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Définition. Le terme gr, kharisma (pluriel kharismata) désigne étymologiquement et grammaticalement le résultat d’une action, l’action, de faire une grâce, de donner gracieusement, par suite : le don effectué, achevé et transmis, plutôt que l’acte de donner. Kharisma est presque une expression technique pour signifier le don gracieux de Dieu, le produit de la grâce divine (kharis) communiqué par l’Esprit divin. C’est bien le sens du mot savant : charisme, calqué servilement sur le grec. « Don spirituel » serait une traduction assez exacte, même là où le grec n’ajoute pas pneumaticon à kharisma, c’est-à-dire dans la majorité des cas (cf. cependant, Romains 1.11, où les deux termes sont associés ; et 1 Corinthiens 12.1 ; 1 Corinthiens 14.1, où c’est kharismata qui est sous-entendu, au lieu de pneumatica)
Variété des charismes. Si l’on en juge D’après les passages principaux (1 Corinthiens 12 ; 1 Corinthiens 13 ; 1 Corinthiens 14 ; passim, Romains 12.6 et suivants, Éphésiens 4.7 et suivants, 1 Pierre 4.10) variété des charismes est si grande qu’elle échappe à tout classement normal et découlant de la nature des choses. Un classement n’est, jamais tenté que par rapport à l’utilisation des Charismes (1 Corinthiens 12-14). Dans la plupart des énumérations règne un certain désordre. Ici, la prophétie est mentionnée sixième, entre le don d’opérer des miracles et celui de discerner les esprits (1 Corinthiens 12.10) ; là, elle se trouve deuxième, entre les apôtres et les docteurs (1 Corinthiens 12.28). Les charismes prodigieux : ceux de guérison, de miracle, de glossolalie, sont mêlés aux simples talents (1 Corinthiens 12.8-10 ; 1 Corinthiens 12.28-30) Parmi les pouvoirs extraordinaires, on peut mentionner : celui d’exorciser (Marc 16.17 ; Actes 16.18 ; Actes 19.12), de condamner et de punir (Actes 5.1-11 ; Actes 13.9-11 ; 1 Corinthiens 4.21 ; 1 Corinthiens 5.5). Parmi les autres, on rencontre tous les talents, toutes les dispositions heureuses et toutes les vertus, depuis les plus remarquables jusqu’aux plus ordinaires (Galates 5.22 et suivant, 1 Corinthiens 7.7 ; 1 Corinthiens 7.12 ; 1 Corinthiens 7.13 ; 1 Corinthiens 7.14 passim, Romains 12.6 ; 1 Pierre 4.10). La vie éternelle en Christ est un charisme (Romains 6.23), et l’amour également (1 Corinthiens 13). « Charisme » exprime donc une notion très large, que l’on rencontre sous des termes encore plus généraux, en Jacques 1.17.
Unité des charismes. Une commune origine unit tous les charismes. Paul insiste fortement sur cette unité spirituelle qui doit se manifester dans la diversité (1 Corinthiens 12.4-11). Il indique un critère adéquat à la nature du charisme et qui permettra de le reconnaître parmi toutes les manifestations analogues, prodigieuses ou non, qui ne viennent point de Dieu : la glorification du Christ (1 Corinthiens 12.1-3).
Extension et transmission des charismes. Des charismes de tout genre sont répandus dans l’Église primitive, les prodigieux et les autres. Paul mentionne comme bien connus ses pouvoirs (1 Corinthiens 2.4 ; 1 Corinthiens 14.18 ; 2 Corinthiens 12.2). Extases, visions, glossolalie, miracles de guérison, de clairvoyance ou de divination sont des faits caractéristiques de tout Réveil religieux intense, et se rencontrent particulièrement dans l’Église primitive (cf. Hébreux 2.4). Partis d’inspirations divines, les charismes se transmettent (Romains 1.11) et font de nouveaux inspirés, sans distinction de rang, de castes ou de fonctions. Ils sont essentiellement démocratiques. Dans le silence d’un monde vieilli et déjà moribond, éclatent soudain des joies et des émerveillements d’enfants, des enthousiasmes juvéniles, des craintes, des allégresses et des ravissements, une puissance d’émotion, créatrice de vie. Et c’est une contagion par laquelle il semble que Dieu laisse aller son Esprit de charisme en charisme, de conversion en conversion, en une vague irrésistible.
Utilisation des charismes. Cette grande liberté des charismes ne va pas sans inconvénients. Elle risque de détruire les organisations existantes et d’arrêter celles qui sont en formation. Le danger fut particulièrement grand dans la communauté corinthienne, où certains demandaient peut-être que le charisme tînt lieu de direction, de gouvernement et d’administration. Paul cherche à rétablir l’ordre en posant quelques grands principes. Le premier, qui lui sert de règle pratique pour juger de la valeur d’un charisme, c’est l’édification de l’Église. Servir est le mot d’ordre du chrétien. Ceux qui ont été gratifiés de charismes sont eux-mêmes serviteurs de l’Église (1 Corinthiens 14 ; Romains 1.11 s, cf. Jean 7.38 ; 1 Pierre 4.10 et suivant). Les charismes sont des services (diaconiaï), des occasions de servir (Chrysostome, Hom. sur 1 Corinthiens 12.4 ; 1 Corinthiens 12.5). Chacun doit reconnaître les siens et ne pas chercher à les dépasser (Romains 12.6). Pour l’édification et le bien de l’Église, il faut que tout se fasse avec ordre (1 Corinthiens 14.34 ; 1 Corinthiens 14.40). Voir Corinthiens (1ère épître aux).
Hiérarchie des charismes. De cette règle pratique découle une classification des charismes, où les prodigieux sont subordonnés aux autres parce que moins utiles à l’édification de la personnalité chrétienne et de l’Église, parce que plus susceptibles d’être mal employés (Matthieu 7.22 ; Matthieu 24.24 ; 2 Thessaloniciens 2.9 ; 1 Corinthiens 12.3 ; Apocalypse 13.13 et suivant). Le discernement des esprits, qui permettra de juger de la valeur relative des différents charismes, est lui-même un charisme (1 Thessaloniciens 5.21 ; 1 Corinthiens 12.10 ; 1 Jean 4.1).
La pensée du Nouveau Testament présente, sur ce point, une remarquable unité. Elle s’inspire de Jésus, qui s’attache à libérer ses disciples de la préoccupation du prodige extérieur pour les conduire au miracle intérieur, aux charismes de liberté, d’amour, de résurrection et de vie éternelle.
H. Cl.
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