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Byssus

On entend communément sous ce nom du fin lin d’Égypte, que l’on employait pour les tuniques des prêtres. Mais dans l’Écriture on doit fort distinguer trois sortes de choses que l’on confond ordinairement et que l’on comprend sous le nom de lin : (1- bad, linum. 2 - schesch, gossypium. 3- byssus).

1° L’hébreu bad signifie du lin.

2° Schesch qui signifie du coton.

3° Buz, qui est ce que l’on appelle communément byssus, et qui n’est autre que la soie qui naît à la racine d’un poisson à écailles nommé pinna.

Philon dit que le byssus est un lin le plus pur, le plus beau, le plus blanc, le plus brillant et le plus fort ; qu’il n’est point tiré d’une chose mortelle, c’est-à-dire de la laine ou de la peau d’aucun animal, mais qu’il vient de la terre, et devient toujours plus blanc et plus brillant, lorsqu’on le lave comme il faut.

On trouve dans les confins de l’Arabie et dans l’île de Chypre une espèce de pierre-ponce nommée amiante ou incorruptible, laquelle se bat et se dissout de la même manière que nous faisons le papier, puis étant desséchée, se file comme du coton. Les Arabes se font des bas, des chaussons et des caleçons de cette matière, pour se garantir des chaleurs brûlantes des sables de l’Arabie. Cette espèce de toile est incorruptible et ne se brûle point, mais se nettoie dans les flammes. Pline appelle ce lin linum vivum, et dit que les Romains en faisaient des nappes et des serviettes, qui se nettoyaient et devenaient plus belles en passant par le feu. On pourrait croire que Moïse n’aurait pas oublié cette espèce de lin parmi celles dont il parle. Mais l’a-t-il exprimée sous le nom de byssus ? C’est ce qu’on ne peut assurer sans témérité.

Nous nous sommes déclaré, dans le Commentaire sur l’Exode et sur les Paralipomènes, en faveur de cette espèce de soie qui se trouve à la queue d’un poisson nommé pinna, et qui le tient attaché à la terre par une espèce de houppe, qui a la couleur d’une soie jaune et dorée, et dont on faisait autrefois des manteaux précieux pour les rois dit que l’empereur Justinien avait un manteau de cette sorte de soie, dont il se servait dans les cérémonies.

Toutefois j’ai encore quelque doute sur ce sentiment ; car je ne trouve pas le nom de buz dans le texte hébreu de Moïse, quoique les interprètes grecs et latins aient employé celui de byssus pour signifier le fin lin de certains habits des prêtres. Il y a donc lieu de croire que Moïse n’en a pas voulu parler. Le nom de buz ne se trouve dans la Bible que dans les Paralipomènes, dans Ézéchiel (Ézéchiel 27.16) et dans Esther. On y voit David revêtu d’un manteau de buz (1 Chroniques 15.27 2 Chroniques 5.12), avec tous les chantres et tous les lévites. Salomon emploie le buz dans les voiles du temple et dû sanctuaire (2 Chroniques 2.14 ; 3.14). Les tentes d’Assuérus étaient soutenues par des cordons de buz (Esther 1.6) et Mardochée fut revêtu d’un manteau de pourpre et de buz (Esther 8.15) lorsque le roi Assuérus l’eut honoré du premier emploi de son royaume. Enfin on remarque qu’il y avait une manufacture de buz dans la ville de Béersabée en Palestine (1 Chroniques 4.21). J’ai peine à me persuader que du temps de David et de Salomon la soie du poisson pinnes eût pu être si fréquente en ce pays-là ; il fallait pourtant que le buz fût différent du lin ordinaire, puisqu’au même lieu où l’on dit que David avait un manteau de byssus, on lit aussi qu’il portait un Ephod de lin. Voyez aussi ci-après l’article coton [Le byssus, dit M. Drach (sur Esth., 1,6), était une étoffe précieuse, que les uns assimilent au lin le plus fin, d’autres au coton, à la ouate, à la toile d’abeste, et même à la soie, qui était totalement inconnue aux anciens. Tant de variations peuvent faire croire que, sous la dénomination générique de byssus, les anciens entendaient les étoffes les plus rares et les plus précieuses] [Suivant M. Letronne, Forster, de Bysso, et Larcher, traduction d’Hérodote, tome ll, page 357, ont prouvé que le byssus était le coton] [Mais, suivant M. James Thompson, M. Bauer et M. Dutrochet, d’après les observations qu’ils ont faites sur les toiles qui enveloppent les momies d’Égypte, le byssus avec lequel elles ont été fabriquées, au rapport d’Hérodote, n’était pas du coton, comme le soutient M. Letronne avec Forster et Larcher, mais du lin. Voyez lin].

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