A B
C D
E F
G H
I J
K L
M N
O P
Q R
S T
U V
W X
Y Z
C’est le nom donné au pays habité autrefois par les Israélites. Il dérive de l’hébreu Pelèchèt, pays des Philistins, que les Grecs appliquaient à la région côtière d’abord, et qu’ils ont étendu, ensuite, à toute la contrée (c’est par erreur que le vieil Ostervald et Mart, lisaient : Palestine, au lieu de Philistie, dans Exode 15.14 ; Psaumes 60.10 ; Psaumes 108.10, etc. ; l’appellation de Palestine est postérieure à l’époque grecque).
On nomme aussi cette région : Canaan, ou pays de Canaan, du nom, très ancien, des premières tribus qui s’y établirent au début des temps historiques ; Terre d’Israël, en souvenir du surnom donné au patriarche Jacob ; Judée, appellation qui fut surtout employée par les Romains ; Terre promise, qualificatif qui rappelle les promesses faites à Abraham ; Terre sainte, expression employée d’abord par les Juifs alexandrins et par les chrétiens à partir du IIe siècle ; Terre de l’Éternel, Pays biblique, etc.
La Palestine au temps de Josué et des Juges Voir Atlas 17
La Palestine sous la Royauté Voir Atlas 18
La Palestine au temps de Jésus-Christ Voir Atlas 16
La Palestine Moderne Voir Atlas 19
La Palestine à vol d’oiseau Voir Atlas 21
Il est difficile de déterminer d’une manière précise les anciennes limites de la Palestine, car elles ont beaucoup varié au cours de l’histoire d’Israël. Lorsque les auteurs israélites indiquaient les frontières de leur pays, ils se servaient de deux formules équivalentes qui les résumaient dans leurs grandes lignes : « De Dan à Béer-Séba » (Juges 20.1) ou « des environs de Hamath jusqu’au torrent d’Égypte » (1 Rois 8.65).
La Palestine est un quadrilatère allongé, mesurant 240 km de long sur 120 de large environ. Elle représente, en gros, la superficie de quatre départements français ou les trois-quarts de la Suisse.
Au Nord, elle avait pour limite le cours inférieur du Nahr el-Litani, l’ancien Leontes, « le fleuve de la séparation » ; les derniers contreforts du Liban et de l’Hermon.
À l’Est, la contrée volcanique du Hauran. Elle suivait la piste appelée « route des Pèlerins », et, plus bas, le plateau de Hamad, vaste désert de pierres et de sables. Elle atteignait l’échancrure de l’oued el-Môdjib, l’ancien torrent de l’Arnon, qui séparait les tribus d’Israël du pays de Moab.
Au sud, elle descendait beaucoup plus bas que la mer Morte, formant un arc de cercle vers Kadès (Aïn-Koudeïs) dans le Négeb, puis remontait en suivant l’oued el-Abyad qui se jette dans l’oued el-Arîch, l’ancien « torrent d’Égypte ».
À l’Ouest, elle est limitée par la frontière incertaine de la Philistie et les rives de la Méditerranée. Sa situation en faisait le trait d’union naturel entre la Babylonie et l’Égypte, deux pays de vieille culture. Pourtant, de par sa topographie accidentée, elle était relativement isolée. Elle offrait une certaine imperméabilité, non seulement aux influences étrangères, mais aussi aux invasions ; elles étaient obligées de suivre les plaines côtières, qui les écartaient du cœur du pays.
Voir Atlas 20 Les traits caractéristiques du relief qui constituent comme l’ossature de la Palestine sont très simples dans leurs grandes lignes. Ils forment 4 bandes longitudinales parallèles :
Elle s’infléchit légèrement du nord-nord-est au sud-sud-ouest et prend trois aspects différents :
Entre le littoral et la montagne s’étend une plaine fertile constituant une grande unité géographique mais dont les trois parties portent des noms différents. Elle commence par une étroite bande qui s’élargit en descendant du nord au sud où elle se confond avec les steppes du désert de Tih. Elle est coupée, sensiblement au tiers de sa hauteur, par la chaîne du Carmel au pied de laquelle se développe la plaine d’Esdrelon ou de Jizréel, la « mer d’émeraude », formée de sables et d’alluvions fertiles lardés de nombreux épanchements volcaniques. Elle est arrosée par le Nahr el-Moukatta, l’ancien torrent de Kison que Débora a chanté (Juges 5.21). Du Carmel à Jaffa s’étend la plaine du Saron, dont les auteurs bibliques célèbrent la beauté et la fertilité (Ésaïe 35.2). Elle est arrosée par de nombreux cours d’eau dont les plus importants sont le Nahr ez-Zerka (le fleuve aux crocodiles) et le Nahr el-Fâlik qui forme un large étang marécageux. Au sud de Jaffa se trouve la Séphéla, dont une partie, ancienne plage soulevée, est plate et sablonneuse, et dont l’autre est formée de collines peu élevées qui rejoignent insensiblement les collines du désert de Paran, tandis que la plage sablonneuse, coupée par l’oued Gazzeh (Bésor) et l’oued el-Arîch, se prolonge par les steppes de Sur. C’est le pays où s’exerça l’activité de Samson. Les plaines côtières constituent aussi la grande voie d’invasion de la Palestine. C’est là que passèrent les armées des Thoutmès, des Ramsès, des Sennachérib, des Alexandre, des Saladin, conquérants anciens, et aussi celles des Napoléon, des Allenby, conquérants modernes.
Zone montagneuse, qui se développe entre la plaine maritime et le fossé central du Jourdain et de la mer Morte. Elle comprend trois massifs principaux, de constitution géologique analogue, mais d’aspects assez différents : les montagnes, au Nord, de Galilée ; au centre, de Samarie ; et au sud, de Judée.
(voir ce mot) Il est séparé du Liban par la coupure profonde du Nahr el-Kâsimîyé (dernier coude du fleuve Litani). Le Liban (voir ce mot), longue et haute chaîne massive, sombre et découpée. Il possède les sommets les plus élevés de Syrie (plus de 3 000 m). Les monts de Nephthali et de Galilée prolongent le Liban. Avec eux on entre dans le territoire palestinien proprement dit. Ils ont un aspect très différent du Liban. Formés de calcaires crayeux et de marnes de couleur blanchâtre, non seulement ils sont moins élevés, mais ils donnent moins nettement l’impression d’une chaîne. Ils constituent un ensemble de montagnes bizarrement enchevêtrées et d’une orientation générale imprécise. Les plus hautes de ces montagnes : djebel Heider (1 049 m), dj. Djermak (1 198), dj. Adathir (1 006) forment la Haute-Galilée. Le deuxième groupe de montagnes, de moitié moins élevées, Basse-Galilée. Ce sont celles des environs de Nazareth (560 m) et le Thabor (562 m), dont le sommet isolé forme une élégante coupole. Une petite rangée d’élévations longe le bord du Jourdain. Cette région, dont le sous-sol renferme de nombreuses sources et dont le climat est plus humide que celui du sud, a toujours été fertile. On l’a appelée quelquefois « la riche Galilée », par opposition à « la pauvre Judée ».
Le réseau de collines est interrompu par la riche plaine d’Esdrelon ou de Jizréel (voir ces mots), qui s’avance comme un coin, au cœur même du pays. C’est la « trouée de Judée », la « clé stratégique de la Palestine ». C’est à Méguiddo que les pharaons Thoutmès III et plus tard Néco luttèrent contre les armées du nord. C’est sur les bords du Kison que se livrèrent des combats sous Débora ; c’est au mont Guilboa que furent tués Saül et ses fils, et Bonaparte livra bataille aux environs du mont Thabor. Aussi le cours d’eau qui traverse la région a-t-il pris le nom de Nahr el-Moukatta = rivière du massacre.
(voir ce mot) Elles constituent le massif central de la Palestine, dont le noyau est formé par les deux pointements tertiaires de l’Ébal et du Garizim (voir ces mots). L’Ebal (dj. Eslamîyé, 938 m) est couronné par un plateau sur lequel Josué érigea un monument de pierres. Le Garizim (dj. et-Tour, 868 m) est surtout constitué de calcaires nummulitiques. Les Samaritains y construisirent leur grand temple. À ces montagnes centrales vient s’articuler au nord-est la chaîne, en arc, formée par le dj. Akra et le dj. Foukoua dont fait partie le célèbre mont Guilboa ; elle est séparée des dernières collines de Galilée par la vallée encaissée du Nahr Djâloud qui passe à Beisân. Au nord-ouest diverge obliquement la longue arête du Carmel, dont le point culminant atteint 518 m. Elle s’avance vers la mer et forme un promontoire escarpe, môle naturel, qui abrite la baie de St-Jean d’Acre. Au sud et au sud-ouest de l’Ébal et du Garizim s’irradient un grand nombre de petites chaînes secondaires divergentes qui délimitent des vallées plus ou moins fertiles.
(voir ce mot) Ils sont formés par des calcaires crétacés constituant un massif compact et compliqué de montagnes, rocailleuses et sauvages, dont les points culminants forment une chaîne allongée dans la direction générale nord-sud. Ils sont comme « l’épine dorsale » de la Palestine.
On distingue dans cet ensemble un premier massif, au nord de Jérusalem, à peine séparé du reste par une entaille, celle de l’oued Bodros qui s’ouvre dans la plaine en face de Lydda. On y remarque : les hauteurs de Kouriout (720 m) près de Silo, Tell Ajour (960), Béitin (880), Bîré (890). Très souvent le sommet de ces montagnes porte un village dont les champs sont au pied.
Le deuxième massif va de Jérusalem (755 m au St-Sépulcre) à Hébron (el-Khâlil, 927 m). Les sommets les plus élevés de la chaîne varient entre ces deux hauteurs : Tekoûa (850 m), djebel Ferdès (la montagne des Francs, 759 m), Tell Zîf (862 m).
À partir d’Hébron, les altitudes diminuent progressivement, en allant vers le sud. Les dernières hauteurs de Judée finissent par se confondre avec les basses collines des déserts iduméens de Sur et de Paran ; ce sont plutôt des steppes ou des landes arides que de véritables déserts, car les troupeaux peuvent encore y pacager en certaines saisons. Le midbâr de la Bible n’est pas le désert absolu des géographes (voir Désert). La véritable zone désertique ne commence que plus près des montagnes sinaïtiques, au désert de Tih, le « désert de l’égarement ». L’ensemble des landes steppico-désertiques du sud de la Judée constitue le Négeb (voir ce mot), le pays sec du Midi palestinien.
Quelques torrents asséchés une très grande partie de l’année drainent les eaux de pluie de cette région : le Sorek (oued Sarar) et le Bésor (oued Gazzeh), l’oued Abyad qui se jette dans le « torrent d’Égypte » (oued el-Arîch).
Du flanc oriental de l’arête centrale des monts de Juda se détachent les collines parallèles qui aboutissent aux rives de la mer Morte, où elles forment une bordure de falaises à pic. Leur aspect dénudé, leur aridité leur ont fait donner le nom de « désert de Juda ». Les collines qui se détachent du côté occidental, vers la Méditerranée, laissent entre elles, au contraire, des plaines plus ou moins fertiles. Elles vont former, en s’abaissant très progressivement, la région des coteaux de la Séphéla.
Dénommée par les Arabes el-Ghôr, signifiant : terre basse, elle constitue une dépression occupant une partie de la grande fissure qui va du Taurus à la mer Rouge, connue sous le nom de fossé ou couloir syro-africain. Il a été produit par un long effondrement consécutif à une dislocation terrestre longitudinale.
La vallée débute au Merdj Ayoûn, signifiant : plaine des sources, à l’extrémité de laquelle se rejoignent les 3 sources principales du Jourdain qui naissent des contreforts du mont Hermon : source d’Hâsbeiyâ ; de Tell el-Kâdi, près de Dan ; et de Banias, l’ancienne Césarée de Philippe. Le cours d’eau qu’elles forment prend le nom de Jourdain (voir ce mot), qui se jette d’abord dans le petit lac Hoûlé. Celui-ci, de forme triangulaire, a 5 ou 6 km de long, sur autant de large. Ses rives sont entourées d’épais marécages, surtout au nord Les auteurs bibliques appellent tout cet ensemble « les eaux de Mérom » (voir ce mot). De ce lac, d’une altitude de 2 m au-dessus de la Méditerranée, au lac de Tibériade qui est à 210 m au-dessous, le cours du fleuve est très rapide. Il suit une gorge resserrée formée par les contreforts des montagnes de Safed et du Djôlân. Il atteint bientôt le lac de Tibériade, appelé aussi mer de Galilée ou lac de Génézareth. Cette magnifique nappe d’eau de forme ovale, entourée par un cirque de montagnes, rappelle par ses dimensions le lac de Neuchâtel (21 km de long sur 12 de large et 42-48 m de profondeur) et, par son site, le lac du Bourget. Le fleuve franchit le seuil basaltique qui barre le lac au sud et coule en serpentant dans une vallée bordée de terrasses alluviales que le fleuve a déposées au cours de son histoire. Ces terrasses s’appuient sur les flancs de chaînes parallèles aux rives. Cette vallée longue de 104 km est relativement étroite d’abord, puis elle s’élargit peu à peu. Elle reçoit comme affluents, sur la rive gauche : le Yarmouk (l’ancien Hiéromax, le Cherîat el-Ménâdireh des Arabes), l’oued Arbaîn qui passe à Tibné, le Jabbok (oued Zerka) qui coule dans une vallée bordée de lauriers-roses, et quelques autres ; sur la rive droite : l’oued Bîré qui sort du Thabor, l’oued Djâloûd qui sort du Guilboa et passe à Beisân, l’oued Fâria qui prend sa source au Garizim. À l’embouchure du Jourdain, la vallée atteint de 18 à 22 km Le fleuve se perd dans la mer Morte par deux bras marécageux. Ses rives sont couvertes d’une végétation abondante formant d’épais fourrés qui contrastent avec les bords désolés de la mer Morte.
La mer Morte (lac Asphaltite, mer de Lot), de forme allongée, a 75 km de long sur 16 de large dans ses plus grandes dimensions ; elle est un peu plus étendue que le lac Léman. Sa surface, d’un bleu indigo, est à 394 m au-dessous de la Méditerranée, et comme l’eau a une profondeur maxima d’environ 400 m, le fond est à 794 m au-dessous du niveau de la Méditerranée. Les eaux de la mer Morte (voir article) sont chargées de sels divers. Elles sont si denses que le corps humain immobile ne peut s’y enfoncer complètement. Les espèces qui peuvent y vivre sont relativement peu nombreuses, ce qui, ajouté à la chaleur torride de ses bords encaissés, explique le silence et la désolation de ses plages. Celles-ci sont surplombées à l’ouest par de hautes falaises, derniers contreforts des monts de Juda dont les éperons avancés forment des promontoires ; à l’est par les monts Abarim avec le Nébo, et les monts de Moab. Ces chaînes présentent de longues coupures transversales où passent les ouadi, dont les principaux sont : le Zerka Maîn dont les gorges ont une luxuriante végétation et qui reçoit les sources thermales de Callirhoé ; l’oued Môdjib (l’Arnon des anciens) qui fut longtemps la limite entre le pays d’Israël et celui de Moab.
La dépression de la mer Morte se poursuit par la plaine marécageuse de la Sebka ou Sabkha, tout imprégnée de sel, qui borde l’embouchure de l’oued el-Djeîb (360 m au-dessous de la Méditerranée). Les montures s’enlisent dans son sol mou et gluant. C’est « la vallée des Salines » où David vainquit les Edomites. Elle se continue par la longue vallée de l’oued el-Djeîb ou dépression de l’Araba (voir ce mot), « région stérile ». Elle est flanquée d’un côté par des collines gréseuses de teinte fauve, la chaîne des monts de Séir ; de l’autre, par le rebord fortement dressé du plateau désertique de Tih. Cette dépression, qui va jusqu’à la mer Rouge, est coupée en écharpe par les petites collines de Saté, formant un seuil à peu de distance du golfe Aelanitique, qui n’est lui-même que le prolongement marin du fossé syro-palestinien.
Elle s’étend à l’est du Jourdain et de la mer Morte. C’est une région de plateaux élevés et ondulés qui commencent au pied de l’Hermon (2 760 m). Elle débute par le plateau du Djôlân, l’ancienne Gaulanitide. Il est couvert de vastes nappes basaltiques rappelant les planèzes d’Auvergne, dont le sol est jonché de roches gris-noirâtre. Par endroits surgissent de petites éminences plus ou moins coniques ou pyramidales, anciens cratères qui ont déversé leurs laves sur cette étendue qu’ils ont contribué à aplanir. L’un d’eux, le Birket er-Râm, en forme de coupe, est rempli par une importante masse d’eau formant un « lac-cratère ». Une coulée descendant vers la vallée du Jourdain a constitué un seuil, barrant le fleuve et l’obligeant à s’élargir. Elle a contribué ainsi à former le lac de Galilée, qui est un « lac de barrage ». À l’est de cette contrée s’élève un massif volcanique montagneux, le djebel Hauran (voir ce mot). Le Djôlân, très étendu, se prolonge jusqu’à la coupure du Hiéromax (Yarmouk). Cette région est riche en fontaines et en ruisseaux ; les indigènes l’appellent le « pays de verdure ».
Aux plateaux basaltiques, formés de roches foncées, succèdent des plateaux calcaires, aux roches crayeuses et claires : c’est le pays de Galaad (voir ce mot), l’ancienne Pérée romaine. Elle s’étend de l’embouchure du Yarmouk à celle de l’Arnon (oued Môdjib). La première partie du plateau est l’Adjloûn, dont le point culminant atteint 1 260 m. Elle est séparée de l’el-Belkâ par le Jabbok (oued Zerka), la « rivière bleue ». Sa partie sud est formée par les monts Abarim avec le mont Nébo où mourut Moïse (Deutéronome 32.49 ; Deutéronome 32.34). Ces vastes plateaux étaient en partie couverts, autrefois, par des forêts. Ils produisaient les baumes précieux qui les ont rendus célèbres. La forêt a disparu, en grande partie, aujourd’hui. Le pays est couvert presque entièrement de riches steppes où les bédouins nomades font paître leurs troupeaux.
Au sud de l’Arnon commence le pays de Moab, appelé aujourd’hui « pays de Kérak », avec la chaîne des monts de Séir dont le mont Hor (1 328 m) est le point culminant. Aaron fut enseveli, dit-on, sur cette montagne, non loin de laquelle est construite la célèbre ville de Pétra (voir ce mot).
La division en provinces : Galilée, Samarie, Judée et Pérée, telle qu’elle existait à l’époque romaine, coïncide assez bien avec les régions naturelles et se justifie au point de vue de la géographie humaine.
Elle occupait la partie septentrionale de la Palestine sur l’emplacement des anciennes tribus de Nephthali, Asser, Zabulon et Issacar. La fertilité de son sous-sol humide, riche en sels de fer, était entretenue par des vents chargés de vapeur d’eau qui régularisaient sa température. Elle a été habitée de tout temps par de nombreuses populations, reliées entre elles et avec les peuples voisins par de multiples voies de communication. Dans la Haute-Galilée montagneuse, les villes et les bourgs se groupaient autrefois autour du lac de Génézareth : Capernaüm, Bethsaïda, Corazin, Tibériade. D’autres s’égrenaient à l’intérieur, construits le plus souvent au sommet ou au flanc de collines protectrices : Safed, Kadès en Nephthali, Nazareth, Sepphoris (l’ancienne capitale romaine), Cana. Dans la Basse-Galilée, et en particulier dans la plaine d’Esdrelon, les villages au milieu de la plaine sont rares. Ils sont sur des tells isolés au pied des chaînes de montagnes, au bord de la vallée ; tels sont : Méguiddo, Thaanac, Jizréel (aujourd’hui Zerîn), etc. La Galilée a toujours été un pays ouvert. Elle possède, depuis la plus haute antiquité, un réseau de routes à mailles nombreuses, très praticables, qui conduisent dans toutes les directions, rendent sa pénétration facile et favorisent le trafic avec les peuples voisins et particulièrement avec la Phénicie, car elle ne posséda que très tard le port d’Acco (St-Jean d’Acre). La Phénicie (voir ce mot) qui la bordait, à l’Ouest, était une langue de terre étroitement resserrée entre la mer et la montagne. Ses populations, dont l’activité était toujours arrêtée par des obstacles naturels, furent très tôt poussées vers le négoce maritime. Elles étaient concentrées dans quelques villes de la côte : Tyr, Sidon, Béryte, etc., jouissant d’une certaine indépendance qui les rendait moins dangereuses pour les Galiléens.
Elle occupait les territoires de l’ancienne tribu d’Éphraïm et de la demi-tribu de Manassé. Bien que la plus petite des quatre provinces, sa position centrale et les grandes voies de communication venant d’Égypte et d’Assyrie qui s’y croisaient lui donnaient de l’importance. Aussi comprend-on le rôle de villes comme Sichem et plus tard Samarie, la dernière capitale. Occupant en quelque sorte le carrefour de ces routes, elles étaient par là même très menacées. La population, à moitié étrangère, provenant d’une colonie assyrienne importée après l’exil pour repeupler la contrée (2 Rois 17.24 et suivants), voulait fusionner certaines pratiques païennes avec le culte israélite. Elle avait son sanctuaire destiné à concurrencer celui de Jérusalem ; d’où la haine entre les habitants de la Judée et ceux de la Samarie (voir ce mot).
Les autres villes, sauf Césarée, mauvais port sur la Méditerranée et ancienne résidence du gouverneur romain, n’ont qu’une importance historique.
Cette province formait la partie méridionale de la Palestine. Elle s’étendait sur les territoires des anciennes tribus de Juda, Benjamin, Siméon, moitié de Dan et sur une partie des déserts de l’Idumée, le pays édomite. Traversée par un puissant massif montagneux, elle présente suivant les expositions et l’orientation de nombreuses parties arides et désertiques, à côté de pâturages et de terres à blé. Elle était privée de tout rapport direct avec la civilisation méditerranéenne, coupée de la mer par le pays des Philistins, qui ne lui fut incorporé que très tard. Isolée des grandes voies de communication, d’un abord difficile et d’une altitude élevée, elle constituait une contrée fermée, un peu en marge du reste de la population. Ses villes ont très peu subi les influences étrangères et ont gardé leur caractère original et archaïque. Elles ont aussi conservé très jalousement leurs traditions dans tous les domaines.
Toutes les routes convergeaient comme des rayons vers Jérusalem (voir ce mot), qui était le véritable centre et comme le pivot de tout le pays. Pour l’atteindre, les chemins devaient s’élever à près de 1 000 m à travers une région montagneuse et sauvage semée d’obstacles naturels : défilés, ravins, coudes brusques qui rendaient la progression d’une armée assaillante difficile et la défense relativement aisée. On comprend l’importance de cette ville, capitale de la Judée et métropole de la Palestine, dont l’histoire tragique a intéressé les destinées du monde ! Elle a été successivement appelée Jébus par les Cananéens ; Sion et Jérusalem par les Israélites ; el-Kouds, signifiant : la sainte, par les Arabes.
Les principales villes oui ont joué un rôle stratégique, religieux et civilisateur en Judée sont : Bethléhem ; Hébron (el-Khâlil), l’ancienne Kirjath-Arba ; à l’ouest Gaza ; à l’est Jérico (Érîhâ) ; et au sud Béer-Séba.
Cette province, comprise dans ses limites les plus larges, était formée par les anciens territoires des tribus de Ruben, Gad, des demi-tribus de Manassé et Dan. Elle était tout entière à l’est du Jourdain et de la mer Morte. L’Hiéromax (Yarmouk), l’oued Arbaîn, le Jabbok (oued Zerka) et l’Arnon (oued Môdjib), qui coulent dans des gorges encaissées, la découpaient en plateaux ayant une certaine individualité géographique et politique. Tels étaient : la Gaulanitide (Djôlân), au nord de l’Hiéromax ; la Batanée ou pays de Basan (Noukra) au nord de l’oued Arbaîn. Plus à l’est était l’Auranitide, le pays des cratères et des laves. Au sud de l’oued Arbaîn : la Décapole (voir ce mot), qui s’étendait jusqu’à l’Arnon. C’était le célèbre pays de Galaad, aujourd’hui Belkâ. De l’autre côté de l’oued Môdjib commençait le pays des Moabites.
Le Jourdain, sans pont, n’avait que quelques gués, qui n’étaient guère praticables qu’à certaines saisons de l’année. Il a toujours constitué une barrière naturelle séparant les populations transjordaniennes du reste de la Palestine. Malgré les recommandations des grands chefs d’Israël (Josué 1.14), les tribus de l’est du Jourdain, fortement influencées par les peuples voisins, restèrent assez indépendantes et s’orientèrent dans un sens différent des tribus cisjordaniennes. La plupart des villes de la Pérée ont été des centres de résistance contre les incursions des nomades. Les plus intéressantes sont : Césarée de Philippe (Banias) au pied de l’Hermon ; Gadara (Mkeis) ; Pella (Apamée), citadelle des Séleucides ; Gérasa (Djérach), importante ville romaine dont il ne reste que de belles ruines ; Ramoth-Galaad (es-Salt), devenue le chef-lieu du district actuel de la Belkâ ; Rabbat-Ammon ou Philadelphie (Amman), ancienne capitale des Ammonites, dominée par de puissantes fortifications ; Hesbon, ancienne ville des Amoréens ; Machoerus (Mkaour), puissante forteresse qui fut le bastion avancé du pouvoir romain en Palestine. Hérode y fit enfermer et décapiter Jean-Baptiste. Enfin, au-delà de la frontière méridionale de la Pérée, Kir-Moab (el-Kérac), l’ancienne ville forte moabite, qui commandait les routes des caravanes d’Égypte ; aujourd’hui, centre musulman dont les murs de défense s’élèvent à 1 025 m (voir article à chacun de ces noms bibliques).
Pendant la longue durée des temps géologiques qui constituent les époques primaire et secondaire, la Palestine resta probablement couverte par les eaux de mers immenses dont les lignes de rivage sont inconnues. À l’emplacement de la mer Rouge, existait un continent primaire dont les chaînes granitiques et porphyriques d’Arabie seraient les derniers vestiges. Il envoyait une pointe avancée vers la mer Morte. C’est contre ces montagnes, sorte de massif central « arabo-africain », que les mers secondaires seraient venues déposer les sédiments calcaires qui forment aujourd’hui la majeure partie des terrains de la Palestine.
Tout au début du tertiaire, la mer « Eocène » s’étendait sur une partie du pays. Elle laissa déposer des couches calcaires criblées de nummulites, protozoaires en forme de menues pièces de monnaie. On en trouve sur le Carmel, l’Ébal et le Garizim. À la période « Miocène », la Palestine fut définitivement exondée. Elle formait alors une haute et large plate-forme massive, très différente de ce qu’elle est aujourd’hui. Le Jourdain, la mer Morte et la mer Rouge n’existaient pas encore. La Galilée et la Judée étaient soudées aux pays de Basan, de Galaad et de Moab. La Palestine, l’Arabie, l’Abyssinie, une partie du Soudan et la région des grands lacs, unies ensemble, formaient un continent « syro-arabo-africain », d’un climat tropical, ayant un riche réseau de cours d’eau, au bord desquels venaient s’ébattre des troupeaux de pachydermes apparentés aux hippopotames, des herbivores voisins des antilopes, traqués par des félins d’espèces diverses. Il y avait de très grands lacs séparés par de vastes forêts, dont on retrouve encore les débris silicifiés.
Vers la fin du tertiaire (Pliocène), des mouvements du sol d’une formidable ampleur viennent onduler la surface du plateau palestinien dans la direction nord-sud. Un long pli se forme, amenant des cassures longitudinales ; celles-ci provoquent l’effondrement de la partie médiane qui produit le grand fossé palestinien. Il est d’abord occupé par un lac immense, qui s’étendait depuis les marais du lac Houle jusques et y compris la dépression de l’Araba. Ces eaux recouvraient donc : les lacs Houle et de Tibériade, la vallée du Jourdain, la mer Morte, la vallée de l’oued Djeîb, jusqu’aux collines de Saté. Cette nappe d’eau appelée « bassin ou lac jourdai-nique » dépassait les limites de la Palestine : elle avait 320 km de long. C’est vers la même époque, et sans doute à la suite des mêmes contre-coups, que s’est formée la grande dislocation qui a ouvert la mer Rouge, longue et profonde déchirure séparant l’Afrique de l’Asie.
La période quaternaire est caractérisée par des pluies abondantes et la formation de glaciers sur les chaînes les plus élevées (Liban, Anti-Liban). Ces glaciers étaient peu étendus, car ils fondaient vite, en descendant dans les vallées chaudes. Les pluies étaient au contraire si fréquentes qu’on a pu appeler cette époque « période pluviale » ou « pluvio-glaciaire ». Elles produisaient de puissants cours d’eau ; ceux-ci creusent les vallées, approfondissent les gorges et entraînent des matériaux de tout ordre qui se déposent en « terrasses » au bord des rivières ou dans les grandes dépressions. L’étude de ces dépôts, sur les rives du Jourdain ou de la mer Morte, permet de distinguer trois phases. Dans la première, les eaux remplissent l’immense lac jourdainique, à un niveau très élevé : il a laissé des traces sous forme de « dépôts rubanés » accrochés aux flancs des hautes falaises (terrasse supérieure). Dans la deuxième phase, le climat ayant changé, le niveau du lac jourdainique baisse de plusieurs centaines de mètres (terrasse moyenne). Enfin, dans la troisième phase, le niveau est encore plus bas ; ses dépôts forment un ressaut visible, peu élevé au-dessus de la plaine actuelle du Jourdain (terrasse inférieure). C’est à cette période que des mouvements importants du sol fragmentent le grand lac en une série de bassins isolés : lac de Tibériade, vallée du Jourdain, mer Morte, Araba. Des fractures nouvelles se produisent, qui ouvrent le passage à des éruptions volcaniques ; elles déversent des laves et des basaltes sur le bord oriental de la mer Morte, du lac de Tibériade, dans le Djôlân et le Hauran.
Depuis la période historique, l’activité interne s’est atténuée. Elle ne se traduit plus que par des sources thermales ou salines, des émissions d’acide carbonique et des tremblements de terre. Ceux-ci sont encore fréquents, en Palestine, et se propagent suivant deux directions : l’une verticale, parallèle à la vallée du Jourdain, l’autre transversale.
Si, au lieu de considérer l’histoire géologique du sol dans le passé, on examine sa stratigraphie, c’est-à-dire la disposition des couches qui le composent actuellement, on constate qu’elles forment une série de bandes longitudinales plus ou moins irrégulières.
Au bord de la Méditerranée existe un long « cordon littoral » de formation récente. Il est constitué par des graviers, des sables et des débris coquilliers rejetés par les flots. Sous l’action des vents, ils donnent naissance à des dunes. Elles sont limitées par une longue file de terrasses alluviales quaternaires, quelquefois recouvertes de sable, et d’une grande fertilité. Elles touchent en quelques points à une série d’îlots de terrain tertiaire nummulitiques, lambeaux espacés allant du Carmel à Béer-Séba. Ils reposent sur du terrain secondaire représenté par du crétacé supérieur, qui constitue la majeure partie du sol de la Palestine et l’ossature profonde de ses montagnes. Il comprend trois étages principaux : le Cénomanien, le Turonien et le Sénonien. Ils renferment des marnes friables, des calcaires plus ou moins durs pouvant former d’énormes bancs avec ou sans silex. En Judée, il est difficile de distinguer ces couches ; on appelle leur ensemble : « calcaires de Jérusalem ». La vallée du Jourdain et celle de l’oued Djeîb, qui la prolonge vers la mer Rouge, sont constituées par des alluvions récentes et des terrasses anciennes, véritable diluvium fluviatile quaternaire. Leur limon jaunâtre fait contraste avec les couches crétacées blanchâtres qui les limitent.
La Transjordanie possède au sud, et particulièrement sur le bord oriental de la mer Morte, des formations primaires qui se rattachent à celles des monts arabiques, porphyriques et gréseux, par l’intermédiaire des monts de Séir. Ce sont les célèbres grès de Numidie, de différents âges, mais d’une teinte caractéristique, allant du jaune fauve au rouge brun. Les ouadi découpent dans leurs masses des gorges pittoresques. Si on excepte ces grès et quelques formations basaltiques de la chaîne des Abarim, de la vallée de l’oued Môdjib et de l’oued Kérac, on peut considérer que l’immense plateau de la Belkâ, l’ancien pays de Galaad aux steppes étendues, est tout entier crétacé. À partir de la rive gauche du Yarmouk jusqu’aux contreforts de l’Hermon, les plateaux du Djôlân et du Hauran sont formés de terrain volcanique aux énormes coulées. On les retrouve sous forme de dykes et pitons basaltiques clairsemés sur la rive droite du Jourdain, près de Safed, ou dans la plaine de Jizréel.
Il se rattache au climat méditerranéen caractérisé par deux saisons principales, nettement différenciées : l’une de pluie, l’autre de sécheresse, qui coupent brusquement l’année. La saison sèche (l’été) commence fin mai et se termine fin septembre. En juin, juillet, août et septembre, il pleut très rarement. À part quelques légères vapeurs et des rosées nocturnes, le ciel est presque toujours sans nuage. À partir de fin mai, la chaleur et la sécheresse vont croissant, les torrents s’égouttent et se dessèchent, la terre se fendille et se crevasse, les végétaux souffrent et languissent. La saison des pluies (l’hiver) commence en octobre. On peut la diviser en trois périodes :
Celle des pluies automnales, « les pluies de la première saison » (Deutéronome 11.14; Joël 2.23), ondées successives qui humectent le sol dur, et à la suite desquelles se font les labours et les semailles d’automne (orée et blé) ; l’herbe reverdit et quelques végétaux fleurissent ;
Celle des pluies hivernales, plus abondantes, plus constantes et plus persistantes, qui pénètrent le sol profondément, font circuler l’eau des ouadi, remplissent les citernes et alimentent les sources ;
Celle des pluies printanières, pluies tardives, « de l’arrière-saison », en mars, avril et au début de mai (Job 29.23 ; Proverbes 16.15 ; Jérémie 3.3), abondantes mais brèves (giboulées) ; elles favorisent le développement de la récolte, avant l’été, et obvient à sa sécheresse. En somme, les pluies diminuent du nord au sud et de l’ouest à l’Est, et il n’y a que deux grandes saisons caractéristiques : l’été sec, l’hiver humide. L’automne et le printemps ont une courte durée. Les vents, en modifiant les conditions atmosphériques, influent sur les saisons et la fertilité du sol. Pendant l’été, dominent ceux du nord et du nord-ouest ; ils n’amènent jamais nuage ou pluie, et, frais et vifs, ils rafraîchissent l’atmosphère (Job 37.9). Les vents d’orient, de l’est et du sud-est, sont surtout fréquents en automne, en hiver et au printemps. Ayant passé sur de grandes surfaces désertiques, ils sont secs et très chauds (Genèse 41.6 ; Ézéchiel 17.10). Le vent du sud-est (sirocco des Arabes, khamsin des égyptiens) est très redouté. Il fait élever brusquement le thermomètre, dessèche rapidement la végétation. Comme il entraîne avec lui de fines poussières, il n’est pas seulement difficile à supporter, mais il produit parfois des troubles sur l’organisme : oppression, fièvre, spasmes nerveux, etc. Le vent d’ouest, ou « de la mer », engendre au contraire la pluie, qui dure généralement plusieurs jours (1 Rois 18.45; Luc 12.54) ; c’est le vent bienfaisant de l’hiver.
La température de la Palestine est sujette à de grandes variations ; elle dépend beaucoup de l’orientation topographique et de l’altitude.
On peut distinguer 4 variétés de climats correspondant aux 4 régions que nous avons décrites.
Elle appartient à trois grands types de végétation : la flore méditerranéenne, la flore steppico-désertique orientale et la flore tropicale.
La plus grande partie de la végétation de la Palestine se rattache à cette flore. Elle comprend environ 900 espèces, caractéristiques par leur aspect, en harmonie avec le climat : pluvieux en hiver et au début du printemps, et sec en été. Il impose aux plantes, pour résister à la grande sécheresse, des adaptations spéciales et variées qui tendent à diminuer l’évaporation et la transpiration. Beaucoup d’entre elles ont les feuilles petites, dures et coriaces (chêne kermès), enroulées sur elles-mêmes ou couvertes d’un duvet de poils raides ou tomenteux (cistes). Les feuilles sont souvent remplacées, du reste, par des épines (voir ce mot) ou des aiguillons acérés qui les transforment en buissons piquants (genêts épineux). Beaucoup de plantes sont printanières ou automnales et leur appareil végétatif se dessèche définitivement ou provisoirement pendant la saison chaude. La vie se concentre dans les organes souterrains : tubercules ou bulbes, à l’abri des rayons solaires (tulipes, jacinthes, etc.). Quelquefois aussi les tiges ou feuilles deviennent charnues et grasses, en emmagasinant de véritables réserves d’eau : sedums, figuiers de Barbarie.
La flore méditerranéenne palestinienne se subdivise en trois zones principales :
(a) La zone littorale, étroite bande côtière dont le sol sablonneux est couvert d’ammophiles, graminées fixatrices des dunes (ammophila arenaria), de composées aux feuilles vert-gris (artemisia monosperma). Par endroits, elle est formée de larges terrasses d’alluvions anciennes, très fertiles, où l’on cultive les orangers, les citronniers, etc. (jardins de Jaffa).
(b) Une plaine côtière, dont la richesse est proverbiale depuis les temps anciens. Les blés y sont très productifs, les arbres fruitiers y prospèrent, les tulipes, les asphodèles, les narcisses y constituent des tapis colores.
(c) Une zone de collines et de basses montagnes, sur lesquelles se développent des maquis, taillis touffus et serrés, plus hauts que la taille de l’homme, caractérisés par les styrax (styrax officinale), les aubépines (crataegus azarolus), les molènes (verbascum tripolitanum), etc. Lorsque la végétation s’éclaircit et laisse voir de larges plaques du sol, on a les garrigues caractérisées par les petits chênes kermès (quercus coccifera), par les sauges (salvia triloba), les cistes (cistus villosus), etc. Si la végétation est encore plus rabougrie et plus clairsemée, on a les bathas où dominent les pimprenelles (poterium spinosum), les scolymes (scolymus macu-latus), etc.
La flore méditerranéenne occupe toute la Galilée. Grâce à l’humidité et à la fertilité du sol, elle est très riche en végétaux arborescents : oliviers, chênes, lauriers, lentisques, térébinthes, pins, etc. Les espèces herbacées sont nombreuses, surtout au printemps où elles forment des prairies de : renoncules, dauphinelles, scilles, anémones (parmi lesquelles le « lis des champs », l’anémone rouge, Matthieu 6.28). Cette flore s’étend sur la Samarie et la Judée où le nombre des espèces se raréfie, occupant le versant ouest des montagnes jusqu’à la crête de partage des eaux ; elle s’arrête au Négeb. À l’Est, elle couvre les hauts plateaux de l’Auranitide et du pays de Galaad. Elle est limitée par la région steppico-désertique orientale qui commence à la ligne du chemin de fer du Hedjaz.
Elle s’étend au sud, dans le Négeb, et au sud-est Elle s’avance en pointe vers le nord, dans la vallée du Jourdain. Elle est caractérisée par des plantes à période végétative courte, utilisant rapidement l’eau à n’importe quelle saison (la rosé de Jérico [anastatica hierochuntia], boule sarmenteuse et sèche, pousse des feuilles à la moindre pluie !). Les formes buissonnantes de taille naine, espacées les unes des autres, sont fréquentes (astragalus). Les graminées sèches plus ou moins serrées (stipa) ou en touffes isolées (aegilops) forment les grandes étendues de la « steppe d’herbe ». Il y a des labiées grises aromatiques et de petites plantes annuelles qui durent peu. Pendant la saison sèche, les plantes se flétrissent et leur emplacement est transformé en un triste et morne désert, mais la moindre ondée les fait reverdir. Dans certaines régions du sud, le sol est quelquefois salé. Il y pousse des plantes halophiles aux tiges et aux feuilles grasses, véritables réserves d’eau. Elles rappellent les végétaux des bords de nos marais salants : des arroches (atriplex Halimus), soudes (salsolarigida, suasda), etc. Elles constituent les paysages caractéristiques des « steppes salées », en « îlots moutonnants » ne couvrant pas complètement le sol.
La flore steppique peut se diviser en deux régions distinctes : a) la flore du Négeb au sud et au sud-ouest, qui se rattache aux steppes saharo-égyptiennes et comprend 298 espèces ; 6) la flore des steppes transjordaniennes, qui se rattache aux steppes syriennes et comprend 256 espèces.
Elle constitue des enclaves isolées et cantonnées dans la vallée du Jourdain, dans les oasis près de la mer Morte (Engeddi, Callirhoé, Ghôr es-Sâfiyé), et dans les ravins de quelques ouadi à fond numide et bien exposés. L’existence de cette flore s’explique à raison du climat très chaud et sans hiver de ces différents sites. Presque toujours encaissés, ils sont en outre à l’abri des vents secs. La flore est d’origine éthiopienne et se rattache à celles de Nubie et d’Abyssinie. Les plantes qui la composent, contrairement aux autres plantes de la Palestine, fleurissent aux mois les plus chauds de l’année (août, septembre). Aussi ces enclaves font-elles un saisissant contraste avec les régions désolées voisines. C’est là que croissent le nabk (zizyphus spina-Christi) et l’ochr (calotropis procera), plantes nubiennes ; les acacias épineux (acacias seyal), le bois de Sittim de l’Ancien Testament ; la curieuse moringa aptera ; le loranthus acacias, plante parasite d’un beau rouge sang ; le câprier (capparis sodada), ornement des falaises, etc. Enfin, près du lac Hoûlé, le célèbre papyrus antiquorum et quelques autres plantes des marais, dont les graines ont été apportées par les oiseaux migrateurs.
Dans les terres argilo-calcaires brunâtres de la Palestine, les céréales croissent admirablement. Les blés à « grains longs » de la plaine de Jizréel et les blés à « grains courts » du Hauran (le grenier de l’Arabie) sont célèbres. L’orge vulgaire (le grain des pauvres), le millet sont répandus un peu partout ainsi que l’avoine. Le maïs est plus localisé. Les fourrages prospèrent dans les terres marneuses jaune clair qui couvrent la Palestine sur de grandes étendues.
Les plantes potagères sont surtout représentées par les pois, fèves, lentilles, oignons, poireaux, échalotes (ail d’Ascalon), asperges, choux, aubergines, artichauts, bamiyés (hibiscus), etc. Il faudrait ajouter les cucurbitacées comestibles : concombres, pastèques, melons, et les épices : câpre, safran, hysope, cumin, etc. (voir Herbe).
Dans les alluvions sablonneuses de la Samarie et de la Judée croissent l’oranger, le citronnier et les principaux arbres fruitiers d’Europe (abricotier, prunier, pêcher, etc.). De même sur la côte, où les jardins de villes comme Jaffa, Ascalon, Gaza sont célèbres à cet égard. Dans les terrains calcaires et les sols rocailleux se développent le figuier, l’olivier, l’amandier, le pistachier, le caroubier, le grenadier et aussi la vigne. Le palmier se développe dans l’oasis de Jérico, et aux environs de la mer Morte quelques plantes tropicales ont été acclimatées. Les cultures du mûrier, du coton et du riz ont été introduites dans diverses régions de la Palestine. De nombreuses plantations de cactées et d’eucalyptus ont été faites en Judée, dans la plaine de Jizréel et surtout en Galilée.
Au pied du Liban, on a planté de nombreuses variétés de chêne et de noyer, ainsi que des conifères d’essences diverses (cèdre, pin, sapin, etc.) pour reconstituer les anciennes forêts, en grande partie détruites par les Turcs. Sous l’influence des colons étrangers et des Sionistes, l’agriculture scientifique a pris un essor tout nouveau.
La Palestine, qui forme un trait d’union géographique entre deux grands continents, est aussi le centre de jonction de plusieurs régions zoologiques dont la juxtaposition permet le développement d’une faune riche et variée. Avec le nord de la Syrie, son prolongement naturel, elle constitue une des provinces méridionales de la région paléarctique dont l’ensemble comprend : l’Europe, l’Afrique (au nord du Sahara et des déserts libyens) et l’Asie occidentale. Sur 110 espèces de mammifères, 55 environ appartiennent à la faune paléarctique. La Palestine sud, le bassin de la mer Morte et la vallée du Jourdain se rattachent au contraire à d’autres régions zoologiques. Elles renferment 34 espèces de la faune éthiopienne (Nubie et Égypte) et 16 environ de la faune indienne (par l’Arabie et la Mésopotamie). Les auteurs bibliques citent un grand nombre d’animaux dont le caractère et les traits de mœurs, admirablement observés, illustrent des images ou des récits.
La Palestine est parcourue par de nombreux troupeaux de moutons communs (ovis aries) et de moutons appartenant à une race encore plus répandue, à queue large et épaisse (ovis laticauda). Il y a aussi deux races de chèvres : la chèvre commune (capra hircus) et la chèvre à grandes cornes et à longues oreilles pendantes (c. membrica). Le bœuf ordinaire (bos taurus) est de petite taille, mais dans la région marécageuse du lac Hoûlé vit le buffle (bos bubalus), aux membres puissants et au caractère irascible. L’âne, très utilisé comme bête de somme, comprend deux variétés : l’âne blanc du désert syrien et l’âne noir, plus commun et qui a moins de valeur. Le cheval, importé en Palestine assez tardivement, n’est guère employé que comme monture. Le chameau ne se trouve que chez les populations nomades où il est utilisé à des travaux divers ; on y rencontre surtout le dromadaire à une bosse (camelus dromadarius). Le chien, moins domestiqué qu’en Europe, joue surtout le rôle de gardien dans les villages et auprès des tentes bédouines. Le chacal (canis aureus), très voisin du chien, chasse par bandes. Le renard, très répandu aussi, a des mœurs différentes de celles du chacal. On distingue le renard égyptien (vulpes nilotica), abondant dans le sud de la Palestine, du vulpes flavescens, qui habite la Galilée et le Liban. Les loups ne sont pas rares. Il y en a deux races : le loup commun (canis lupus) qui vit en Galilée et dans les régions montagneuses de Basan, et le loup égyptien (canis lupaster), beaucoup plus petit et aux membres plus grêles, qui habite le sud. L’hyène rayée (hyeena striata) a une démarche lourde ; elle vit en troupe. L’ours (ursus), qui vit dans le Liban, et le léopard (felis pardus), qui habite dans les environs de la mer Morte, sont en voie de disparition. Le lion, très fréquent autrefois, n’existe plus aujourd’hui. Le lynx (felis mani-culata) et les animaux appartenant aux groupes des viverridés (civette mangouste, que les Égyptiens embaumaient) et des mustélidés (fouine et blaireau) ne sont pas rares en Palestine. Les sangliers sont nombreux dans les endroits fourrés et marécageux.
Le cerf est devenu rare. Les gazelles sont au contraire très répandues. Au sud, on rencontre surtout les gazelles dorcas, de petite taille ; à l’Est, les antilopes d’Arabie, beaucoup plus grandes et à longues cornes (a. addax et a. oryx). Autour de la mer Morte existe une très belle variété de bouquetin (ibex Sinaïtica).
Les rongeurs sont représentés par plusieurs espèces de lièvres et de nombreux rats : mus alexandrinus dans les villes de la côte ; mus sylvaticus dans les plaines, mus prsetextus dans la vallée du Jourdain, mus musculus (souris), répandus partout. On peut classer à côté d’eux les gerboises (dipus) et le daman (hyrax Syriacus), véritable curiosité zoologique. Les chéiroptères ou chauves-souris sont représentés surtout par le vesperugo, aux courtes oreilles ; le rhinolophe, au nez membraneux ; et l’oreillard du lac de Galilée (plecotus).
Parmi les insectivores les plus communs, on peut citer les hérissons (erinaceus) et les taupes (talpa).
La faune ornithologique de la Palestine est très riche (340 espèces). Cela tient à la variété des stations biologiques qu’y rencontrent les oiseaux, à son climat spécial et aussi à ce qu’elle est un couloir de passage entre des régions désertiques. Comme la Camargue et la vallée du Rhône en France, elle constitue un relais très important pour les oiseaux migrateurs qui vont de l’est africain en Europe et en Asie occidentale et vice versa, en suivant la grande voie caucaso-zambézienne.
La zone littorale et pélagique comprend les espèces méditerranéennes bien connues : goélands et mouettes (larus), hirondelles de mer (sternus), plongeons (colymbus), cormorans (phalacrocorax), aigles de mer (pygargus).
La zone aquicole : marais et rivières de la côte, Kison, nahr ez-Zerka, nahr el-Falik, etc., lacs Hoûlé et de Tibériade, Jourdain et mer Morte, sont fréquentés surtout par des échassiers et des palmipèdes : cigognes (ciconia), hérons (ardea), aigrettes (a. egretta), spatules (platalea), grues (grus), ibis (ib. falcinelle) l’oiseau sacré des anciens Égyptiens, flamants aux ailes rosés (pheenicopterus antiquorum), bécasses (scolopax), glaréoles (glareola), combattants (pavoncella), vanneaux (vanellus), pélicans (pele-canus), de nombreuses espèces de canards sauvages et de sarcelles (anas boschas, tadorna, nigra, etc.), des busards des marais (circus), etc.
Les rives du Jourdain sont peuplées de martins-pêcheurs (alcedo), de cingles plongeurs (cinclus). Les eaux de la mer Morte, de grèbes huppés (podiceps cristatus) et de canards sauvages, tandis que sa vallée torride est habitée par des oiseaux des régions chaudes : un colibri (nectarina osea) et le pyenonotus. Au printemps, entre Jérico et la mer Morte, les cigognes ne sont pas rares.
La zone des collines et basses montagnes, avec ses haies et ses nombreux buissons, comprend des fauvettes (sylvia), des rouges-gorges (erithacus), des mésanges (parus), des pinsons (fringilla), des moineaux (passer), des bulbuls (rossignols de la Palestine), des loriots (oriolus), des guêpiers (merops), des coucous (cuculus), des huppes (upupa), des traquets jaunes (saxicola), des grives (turdus), des alouettes huppées (galerita cristata), des pigeons ramiers (palumbus), des tourterelles (turtur), des hirondelles (hirundo), de petites chouettes vivant sur les arbres (athene persica), des éperviers (acci-piter), etc.
La région steppico-désertique est très peuplée, en hiver et au printemps (saison humide), par des oiseaux adaptés à la marche et à la course qui se réunissent souvent en troupes : outardes (otis), perdrix chukar (caccabis chuka), perdrix rouges des rochers, perdrix jaunes (ammoperdix Heyi) de la couleur du sol, qui s’adaptent au climat désertique de la mer Morte, ainsi que l’amydrus Tristrami, au corps bleuâtre et aux ailes jaunes. Les cailles (coturnix communis) abondent, mais ne restent qu’une partie de l’année, de même que les merles rosés (turdus roseus). Il y a de nombreuses espèces d’alouettes (alauda), des corneilles (corvus), etc.
Les régions montagneuses et désertiques (environs de la mer Morte, désert de Juda, gorges profondes des ouadi) sont peuplées de rapaces diurnes de grande taille. L’aigle doré (aquila chrysaetus), l’aigle fauve (a. fulva), le gypaète barbu, le vautour percnoptère (neophron) et le vautour chauve, diverses espèces de faucons (falco) et le milan royal (milvus). Les rapaces nocturnes sont représentés par les grands-ducs (bubo), les hiboux (otus), les chats-huants (syrnium).
Au commencement et à la fin de l’hiver, on rencontre, en outre, isolées ou en bandes, des espèces de passage qui ne font guère que traverser le pays sans y séjourner.
Les amphibiens et les reptiles ont en Palestine de nombreuses espèces. Le climat chaud et les terrains calcaires et rocailleux, tout criblés de petites excavations, favorisent leur développement. Les amphibiens sont représentés par le genre grenouille (rana) : grenouille verte, grenouille brune, grenouille tachetée, puis par le genre crapaud (bufo) dont une espèce de petite taille, bufo pantherinus, est très répandue.
Les multiples espèces de serpents ont des habitats très divers ; elles sont quelquefois remarquables par la coloration de leurs écailles ; citons parmi les colubridés une belle couleuvre noire (zamenis car-bonarius) et le rhynchocalamus melanocephalus, jaune citron avec des taches bleu foncé. Il y a plusieurs espèces de vipéridés, toutes venimeuses, parmi lesquelles la vipère aspic (vipera haje), la vipère des sables (echis arenicola) et la vipère cornue (cérastes).
Parmi les sauriens, on peut citer le genre lézard (lacerta) : lézard des sables ; lézard vert à longue queue ; le genre caméléon (chamasleo), commun sur le littoral ; le khardon des régions montagneuses, dont la queue et le dos sont garnis de piquants ; le gecko (platydactylus) qui pendant la nuit fait entendre un cri aigu ; l’orvet (anguis), dont le corps est serpentiforme, etc.
Les tortues sont représentées par la thalassochelys corticata, grosse tortue marine qui vit près des côtes ; l’emys caspica, tortue d’eau douce, qu’on rencontre en abondance dans les ruisseaux et les bassins ; et enfin la tortue terrestre commune (testudo Mauritanica).
Les poissons sont très nombreux dans les nappes d’eau douce (lacs de Tibériade, de Hoûlé, Jourdain, etc.) ; ils appartiennent aux genres capoeta (poissons argentés), discognathus, chromis, dont les mâles gardent les oœufs dans leur gueule jusqu’à l’éclosion (chromis paterfamilias) ; barbus, aux rayons de la nageoire dorsale bleuâtres ; blennius, à la peau visqueuse dépourvue d’écaillés ; clarias, silures de grande dimension, couleur de vase, avec de très longs barbillons, et qui poussent un sifflement aigu quand on les sort de l’eau. Un certain nombre d’espèces peuvent vivre dans les sources salées et même chaudes : cyprinodon dispar, c. moscas, à la taille minuscule.
Les vagues rejettent sur le sable de la côte de nombreux animaux marins appartenant à des groupes divers de soophytes : grosses méduses élégantes ; coralliaires rouges ou blancs ; spongiaires parmi lesquels la fameuse « éponge de Syrie » recherchée pour sa finesse ; échinodermes : l’étoile de mer rouge orangé (asterias rubens), le gros oursin méditerranéen comestible (echinus melo), l’oursin des grands fonds (brissus unicolor).
Les mollusques sont très variés ; citons parmi les bivalves : huîtres (ostrea), peignes (pecten), pectoncles (pectunculus glycimeris), l’amande de mer ; bucardes (cardium), donaces (donax trunculus) ; tellines (tellines planata, tellines costas) ; moules (mytilus) et pholades (pholas) sur les côtes rocheuses, etc.
Parmi les gastéropodes univalves, citons les cérithes (cerithium), les turbos, les nasses (nassa), les casques, dont on fait des camées, et surtout les murex dont une glande fournit une magnifique teinture très employée autrefois. Les murex bran-daris donnent un principe rouge vif (pourpre de Tyr qui rendit célèbres les teinturiers de cette région). Les murex trunculus donnent un principe violacé.
Sur les grèves du lac de Tibériade, on trouve d’innombrables coquilles appartenant aux genres neritina, melania, melanopsis, cyrena et unio.
Parmi les crustacés, citons les cancéridés, crabes marins ; les telephusa fluviatilis, crabes d’eau douce ; les ocypoda ippeus, crabes-chevaliers aux très longues pattes ; de nombreuses crevettes d’eau douce, parmi lesquelles l’orchestia Tiberiadis.
Comme dans tous les pays d’Orient, les insectes sont innombrables. Les diptères comme les taons (tabanus), les mouches noires et bleues (musca et calliphora) abondent partout et sont fort gênants (Baal était appelé dieu des mouches : Baal-Zébub). Dans les endroits marécageux pullulent les moustiques (culex). Les coléoptères comprennent de très belles espèces. Dans les dunes et les terrains sablonneux, on rencontre le scarabée sacré roulant de grosses boules. Sur les chardons violets se trouvent la cétoine éclatante (cetonia floricola), les longicornes bariolés (agapanthia cardui), les charançons verdâtres, etc. Parmi les hyménoptères, les bourdons (bombus), les frelons (vespa), les abeilles (apis), les fourmis ; l’une des plus curieuses est la « fourmi-glaneuse » (atta barbara) : noire et de très grande taille, elle construit plusieurs greniers superposés de grandes dimensions. Les orthoptères blattidés et acridiidés sont nuisibles. Les criquets (acridium) forment parfois des groupes compacts qui sont un véritable fléau pour les récoltes. La Bible fait allusion à plusieurs espèces différentes (voir Sauterelle).
Parmi les arachnides, on peut signaler, à côté de nombreuses araignées, le scorpion de Syrie, l’« agrab » des Arabes, très venimeux. Les myriapodes comprennent des genres européens (glomeris ou cloporte, géophile, etc.), des genres tropicaux de grosse dimension. Près de Mâr Sâba, on rencontre, en abondance, un énorme iule noir long de 15 à 20 cm., le spirotreptus syriacus.
Bien avant l’arrivée des Cananéens et des Israélites en Palestine, ce pays était habité par des populations non sémites, auxquelles les textes bibliques font clairement allusion et sur lesquelles les fouilles archéologiques récentes jettent quelque lumière. Nous ne les connaissons que par les restes de leur industrie, les traces de leurs habitats ou les fragiles débris de leurs ossements. Cette lointaine époque est connue sous le nom de préhistoire palestinienne. On peut la diviser en trois grandes étapes :
Les plus anciennes traces de l’existence de l’homme en Palestine se rencontrent sur le plateau oriental transjordanien de la Belkâ, le pays des Ammonites et des Moabites, et sur les monts de Juda dans leur partie septentrionale.
L’existence de cette civilisation primitive est décelée par un instrument grossier, en pierre dure, ayant dû servir à la fois d’arme et d’outil. C’est une sorte de hache fruste de 8 à 25 cm de longueur, irrégulièrement taillée sur les deux faces. Elle devait se tenir à la main sans manche, d’où le nom de « coup de poing », pour la distinguer de la vraie hache de pierre emmanchée qui n’est apparue que plus tard.
Si l’on en juge par les traces qu’ils ont laissées, ces hommes, exclusivement pêcheurs et chasseurs, devaient vivre par petits clans sur les plateaux, à proximité des nappes d’eau et des rivières plus importantes et plus nombreuses que les ouadi actuels. Aux précipitations atmosphériques très abondantes venait s’ajouter l’eau de la fonte des derniers glaciers de la chaîne du Liban. Au lieu des steppes arides et monotones actuelles, les plateaux étaient recouverts de forêts dont on retrouve çà et là des vestiges ; c’est l’époque chelléenne ou chelléo-acheuléenne, car, à côté des types d’instruments à forme très grossière, on en trouve beaucoup d’une grande finesse. Les stations les plus caractéristiques sont celles de Derat, Amman, Mesatta, mont Scopus, el-Bkeïa, Tell Nasbeh, etc.
Sous l’influence de causes mal connues, correspondant sans doute à une extension des glaciers ; le climat se modifie, il devient froid et humide : c’est la période moustérienne. L’homme cherché des abris naturels dans les grottes, les cavernes ou les creux de rochers. Il se couvre de vêtements faits de peaux de bêtes et invente un outillage approprié à ses besoins nouveaux : des racloirs en demi-lune pour nettoyer les peaux de bêtes, des perçoirs pour les trouer, des lames tranchantes et pointues formées d’un éclat retouché d’un côté seulement.
Le froid s’accentue encore, mais il devient plus sec ; c’est la période solutréo-magdalénienne. Les outils sont du même type que ceux du moustérien, mais leurs formes sont plus élégantes et plus variées. En outre, on y voit apparaître de nombreux objets en os et en ivoire : aiguilles, poinçons, harpons, indiquant plus de spécialisation dans les travaux. C’est à cette période que se produisent les premières manifestations artistiques : coquilles percées formant des colliers ou des amulettes, dessins d’animaux divers gravés sur des os, jouant sans doute un rôle dans les rites religieux totémi-ques ou magiques. Les hommes se mesurent avec le bouquetin, l’aurochs, l’ours et le lion des cavernes. Les débris des squelettes humains trouvés dans les grottes du Liban portent parfois les traces des dents de fauves et parfois, aussi, les marques des armes de pierre, indice incontestable du meurtre ou de la guerre.
Les siècles s’écoulent… la température et le climat deviennent ce qu’ils sont aujourd’hui. L’homme palestinien descendant des Paléolithiques ou venu à la suite de migrations transforme complètement sa technique. Le mastoc et fruste coup de poing en pierre grossièrement taillée est remplacé par de légères et élégantes haches polies, usées sur des pierres dures ou « polissoirs » qui leur donnent un tranchant régulier. Elles ne sont plus tenues à la main mais fixées à un manche en bois ou en corne de cerf.
Beaucoup de ces populations sont encore troglodytiques, mais elles aménagent leur antre pour le rendre plus confortable, agrandissant les boyaux ou les transformant en petites chambres isolées. Quelquefois, elles les groupent dans des réseaux de galeries naturelles dont l’ensemble imposant constitue une véritable cité souterraine, comme celle de Derat en Transjordanie. Ces populations, s’accroissant en nombre, abandonnent les grottes, abris trop exigus. L’antre devient alors sépulture ou sanctuaire, souvent les deux. On y ensevelit ou on y incinère les morts. Telle est la caverne de Guézer, remplie de cendres et dont les murs étaient noircis par une épaisse couche de suie.
Les populations néolithiques construisent sur les plateaux des huttes en terre battue ou des cabanes en pierres sèches. Elles utilisent des emplacements présentant des protections naturelles : sommets de collines, boucles d’oued, éperon ou arête de rochers. Souvent même elles entourent leurs petites agglomérations d’un mur en terre tassée ou en pierrailles. Les débris de ces emplacements constituent des « stations de plein air », très nombreuses en Palestine. Plusieurs, du reste, ont été utilisées plus tard par les Cananéens ou les Israélites pour y construire leurs forteresses. Telles sont les stations de Méguiddo, Tibné, Guézer, Tell es-Safy, etc. On en trouve quelques-unes au bord de la mer, aux points où les lignes du rivage ont peu varié : à Tyr, Césarée, Jaffa, Gaza. D’autres enfin se trouvent aux confins du désert (el-Aris) ou sur les plateaux entourant la mer Morte : Engeddi, el-Mereighat, etc.
Ces hommes n’étaient plus exclusivement pêcheurs et chasseurs, ils étaient aussi bergers et agriculteurs. Ils avaient des animaux domestiques dont on a trouvé de nombreux ossements, et pratiquaient l’élevage. Ils se livraient en outre à la culture du sol, car on rencontre dans leurs fonds de cabanes des débris de faucilles en silex, des broyeurs pour écraser les grains de céréales. Ils confectionnaient des vases en terre cuite. Cette poterie, d’abord très fruste, est faite à la main sans tour. La pâte irrégulièrement cuite renferme de petits graviers destinés sans doute à la consolider. Elle porte parfois des ébauches d’ornements faits avec l’ongle, la pointe de silex ou des fragments de coquilles.
Ils avaient des croyances religieuses qui se manifestent par la présence d’amulettes en pierre ou en os, peut-être même des idoles, représentées par de grossières figurines. Dans leurs souterrains, on trouve souvent, creusées à la surface des rochers, des cavités en forme d’« écuelles » ou de « cupules » de dimensions variables, réunies quelquefois par des rainures ou des rigoles. Elles étaient destinées à recueillir des offrandes ou des libations.
C’est à la fin de cette époque qu’appartiennent les très nombreux monuments mégalithiques de la Palestine. Les plus répandus sont les dolmens (figure 160), formés de grosses dalles plates allongées sur des pierres dressées. Précédés quelquefois d’une allée couverte, ils sont d’autres fois étroits comme un portique (trilithe). Sépulture collective, on y trouve des traces de rites religieux (cupules, objets votifs, etc.). Les menhirs sont des pierres levées plus ou moins aplaties ou arrondies, aux angles émoussés. Ces monolithes sont tantôt isolés, tantôt groupés en alignements rectilignes ou circulaires ; dans ce dernier cas, ils portent le nom de cromlechs. Ils symbolisent la divinité ou son habitat, quelquefois des bornes sacrées. On trouve souvent à leur pied des restes d’offrandes. Enfin, les cairns sont des amas de pierres formant des tertres funéraires.
On rencontre les monuments mégalithiques en très grand nombre à l’est du Jourdain sur tous les plateaux de Transjordanie, en particulier sur le Djôlân, à l’orient du lac de Galilée, dans les pays de Galaad et d’el-Belkâ. Sur la rive occidentale du Jourdain, ils sont peu nombreux et presque toujours isolés ; tels sont ceux de la haute Galilée, de Meirôn et du mont Guilboa. On explique cette rareté dans cette région par le fait que les rois fidèles ont souvent ordonné leur destruction. Le peuple d’Israël dans ses heures d’infidélité était toujours tenté par les cultes litholâtriques. C’est contre eux que s’insurgent les prophètes. Jérémie s’indigne contre ceux qui disent à la pierre : « C’est toi qui m’as donné la vie » (Jérémie 2.27). Le prophète Habacuc (Habakuk 2.19) prononce la malédiction contre celui qui dit à la pierre immobile, croyant l’animer : « Lève-toi ! » On sait peu de chose sur les races néolithiques palestiniennes. Il est probable qu’il y en a eu plusieurs, dont deux assez différentes. Les ossements trouvés dans la grotte de Guézer semblent appartenir à une race de petite taille qui pratiquait l’incinération. Les hommes constructeurs des dolmens semblent avoir eu, au contraire, une haute stature, et ils inhumaient leurs morts. Quelques auteurs pensent que les peuples autochtones auxquels font allusion les textes bibliques (Genèse 14.5 ; Nombres 13.33 ; Deutéronome 2.20 etc.) pourraient bien être les derniers descendants des tribus néolithiques. Les noms d’Anakim, d’Émim, de Zamzoumim, de Rephaïm semblent traduire et mettre en relief leurs caractères physiques dominants : grande taille, terribles, à voix bourdonnante, géants (voir ce mot). De même, les Horiens (voir ce mot), anciens habitants de Séir, devaient être probablement troglodytes.
En somme, l’étude de la répartition des stations préhistoriques sur le sol palestinien nous montre qu’à- chaque grande période de la préhistoire les hommes ont occupé des portions assez bien déterminées du pays. Les Paléolithiques occupent la surface des hauts-plateaux transjordaniens, la partie orientale des monts de Juda et des monts de Séir ; tandis que les Néolithiques ont construit les dolmens et les menhirs « plus au flanc des ravins et autour des sources » (H. Vincent). Les monuments mégalithiques semblent donc jalonner la grande voie de migration par le nord qui suit à peu près les grandes dépressions de l’Oronte et du Jourdain, et celles des ouadi adjacents. C’est la route que prendront les Cananéens envahisseurs. Les stations de plein air néolithiques sont, au contraire, en bordure ou au milieu des grandes plaines côtières et aux confins du désert. Quelques-unes d’entre elles, bien placées, ont été successivement occupées par les populations cananéennes de l’âge des métaux, par les Égyptiens, puis les Israélites.
À la lueur de ces faits, très lointains, nous pouvons mieux comprendre la possibilité et la direction des migrations sémites et la marche des patriarches bibliques qui, poussés par une inspiration intérieure, sont allés vers le « Pays de la promesse » !
(voir Canaan). Au début du IIIe millénaire, les Néolithiques de la Palestine sont remplacés par des peuples d’origine obscure : les Cananéens. Pour quelques auteurs, cette pénétration par des émigrants étrangers se serait faite en deux étapes, par deux couches successives de populations. Les Amoréens auraient d’abord occupé le pays. Ils auraient cédé la place ensuite aux Cananéens proprement dits, vers 2500. Ceux-ci auraient refoulé les premiers dans les montagnes. D’autres auteurs admettent, au contraire, qu’il n’y aurait eu qu’une seule couche de populations. Les Amoréens auraient occupé le nord de la Palestine et la région du Liban (Amourrou) ; tandis que les Cananéens proprement dits auraient habité le sud (Kinaahna) et les plaines côtières. C’est ce que paraissent indiquer quelques textes de l’Ancien Testament (Nombres 13.29 ; Deutéronome 1.7 ; Josué 5.1, etc. ; voir Amoréens). Les fouilles ne révèlent aucun hiatus net entre ces deux civilisations, amoréenne et cananéenne, très voisines. On peut donc, sans inconvénient, les confondre dans une étude générale.
Les vestiges de ces émigrants cananéens se distinguent aisément de ceux des Néolithiques. Ils emploient encore, mais beaucoup plus rarement, la pierre dure et le silex. Ils connaissent le bronze et les métaux précieux, et en particulier l’or. Le fer n’a été utilisé qu’à la fin du IIe millénaire. Ils enterrent leurs morts dans des sépultures spéciales, avec un mobilier funéraire caractéristique.
Ils ont de petites maisons construites en torchis et souvent aussi en pierres sèches. Elles sont alors recouvertes d’une toiture de pierres plates formant voûte. Elles ont deux, rarement trois petites chambres, réduits minuscules, n’ayant d’autre ouverture que la porte d’entrée. Le foyer est dans la pièce principale, « à même le sol ». Quelquefois existe une petite citerne avec un étroit orifice. Elles ont un très pauvre mobilier. Quelques débris de jarres à grains ou de vases grossiers, des fragments de meules, quelques restes d’amulettes ou d’idoles aux formes frustes. Les maisons sont entassées sans ordre, laissant entre elles des rues étroites et contournées, véritables dédales dans lesquels la circulation devait être malaisée.
Leurs villes étaient admirablement fortifiées. Elles étaient toujours situées sur des emplacements faciles à défendre (crêtes, plateaux escarpés, etc.). Elles étaient entourées d’enceintes en pierres sèches ou en briques, consolidées par de grosses pièces de bois. Elles étaient protégées par des talus et des contre-escarpes de terre battue. Les remparts étaient coupés de portes massives, flanquées elles-mêmes de grosses tours de défense. Ces fortifications en ligne brisée, avec des angles saillants, révèlent un art militaire consommé, et l’on comprend la crainte qu’inspiraient aux Israélites ces migdols cananéens. L’industrie et les arts marquent un sérieux progrès sur la période néolithique. Les potiers connaissent l’usage du tour et du four. La céramique devient régulière, ses formes sont symétriques et élégantes. Les anses s’amincissent et s’allongent (vases à étrier) ; des décorations apparaissent : damiers géométriques, oiseaux, antilopes, poulpes, etc. Ils fabriquent des lampes en terre cuite et confectionnent de menus objets servant à la parure et aux usages religieux. Ce sont de petites figurines, des amulettes, des talismans, à la fois bijoux et fétiches.
Ils ont des objets en bronze représentant des animaux divers (bœufs, serpents, chiens) ou leurs attributs (cornes, croissant, dent). Ils utilisent les pierres précieuses et le corail pour faire des colliers.
C’est sur les hauteurs, au sommet des collines ou même dans les parties les plus élevées des villes, que se trouvent les sanctuaires cananéens, les « hauts-lieux » (voir ce mot), appelés bamoth par les Israélites. Ils représentent une portion de terre « sacrée » appartenant aux dieux. Ils sont entourés de murs qui délimitent la propriété divine, le « haram » (téménos des Grecs). C’est là que sont plantés les bosquets d’arbres verts, que sont dressées les pierres « tabou » (bétyles, masséboth, hamma-nim), les pieux divins (achéras), les autels, les idoles. À Tell es-Safy, le haram est rectangulaire, avec, au milieu, trois stèles de pierre devant lesquelles est disposée une fosse à offrandes arrondie. À Guézer, le sanctuaire comprend un alignement de 8 pierres levées au milieu desquelles se trouve un bassin cubique (figure 113).
Les Cananéens introduisent des rites funéraires nouveaux. Ils ensevelissent leurs morts dans des sépultures formées par une chambre souterraine profonde, renfermant des ustensiles de cuisine avec des restes de provisions, des objets votifs, des armes en bronze et en silex, des objets de parure (perles, épingles à cheveux), et enfin des lampes en terre cuite, destinées sans doute à éclairer le mort dans sa route ténébreuse. Ces chambres communiquent avec l’extérieur par une sorte de puits, d’où leur nom : « tombes à puits ».
Les conceptions religieuses des Cananéens peuvent se ramener à un naturisme idolâtrique. Elles présentent donc à l’étude deux séries de faits théoriquement distinctes, mais qui pratiquement s’enchaînent et se pénètrent : des manifestations d’un culte de la nature, très ancien, révélant des croyances primitives ; et une idolâtrie évoluant vers un polythéisme dont les divinités seront surtout locales.
Leur naturisme se manifeste de très nombreuses façons. Ils adressent un culte aux sources, aux rivières et aux pierres sacrées. Ils professent une vénération spéciale pour les blocs de rochers pointant au-dessus des collines, qu’ils transforment souvent en autels et sur lesquels ils viennent déposer leurs libations et leurs offrandes. Presque tous les sanctuaires cananéens naissent autour d’un rocher sacré. Peu à peu se fait une distinction psychologique et religieuse entre l’autel et le dieu. C’est alors qu’ils dressent à côté ou en face du « rocher-autel », table du dieu, des pierres qui représentent la divinité elle-même. Ces pierres sont d’abord aniconiques (sans image). Bloc fruste et mal équarri, on y grave plus tard les traits stylisés de la divinité qu’il est censé représenter. Ce ne sont plus alors de simples « pierres levées », mais des pierres « iconiques », véritables idoles auxquelles on donne quelquefois le nom de « menhir-statue » ou de « stèle-statue ». Elles ont des vertus différentes : elles sont curatives, elles préservent de toutes sortes de maux ; elles inspirent aussi les oracles et donnent la fécondité, etc. La litholâtrie des Cananéens est donc compliquée. Leurs « pierres levées » très diverses portent le nom générique de bétyle, mais chacune d’elles a une forme particulière. La masséba correspond au menhir néolithique ; grossièrement quadrangulaire ou conique, on l’érigé sur les hauts-lieux. Elle a un but nettement religieux. On les oignait d’huile et on versait à leur pied des libations. Le cippe est une colonne tronquée sans chapiteau dont l’extrémité est quelquefois en pointe. La stèle est large et aplatie et porte souvent des inscriptions. Elles sont dressées en souvenir d’une grâce obtenue ou d’une promesse faite à la divinité ; elles sont en général commémoratives ; On peut rapprocher des stèles les « loukhot », sortes de tables de pierre, et les « khammânim », colonnes (voir ce mot) consacrées au soleil (Lévitique 26.30 ; Ésaïe 17.8). Elles ne doivent pas être confondues avec les bornes limites, ou gueboul, dont l’usage a persisté chez les Hébreux (figure 49) ; ceux qui les déplaçaient étaient maudits (Deutéronome 27.17 ; Proverbes 23.10). En l’absence de gros blocs, les Cananéens accumulaient, en tas, des pierres de toutes dimensions. Ce tas (gal) rappellera un souvenir, une sépulture. Les tas disposés en cercle, autour d’un autel, constituent un petit cromlech : le guilgal
Le naturisme des Cananéens se manifeste aussi par le culte de l’arbre : la dendrolâtrie. Dans ce pays où les collines sèches, les steppes dénudées et les déserts arides tiennent une aussi grande place, l’arbre, surtout celui qui est grand et touffu (térébinthe, chêne), apparaît comme le symbole de la vie, la manifestation d’un dieu auprès duquel on viendra chercher la guérison ou des directions pour l’avenir. Telle est l’origine de l’appellation « chêne des devins » (Juges 9.37). On met les sépultures à l’abri de leur ombre (« chêne des pleurs ») et on leur offre des sacrifices. Comme les individus isolés, les groupes d’arbres sont sacrés.
Les hauts-lieux étaient formés de bocages constitués, d’après la Bible, de trois essences principales : térébinthes, chênes et peupliers blancs. C’est à l’ombre de ces arbres que se pratiquaient les rites licencieux condamnés si sévèrement par les prophètes.
À côté de la masséba de pierre, les Cananéens dressent des pieux de bois sur lesquels ils font des entailles ou sculptent des organes rudimentaires qui leur donnent une physionomie vaguement humaine et les transforment en idoles. C’est l’ébauche de l’Astarté cananéenne, l’achéra, dont le culte était très répandu. L’idolâtrie avait aussi une autre source. Ils avaient de petites figurines grossières en métal, en terre cuite ou en bois : les théraphim, qui tenaient de l’idole et du fétiche. Les vieilles traductions bibliques leur donnaient parfois le nom de « marmousets » (Ézéchiel 6.4 ; Ézéchiel 14.5 ; Ézéchiel 30.13, Bible de Genève, XVIe siècle), à cause de leur ressemblance avec les magots chinois. Elles représentent des divinités familiales qui rappellent beaucoup les « dieux lares » protecteurs du foyer.
Les Cananéens avaient aussi de grandes divinités, voisines de celles des Syriens et des Phéniciens. Ils pensaient qu’une force divine, El, énergie puissante et mystérieuse, pouvait s’objectiver dans des dieux locaux. Parmi eux, les plus connus étaient les Baals (Baalim). Ce nom ne désigne pas un dieu unique adoré par tous les Cananéens, c’est un terme générique qui signifie « maître » et s’applique à= plusieurs divinités voisines. Pour bien les distinguer, on ajoutait au nom collectif le nom du lieu où il habitait et qu’il protégeait : Baal-Sidon (protecteur de Sidon), Baal-Péor (Baal du mont Péor), Baal-Liban, etc. Chaque tribu, chaque cité importante avait son Baal. Il symbolise toujours la force, la fécondité, la fortune. Il envoie de riches moissons. Adôn (Seigneur), divinité voisine, joue un rôle analogue. À côté du dieu, maître ou seigneur, existe la conception du dieu-roi : Mélek. Ce roi, comme tous les potentats de l’époque, était brutal et dur. Tels étaient Milkom, dieu des Ammonites, Kémos, dieu des Moabites, Melkart, dieu de Tyr. Il était souvent sanguinaire et réclamait parfois des victimes humaines ou d’horribles sacrifices d’enfants. Tel était le dieu Moloc (dérivé de Mélek). Les figurations de ces grandes divinités étaient rares. Elles étaient surtout représentées par leurs attributs : poisson, croissant, cornes de béliers, etc. Associées aux divinités masculines, il y avait des divinités féminines. À côté de Baal, Baalat ; à côté de Mélek, Milkat. Elles ne représentaient pas des épouses soumises ; elles étaient des divinités indépendantes ayant souvent « la suprématie sur les dieux ». Ce fait semble être l’indice d’un très ancien état social où la femme devait jouer un rôle important (matriarcat). La Bible nous fait connaître une déesse cananéenne du nom d’Achéra dont les prophètes ont beaucoup combattu le culte. Elle se confond sans doute avec la Vénus orientale : Astoreth ou Astarté, déesse de la végétation, de la fortune, des plaisirs sensuels et aussi de la guerre, dont le culte a été très répandu dans tout l’Orient. Elle répondait à des conceptions complexes et contradictoires que notre mentalité occidentale a de la peine à saisir. Ses représentations en substances diverses, bronze, terre cuite, bois, ivoire, sont nombreuses et variées. Elles empruntent quelquefois les vêtements et les parures extérieures des divinités égyptiennes ou caldéennes, quelquefois aussi elles sont nues. Leur physionomie est toujours caractéristique, et sous des apparences variées elles ont souvent la même attitude, le même geste provocateur et impudique.
Les cultes cananéens se pratiquaient dans les sanctuaires, sur « toute colline élevée et sous tout arbre vert » (Jérémie 2.20). Ils étaient très nettement orgiastiques. Ils comprenaient, à côté des offrandes des divers produits du sol, des scènes d’ivresse extatique et de débauche sacrée. Il y avait aussi des sacrifices de jeunes enfants. À Thaanac, à Guézer, on en a trouvé de véritables cimetières. Les squelettes des petites victimes, qui avaient toutes moins d’un mois, étaient disposés dans des jarres avec différents objets funéraires : plats, bols, cruches, le tout tassé avec du sable fin. Comme ces lugubres dépouilles d’enfants, tous du même âge, étaient déposées non loin d’un autel de pierre, il semble bien qu’il s’agisse de sacrifices de nouveau-nés. D’autre part on observe en divers endroits, dans des temples ou des habitations particulières, des squelettes emmurés étendus sous les seuils. À Thaanac, des fouilles ont mis à jour, sous l’autel même, des cadavres d’adultes, victimes offertes à la divinité, sans doute au moment de l’érection du monument. Ce sont des sacrifices humains de fondation (figure 90, 91). Ailleurs on a trouvé des corps d’adolescents coupés en deux dont la partie supérieure seule avait eu les honneurs de la sépulture. La Bible fait enfin allusion aux rites cananéens qui consistaient à faire « passer les enfants par le feu ». Les rois infidèles imitèrent cette pratique qui rendit tristement célèbres Achaz et Manassé (2 Rois 16.3 ; 2 Rois 17.17).
Quand on connaît cette religion licencieuse, démoralisante et sanguinaire, on comprend l’interdiction absolue des mariages des Israélites avec les Cananéens et la sévérité des prophètes à l’égard de ceux qui se laissaient influencer par ces cultes. Les « bons » Israélites évitaient, du reste, de prononcer les noms de ces dieux étrangers et, quand ils étaient obligés de le faire, ils les remplaçaient souvent par les mots de : honte, abomination !
C’est à la fin de la période cananéenne que commence à se répandre l’usage du fer en Palestine. Il s’est introduit assez tardivement, sans doute à cause de la rareté de minerais riches en fer. On a émis plusieurs hypothèses pour expliquer l’origine de son importation. Les uns l’attribuent aux Philistins, d’autres aux Hittites, aux Phéniciens ou aux tribus kéniennes. Cette industrie se propagea, en tout cas, avec rapidité et atteignit tout de suite un haut degré de perfection. Les Cananéens fabriquaient des chars de fer, célèbres dans l’antiquité, et dont l’emploi retarda la conquête des Israélites (Josué 17.16 ; Juges 1.19).
C’est vers le XVe siècle que les Israélites entrèrent en possession de la « terre promise ». Elle devint le cadre où se déroulèrent les étapes douloureuses de l’histoire de la rédemption qui firent d’elle la « terre sainte », chère au cœur de tous les croyants.
L. P.
Vous êtes actuellement sur une version optimisée pour mobile, si vous souhaitez basculer sur la version complète suivez le lien suivant : Palestine