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Artaxerxès

Artaxerxès (1)

(Ce nom était un titre pris par tous les rois de Perse), nommé autrement Assuérus. Le Grec d’Esther le nomme toujours Artaxerxès ; et l’Hébreu et la Vulgate Assuérus. Nous croyons que c’est ce fameux roi de Perse qui est nommé, dans les auteurs profanes, Darius, fils d’Hystaspe. Voyez ce que nous en dirons ci-après sur Assuérus.

Artaxerxès (2)

Surnommé à La longue main, régna depuis l’an du monde 3531 jusqu’en 3579, avant Jésus-Christ 421, avant l’ère vulgaire 425. Il donna permission à Esdras de retourner en Judée arec tous ceux qui le voudraient suivre (Esdras 7 ; Esdras 8), en l’an du monde 3537. Et ensuite Néhémie obtint encore permission d’y retourner, et de rebâtir les murs et les portes de Jérusalem (Néhémie 1.11), en l’an du monde 3550, qui est la vingtième année de son règne. C’est de cette année que les meilleurs chronologistes prennent le commencement des soixante-dix semaines de Daniel (Daniel 11.29). Ces semaines sont des semaines d’années, qui font quatre cent quatre-vingt-dix ans c’est-à-dire qu’après quatre cent quatre-vingt-dix ou septante semaines de sept années, le Christ sera mis à mort au milieu de la soixante-dixième semaine. Cette soixante-dixième semaine commence au baptême de Jésus-Christ, l’an du monde 4033. Sa mort en est le milieu. Elle arriva en l’an du monde 4036 et demi ; elle finit en 4040, qui est la quatre cent quatre-vingt-dixième depuis la vingtième d’Artaxerxès à la longue main.

Les Orientaux croient que ce surnom, à la longue main, lui fut donné à cause de la grande étendue de ses États. L’on dit d’ordinaire que les princes ont les mains longues. Mais les Grecs soutiennent que ce prince avait véritablement les mains plus longues que l’ordinaire ; et qu’il les avait si longues, qu’étant tout droit, il pouvait toucher ses genoux. On dit qu’il était le plus bel homme de son temps. Les Orientaux le nomment Bahaman, et lui donnent pour surnom Ardschir-diras-dest, c’est-à-dire à la longue main. Il était fils d’Asfendiar, sixième rui de la seconde dynastie des Perses. Après avoir éteint la famille de Rostam, qui lui était formidable par les grands hommes dont elle était composée, il porta ses armes dans les provinces du couchant, c’est-à-dire dans la Mésopotamie et dans la Syrie, qui dépendaient de son empire ; il ôta à Balthasar, fils de Nabuchodonosor, le gouvernement de Babylone, à cause des ravages que son père avait faits dans la Syrie et dans la Palestine, et mit en sa place Kiresch, connu parmi nous sous le nom de Cyrus.

Quelques historiens de Perse avancent que la mère de Bahaman ou d’Artaxerxès était juive, de la tribu de Benjamin et de la famille de Saül, et que la plus chérie de ses femmes était de la tribu de Juda et de la race de Salomon, par Roboam, roi de Juda ; ainsi il n’est pas étonnant qu’il ait recommandé à Cyrus, qui était lui-même né d’une mère juive, de favoriser les Juifs en tout ce qu’il pourrait, ce que Cyrus ne manqua pas de faire, les ayant renvoyés dans leur pays, et leur ayant permis de rétablir le temple de Jérusalem : c’est ce que nous racontent ces historiens, dont nous ne voudrions pas être garants.

On a cru que ce prince était celui qui répudia Vasthi et épousa Esther. Nous examinerons ci-après ce sentiment, dans l’article de Darius, fils d’Hystaspe. Voyez Assuérus

Puisque nous avons donné le précis de la vie d’Artaxerxès selon les historiens persans, il faut aussi le donner selon les historiens grecs. Xerxès, roi de Perse, si connu dans toutes nos histoires, fut tué par Artaban, capitaine de ses gardes, lequel, ayant conçu le dessein de monter sur le trône, résolut de se défaire des trois fils de Xerxès. Le premier de ses fils était Darius, qui lui devait succéder ; le second était Hystaspe ; et le troisième était Artaxerxès à la longue main.

Artaban fit donc accroire à Artaxerxès que le roi son père avait été mis à mort par son frère aisé Darius, et que ce jeune prince, après avoir tué son père, avait dessein de se défaire encore de lui, et qu’ainsi il devait se tenir sur ses gardes et pourvoir à sa propre sûreté. Artaxerxès, ne se défiant pas de la sincérité d’Artaban, conclut qu’il fallait, pour venger la mort de son père et pour prévenir son propre malheur, faire mourir son frère Darius ; et, sans plus délibérer, il entre dans son appartement accompagné d’Artaban, et le tue. Hystaspe, second fils de Xerxès, à qui la couronne appartenait, était dans la Bactriane, et par conséquent fort éloigné. Artaban, sans s’en mettre en peine, prit Artaxerxès, et le plaça sur le trône, se flattant d’y monter bientôt lui-même, et d’en chasser Artaxerxès. Mais ce prince ayant découvert les complots d’Artaban, les prévint, et le fit mourir.

Cette mort ne l’affermit pas tout à fait sur le trône. Les parents et les amis d’Artaban formèrent un puissant parti contre lui, amassèrent des troupes, et lui livrèrent une bataille qu’ils perdirent. Il marcha ensuite contre son frère Hystaspe, gouverneur de la Bactriane ; il lui fit la guerre pendant deux années de suite, et, à la seconde, il le défit dans un sanglant combat. Cette victoire le rendit paisible possesseur de l’empire. Il mit de nouveaux gouverneurs dans la plupart des provinces, et s’appliqua à réformer les désordres et les abus du gouvernement précédent, ce qui lui attira l’estime et l’amitié de son peuple.

Environ trois ans après, les Égyptiens, las de porter le joug des Perses, se révoltèrent contre Artaxerxès, et prirent lnare, prince des Libyens, pour leur roi. Ils appelèrent à leur secours les Athéniens, qui avaient alors une flotte de cent voiles dans l’île de Chypre. À la nouvelle de cette révolte, Artaxerxès leva une armée de trois cent mille hommes, résolu de marcher contre l’Égypte ; mais ses amis lui ayant conseillé de ne point hasarder sa personne, il confia le soin de cette expédition à Achéménides, l’un de ses frères, ou son oncle selon d’autres. Étant arrivé en Égypte, il fut défait par les Égyptiens, soutenus des Athéniens, qui étaient venus à leur secours. On compta cent mille Persans de tués dans cette bataille. Ceux qui échappèrent se retirèrent à Memphis ; les vainqueurs les y poursuivirent, et se rendirent maîtres d’abord de deux parties de la ville. Mais les Perses, s’étant fortifiés dans la troisième, nommée la Muraille-Blanche, y soutinrent vaillamment un siège de trois ans, après lesquels Artaxerxès envoya à leur secours Mégabyse et Artabaze, deux de ses généraux, qui les délivrèrent, défirent l’armée d’Inare, et soumirent de nouveau l’Égypte à la domination des Perses.

Cependant les Athéniens, qui avaient soutenu la révolte des Égyptiens, agirent offensivement contre les Perses, et leur causèrent des pertes très-considérables en plusieurs occasions, ce qui obligea Artaxerxès de faire enfin la paix avec eux sous ces conditions :

1° Que toutes les villes grecques de l’Asie auraient la liberté et le choix des lois et du gouvernement sous lequel elles voudraient vivre ;

2° Qu’aucun vaisseau de guerre persan n’entrerait dans les mers depuis le Pont-Euxin jusqu’aux côtes de la Parnphilie ;

3° Qu’aucun commandant persan n’approcherait, avec des troupes, plus près que de trois jours de marche de ces mers ;

4° Que les Athéniens n’attaqueraient plus aucune des terres des États du roi.

Artaxerxès, après avoir résisté pendant cinq ans aux importunités et aux prières de sa mère, qui lui demandait Inarus et les Athéniens, qui avaient été pris avec lui en Égypte, pour les sacrifier aux mânes de son fils Achéménides, les lui accorda enfin. Cette femme fit crucifier Inarus, et trancher la tête à tout le reste. Cette inhumanité irrita tellement Mégabyse, qui leur avait donné sa parole de ne les point sacrifier après la victoire qu’il remporta sur eux, qu’il quitta la cour, et se retira en Syrie dont il était gouverneur, et y leva une armée pour en tirer vengeance. Le roi envoya contre lui Osiris avec une armée de deux cent mille hommes. Mais Osiris fut battu, blessé, et pris par Mégabyse. L’année suivante, il envoya de nouveau contre lui une armée, sous le commandement de Ménossane, un de ses généraux. Mais celui-ci fut encore vaincu et mis en fuite par Mégabyse. Enfin Artaxerxès pardonna, à Megabyse, et il revint à la cour. Artaxerxès régna quarante-un ans, et mourut l’an du monde 3572, avant Jésus-Christ 428.

Artaxerxès (3)

Esdras (Esdras 4.7) donne ce nom au mage nommé Oropaste par Justin, Smerats par Hérodote, Mardus par Eschyle et Spendadates par Ctésias. Ce mage, après la mort de Cambyse, usurpa l’empire des Perses, feignant d’être Smerdis, fils de Cyrus, que Cambyse avait fait mourir. C’est ce mage, nommé Artaxerxès, qui écrivit à ses gouverneurs de delà l’Euphrate qu’ayant reçu les avis qu’ils lui avaient donnés touchant les Juifs, il avait fait consulter les annales et avait trouvé que Jérusalem était une ville autrefois puissante, qui s’était révoltée contre les anciens rois ; qu’ainsi il leur ordonnait de faire signifier aux Juifs la défense qu’il leur faisait de rebâtir Jérusalem jusqu’à un nouvel ordre de sa part. Ce qui fut ponctuellement exécuté. Ainsi, depuis l’an du monde 3483, les Juifs n’osèrent travailler aux réparations des murs de Jérusalem jusqu’en 3487, que Darius, fils d’Hystaspe, leur permit de continuer à rebâtir le temple ; mais pour les murailles de Jérusalem, on ne recommença à y travailler qu’en 3550, que Néhémie obtint d’Artaxerxès à la longue main la permission de les rétablir (Néhémie I et II).

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