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Lieu où les Aréopagites, qui étaient de fameux juges d’Athènes, s’assemblaient autrefois. L’Aréopage est situé sur une hauteur, qui était anciennement presque au milieu de la ville. Aujourd’hui il est hors d’Athènes. On en voit encore des restes, dans des fondements qui forment un demi cercle, bâti avec des carreaux de pierres d’une grandeur prodigieuse. Ces fondements soutiennent une terrasse ou plate-forme d’environ cent quarante pas, qui était la cour de cet auguste sénat. Au milieu on voit un tribunal taillé dans le roc, et, tout autour, des sièges aussi taillés dans la pierre, où les juges de l’Aréopage jugeaient autrefois en plein air, et sans aucune couverture. Près de là on voit quelques cavernes creusées dans le roc, où apparemment l’on tenait les prisonniers qui devaient comparaître devant ces juges. On dit qu’ils prononçaient leurs jugements pendant la nuit, afin que la vue des personnes qui parlaient, et se défendaient, ne les touchât point. Saint Paul ayant prêché, à Athènes, contre la pluralité des dieux, et ayant avancé qu’il venait annoncer aux Athéniens un Dieu qu’ils adoraient sans le connaître [Voyez Autel d’Athènes], fut mené devant les Aréopagites, comme introducteur d’une nouvelle religion (Actes 17.19-22). Il y parla avec tant de sagesse, qu’il convertit Denys, l’un de ses juges, et qu’il fut renvoyé sans qu’on ait eu rien à lui dire [D. Cannet vient de citer M. Spon, qui visitait les ruines de l’Aréopage en 1676 ; le lecteur aurait raison de se plaindre de moi si je ne citais un voyageur plus moderne. Entre plusieurs, je choisis. M. Michaud, le célébré historien des croisades, qui visitait les mêmes ruines en 1830].
Lorsque nous eûmes quitté la prison de Socrate dit-il, on nous montra, à notre gauche, le lieu où s’élevait jadis l’Aréopage. Il ne reste rien de ce sanctuaire de la justice que deux escaliers parallèles qu’on aperçoit encore sur une hauteur escarpée. Le palais de l’Aréopage était construit en murailles de terre : on lui avait conservé la simplicité des premiers temps, et les Athéniens parlaient de cette simplicité du temple des lois avec autant d’orgueil qu’ils parlaient de la magnificence du temple de Minerve. Un voyageur chrétien ne peut passer en ce lieu sans se rappeler que l’apôtre Paul comparut devant l’Aréopage, et qu’il y prêcha le Dieu crucifié, le Dieu inconnu auquel Athènes avait élevé des autels. Il faut ressentir les vives impressions qui naissent de l’aspect des lieux pour juger la position où, se trouvait alors l’apôtre du Christ, pour apprécier divinement la grandeur de sa mission, le courage de son entreprise, et la sainte audace de ses discours. Il avait devant lui les temples du Parthénon, le théâtre de Bacchus, la grotte de Pan, et dans le lointain il pouvait voir d’un côté le temple de Jupiter olympien, de l’autre celui de Thésée. Quelle dût être la surprise de ses juges et du peuple athénien qui l’écoutait, lorsqu’il fit entendre ces paroles : Ce Dieu qui a fait le monde et tout ce qui est dans le monde, étant le Seigneur du ciel et de la terre, n’habite point dans les temples bâtis par des hommes ; il n’est point honoré par les ouvrages de la main des hommes, comme s’il avait besoin de ses créatures, lui qui donne à tous la vie, la respiration et toutes choses… Il a fait naître d’un seul toute la race des hommes et leur a donné pour demeure l’étendue de toute la terre, ayant marqué l’ordre des saisons et les bornes de l’habitation de chaque peuple… Quelques-uns de vos poètes : ont dit que nous étions tous les enfants de la race de Dieu. Nous ne devons donc pas croire que la Divinité soit semblable à de l’or, à de l’argent, à de la pierre dont l’industrie humaine compose des images et des figures. Voilà ce que disait l’Apôtre en présence de l’Aréopage ; puis il prêcha la résurrection du Christ, la résurrection des morts, la nécessité d’oublier toutes les grandeurs profanes et de s’humilier devant Dieu en faisant pénitence. Chez un peuple où, selon l’expression de Démosthènes, les citoyens et les étrangers passaient leur vie à dire et à demander quelque chose de nouveau, l’annonce d’un Dieu crucifié devait être une bien grande nouvelle. Il ne s’agissait plus de savoir si Philippe était malade, mais si Dieu était mort ; s’il était ressuscité, si le genre humain devait ressusciter un jour. Nous vous entendrons uns autre fois sur ce point ; lui répondirent-ils ; car jamais les orateurs du Pnix n’avaient dit au peuple d’aussi grandes merveilles. Relisez, mon cher ami, le discours entier de saint Paul ; arrêtez-vous surtout aux passages où l’Apôtre s’élève contre les dieux sortis de la main de Phidias et de Praxitèle, et rappelez-vous que ces paroles étaient prononcées dans une ville où chaque pierre était un autel, un monument religieux, où les chefs-d’œuvre des arts étaient comme autant de miracles qui entretenaient la croyance et réchauffaient l’enthousiasme de la multitude ; rappelez-vous, dis-je, que saint Paul parlait ainsi au milieu d’une grande et magnifique cité, où il était plus facile de rencontrer un dieu qu’un homme, où il y avait plus de dieux qu’on n’en comptait dans tout l’Olympe, où les monuments élevés à tous ces dieux étaient la gloire et comme la vie d’un peuple superstitieux et ami des arts.
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