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(grec sinapi). Ce mot peut désigner diverses plantes de la famille des Crucifères fournissant le condiment du même nom ; ce sont surtout des espèces du genre sénevé (sinapis), et tout particulièrement le sinapis nigra, ou moutarde noire, très commune en Palestine, notamment aux abords du lac de Galilée. Herbe annuelle, à tige rameuse ; feuilles inférieures lyrées, celles du sommet entières, pétiolées ; fleurs jaunes, rapprochées, à sépales étalés ; fruits (siliques) glabres dressés contre la tige. La moutarde n’est nommée dans la Bible qu’en deux occasions, au cours des enseignements de Jésus :
De même, en prenant à la lettre la description de l’« arbre dans les branches duquel les oiseaux font leurs nids », on a cru qu’elle ne pouvait s’appliquer au simple pied de moutarde, et l’on a dit que Jésus avait en vue une plante arborescente des climats tropicaux qui se trouve dans le bassin torride de la mer Morte, et très rarement au bord du lac de Galilée : le salvadore de Perse, que les Arabes appellent khardal comme la moutarde. Ce salvadora Persica Garcin est un arbuste de la famille des Salvadoracées, dont la racine et l’écorce sont âcres et vésicantes et le fruit comestible, d’une saveur aromatique âcre, comme la moutarde. Mais là encore il ne faut pas presser rigoureusement le sens du langage populaire de Jésus ; l’arbre en question était beaucoup trop rare en Palestine pour avoir pu servir à une comparaison familière, et la description de la parabole s’applique évidemment à une plante annuelle ou bisannuelle, qu’on sème, et non à une plante vivace comme le salvadore. La moutarde elle-même, qui en France ne dépasse guère 1 m ou 1 m 50, peut atteindre 3 m sur les rives du Jourdain ; on en a vu des exemplaires dépassant la tête d’un homme à cheval. En style oriental, une telle plante peut être appelée arbre, dans le sens d’arbrisseau, surtout quand on la compare aux légumes (Marc Matthieu) et autres plantes cultivées de jardin (Luc).
Quant aux oiseaux, ils s’assemblent en effet sur les branches quand les fruits mûrs s’entr’ouvrant baissent tomber les graines, dont ils sont très friands. Mais c’est encore probablement dépasser le sens du verbe original que de le traduire par font leurs nids (voir ce mot) alors qu’il signifie simplement se posent, ou, tout au plus, demeurent ; après la Vulgate, Lasserre traduit habitent ; Cramp, et Bible du Centenaire : s’abritent. Cette description des oiseaux est du reste encore une citation proverbiale, faisant allusion à Ézéchiel 17.23 ; Psaumes 104.12 ; il n’y faut donc pas chercher une absolue rigueur de termes.
Les Pères de l’Église, comme Hilaire de Poitiers, ont parfois tiré des applications spirituelles de l’usage de cette plante dans la médecine : l’antiquité connaissait déjà les propriétés révulsives de la farine de graines de moutarde, en sinapismes (du grec sinapis) ; les Évangiles n’y font aucune allusion.
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