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Comme le nom de bœuf et de taureau, dans le sens figuré, signifie les riches et les puissants, les grands qui vivent dans l’opulence, dans l’oubli de Dieu, dans le mépris des pauvres ; ainsi à proportion les vaches se prennent pour les femmes riches, délicates et voluptueuses, qui font leur Dieu de leur plaisir. Voyez comme les apostrophe le prophète Amos (Amos 4.1) : Écoutez ceci, vaches grasses, qui étes dans la montagne de Samarie, qui opprimez les pauvres et brisez les indigents, qui dites à vos maris : Apportez et nous boirons. Et le prophète Osée (Osée 4.16) : Israël s’est écarté du droit chemin comme une génisse qui bondit. Mais ci-après le Seigneur les paîtra comme un agneau dans la solitude.
Les prophètes donnent souvent aux veaux d’or de Jéroboam le nom de vaches ou de génisses (Osée 10.5). Les Septante, et après eux Josèphe et les Pères grecs les appellent des génisses d’or. Le terme hébreu hegel signifie proprement un veau ; mais on ne doute point que les Hébreux n’aient voulu en cela imiter les Égyptiens, qui rendaient leur culte au taureau Apis.
Isaïe (Isaïe 15.5) et Jérémie (Jérémie 48.34) donnent à la ville de Ségur, et à celle d’Oronaïm l’épithète da vache ou de génisse de trois ans. Les uns croient que ces mots marquent leur vivacité et leur indocilité. Ce sont des villes indomptées et incapables de subir le joug. D’autres, qu’ils signifient la vigueur, la force de Ségor et d’Oronaïm. Ces deux villes sentent leur force, et ne veulent pas se soumettre. Nous croyons que les mots hébreux agela, et salissa, une génisse de trois ans, marquent deux villes, l’une nommée Béthagla, et l’autre Baal-Salissa. La première était sur la mer Morte. Voyez Josué (Josué 15.5 ; 18.19-21) ; et l’autre est marquée (1 Samuel 9.4 2 Rois 4.42).
Dans le style des prophètes, les nations sont quelquefois comparées à des génisses. L’Égypte est une génisse d’une beauté charmante ; il lui viendra du côté de l’aquilon des maîtres qui la piqueront avec l’aiguillon (Jérémie 46.20). Il veut parler des Chaldéens qui devaient subjuguer l’Égypte. Et le prophète Osée (Osée 10.11) parlant du royaume des dix tribus : Ephraim est comme une génisse bien nourrie accoutumée à fouler le blé, et à vivre dans l’abondance ; mais je la dompterai, je lui ferai subir le joug.
Samson, dans le livre des Juges (Juges 14.18), accuse les,Punes hommes de sa noce d’avoir abusé de la facilité de sa femme pour tirer son secret : Si vous n’aviez pas labouré avec ma génisse, vous n’auriez pas deviné mon énigme. Moïse ordonne (Deutéronome 21.3) que si l’on trouve le corps d’un homme tué dans le finage d’une ville ou d’une bourgade, et que le meurtrier soit inconnu, les anciens et les juges du lieu prennent une génisse qui n’ait pas encore porté le joug, qu’ils la mènent dans un vallon inculte, et qui n’ait jamais été labouré ; là on coupera la tête la génisse, les anciens du lieu laveront leurs mains en présence des lévites sur la tête de la génisse, et diront : Nos mains n’ont point répandu le sang de cet homme, et nos yeux ne l’ont point vu ; Seigneur, ayez pitié de votre peuple d’Israël, et ne lui imputez point le sang qui a été répandu. Voyez l’article Meurtre.
(Nombres 18.2-4). Le Seigneur dit à Moïse : « Commandez aux enfants d’Israël de vous amener Une vache rousse entière et sans défauts, et qui n’ait jamais porté le joug. Vous la mettrez entre les mains du prêtre Eléazar, qui l’ayant menée hors du camp, l’immolera devant tout le peuple. Il trempera son doigt dans le sang de cette vache, il en fera sept fois les aspersions vers l’entrée du tabernacle, et il la brûlera en présence de tout le peuple, en mettant sur les flammes tant la peau et la chair que le sang et les excréments de l’hostie. Le prêtre jettera aussi dans le feu qui consume la vache un bouquet composé de bois de cèdre, d’hyssopeetd’écarlate teinte deux fois. Après avoir lavé ses vêtements et son corps, il reviendra au camp, et sera impur jusqu’au soir.
Celui qui aura brûlé la vache lavera aussi ses vêtements et son corps, et sera impur jusqu’au soir. Un homme qui sera pur amassera les cendres de la vache et les portera hors du camp dans un lieu pur, afin que les Israélites en prennent, qu’ils les conservent soigneusement, et qu’ils s’en servent pour faire une eau d’aspersion, parce que cette vache a été brûlée pour le péché. Celui qui aura porté ces cendres lavera son corps et ses vêtements, et sera impur jusqu’au soir. Cette ordonnance sera sainte et inviolablement observée, tant par les entants d’Israël que par les étrangers qui sont parmi vous.
Celui qui aura touché le corps d’un homme mort, et qui pour cette raison aura contracté une souillure qui dure sept jours, sera arrosé de cette eau le troisième et le septième jour, et il sera ainsi purifié. Que s’il ne reçoit point d’aspersion le troisième jour (mais seulement le sixième), il ne pourra être purifié le septième (mais seulement le dixième ou l’onzième). Quiconque, ayant touché le corps mort d’un homme, n’aura pas été arrosé de l’eau mêlée avec la cendre de la vache rousse, souillera le tabernacle du Seigneur (s’il s’y présente en cet état), et il périra du milieu d’Israël. Il sera impur parce qu’il n’a point été nettoyé par l’eau d’expiation, et son impureté demeurera sur lui.
Voilà ce que Moïse ordonne sur cette matière, et voici les réflexions qu’y font les commentateurs. Spencer croit que cette cérémonie a un rapport d’opposition avec les superstitions égyptiennes. Les Égyptiens n’immolaient jamais de vaches, et les Hébreux n’immolaient ordinairement que des animaux mâles. Les premiers avaient en horreur le poil roux et tous les animaux de la même couleur. Les Hébreux ne faisaient aucune distinction de la couleur des victimes que dans cette seule occasion. Saint Jérôme et plusieurs autres croient qu’on immolait la vache rousse tous les ans, et qu’on en distribuait la cendre dans toutes les villes et bourgades des Israélites. Quelques rabbins soutiennent qu’on n’en brûla qu’une depuis Moïse jusqu’à Esdras, et que depuis Esdras jusqu’à la destruction du temple par les Romains, on n’en immola que six ou au plus neuf. Le même saint Jérôme enseigne que cette cérémonie se fit toujours sur le mont des Oliviers, vis-à-vis du temple, depuis que l’arche fut fixée à Jérusalem, et les Juifs enseignent que ce fut toujours le grand prêtre qui immola cette victime depuis la construction du temple.
Il y a des auteurs qui mettent le sacrifice de la vache rousse au rang de ceux qu’on offrait au nom de tout le peuple : il fallait que cette vache fût sans tache ou sans défaut (Nombres 19.2), aussi bien que les victimes des autres sacrifices ; qu’on fit aspersion de son sang par sept fois vers l’entrée du tabernacle (Nombres 19.4) ; qu’on la brûlât entièrement, après quoi les cendres qui en restaient servaient à se purifier des souillures contractées à l’occasion d’un mort, et à empêcher qu’on ne souillât le sanctuaire et les choses saintes (Nombres 19.13). La vache rousse, dit Abrabanel, était un sacrifice pour le péché de tout le peuple d’Israël. Je crois que l’on peut dire que c’était un sacrifice pour le péché ; mais je ne crois pas que l’on puisse lui donner le nom d’oblation ; car l’Écriture ne le donne qu’à ce qu’on offrait à Dieu solennellement sur l’autel des holocaustes. On doit porter le même jugement de cette autre vache, à laquelle on coupait la tête pour l’expiation d’un homicide dont l’auteur était inconnu (Deutéronome 21.1-9). Ce sacrifice ne peut être appelé oblation, à cause qu’il ne se faisait point sur l’autel des holocaustes : cependant c’était un véritable sacrifice pour le péché, puisqu’il expiait l’homicide.
La vache rousse, immolée hors du camp, était la figure de Jésus-Christ, dont le sang nettoie notre conscience de tous nos péchés. Car (Hébreux 9.13) si le sang des boucs et des taureaux, et l’aspersion de l’eau mêlée avec la cendre d’une génisse, sanctifie ceux qui ont été souillés, en leur donnant une pureté extérieure et charnelle, combien plus le sang de Jésus-Christ, qui par le Saint-Esprit s’est offert lui-même à Dieu comme une victime sans tache, purifiera-t-il notre conscience des œuvres mortes, pour nous faire rendre un vrai culte au Dieu vivant ? Voyez les commentateurs sur les Nombres, chapitre 19.
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