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En latin sthruthio. Il en est souvent parlé dans l’Écriture. Moïse en défend l’usage aux Hébreux (Lévitique 11.16 ; Deutéronome 14.14). Les interprètes ne sont pas d’accord entre eux sur la signification de l’Hébreu jaanah, que les Septante, saint Jérôme, Aquila, Symmaque et Théodotion, ont rendu par l’autruche. Plusieurs nouveaux l’entendent de la chouette, ulula. Nous avons proposé sur Isaïe (Isaïe 13.21), quelques conjectures pour prouver que c’est le cygne, voyez (Job 30.29 ; Isaïe 34.13 ; 43.20 ; Jérémie 50.39 ; Lamentations 4.3 ; Michée 1.8).
On trouve dans Job (Job 39.13, un autre terme hébreu, savoir rhenanim, que l’on traduit par l’autruche. D’autres le prennent pour un paon. Mais d’habiles interprètes appliquent à l’autruche le terme noza, qui se lit dans le même verset ; et c’est le sentiment que nous avons suivi dans le Commentaire sur Job. Les caractères que Job attribue au noza conviennent fort bien à l’autruche.
Cet animal est mis au rang des oiseaux : il est fort gros, les jambes fort longues, les ailes fort courtes, le cou de quatre où cinq palmes de longueur. Les plumes de ses ailes sont fort estimées, et servent d’ornement aux chapeaux, aux lits, aux dais ; on les teint de diverses couleurs, et on en fait de fort belles aigrettes. Leur pennache est blanc et noir ; les femelles sont mêlées de gris, de noir et de blanc. On les chasse à la course, car elles ne volent point ; mais elles se servent de leurs ailes pour s’aider à courir avec plus de vitesse. Xénophon raconte que l’armée du jeune Cyrus trouva proche de l’Euphrate beaucoup d’autruches ; qu’on leur donna la chasse avec les chevaux de l’armée les plus vites, sans pouvoir jamais les atteindre. On dit aussi que quand elles se voient poursuivies, elles prennent des pierres avec leurs pattes fendues, et qu’elles les jettent contre ceux qui les suivent, avec autant de raideur que l’homme le plus fort.
On dit que l’autruche digère le fer ; mais c’est une erreur populaire : cet oiseau avale effectivement quelques morceaux de fer ou de cuivre, si on lui en jette, on qu’il en rencontre, de même que les autres oiseaux avalent de petites pierres, ou du sable, non pour s’en nourrir, mais pour aider à broyer leur nourriture. On a trouvé dans le ventricule d’une autruche, dont on a fait la dissection dans l’Académie des sciences, jusqu’à soixante-dix liards, la plupart usés, rayés, et consumés presque des trois quarts, apparemment par leur frottement mutuel.
Il y a une quantité prodigieuse d’autruches dans l’Éthiopie. L’autruche fait ses œufs au mois de juin, les met en terre, les couvre de sable, et les abandonne : le soleil ensuite les fait éclore : c’est apparemment pour cela qu’on la prend pour le symbole de la cruauté et de l’oubli : Les animaux les plus farouches allaitent leurs petits dit Jérémie (Lamentations 4.3), mais la fille de mon peuple est une cruelle, comme une autruche dans le désert. Job décrit plus au long la cruauté et l’oubli de l’autruche en ces termes (Job 39.13) : L’aile des oiseaux de ramage est-elle aussi forte que celles de la cigogne et de l’autruche ? Lorsqu’elle abandonne ses œufs sur la terre, sera-ce vous qui les échaufferez dans le sable ? Elle s’endurcit contre ses petits, comme s’ils n’étaient point à elle. Elle rend son travail inutile, sans y dire forcée par aucune crainte. Dieu l’a privée de sagesse, et ne lai a point donné l’intelligence. Lorsqu’elle est poursuivie, elle court élevant ses ailes, et se moque du cheval et du cavalier.
Voilà en raccourci presque tout ce que l’on nous raconte de l’autruche. Elle pond ses œufs sur la terre, les cache sous le sable, le soleil les fait éclore : cela n’est nullement incroyable. On sait que dans l’Égypte on fait tous les jours éclore une infinité d’œufs dans des fours faits exprès, et échauffés jusqu’à un certain degré de chaleur. Comme l’autruche est extrêmement grosse et pesante, elle écraserait ses œufs, si elle les couvait comme les autres oiseaux : elle les met donc sous le sable, les garde et les couve, pour ainsi dire, de ses yeux, comme le dit Vansleb : le mâle et la femelle demeurent auprès d’eux à l’alternative, et pendant que l’un va chercher sa nourriture, l’autre ne les perd pas de vue : si toutefois l’un et l’antre étaient chassés, ou s’ils s’élôignaient de leur nid, ils ne pourraient plus retrouver leurs œufs ; et c’est apparemment sur cela qu’est fondé ce qu’on a dit de leur cruauté et de leur oubli.
Dans le grand nombre d’œufs qu’elle pond, car on assure qu’elle en produit jusqu’à dix, douze, quinze ou vingt, il est malaisé qu’il n’y en ait toujours quelques uns qui ne réussissent pas : l’autruche les casse, et des vers qui s’en engendrent elle nourrit ses petits. Enfin Job dit que Dieu a privé l’autruche d’intelligence. Cela se justifie par ce qu’on raconte de cet oiseau. Il se laisse prendre par un homme couvert de la peau d’une autruche, et qui, mettant son bras dans la peau du cou de l’animal, l’élève en haut, et imité le mouvement de sa tête. D’autres, disent qu’étant poursuivie par les chasseurs, elle se cache la tête dans le sable, et y demeure, se croyant bien en assurance. Pline dit qu’elle se met la tête dans des broussailles, et s’y tient comme si tout son corps était bien caché ; enfin on dit qu’elle est naturellement sourde, ce qui ne contribue pas peu à sa stupidité.
Elle court élevant ses ailes, et se moque du cheval et du cavalier. L’autruche est fort haute. On a fait la dissection, à l’Académie des Sciences, d’une autruche qui avait sept pieds et demi de haut, depuis la tête jusqu’à la terre. Pline dit qu’elle surpasse en hauteur un homme à cheval. Pour la vitesse, on convient qu’il y a peu de chevaux qui puissent les atteindre, à la course. Nous avons parlé ci-devant de l’aventure dont parle Xénophon : dans les pays où les autruches sont communes, on les chasse avec des chevaux barbes harpés comme des lévriers, qui les attrapent à la course.
Moïse défend l’usage de la chair de l’autruche (Lévitique 11.16 Deutéronome 14.15), du moins nos traductions le portent ainsi. Il est constant que l’on en mange dans le Pérou et dans l’Afrique, où elles sont communes. Marmot avoue que leur chair sent mauvais et est gluante, particulièrement celle des cuisses ; mais on ne laisse pas d’en manger. Quand les peuples de Numidie en ont pris des petits, ils les élèvent, les engraissent et les mènent paître par troupes dans le désert, et quand ils sont gras, ils les tuent et les salent. Les Éthiopiens mangent aussi leurs œufs, et les tiennent pour un mets délicieux. Ces œufs sont pour la plupart de la grosseur d’une grosse boule, et quelques uns moindres. On dit que les Éthiopiens font des coupes de ces œufs. Piérius dit même qu’ils en font des bonnets qu’ils portent et qu’ils estiment.
L’Écriture parle encore de l’autruche en d’autres endroits ; mais on doute que les termes de l’original signifient cet oiseau. Ou peut voir les commentateurs sur (Isaïe 23.21 ; 34.13 ; 43.20 ; Jérémie 50.39 ; Michée 1.8).
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