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Monnaie

Dans l’antiquité, comme aujourd’hui encore chez les peuples primitifs, le simple troc était la forme ordinaire des transactions commerciales : on échangeait des bestiaux, des produits agricoles, etc. Par la suite, divers objets d’usage courant : gâteaux de sel, colliers, peaux d’animaux, tinrent lieu de « monnaie ». L’emploi des métaux, en particulier des métaux précieux, se généralisa bientôt, sous la forme de vaisselle, bijoux, armes, dont on ne se servait pas, mais qui représentaient une valeur (1 Rois 10.16). On les employait aussi à l’état brut : les vieilles peintures égyptiennes nous les montrent en fragments informes, ou en poudre contenue dans des bourses, ou bien encore en barres, en petites briques, en anneaux obtenus par la fusion. On les pesait à la balance pour en déterminer la valeur. Ce système avait un gros inconvénient : il fallait, pour parfaire les paiements, rogner sans cesse les lingots. On imagina alors de les couper d’avance en morceaux dont le poids serait déterminé. Ce progrès, constaté en Égypte, fut général dans les pays de l’ancien Orient. Toutefois, la pureté du métal et le poids des lingots n’étaient en rien garantis. C’est alors que les grands commerçants, les banquiers et les pouvoirs publics eurent l’idée d’apposer sur les lingots, ramenés à un poids fixe, une marque officielle qui serait la garantie de ce poids et de la pureté du métal. On arrive ainsi à la monnaie frappée (voir figure 161).

I La monnaie en Palestine avant l’exil

Aux temps anciens de l’histoire d’Israël, Abraham, achetant le champ de Macpéla, « pèse 400 sicles d’argent ayant cours chez le marchand » (Genèse 23.16). Le mot sicle désigne ici un poids et non une somme d’argent. Plus tard, il désignera à la fois un poids et une monnaie, comme autrefois en France, et aujourd’hui encore en Angleterre, la livre. L’or était rarement employé ; l’argent, par contre, était d’usage courant, au point que le nom propre de ce métal devint synonyme de monnaie chez les anciens, comme aujourd’hui encore dans notre langue. À l’exception de 1 Chroniques 21.25, le sicle d’or n’est mentionné dans l’Ancien Testament qu’à propos d’objets déterminés : anneaux, cuillères, etc. (Juges 8.26) qui, d’ailleurs, ont bien pu être utilisés comme monnaie. Mais l’argent est une vraie valeur ; cela se voit dans Exode 21.22 ; Exode 30.13 ; 1 Samuel 9.8, où il n’est pas question d’échanges à proprement parler. Il s’agit toujours, bien entendu, de poids d’argent et non d’une véritable monnaie au sens où nous l’entendons. Il semble bien que les pesées à la balance (Ésaïe 46.6) n’aient été réellement effectuées que pour les sommes considérables ; dans les autres cas on comptait les lingots qu’on avait pris l’habitude de couper régulièrement pour leur donner un poids à peu près fixe, facilement reconnaissable. Ainsi dans 1 Samuel 9.8, le serviteur de Saül a ce le quart d’un sicle d’argent » ; les « kesitas » de Genèse 33.19 et Job 42.11 (Version Synodale, pièces d’argent) étaient, d’après la note de Segond à propos du texte de Job, des morceaux d’or ou d’argent. Probablement aussi la « langue d’or » de Josué 7.21 (Version Synodale, lingot) était un de ces lingots préparés. On a retrouvé à Guézer, dans des couches contemporaines de Josué, deux lingots d’or en forme de langue. Le mot hébreu employé dans la Bible signifie à la fois peser et compter. Le système de poids en usage était le système babylonien. Qu’il apparaisse dans la pesée d’argent de Genèse 23.16, cela n’a rien d’étonnant puisque Abraham était originaire de la Caldée. Mais ce n’est pas un cas isolé : dans les lettres de Tell el-Amarna, écrites par les gouverneurs syriens au pharaon Amenhotep IV et à son père, plus de cent ans avant la conquête de la Palestine par les Israélites, il est fait mention de ces pesées d’or et d’argent d’après l’étalon babylonien. Ce système prévalut longtemps en Palestine et en Syrie. Cependant, si l’étalon babylonien fut conservé, pour les pesées d’or, jusqu’à l’époque du Nouveau Testament, il céda la place, de bonne heure, pour les pesées d’argent, à l’étalon phénicien en usage dans les villes de la côte : Tyr, Sidon, etc., qui contrôlaient le commerce palestinien. Il y eut donc deux systèmes différents : l’un pour l’or (babylonien), l’autre pour l’argent (phénicien). Le premier était un système sexagésimal dont l’unité était la mine (Ézéchiel 45.12). Il y avait pour chaque unité deux poids, un lourd et un léger, de moitié moins fort (voir Poids et mesures). La mine lourde pesait 818 gr et la mine légère 406 grec ; elle contenait 60 sicles, et 60 mines faisaient un talent. Le sicle lourd pesait 16,36 grec et le sicle léger 8,18 grec Mais peu à peu l’influence du système décimal se fit sentir et il s’établit une sorte de compromis : il y eut alors une mine de 50 sicles, ce qui donnait 3 000 sicles au talent, celui-ci étant toujours de 60 mines. Exode 38.25 le confirme, puisque le total des offrandes pour 603 550 hommes, à raison de un demi-sicle par tête, s’élevait à 100 talents 1 775 sicles : 603 550/2 = 301 775 sicles et 301 775/3000 = 100 talents 1 775 sicles. La mine de 50 sicles et le talent correspondant servirent exclusivement pour les poids de métaux précieux. Le poids d’or était généralement remplacé par un poids d’argent équivalent, calculé en tenant compte du rapport entre les valeurs des deux métaux qui fut, pendant très longtemps, de 13 ⅓ à 1. De plus, pour la commodité des opérations, le poids fut partagé en 10 parties égales qu’on appela sicles d’argent. Ils valaient (16,36 x 13 ⅓)10 = 21,81 grec en poids lourd et 10,91 grec en poids léger. Mais dans les villes commerçantes de la côte méditerranéenne on avait une autre manière de calculer : le poids d’argent équivalant au sicle d’or était partagé en 15 parties égales, ce qui donnait un sicle de (16,36 X 13 ⅓)15 = 14,54 grec en poids lourd et 7,27 g en poids léger. Ce sicle d’argent de 14,54 grec qu’on peut appeler sicle phénicien est couramment employé pour les pesées d’argent, le sicle babylonien étant exclusivement réservé aux pesées d’or. Sous le nom de « sicle sacré », il sera, en Palestine, l’unité de poids pour le paiement de l’impôt du Temple jusqu’au jour où, la monnaie frappée faisant son apparition, il deviendra l’unité monétaire. La mine est rarement nommée dans la Bible ; les poids d’or et d’argent sont généralement exprimés en sicles. L’emploi de cette unité était si général qu’en maints endroits (Genèse 37.28 ; Juges 17.2 et suivants, etc.) le mot sicle, rétabli par nos versions, est omis dans le texte hébreu après l’énoncé de la somme. Le tableau suivant donne les unités de poids de métaux précieux employés comme monnaie, avant l’exil, ainsi que leur valeur approximative en francs-or.

Or Argent
Poids Valeur Poids Valeur
Sicle 16,36 gr 56 fr 14,54 gr 3.40 fr
Mine (50 sicles) 818 gr 2 800 fr 727 gr 17 fr
Talent (3000 sicles) 49 077 gr 168 000 fr 43 620 gr 10 200 fr

II Monnaies perses

Les Juifs qui rentrèrent en Palestine en 538 formèrent, dans leur pays dévasté et occupé par des étrangers, une petite colonie dont le trafic intérieur était peu important et le commerce extérieur presque nul. Très probablement les transactions y étaient réglées, comme avant l’exil, au moyen de barres ou de lingots de métaux précieux sans aucune marque officielle. L’apposition d’une telle marque, garantissant et la pureté du métal et le poids des lingots, fait de ceux-ci une monnaie au sens où nous entendons ordinairement ce mot. L’invention de la monnaie frappée est attribuée aux Lydiens et n’est pas antérieure au vu 6 siècle avant Jésus-Christ : c’est à cette époque que les premières monnaies proprement dites commencent à circuler dans les ports grecs. Les Phéniciens, grands trafiquants, se familiarisèrent de bonne heure avec ces monnaies, mais il est peu probable qu’elles se soient répandues en Palestine avant l’exil. C’est vraisemblablement une monnaie perse qui circula tout d’abord après le retour ; la Palestine était alors une province de l’empire perse, et Darius Ier avait fait frapper des monnaies d’or et d’argent. Les premières, appelées de son nom, les dariques (1 Chroniques 29.7 ; Esdras 2.69 ; Néhémie 7.70), étaient des sicles légers pesant à peu près 8,42 grec et valant de 25 à 30 fr-or ; elles portaient l’effigie du roi de Perse sous les traits d’un archer (figure 162). La monnaie d’argent s’appelait siglos (même origine que sicle) ; mais elle représentait en réalité un ½ sicle pesant 5,58 grec et valant 1/20 de darique, entre 1,35 et 1,50 fr-or. Les 40 sicles de Néhémie 5.15 peuvent être de ces sigloï, mais ils peuvent être aussi des sicles phéniciens de 14,54 grec, environ 3,40 fr-or.

III Monnaies phéniciennes

Le droit de battre monnaie était une prérogative royale jalousement gardée. Les cités phéniciennes de la côte : Tyr, Sidon, etc., obtinrent cependant le droit de frapper des monnaies d’argent. Ces monnaies (sicles ou statères) avaient naturellement pour base le vieil étalon phénicien de 14,54 grec Le poids effectif du sicle, ou tétradrachme, comme on l’appelait usuellement, était légèrement au-dessous de ce poids normal. Le sicle de Tyr portait, à l’avers, une chouette (rappelant les monnaies athéniennes), et au revers un dauphin ou l’effigie du dieu Melkart, monté sur un cheval marin. Le double sicle et le demi-sicle de Sidon portaient, d’un côté un bateau, de l’autre le roi de Perse conduisant un char (figure 166), ou le même, à pied, tuant un lion. L’intérêt particulier de ces monnaies pour l’histoire biblique, c’est qu’elles représentent matériellement le sicle sacré des Israélites, prescrit par P (code des Prêtres) comme unité monétaire de la communauté post-exilique (Lévitique 27.25), spécialement pour le paiement de l’impôt du Temple, fixé à ⅓ de sicle au temps de Néhémie (Néhémie 10.32) et finalement ramené à un demi-sicle (Exode 30.13). Le Talmud spécifie que tous les paiements dépendant du sicle sacré devront se faire en monnaie phénicienne. Ceci justifie la présence des changeurs (voir ce mot) à l’entrée du Temple de Jérusalem (Matthieu 21.12). D’après Exode 30.13 ; Ézéchiel 45.12, etc., ce sicle se divisait en 20 guéras (littéralement, petits grains de fèves), menue monnaie mal connue, assimilée par LXX à l’obole grecque (voir Obole).

IV Monnaies d’Alexandre et des Séleucides

La conquête de la Syrie par Alexandre y introduisit naturellement ses monnaies d’or, d’argent et de bronze. Le statère d’or était frappé sur l’étalon grec de 8,52 grec On l’a retrouvé de nos jours un peu partout, de l’Inde à la Lithuanie. Sa valeur était à peu près celle du darique (25 à 30 fr-or). Il portait d’un côté la tête d’Athéna casquée, et de l’autre une victoire ailée, avec l’inscription : « du roi Alexandre » (figure 163). La tétradrachme d’argent représentait le plus souvent Héraklès jeune avec la peau du lion, et, au revers, Jupiter olympien assis sur son trône et tenant un aigle, avec la devise : « d’Alexandre » (figure 164). Lors du partage qui suivit la mort d’Alexandre, la Palestine fut rattachée à l’Égypte et eut alors, de 301 à 198, les monnaies des Ptolémées. Celles-ci, reproduisant les devises d’Alexandre, étaient frappées non plus sur l’étalon grec, mais sur l’étalon phénicien qui était celui des cités florissantes de la côte méditerranéenne ; ceci facilita leur diffusion en Palestine où la monnaie phénicienne était toujours la monnaie du Temple. En 198, Antiochus III, roi de Syrie, enlève la Palestine à l’Égypte. Les Séleucides gardent les monnaies d’Alexandre, en modifiant simplement la légende : « de Séleucus roi », mais, à l’inverse des Ptolémées, ils gardent aussi l’étalon grec dont la base était la drachme. Celle-ci pesait environ 4,32 grec et valait un peu moins de 1 fr-or ; mais à cette époque, en Syrie, la drachme et la tétradrachme restent un peu au-dessous de cet étalon : ainsi la drachme de Tobit 5.15 ; 2 Macchabées 4.19 ; 2 Macchabées 12.43, et le talent de 6 000 drachmes dont il est parlé dans les deux livres des Macchabées. À la même époque, Tyr et Sidon, indépendantes des Séleucides, continuaient à émettre leurs propres monnaies, qui se répandaient en Palestine pour les raisons déjà indiquées. Un sicle ou tétradrachme de Tyr, frappé en 126 avant Jésus-Christ, à l’image de Melkart et d’un aigle posé sur une proue de vaisseau (figure 167), était très populaire parmi les Juifs pour le paiement de l’impôt du Temple.

V Monnaies de l’indépendance juive

En 142, les Juifs ont secoué le joug des Séleucides ; le dernier des Macchabées, Simon, gouverne sous le titre de « grand-prêtre, chef du peuple et général des Juifs ». Dès 139-138, Antiochus VII l’autorise à frapper des monnaies (1 Macchabées 15.6). Les premières monnaies nationales juives font ainsi leur apparition. Elles ne portent pas d’effigies humaines, qui avaient toujours dû scandaliser les Juifs stricts, mais des symboles religieux : faisceaux de branchages rappelant la fête des Tabernacles, palmes, baquets de fruits, une coupe (peut-être allusion à Exode 16.33, qui renfermait la manne du sanctuaire) et une inscription en caractères hébraïques : « Rédemption de Sion », avec l’année du pontificat. Des pièces de bronze de ¼ et ½ sicle auraient été émises au temps de Simon, et de plus petites sous son successeur Jean Hyrcan. Il existe aussi un sicle et un demi-sicle en argent, portant à l’avers une coupe et au revers une branche de lis à 3 fleurs avec l’inscription : « Sicle d’Israël. Jérusalem la Sainte » (figure 168). Mais la question n’est pas résolue de savoir si cette monnaie a été frappée entre 141 et 135 par Simon (ce serait alors la première monnaie juive) ou si elle n’appartient pas à une époque beaucoup plus récente, celle de la grande révolte contre les Romains, de 66 à 70 après Jésus-Christ. Si l’on adopte cette dernière solution, la plus ancienne monnaie juive bien déterminée serait une petite pièce de bronze, frappée sous Jean Hyrcan (135 à 104) et portant la mention : « Jean le Grand-Prêtre et la nation juive ». Le titre de roi apparaît avec Alexandre Jannée (103-76), qui grave sur ses monnaies : « Jonathan, le roi », et ajoute à la légende hébraïque une légende grecque : « d’Alexandre le roi » (figure 169). Ici l’inscription hébraïque au revers de la monnaie cède le pas à la légende païenne, et les symboles religieux et nationaux aux attributs de caractère païen. Il n’a pas été frappé de pièces d’argent par les successeurs de Simon, pas même par Hérode, le plus riche et le plus puissant d’entre eux.

VI Monnaies romaines.

La dynastie hasmonéenne prend fin en 37 avant Jésus-Christ. Les Hérodes (voir article) gouvernent le pays en vassaux des Romains. Les monnaies émises par eux sont exclusivement des monnaies de bronze avec des inscriptions grecques. Hérode-Philippe II (mentionné dans Luc 3.1 ; de l’an 4 avant Jésus-Christ, à 34 après Jésus-Christ) va plus loin et frappe des monnaies à l’effigie de Tibère. Une monnaie d’Hérode-Agrippa Ier (cf. figure 174) porte l’inscription : « Roi Agrippa, le grand ami de César », qui rappelle l’observation des Juifs à Pilate : « Tu n’es pas l’ami de César » (Jean 19.12). Hérode-Agrippa II, devant qui saint Paul comparut à Césarée, frappa aussi des monnaies à l’effigie de plusieurs empereurs romains (figure 175) au cours de son long règne (48-100). De 6 à 59, la Judée fut administrée directement par des procurateurs (Il n’y en eut pas moins de 14). Ces procurateurs frappèrent aussi des monnaies, qui se distinguent des monnaies hérodiennes en ce qu’elles n’offrent aucun caractère de nature à offenser les sentiments religieux des Juifs (figure 177). Le droit d’émettre des monnaies d’or était exclusivement réservé à l’autorité impériale. En fait, d’ailleurs, depuis 53 avant Jésus-Christ, l’unité romaine : le denier, avec ses subdivisions de bronze, l’as,
le quadrant (voir plus loin, paragraphe suivant), était devenue la monnaie légale, sauf pour les affaires du Temple. Ce denier était presque égal en poids à la drachme syro-grecque (unité d’argent de tout l’empire séleucide). Il valait environ 0,875 fr-or, et les deux monnaies étaient regardées comme d’égale valeur : dans les affaires, 4 deniers étaient ordinairement l’équivalent de la tétradrachme d’Antioche. La monnaie d’or était l’aureus, dont le poids était d’un peu plus de 8 grec, et qui valait environ 25 fr-or. En même temps que ces unités impériales, on continuait à frapper, à la Monnaie d’Antioche, des drachmes et des tétradrachmes. Au temps de Jésus, Tyr continuait aussi à émettre des monnaies d’argent et de bronze, tétradrachmes et sicles du vieil étalon phénicien, toujours recherchés en Palestine, comme étant l’équivalent le plus proche du sicle sacré. Au temps de la révolte (66-70), le grand-prêtre et le Sanhédrin frappèrent des monnaies d’argent (figure 179) et de bronze. La monnaie de bronze portait d’un côté une amphore avec l’année du pontificat, et de l’autre une feuille de vigne avec des vrilles et ces mots : « Délivrance de Jérusalem ». Après la destruction de Jérusalem en 70, Vespasien frappa une monnaie commémorative avec la légende : « La Judée captive » (figure 180). Un sicle représentant la Belle Porte du Temple (figure 181) doit être assigné à l’époque de la seconde révolte juive, celle de Bar-Cochébas contre la Rome d’Adrien (132-135). Celui-ci, en faisant de Jérusalem la colonie romaine d’Ælia Capitolina, frappa une médaille à cette occasion (figure 182).

VII Monnaies dans le Nouveau Testament

Dans Matthieu 10.9 il est fait allusion aux trois types de monnaies en circulation : or, argent, bronze. L’aureus, pièce d’or de 25 à 30 fr-or (figure 171), n’est pas directement nommé dans le Nouveau Testament ; les monnaies de cuivre d’Hérode le Grand (figure 172) n’y sont pas non plus mentionnées. Par contre il y est souvent question du denier, pièce d’argent valant un peu moins de 1 fr-or (0,875). Il faut tenir compte, si l’on veut se faire une idée juste de ces valeurs, du pouvoir d’achat qui était beaucoup plus grand qu’à notre époque. Ainsi le denier était le salaire normal d’un ouvrier au temps de Jésus (Matthieu 20.13), ou la dépense moyenne d’une journée (Luc 10.35). Un denier caractéristique de ce temps est celui avec lequel on payait le tribut romain et qui servit de prétexte à la question des pharisiens (Matthieu 22.19). Il devait être à l’effigie de l’empereur Tibère et porter l’inscription latine : Ti[berius] Caesar Divi[ni] Aug[usti] F[ilius] Augustus, et au revers : Pontif[ex] Maxim[us] = Tibère, César Auguste, fils du divin Auguste, grand-prêtre (figure 176). La drachme grecque est nommée seulement dans Luc 15.8. Pour les usages courants elle équivalait au denier, mais dans les paiements officiels elle était tarifée à 3/4 de denier. Les 50 000 pièces d’argent de Actes 19.19 seraient ou des deniers ou des drachmes. La didrachme est mentionnée une fois (Matthieu 17.24) ; c’était une pièce de 2 drachmes de l’étalon phénicien, déjà très rare à cette époque. L’usage s’était établi de se joindre à une autre personne pour payer l’impôt du Temple de un demi-sicle, en donnant une tétradrachme phénicienne pour les deux : c’est le statère de Matthieu 17.27. Les 30 pièces d’argent de Matthieu 26.15, pour lesquelles Judas trahit Jésus, étaient aussi probablement des tétradrachmes syriennes équivalant officiellement à 90 deniers, mais pratiquement à 120, soit environ 105 fr-or. Trois monnaies de bronze sont mentionnées dans l’Évangile et il y a quelques difficultés à les identifier ; le terme commun « sou », de nos versions, prête à confusion. Les leptes sont les pites de la veuve (Marc 12.42; Luc 21.2) ; la pite était la plus petite pièce en circulation, probablement une des menues pièces des Macchabées, dont la valeur était de 0,004575 fr (figure 170). Deux pites faisaient un quadrant (Matthieu 5.26, où Segond traduit « sou », et Version Synodale « obole »), qui était le quadrant romain ou une pièce locale valant 0,00915 fr ; d’après Marc 12.42, deux pites font « le quart d’un sou » (Version Synodale), un « quadrant » (Segond) exactement le quart d’un as. Cette dernière monnaie, l’as (grec assarion), est indiquée par Jésus comme le prix de deux passereaux (Matthieu 10.29; Luc 12.6 où Segond et Version Synodale traduisent « sou ») ; c’était une monnaie de bronze du système grec, probablement le dikhalcus qui, dans les affaires ordinaires, était compté comme le 1/24 du denier ou de la drachme, soit 0,0366 fr ; et 4 as faisaient un sesterce. Depuis longtemps déjà le talent et la mine ne représentaient plus, comme dans les temps anciens, des poids d’or ou d’argent en lingots ; tous deux étaient alors des valeurs monétaires bien définies. Le talent contenait 6 000 deniers ou drachmes et valait 240 aurei. Les 10 000 talents (Matthieu 18.24 ; Matthieu 18.28) représentaient donc une somme fabuleuse (69 millions) en comparaison des 100 deniers (87,50 fr-or). La mine de Luc 19.13 était le 1/60 du talent et contenait 100 deniers ou drachmes ; elle avait donc une valeur d’environ 90 fr-or. En Palestine à l’époque de Jésus, les changeurs (voir ce mot) prenaient en dépôt des sommes d’argent dont ils servaient les intérêts ; Jésus y fait allusion en parlant de banque et de banquiers (Luc 19.23 ; Matthieu 25.27). Voir aussi Usure.

Tableau des Monnaies mentionnées dans le Nouveau Testament (Toutes les valeurs sont données en francs-or).

Monnaies d’argent
Drachme ou Denier 0,875 fr
Didrachme 1,75 fr
Sicle, Statère, Tetradrachme 3,50 fr
Monnaies de bronze
As 0,0366 fr
Quadrant (¼ d’as) 0,00915 fr
Lepte (1/8 d’as) 0,004575 fr
Monnaies de compte, non effectives
Talent (6 000 deniers) 5250 fr
Mine (100 deniers) 87,50 fr
Mont  

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