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Sac

Ce mot, commun à la plupart des langues européennes, semble remonter à travers le latin et le grec aux langues sémitiques et peut-être à l’égyptien. C’est dans l’Ancien Testament le plus employé des mots hébreux que nous avons à citer ici.

I Sac, récipient

Il s’agit des diverses poches de cuir, d’étoffe, ou de peau avec poils de chèvre ou de chameau, destinées à recevoir toutes sortes d’objets :

  1. saq, pour blé, provisions, etc. (Genèse 42.25 ; Genèse 42.27 ; Genèse 42.35 ; Josué 9.4) ;
  2. kelî = ustensile en général, quelquefois bagages (Genèse 42.25) et en particulier réceptacle comme gibecière ou sac de berger (1 Samuel 17.40) ;
  3. kîs, renferme les petits poids du marchand (Deutéronome 25.13 ; Michée 6.11 ; Proverbes 16.11, Version Synodale : sachet), ou bien de l’or, d’où la traduction : bourse (Ésaïe 46.6 ; Proverbes 1.14) ;
  4. khârit, renferme aussi grandes sommes d’argent, vêtements de prix (2 Rois 5.23), et peut faire partie, comme ornement, de la toilette des élégantes, sous le nom de sachet (Ésaïe 3.22) ;
  5. tserôr = paquet (d’une racine signifiant attacher), représente de même une bourse d’argent bien fermée (Genèse 42.35 ; Proverbes 7.20), image du sac scellé conservant les fautes du pécheur (Job 14.17), mais bourse parfois percée (Aggée 1.6) ; peut être encore un bouquet parfumé posé sur la poitrine (Cantique 1.13) et fournir enfin une belle métaphore : l’écrin des vivants (1 Samuel 25.29). On le voit, ces divers termes représentent des sacs ou bourses de toutes dimensions et d’usages très variés, d’une grande utilité pour les perpétuels voyageurs de la vie nomade. Encore aujourd’hui les bergers de Palestine portent souvent suspendu au cou leur sac de provisions. C’est dans son sac de provisions que Judith emporte la tête d’Holopherne décapité (Juges 10.5 ; Juges 13.10 ; Juges 13.15).

Dans le Nouveau Testament, trois termes grecs sont à considérer :

  1. pèra (Marc 6.8 et parallèle, Luc 22.35 et suivant, etc.) est ordinairement pris pour le sac de provisions du voyageur ; mais d’après Deissmann il serait plutôt à rapprocher du sac à aumônes des prêtres mendiants du paganisme : dans une inscription de l’époque impériale, un esclave de la déesse de Syrie dit que chacune de ses tournées de mendicité pour le compte de sa déesse « lui valait une rentrée de 70 sacs » (VGT, p. 512) ; on pourrait donc presque traduire ici par besace ;
  2. ballantion est la bourse, le sac d’argent (Luc 10.4 ; Luc 12.33 ; Luc 22.35 et suivant) ;
  3. glôssokomon, traduit par bourse à propos de Judas (Jean 12.6 ; Jean 13.29), avait perdu son sens primitif de tronc à embouchure, mais l’emploi fréquent de ce terme dans la langue commune des papyrus prouve qu’il s’agissait d’une boîte, d’une petite « caisse » portative, et non pas d’un sac.

II Sac, vêtement

C’est presque exclusivement avec ce second sens que le saq hébreu apparaît dans l’Ancien Testament, plus de 30 fois. Le sac est le vestige du premier habillement des nomades, le pagne fait de peaux de bêtes, et conservé à travers les siècles comme costume de pénitence et d’humiliation, soit qu’il eût réellement la coupe d’un sac, ouvert pour la tête et les membres, soit qu’il consistât en un grossier tissu de crin entourant le corps ou les reins (cf. Bertholet, Histoire de la civilisation d’Israël, p. 144). C’est l’un des principaux signes de grand deuil (voir ce mot) : le sac sur les reins (Genèse 37.34 ; 1 Rois 20.31 ; Jérémie 48.37 ; Job 16.15), souvent posé directement sur la peau (2 Rois 6.30 ; Amos 8.10), à la façon d’une ceinture (2 Samuel 3.31 ; Ésaïe 15.3 ; Jérémie 4.8 ; Ézéchiel 7.18 ; Ézéchiel 27.31 etc), ou d’un habit dont on se couvre (Ésaïe 37.1 et suivant, Psaumes 35.13 ; Jonas 3.6-8, 1 Macchabées 2.14 etc.). Les hommes que Dieu appelait à être des prophètes de malheur eurent à porter le sac ; c’était à peu près le costume d’Élie (2 Rois 1.8), comme celui de Jean-Baptiste (Marc 1.6 ; Matthieu 3.4), deux messagers dressés contre le luxe de leur époque ; Ésaïe en est revêtu un certain temps (Ésaïe 20.2), ainsi que les deux témoins mystérieux de la vision apocalyptique, qui doivent prêcher la repentance (Apocalypse 11.3 ; grec, sakkos). Les femmes pouvaient avoir aussi à prendre le sac (Ésaïe 3.24 ; Jérémie 49.3; Joël 1.8 ; Juges 8.5 ; Juges 9.1) ; d’après l’apocryphe Judith (4.10-15) on en chargea même les enfants et jusqu’à l’autel. Cette toile grossière et fort rude servait aussi de couchette, dans les mêmes circonstances de deuil et de douleur (2 Samuel 21.10 ; 1 Rois 21.27 ; Ésaïe 58.5; Joël 1.13 ; Esther 4.3). Le sac était ordinairement accompagné de la poussière ou de la cendre (Néhémie 9.1) ; d’où l’expression courante : prendre le sac et la cendre (Daniel 9.3), que Jésus emploie pour décrire des manifestations de repentir public en Orient (Matthieu 11.21). Naturellement, le retour à la joie et aux circonstances normales se marquait par l’enlèvement du sac (Psaumes 30.12 ; Esther 4.4 ; Juges 10.3). Sa couleur sombre était elle-même symbolique ; elle inspire l’image du ciel qui s’assombrit comme s’il prenait aussi le sac du deuil (Ésaïe 50.3 ; Apocalypse 6.12). La coutume israélite devait être imitée plus tard par l’adoption du sac dans les pèlerinages, dans certaines confréries de pénitents, et par l’emploi du cilice de mortification, pratique ascétique opposée à l’esprit de l’Évangile.

Jean Laroche

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