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À identifier avec Amouâs, petit village à une trentaine de km à l’ouest de Jérusalem (figure 81 ; carte № IX).
La localisation a été particulièrement difficile, mais semble désormais bien appuyée. On sait que la seule mention d’Emmaüs se trouve dans le Nouveau Testament (Luc 24.13). Si la plupart des manuscrits indiquent la distance de 60 stades, d’autres portent celle de 160. Or, à 60 stades de J., rien ne ressemble à un Emmaüs, ce qui n’a pas empêché d’en trouver plusieurs… Certains penchent ainsi pour el-Koubeibê (à environ 64 stades au nord-ouest) ; d’autres pour Kalôniyê (qui n’est guère qu’à 34 stades à l’Ouest), afin d’utiliser un texte de Josèphe mentionnant une « colonie » de vétérans à Ammaous (Josèphe, Guerre des Juifs, VII, 6.6). Au contraire, en maintenant la distance de 160 stades, on se trouve en possession de confirmations précieuses.
Les géographes ou topographes (Ptolémée, Théodosius, Peutinger, le Pèlerin de Bordeaux) ne connaissent qu’une cité du nom d’Emmaüs, à une vingtaine de milles de Jérusalem : ce qui correspond à Amouâs et aux renseignements de divers auteurs (ainsi saint Jérôme, qui situe Emmaus « là où commencent à s’élever les montagnes de la province de Judée ») et permet de tenir compte du détail topographique du texte des Macchabées (1 Macchabées 3.40).
Le récit d’Emmaus dans Luc est apparenté avec le « cycle de Pierre » dans les Actes, où apparaissent les villes de la Séphéla ou plaine littorale (Lydda, Joppé), et la même association se trouve dans les Macchabées (1 Macchabées 4.15), chez Josèphe (Guerre des Juifs, II, 20.4) et chez Pline (H.N., V, 14). À Amouâs enfin, les fouilles du P. Vincent ont dégagé une basilique, qui date probablement du deuxième quart du IIIe siècle, ce qui renforce singulièrement la localisation proposée.
La dernière objection contre l’identification Emmaüs = Amouâs est la grande distance qui sépare cette localité de Jérusalem. Les pèlerins ont-ils pu faire 60 km dans la même journée ? La difficulté n’existe pas pour ceux qui connaissent la merveilleuse aptitude à la marche des bédouins modernes ; les anciens ne leur étaient certainement pas inférieurs : témoins les soldats qui escortèrent Paul de Jérusalem à Antipatris et revinrent à Jérusalem, après avoir parcouru 120 km en une nuit et une journée. Pendant (Actes 23.23-31) le siège de Jérusalem par Titus, la 5e légion campa près d’Emmaüs. Au IIIe siècle la ville prit le nom de Nicopolis et fut le siège d’un évêché.
A. P.
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