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Caphthor

Caphthor (1)

Septième fils de Mesraïm, fils de Cham. C’est de lui que sont issus les Caphthorim (Genèse 10.13-14), qui peuplèrent l’île de Caphthor, appelée aussi Coptes, qui est le même nom. La critique doit à l’abbé Pluche la découverte de cette île, dont il a fait connaître la situation (Voyez l’addition que nous avons faite à l’article Caphthor ci-après), et qui semble mettre fin à la question de l’origine des Philistins. « Selon la lecture présente du texte sacré, les Philistins et les Caphthorim paraissent être des colonies des Chasluhim. Chasluim (ou selon l’Hébreu Chasluhim) de quibus egressi sunt Philisthiim et Caphthorim (Genèse 10.14). Mais Masius remarque très bien que Philisthiim doit se rapporter à Caphthorim, et non à Chalushim ; c’est-à-dire que pour remettre ce passage dans son ordre naturel, il faudrait lire : Mesraim genuit Ludim, et Angmim, et Labahim, et Nephtahim, et Phetrusim, et Chasluhim, et Caphthorim, de quibus egressi sunt Philisthiim. La nécessité de recourir à cette interprétation est fondée sur ce qu’on lit dans d’autres endroits de l’Écriture, que les Philistins sont venus des Caphthorim. Par exemple, Jérémie (Jérémie 47.4), dit que les Philistins sont des restes de l’île (Hebr) de Caphthor ; et dans Amos (Amos 9.7) le Seigneur dit : N’ai-je pas tiré les Philistins (Hebr) de Caphthor ? Dans le Deutéronome (Deutéronome 2.23) il est dit aussi que (Hebr) les Caphthorim, étant sortis de Caphthor, attaquèrent les Hévéens, les défirent et habitèrent dans leur pays. Tous ces passages insinuent assez clairement que les Philistins étaient descendus des Caphthorim ». Or les Caphthorim n’étaient, comme on l’a cru, ni les Cappadociens, ni les Cypriotes, ni les Crétois, selon l’opinion de Pluche, qui est la plus probable, en ce qu’elle révèle l’existence d’une île de Caphthor, ou de Coptos dans l’intérieur des terres de Mesraïm ou de l’Égypte d’après quoi, « nous concevrons aisément, dit Vence, que quelque révolte ou mécontentement aura donné lieu à la retraite des Philistins, qui, en s’échappant par l’isthme de Suez, et ayant traversé le désert de Sur, se seront jetés sur les premiers terrains habitables depuis Gérara, Gaza et Geth, jusqu’à Joppé, où ils furent arrêtés et bornés par les chananéens. C’est là proprement la Palestine, dont le nom s’est peu à peu étendu par l’usage jusqu’aux pays voisins. » Ainsi se trouve renversée l’opinion de Calmet, qui, après avoir prouvé que les Philistins n’étaient pas originaires de la Cappadoce, ni une colonie d’Égyptiens qu’on supposait avoir été laissée par Sésostris dans la Colchide, et qu’ils n’existaient pas avant les chananéens et les Hevéens, persiste à croire qu’ils sont originaires de l’île de Crète, malgré les critiques qui ne manquaient pas de raisons pour repousser cette hypothèse. On peut voir dans la première partie de la Dissertation sur l’origine des Philistins, avec quelle ardeur il défend son opinion ; mais on ne pourra s’empécher de faire avec l’abbé de Vence une réflexion qui est en faveur du sentiment de Pluche : Est-il bien vraisemblable qu’une colonie des enfants de Cham soit partie de l’Égypte pour traverser la mer et aller s’établir dans l’île de Crète ; et qu’ensuite un détachement de cette colonie ait encore traversé la mer pour revenir s’établir dans, le pays des Philistins ? Combien n’est-il pas plus probable que ces Caphthorim, enfants de Cham, ont passé directement du centre de l’Égypte au pays des Philistins.

Caphthor (2)

L’île de Caphthor (Deutéronome 2.23 Jérémie 47.4 Amos 9.7), d’où sont sortis les Caphthorim (Genèse 10.14 Deutéronome 2.23), nommés autrement Crétim, Céréthim ou Philistins. La plupart des interprètes croient que Caphthor signifie la Cappadoce, et Caphthorim, les Cappadociens, et que c’est de là que sont venus les Philistins et les Céréthim. Dans la première édition de notre Commentaire sur la Genèse, 10.14, nous avions dit que les Caphthorim venaient de l’île de Chypre. Mais depuis ce temps, nous avons tâché d’établir dans une dissertation particulière, imprimée à la tête du premier Livre des Rois, qu’ils étaient originaires de l’île de Crète.

Voici les raisons qui nous persuadent que Caphthor est l’île de Crète. Les Philistins étaient étrangers dans la Palestine, l’Écriture (Genèse 10.14 Jérémie 47.4 Amos 9.7) le marque expressément. Les Septante traduisent toujours ce nom par Allophiloi, c’est-à-dire étrangers. Leur nom propre était Céréthim, comme on le voit par Ézéchiel et par Sophonie et par le premier Livre des Rois. Ézéchiel parlant contre les Philistins (Ézéchiel 25.16) : J’étendrai ma main sur les Philistins, je ferai mourir les Céréthim, j’exterminerai tes restes du pays maritime. Sophonie invectivant contre ce même peuple (Sophonie 2.5) : Malheur à vous qui habitez sur les côtes de la mer, peuple Céréthim. Et l’historien sacré (1 Samuel 30.14-15) dit que les Amalécites firent irruption dans le pays de Céréthim, c’est-à-dire des Philistins, comme le prouve la suite du discours ; et dans la suite les rois de Juda eurent des gardes étrangères nommées Céréthim et Phélétim, qui étaientdu nombre des Philistins (2 Samuel 15.18).

Les Septante ont entendu sous le nom de Céréthim les Crétois, et sous le nom de Céroth, la Crète (Ézéchiel 25.16 Sophonie 2.5). De plus l’Écriture dit que les Philistins sont venus de l’île de Caphthor (Jérémie 47.4). Or on ne voit aucune île dans la Méditerranée à qui conviennent mieux les caractères que l’Écriture donne à Caphthor et aux Céréthim, que l’île de Crète. Aptère ville de Crète a un rapport sensible à Caphthor ; ce nom lui fut donné par le roi Aptère. C’est près de cette ville que les Sirènes vaincues par les Muses, perdirent leurs ailes. Le nom de Crétim, ou Céréthim, est le même que celui Cretenses ; on y connaît un fleuve nommé Kairat la déesse Cérès ; les Curètes, qui élèvent Jupiter sur le mont Ida ; le nom de Curetis donné à toute l’île. Les Crétois sont un des plus anciens et des plus célèbres peuples qui aient habité les îles de la Méditerranée. Ils se disaient nés de leur propre terre ; cette île était déjà très peuplée du temps de la guerre de Troie ; Homère l’appelle l’île à cent villes. La ville de Gaze en Palestine a porté le nom de Minoa, à cause de Minos roi de Crète, qui étant venu dans le pays, donna son nom à cette ancienne ville.

Hérodote reconnaît que les Crétois originairement étaient tous barbares et ne venaient point de la Grèce. Homère dit qu’on parlait différents langages dans l’île de Crète, qu’il y avait des Grecs, des vrais Crétois, ou anciens Crétois, des Pelasges, etc. Les anciens Crétois sont les mêmes que les Céréthim les Pelasges sont les Philistins, ou Phéléthim de l’Écriture. Leur langage était le même que celui des chananéens ou des Phéniciens, c’est-à-dire l’hébreu ; ils étaient descendus de Cham par Mezraïm, de même que Chanaan (Genèse 10.6-14).

Les mœurs, les armes, la religion, les divinités des Crétois, et celles des Philistins, étaient à-peu-près les mêmes. Les armes des uns et des autres étaient l’arc et la flèche. Le dieu Dagon des Philistins était le même que Dictime des Crétois. Étienne le géogrà phe dit que Marnas de Gaze est le Jupiter des Crétois. Le dieu Belsébub ou le dieu Mouche, était apparemment en mémoire des abeilles qui nourrirent Jupiter sur le mont Ida, et auxquelles ce Dieu donna diverses prérogatives, et changea leur couleur noire en une couleur d’airain tirant sur l’or.

On peut objecter contre notre sentiment, que du temps d’Abraham les Philistins étaient déjà dans la Palestine, et qu’alors l’île de Crète ne pouvait encore être bien peuplée, et beaucoup moins envoyer des colonies dans la Palestine. Je réponds que, du temps d’Abraham, c’est-à-dire vers l’an du monde 2090 ; il y avait quatre cent trente, quatre ans que le déluge était arrivé, et environ trois cent vingt ans que la dispersion des peuples s’était faite à Babel. Mizraïm aïeul des Philistins et des Caphthorim avait une nombreuse famille ; il était fils immédiat de Cham, il peupla l’Égypte de très-bonne heure. Le trajet de l’Égypte en file de Crète n’est ni long, ni difficile ; et que ne peut-on pas faire dans l’espace de trois ou quatre cents ans ?

[La Bible de Vence, 4e édition, disserte sur les Caphthorim (tome 1 pages 502, 503), et entend par là les Cappadociens (sur Genèse 10.14). Mais après avoir rapporté que dom Calmet avait conjecturé d’abord que l’île de Caphthor était l’île de Chypre et ensuite l’île de Crète, et fait remarquer qu’elle-même avait adopté cette dernière opinion, les rejette toutes pour une autre dont elle parle en ces tenues : « Mais, dit-elle, voici une autre conjecture proposée avec quelque vraisemblance par Pluche, dans la Concorde de la Géographie des différents dges (pages 254 et suiv). Comme le mot égyptien Apis était prononcé Abir par les Hébreux, ceux-ci de même prononçaient Caphthor le mot Coptos, qui était le nom égyptien d’une ville célèbre au cœur de l’Égypte moyenne. Cette ville était d’un grand abord dans la haute antiquité. Elle trafiquait avec les Arabes, et surtout avec les Sabéens, par le golfe Arabique. Les Européens mêmes, aussi bien que les habitants de la Basse-Égypte, venaient, par les canaux du Nil et en remontant ensuite le lit du fleuve, acheter, à Coptos les marchandises précieuses de l’Yemen et de l’Orient. Cette moyenne contrée de l’Égypte, qui était bornée au nord par le canal Bubastique, à l’orient par le golfe Arabique, et tout le long de l’occident par le Nil, était regardée comme une île ; elle en portait le nom, comme nous donnons celui d’île-de-France, à la province qui est entre l’Oise, l’Aisne, la Seine et la Marne. L’Égypte moyenne, à cause de la capitale, se nommait en hébreu, Ai Caphthor, et en égyptien, Ai Coptos, l’île de Caphthor ou Coptos. Ce mot Ai Coptos est assez visiblement l’origine du mot grec, tarit-cos d’où, en latin, egyptus. Du temps d’Homère, on ne donnait point en grec d’autre nom au Nil, que celui d’Airere qui était en égyptien le nom de la grande île ou du terrain spacieux, le long duquel il coulait. On donne encore aujourd’hui le note de Coptes aux Égyptiens naturels, et de Copte ou Coptique a la langue égyptienne. Connaissant l’île de Coptos, ou Caphthor, comme une colonie de Mesraïm, presque toute environnée d’eau et située au cœur de l’Égypte,… nous n’irons plus, avec la plupart des interprèles, chercher hors de l’Égypte et jusque dans les montagnes de la Cappadoce, une île qui faisait partie de l’Égypte et d’où l’Égypte a vraisemblablement tiré son nom. »

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