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Les livres de l’Ancien Testament ne furent traduits en langue étrangère qu’assez tard. Les Hébreux, jaloux de leurs prérogatives ou du privilége qui les distinguait parmi toutes les autres nations d’être les seuls dépositaires des oracles des prophètes et des lois de Dieu, ne se communiquaient pas volontiers aux étrangers, et demeuraient resserrés dans leur pays, qu’ils regardaient comme le plus beau et le meilleur pays du monde ; ils s’en éloignaient le moins qu’ils pouvaient, et contents de leur propre langue et de l’étude de leurs lois, ils méprisaient le commerce des étrangers et l’étude des sciences profanes. C’est Josèphe, historien, qui nous fournit cette dernière remarque.
Ils ne songèrent à traduire les livres en grec que depuis le règne des successeurs d’Alexandre le Grand [Voyez Septante]. Auparavant, quoiqu’ils fussent dispersés dans la Perse, la Médie, l’Assyrie et la Chaldée, ils n’avaient pas songé à traduire leurs livres saints en d’autres langues ; la proximité et la ressemblance des langues de ces pays avec la langue hébraïque, ou plutôt le soin qu’ils avaient pris de conserver l’usage de leur propre langue au milieu de ces peuples, furent cause qu’on ne s’aperçut pas encore alors de la nécessité de traduire les livres hébreux en aucune de ces langues. On se contenta de les interpréter de vive voix à ceux qui n’entendaient plus l’Hébreu ; c’est ainsi qu’en usa Esdras au retour de la captivité, et son exemple fut imité par ceux qui lui succédèrent dans l’emploi, de lire et d’interpréter la loi au peuple. On n’écrivit rien de ces paraphrases ou interprétations en chaldéen que vers le temps de Notre-Seigneur, lorsque Onkélos et Jonathan composèrent leur Targum. On peut voir leur titre.
Mais après les conquêtes d’Alexandre le Grand, les Juifs se trouvant répandus dans tout le vaste empire de ce conquérant, et la langue grecque, qui y devint comme la langue commune et de commerce dans toutes les provinces, n’ayant aucun rapport de ressemblance avec la langue hébraïque, plusieurs, Juifs se virent hors d’état d’entendre les livres sacrés, et par conséquent dans la nécessité de recourir à quelque traduction, grecque ; c’est ce qui produisit d’abord la version dite des Septante interprètes, dont nous avons donné l’histoire et la critique, sous l’article des Septante interprètes ; puis celles d’Apila, de Symmaque et de Théodotion, desquelles nous avons aussi parlé sous le nom de leurs auteurs.
Les autres versions de l’Écriture, tant de l’Ancien que du Nouveau Testament, faites en latin, en syriaque, en arabe, et dans les langues vulgaires de l’Europe, de l’Asie, de l’Afrique, ont été procurées pour la plupart par les chrétiens. Ceux-ci, poussés par un esprit tout différent de celui des Juifs, n’ont point eu de plus ardent désir que de faire connaître à tout le monde les vérités du salut, et de répandre en tout lieu les lumières de la loi et de l’Évangile. Nous ne nous étendons pas ici sur les diverses traductions de lÉcriture, parce que nous en avons déjà parlé sous le nom de Bibles.
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