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Aristobule

Aristobule (1)

était un Juif de la race des prêtres (2 Machabées 1.10), philosophe et précepteur de Ptolémée, roi d’Égypte. Saint Clément d’Alexandrie cite le premier livre d’Aristobule adressé au roi Philométor, dans lequel il avance qu’avant la version procurée par Démétrius Phaléréus, il y en avait une autre, dans laquelle Pythagore et Maton avaient puisé plusieurs de leurs sentiments. Anatolius, cité dans Eusébe, dit que ce même Aristobule était du nombre des septante interprètes, et qu’il avait composé des commentaires sur les livres de Moïse qu’il avait dédiés aux rois Ptolémée, fils de Lagus, et à son fils Ptolémée Philadelphe. Les mêmes saint Clément et Eusèbe croient que c’est cet Aristobule, dont il est parlé dans la préface du second livre des Machabées et qui est nommé précepteur du roi Ptolémée et de la race des prêtres oints, c’est-à-dire des prêtres du Dieu d’Israël, que l’on consacrait par l’onction sainte.

On tient communément que Ptolémée, dont Aristobule était précepteur, est celui qui est surnommé Philométor. La lettre où son nom se trouve (2 Machabées 1.10), est datée de la cent quatre-vingt-huitième année des Grecs, qui revient à l’an du monde 3880. Philométor était mort en 3860, vingt ans auparavant. Cela n’empêche pas que l’on n’ait pu donner à Aristobule la qualité de précepteur de ce prince : ce n’est pas cela qui embarrasse ; mais comment faire vivre Aristobule jusqu’en 3880, lui qui a dédié des livres à Ptolémée, fils de Lagus, mort en 3720, c’est-à-dire cent soixante ans auparavant ? Il devait avoir au moins vingt ans, lorsqu’il composa et dédia ces livres. Ainsi, en 3880, il aurait eu cent-soixante et dix ans, ce qui me paraît incroyable. Il vaut donc mieux reconnaître que le vrai Aristobule marqué dans les Machabées est fort différent de celui dont saint Clément d’Alexandrie et Eusèbe ont parlé, ou bien que ce dernier est un auteur supposé, sous le nom duquel on a publié des ouvrages fabriqués longtemps depuis les Machabées et inconnus à tous les anciens avant saint Clément d’Alexandrie : on peut voir la Dissertation de Dodwel sur l’histoire d’Aristée, chapitre 28 [Je ne suis pas à portée de vérifier si Anatolius a dit qu’Aristobule, qui avait adressé un livre à Ptolémée Philométor était le même que celui qui en avaitdédié un à Ptolémée Lagus et à Ptolémée Philadelphe ; mais quand il l’aurait dit, je ne vois pas pourquoi on dût en être si fort embarrassé. Ce qui est certain, c’est que, postérieurement à Ptolémée Lagus, et à son fils et successeur Ptolémée Philadelphe, un savant Juif, nommé Aristobule, vivait à la cour d’un autre Ptolémée, soit celui qui fut surnommé Philométor, soit celui qui lui succéda immédiatement et qu’on surnomma Physcon. Des auteurs ont pensé qu’il vivait à la cour de Ptolémée Lathyre, successeur de Physcon ; mais l’opinion la plus commune est que c’était à celle de Philomé tor. Pour être fixé sur cette question, il faudrait l’être sur la date énoncée au deuxième livre des Machabées (2 Machabées 1.10).

Je ne puis vérifier non plus si Clément d’Alexandrie et Eusèbe ont cru que l’Aristobule qui dédiait des livres aux deux premiers Lagides était celui dont il est parlé à l’endroit indiqué du deuxième livre des Machabées ; mais quand ils l’auraient cru, ce ne serait qu’une erreur facile à commettre et à redresser.

Il se peut que, comme l’a dit Anatolius, il y ait eu un nommé Aristobule parmi les septante interprètes ; et il se peut aussi qu’il ait confondu avec lui celui qui vécut à la cour d’un successeur éloigné des deux premiers Ptolémées.

Il y aurait donc eu deux personnages du nom d’Aristobule, l’un qui aurait travaillé à la version des Septante, l’autre qui, longtemps après, faisait des commentaires sur les livres de Moïse ; mais l’existence même de ce dernier, auquel D. Calmet a consacré cet article, a été contestée ; car de même qu’on a nié l’existence d’Aristée, capitaine des gardes de Ptolémée Philadelphe et auteur d’une histoire de la version des Septante (Voyez l’article précédent), on a voulu nier aussi celle d’Aristobule, contemporain de Ptolémée Philométor.

Eusèbe ayant été l’objet d’une grave accusation de la part de M. Lobeck, professeur à Konisberg, M. Séguier de Saint-Brisson, membre de l’Académie des Inscriptions, a établi, dans une Dissertation sur l’authenticité des fragments de Sanchoniaton, qu’Eusèbe n’avait point inventé les vers d’Orphée qui se trouvent dans la Préparation évangélique, mais qu’il les avait empruntés d’Aristobule, et il donne en même temps de l’existence de cet Aristobule des preuves que je vais rapporter.

Parmi les auteurs cités par Eusèbe, dit-il, on remarque Aristobule, Juif savant et philosophe péripatéticien, qui vivait à la cour de Ptolémée Philométor, auquel il a dédié des Interprétations des livres saints. Pour faire valoir auprès de ce prince la doctrine qui y était contenue, il n’a pas craint d’interpoler les anciens poètes grecs, dont il alléguait le témoignage comme appuyant ces mêmes doctrines. Eusèbe, dans un fragment de cet auteur, rapporte des vers orphiques qui en font partie, évidemment supposés, et où sont professées non-seulement l’unité de Dieu et sa puissance infinie ainsi que toutes les doctrines judaïques, mais même Abraham y est indiqué clairement, aussi bien que Moïse.

À qui appartient cette supposition ? Walckenaer, qui a laissé une Dissertation posthume sur Aristobule, la lui impute complètement…

Il ne se peut que ces vers aient été totalement fabriqués par Aristobule. Il a travaillé sur un premier canevas dû aux Pythagoriciens, qui ont beaucoup fait parler Orphée ; il a donc ajouté, suivant les vraisemblances, ce qui est étranger à leurs idées et hors de leurs connaissances.

… Eusèbe, citant Aristobule qui a publié ces vers, les donne comme il les trouve dans cet auteur qui devient son garant. Pour qu’il fût prévaricateur, il faudrait qu’il eût forgé toute la citation ou seulement une partie. Pour qu’il fût l’auteur du tout, il faudrait faire d’Aristobule un être de raison : c’est ce que Richard Simon, qui n’hésite pas quand il s’agit de créer des pseudonymes, ne se gêne pas de déclarer : les livres d’Aristobule et de quelques autres anciens auteurs qui ont écrit si favorablement des Juifs ont été supposés ; il laisse à d’autres le soin de démontrer qu’un Juif ne pouvait pas écrire favorablement de sa nation.

Van Dale et Hody, en réfutant le récit d’Aristée, importunés de ce qu’Aristobule dit de la traduction de la Bible sous Philadelphe, cherchent aussi à l’anéantir. Leur grand argument est le silence de Josèphe et de Philon ; Isaac Vossius dit avec raison, en parant du premier : Quelle cause aurait pu porter Josèphe à parler, dans son Histoire, d’Aristobule ? On peut dire la même chose de Philon : il y a trop de garants de l’existence d’Aristobule, pour qu’on puisse la révoquer en doute. M. Séguier de Saint-Brisson ajoute en note :

Voir sur Aristobule le 2e livre des Machabées, chapitre 1er ; Origène contre Celse, 4.543 ; Anatolius, cité par Eusèbe, Histoire eccl., 7.32-287 ; Cyrille, contre Julien, 4.134. ; Clément, Eusèbe et saint Jérôme, De Viris illustribus, cap. 38 On peut consulter Walckenaer, chapitre 7 de Aristobulo ; il administre, chapitre 23 une preuve curieuse : ce sont des plagiats de Clément, qui a copié plusieurs fois mot pour mot Aristobule sans le nommer…

Aristobule (2)

Dont parle saint, Paul dans l’Épître aux Romains (Romains 16.11), était, selon les nouveaux Grecs, frère de saint Barnabé. Ils disent qu’il était l’un des septante disciples, qu’il fut ordonné évêque par saint Barnabé ou par saint Paul qu’il suivit dans ses voyages ; fut envoyé en Angleterre, y souffrt de grands travaux, y fit beaucoup de conversions et y finit enfin sa vie. Ils font sa fête le 15 et le 16 mars et encore le 31 d’octobre ; d’autres (a) ont douté même qtf Aristobule, dont parle saint Paul, ait été chrétien, parce que saint Paul ne le salue pas, mais seulement ceux qui s’assemblaient dans sa maison ; d’autres le font père des apôtres saint Jean l’Évangéliste et saint Jacques le Majeur, et le confondent avec Zébédée ; mais il est inutile d’entasser une foule de fables, puisque l’on sait qu’il n’y a rien de certain sur cet Aristobule.

Aristobule (3)

Autrement appelé Judas et Philellen, ou amateur des Grecs, fils de Jean Hircan et petit-fils de Simon Machabée ; grand-prêtre et prince des Juifs, qui, le premier, des Assamonéens, prit le titre de roi, donna des preuves de sa valeur du vivant de son père, dans le siège de Samarie, qu’il conduisit avec son frère Antigone. Après la prise de la ville, Hircan la démolit entièrement et jeta les matériaux dans les torrents qui coulaient au pied de la montagne sur laquelle la ville était bâtie. Trois ans après, c’est-à-dire l’an du monde 3898, Hircan mourut et Aristobule lui succéda ; mais il ne régna qu’un an ; il mit sa mère et trois de ses frères en prison ; il eut la cruauté de faire mourir de faim sa mère dans sa prison ; mais il donna à son frère Antigone beaucoup de part au gouvernement ; il fit la guerre aux lturéens, peuples descendus de Jéthur, un des fils d’Ismaël (Genèse 25.15), qui demeuraient dans l’Arabie au delà du Jourdain, entre le pays de Damas au nord et la demi-tribu de Manassé au midi ; il les soumit et les obligea de recevoir la circoncision ; leur ayant offert l’alternative, ou d’embrasser le judaïsme, ou de sortir de leur pays et d’aller chercher un établissement ailleurs ; ils aimèrent mieux rester et faire ce qu’on exigeait d’eux.

Quelque temps après, Aristobule fit mourir son frère Antigone par un accident fort tragique. Aristobule étant malade, envoya son frère Antigone à une expédition utilitaire d’où il revint victorieux. Ses jaloux firent entendre au roi que son frère affectait la royauté, qu’il était allé au temple dans un équipage qui ne convenait pas à un particulier, et que bientôt il devait venir accompagné d’une troupe de gens armés pour le tuer. Le roi ne put d’abord s’imaginer que la chose fût comme on la lui disait. Il ne laissa pas de concevoir quelque soupçon et envoya dire à son frère qu’il le priait de le venir voir sans armes, et commanda à ses gardes, s’il venait armé, de le mettre à mort dans un lieu souterrain et obscur par où il devait passer, en venant du temple à l’appartement du roi.

Ceux qu’Aristobule avait envoyés, au lieu de dire à Antigone de venir sans armes, lui dirent au contraire que le roi était envieux de le voir avec les belles armes que l’on disait qu’il avait rapportées de la guerre. Antigone vint aussitôt, et les gardes, à qui l’on avait ordonné de le tuer, s’il venait armé, le massacrèrent lorsqu’il voulut passer outre. Aristobule n’eut pas plutôt commis ce crime, qu’il fut saisi d’un cuisant repentir qui ne contribua pas peu à augmenter son mal et à abréger sa vie. Un jour qu’un de ses serviteurs portait dehors du sang que ce prince avait vomi, il le laissa par hasard tomber au lieu où l’on voyait encore les marques de celui d’Antigone. Ceux qui en furent témoins jetèrent un grand cri qui fut ouï du roi ; il en voulut savoir la cause, et l’ayant apprise,. Il en fut si sensiblement touché que, ne pouvant retenir ses larmes et ses sanglots, il s’écria : Grand Dieu, vous vengez justement le parricide que j’ai commis ! Jusqu’à quand mon corps retiendra-t-il mon âme criminelle ? En disant ces mots, il expira l’an du monde 2899 [Voyez Antigone]. Il eut pour successeur son frère Alexandre Jannée, que Salomé ou Alexandra, femme d’Aristobule, tira de prison aussitôt après la mort du roi.

Aristobule (4)

Second fils d’Alexandre Jannée et de la reine Alexandra et frère puîné du grand-prêtre Hircan, témoigna hautement qu’il désapprouvait la conduite qu’Alexandra, sa mère, tenait envers quelques anciens serviteurs du roi son père, qu’elle faisait emprisonner et mourir au gré des Pharisiens. Un jour les amis et les partisans du feu roi vinrent trouver la reine, ayant Aristobule à leuriête. Ils lui étalèrent les services qu’ils avaient rendus au feu roi et leur attachement pour lui dans toutes ses guerres qu’il leur était fort dur qu’à présent on leur fit un crime de tout ce qu’ils avaient fait pour lui ; qu’ils la suppliaient de leur permettre de se retirer du pays, ou du moins qu’on les mît dans les places où elle avait garnison, afin qu’ils pussent yêtre à couvert de la persécution de leurs ennemis. La reine, touchée de leurs plaintes, mais ne pouvant faire pour eux tout ce qu’elle aurait sonhaité, leur permit de se retirer dans les châteaux où elle avait garnison.

Quelque temps après, elle envoya le prince Aristobule son fils, contre Ptolémée, fils de Mennée, roi de Chalcide, dont la demeure était au pied du mont Liban et qui incommodait extrêmement ses voisins et surtout ceux de Damas. Aristobule marcha avec les troupes vers Damas, entra dans la ville et revint sans avoir rien fait de fort considérable dans cette expédition. Sa grande ambition était de mettre les troupes dans ses intérêts, afin de se rendre maître du royaume à la mort de sa mère. En effet voyant que la reine Alexandra était à l’extrémité, il sortit secrètement de Jérusalem et alla dans les châteaux qui étaient gardés par les amis de son père, dont il fut très-bien reçu. Il se rendit maître de quinze forteresses en vingt-deux jours, ce qui jeta la reine sa mère et les principaux des Juifs dans une extrême consternation. Dans cette extrémité, ils se saisirent de la femme et des enfants d’Aristobule et les mirent dans la forteresse qui était attenante au temple de Jérusalem, croyant par là réprimer les entreprises d’Aristobule ; mais il continua à amasser des troupes et à prendre tous les postes les plus avantageux du pays, en sorte qu’il ne lui manquait que le nom de roi.

La reine Alexandra mourut bientôt après, accablée par la force de la maladie. Elle avait donné le royaume à Hircan, son aîné, et laissé le soin du gouvernement aux principaux de la nation. Mais Aristobule s’affermissait de jour en jour, et faisait de nouveaux progrès, de sorte que, trois ans après la mort d’Alexandra, les deux frères ayant livré le combat dans la plaine de Jéricho, Aristobule demeura victorieux, et Hircan fut obligé de se sauver à Jérusalem, dans la forteresse où la femme et les enfants d’Aristobule étaient arrêtés. Il y fut bientôt assiégé, et les troupes d’Hircan n’étant pas en état de soutenir le siège, on fit un accord ou traité de paix entre Hircan et Aristobule, qui portait que Hircan vivrait en simple particulier, dans la jouissance de ses biens, et qu’Aristobule aurait le titre de roi et l’honneur de la souveraine sacrificature. Ce traité fut juré entre les deux frères dans le temple même et après s’être embrassés mutuellement, Aristobule se logea dans le palais royal, et Hircan se retira dans la maison qu’avait occupée Aristobule son frère.

Celui-ci jouit de la royauté et de la souveraine sacrificature pendant trois ans et trois mois ; et il en aurait joui bien plus longtemps, sans Antipater, iduméen, père du grand Hérode, qui engagea Hircan à se retirer auprès d’Arétas, roi d’Arabie, et qui porta ensuite Arétas à faire la guerre à Aristobule. Arétas remporta sur lui une grande victoire, et l’assiègea avec une armée de cinquante mille hommes dans le temple de Jérusalem, où Aristobule se défendait avec les prêtres qui lui étaient attachés. Quelques mois après, Scaurus ayant été envoyé par Pompée en Syrie, arriva à Damas, où il reçut des ambassades de la part des deux frères Hircan et Aristobule qui lui faisaient de grandes offres, pour tâcher de l’attirer chacun à son parti. Aristobule lui offrit trois cents talents, et Scaurus se déclara pour lui. Il fit dire à Arétas d’abandonner le siège, à moins qu’il ne voulût être déclaré ennemi du peuple romain.

Ainsi, Aristobule se trouva en liberté ; mais Pompée étant venu lui-même à Damas sur la fin de la même année, Aristobule lui envoya par présent une vigne d’or, estimée cinq cents talents. Quelque temps après, il vint à Damas des ambassadeurs d’Hircan et d’Aristobule ; ceux d’Aristobule accusèrent Gabinius et Scaurus d’avoir reçu de l’argent ; Gabinius trois cents talents, et Scaurus quatre cents ; ce qui lui rendit ennemis ces deux Romains, qui auraient pu lui rendre Pompée favorable. Mais comme Pompée ne pouvait asseoir un jugement certain sur les discours des deux ambassadeurs, il ordonna à Hircan et à Aristobule de venir eux-mêmes se présenter devant lui pour soutenir leurs droits. Hircan se plaignit de la violence d’Aristobule, qui l’avait injustement dépouillé de la royauté. Aristobule prétendit, au contraire, que Hircan était déchu de cette dignité, par sa nonchalance et par sa lâcheté. D’un autre côté les Juifs se plaignaient des deux frères, et demandaient qu’ils ne fussent pas soumis à des rois, mais â des prêtres, selon l’ancien usage de leur nation.

Pompée, après les avoir entendus, blâma la violence d’Aristobule, et les renvoya tous en paix, disant qu’il les accorderait dès qu’il aurait réglé les affaires des Nabathéens. En effet, il vint en Judée sur la fin de l’année, et manda Aristobule, qui était alors dans le château d’Alexandrion. Aristobule le vint trouver, et Pompée lui permit de s’en retourner jusqu’à deux ou trois fois. Mais enfin lui ayant commandé de rendre ses forteresses et d’écrire à ceux qui les tenaient de sa part, de les rendre, Aristobule obéit, mais fort à regret, en sorte qu’il se retira aussitôt à Jérusalem, dans le dessein de se préparer à la guerre. Pompée le suivit de si près, qu’il ne lui donna pas le temps d’exécuter son dessein ; il était à Jéricho avec son armée, marchant contre Jérusalem, lorsque Aristobule, craignant les suites de la guerre, vint trouver Pompée et le pria de ne point pousser les choses à l’extrémité, lui promettant de lui remettre la ville, et de lui donner une grosse somme d’argent. Pompée y consentit, et envoya Gabinius à Jérusalem, pour toucher les sommes qu’il avait promises : mais les soldats d’Aristobule ne voulurent pas lui ouvrir les portes, et il fut obligé de s’en retourner sans rien faire.

Pompée, irrité de ce refus, retint Aristobule prisonnier, et alla former le siège de Jérusalem. La ville fut prise trois mois après, et Hircan fut confirmé par Pompée dans la dignité de prince des Juifs, et de souverain sacrificateur, à l’exclusion d’Arislobule, qui fut male prisonnier à Rome, avec ses deux fils Antigone et Alexandre, et ses deux filles. Alexandre se sauva de ses gardes et revint en Judée ; mais Antigone fut mené à Rome avec ses deux sœurs et Aristobule leur père. Il y demeura huit ans, après lesquels il s’échappa avec son fils Antigone, et revint en Judée ; il y amassa quelques troupes avec lesquelles il voulut se fortifier dans le château d’Alexandrion ; mais Gabinius, gouverneur de Syrie, envoya contre lui des troupes, qui le prévinrent. Il s’efforça ensuite de se rendre maître de Machéronte, et ayant formé une armée de huit mille hommes, il osa hasarder un combat contre les troupes romaines. Il perdit cinq mille hommes dans cette bataille, se fit jour avec mille hommes au travers des ennemis, et se retira à Machéronte, dans le dessein de s’y fortifier, mais on ne lui en laissa pas le loisir, il y fut assiégé ; et après deux jours de siège, il se rendit, tout couvert de blessures, avec son fils Antigone, et fut mené captif à Gabinius, qui le fit de nouveau conduire à Rome.

Lorsqu’il y fut arrivé, le sénat ordonna qu’Aristobule demeurerait dans les liens, mais que l’on renverrait ses fils en Judée, parce que Gabinius avait écrit qu’il l’avait ainsi promis à leur mère, et que ce n’était que sous cette condition qu’elle avait consenti de lui remettre les places du pays dont elle était la maîtresse.

Il y demeura pendant sept ou huit ans, depuis l’an du monde 3948 jusqu’en 3955 ; Jules César le remit en liberté, et voulut l’envoyer en Palestine, afin qu’il y entreprît quelque chose contre Pompée ; il lui destinait même deux légions pour s’en servir à s’assurer de la province ; mais ceux du parti de Pompée l’empoisonnèrent avant qu’il fût sorti de Rome, et les partisans de César lui rendirent les honneurs de la sépulture, l’an du mondé 3955, avant Jésus-Christ 45, avant l’ère vulgaire 49. Son corps demeura à Rome, assez longtemps, embaumé dans du miel, jusqu’à ce que Marc-Antoine le lit reporter en Judée, pour être enterré dans les tombeaux des rois.

Aristobule (5)

Fils d’Alexandre, et petit-fils d’Aristobule dont nous venons de parler ; sa mère était Alexandra, fille d’Hircan.

Il eut pour sœur Mariamne, épouse du grand Hérode ; Aristobule était un des plus beaux princes de son temps. Comme il était le dernier de la rà ce des Asmonéens, Hérode, son beau-frère, fit ce qu’il put pour l’éloigner de la souveraine sacrificature, qui était due à sa naissance. Toutefois, vaincu par les pressantes sollicitations de Mariamne, sa femme, et d’Alexandra, sa belle-mère, il revêtit de cette dignité le jeune Aristobule, qui n’avait alors que dix-sept ans. Mais ayant remarqué la trop grande inclination du peuple pour ce jeune prince, il en conçut une telle jalousie, qu’il résolut de le faire périr. Il en trouva l’occasion un jour qu’il était à Jéricho. Aristobule ayant eu envie de se baigner avec quelques autres jeunes gens, dans un réservoir d’eau qui était près du palais, Hérode donna ordre secrètement qu’on le noyât, en le faisant plonger comme par divertissement. Cela arriva l’an du monde 3970, avant Jésus-Christ 30, avant l’ère vulgaire 34. Aristobule n’avait pas été grand-prêtre un an entier.

Aristobule (6)

Fils du grand Hérode et de Mariamne, et frère d’Alexandre ; il avait épousé Bérénice, fille de Joseph, et sœur du grand Hérode ; il laissa trois fils et deux filles ; savoir : Hérode, qui fut roi de Chalcide ; Agrippa, qui fut roi dès Juifs, et surnommé le Grand ; Aristobule, qui épousa Jotapé, fille du roi d’Emèse. Les filles furent : 1° Hérodias, qui épousa en premières noces Hérode, autrement Philippe, son oncle, puis Antipas II Mariamne, qui épousa Antipater, son oncle paternel. Aristobule, père de tous ces enfants, fut mis à mort par les ordres d’Hérode le Grand, avec son frère Alexandre. Comme la mauvaise fortune de ces deux frères fut toujours commune, et que les événements de leur vie se trouvèrent toujours mêlés, on peut consulter la vie d’Alexandre, que nous avons donnée ci-devant.

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