de traduire ; il s’étudiait à exprimer le sens du texte par des termes grecs qui répondissent aux hébreux, autant que le génie des deux langues le permettait. Sa version a été préférée par les chrétiens à celles de Symmaque et d’Aquila ; mais les Juifs ont préféré celle d’Aquila, tant qu’ils se sont servis d’une version grecque ; ils l’ont préférée à celle des Septante, parce qu’elle était plus littérale, et plus attachée aux mots. De là vient que dans le Talmud il est souvent parlé de la version d’Aquila, et jamais de celle des Septante.
Cette estime que les Juifs hellénistes témoignèrent pour cette version grecque excita la jalousie des hébraïsants, qui ne virent qu’avec peine que l’on se fût éloigné de l’usage ancien des synagogues en y lisant des versions en langues étrangères. Ils prétendirent qu’on n’y pouvait lire que le texte hébreu et les anciennes paraphrases chaldaïques ; et qu’on en devait bannir toutes les versions grecques. Mais comme il n’était pas aisé de ramener les Juifs hellénistes à des langues qu’ils n’entendaient plus, cette affaire causa de grandes divisions parmi les Juifs, et les empereurs furent obligés de s’en mêler. Justinien publia une ordonnance, qui se trouve encore parmi ses nouvelles constitutions, portant permission aux Juifs de lire l’Écriture dans leurs synagogues, dans la version grecque des Septante, dans celle d’Aquila, ou dans quelle autre langue il leur plairait, selon le pays de leur demeure. Mais les docteurs juifs ayant décidé la chose autrement, l’ordonnance de l’empereur ne produisit que très-peu d’effet. Les versions grecques furent entièrement abandonnées ; et, depuis ce temps, la lecture de l’Écriture sainte s’est toujours faite en hébreu et en chaldéen, car on se sert encore aujourd’hui du chaldéen dans quelques-unes de leurs synagogues, comme a Francfort en Allemagne.
Pour revenir à Théodotion, les anciens chrétiens firent tant de cas de sa version, que s’étant aperçus que celle des Septante sur
Daniel était très-défectueuse, ils la supprimèrent entièrement et lui substituèrent celle de Théodotion, qui y est toujours demeurée depuis. Par la même raison quand Origène, dans ses Hexaples, était obligé de suppléer dans les Septante quelque chose de ce qui y manquait, il le prenait de Théodotion, en le marquant avec des astérisques ou petites étoiles. Théodotion avait fait deux traductions, ou, si l’on veut, avait fait une révision de la version ; mais l’une et l’autre sont perdues : il ne nous en reste d’entier que le livre de Daniel et des fragments du reste, qui ont été recueillis depuis peu dans les Hexaples d’Origène donnés par le révérend Père de Montfaucon.
C’est de Théodotion que l’Église a reçu l’histoire de Susanne, que les Juifs rejettent, mais qui se lit dans tous les livres des Églises chrétiennes, non-seulement chez les Grecs et les Latins, mais aussi chez les Syriens et les Égyptiens. Saint Jérôme nous apprend même que l’histoire de Susanne était à la tête des prophéties de Daniel dans les éditions ordinaires, Théodotion l’ayant placée en cet endroit, comme au lieu qui lui convenait, à cause du temps où elle est arrivée.
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