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En offrande à la divinité était en usage chez les anciens Hébreux nomades aussi bien que chez les Cananéens : il est difficile de déterminer la signification exacte de cette coutume : il s’y attachait sans doute, à l’origine, l’idée que ce qui a une valeur particulière pour l’homme n’en a pas une moins importante pour le dieu protecteur et, par conséquent, mérite, au premier chef, de lui être consacré, soit pour se concilier sa faveur, soit pour écarter sa colère, ou encore pour lui témoigner de la reconnaissance.
Aux temps les plus reculés de l’histoire d’Israël, les premiers-nés de l’homme étaient immolés à la divinité au même titre que les premiers-nés des troupeaux : l’épisode de Morija constitue la preuve classique que, à l’époque et dans le milieu d’Abraham, le sacrifice des enfants premiers-nés faisait partie du culte (Genèse 22). Cet usage fut, de bonne heure, réprouvé par la conscience israélite qui y substitua l’obligation du rachat : celle-ci, qui apparaît déjà dans le Livre de l’Alliance (Exode 22.29 et suivant, cf. Exode 13.12 ; Exode 34.19 et suivant), se trouve précisée dans le code deutéronomique (Deutéronome 15.19 ; Deutéronome 15.23) et dans le document sacerdotal qui fixe exactement le prix de rachat (Exode 13.1 ; Lévitique 27.26 et suivant, Nombres 18.15-18).
Cependant, sous l’influence des Cananéens, qui pratiquaient couramment les immolations d’enfants, ainsi que l’établissent les fouilles effectuées en Palestine et le témoignage des auteurs sacrés (Deutéronome 12.31 ; Deutéronome 18.9 et suivant), cette sinistre coutume reparut à différentes reprises, à l’époque sédentaire, malgré les protestations indignées des serviteurs de l’Éternel ; il y eut même quelque temps, dans la vallée de Hinnom, au sud de Jérusalem, un haut-lieu, celui de Tophet, réservé à ce rite barbare (1 Rois 16.34 ; 2 Rois 16.3 ; 2 Rois 17.17 ; 2 Rois 21.6 ; 2 Rois 23.10 ; Jérémie 7.31 ; Jérémie 19.5 ; Jérémie 32.35 ; Ézéchiel 20.36).
Pour ce qui est des premiers-nés du bétail, tandis que la législation la plus ancienne se borne à en prescrire l’offrande à l’Éternel sans indiquer sous quelle forme celle-ci doit se faire, le Deutéronome les destine à servir de victimes pour des repas, de caractère à la fois sacrificiel et familial, organisés dans le sanctuaire, et, à une date plus récente, le Code de Sainteté, achevant l’évolution rituelle, en réserve la chair exclusivement aux prêtres (voir les mêmes textes que pour le rachat). Voir Sacrifices ; Prémices, II
La mort soudaine des premiers-nés fut, selon les traditions hébraïques, le dernier des dix fléaux déchaînés sur l’Égypte, celui qui détermina le monarque égyptien à rendre la liberté aux tribus israélites opprimées ; il y a des raisons de penser que le Pharaon de l’Exode (voir ce mot) fut le successeur du grand bâtisseur Ramsès II : Ménephtah, dont le règne fut troublé par la mort de son fils aîné, déjà associé à lui dans l’exercice du pouvoir royal.
Le peuple d’Israël dans son ensemble est parfois appelé dans l’Ancien Testament le premier-né de Jéhovah (Exode 4.22 ; Jérémie 31.9). La même épithète de premier-né est appliquée à Jésus, au sens propre, dans Luc 2.7, et au Christ, au sens spirituel, dans les épîtres (Romains 8.29 ; Colossiens 1.15-18 ; Hébreux 1.6 ; Apocalypse 1.5).
Pour la situation du premier-né à l’égard de ses frères, voir Aînesse, Famille. Ch. K.
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