A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W X Y Z


Satan

Dans l’Ancien Testament

Le mot hébreu Satan, avant de devenir un nom propre, a été un nom commun employé pour désigner tout être qui s’oppose comme adversaire ou comme accusateur (Nombres 22.22 ; 2 Samuel 19.22 ; 1 Rois 11.25 ; Psaumes 109.6 ; nous trouvons le verbe correspondant dans Psaumes 38.21 ; Psaumes 109.4).

L’esprit mystérieux et redoutable appelé Satan n’est mentionné que dans trois passages de l’Ancien Testament, et ces trois textes appartiennent à des écrits de la période post-exilique, ce qui laisse supposer une influence de la religion des Perses, au contact de laquelle Israël s’est trouvé pendant l’exil. On sait que cette religion est fondée sur l’opposition absolue de deux principes spirituels, irréductibles, également primitifs : Ahura-Mazda ou Ormazd, le principe du bien, et Angra-Mainyu ou Ahriman, le principe du mal. Mais cette influence du dualisme iranien semble n’avoir été que la cause occasionnelle de l’apparition tardive de Satan dans la littérature canonique de l’Ancien Testament La raison profonde, nous la trouvons dans l’antique notion hébraïque d’un Dieu caractérisé essentiellement par l’attribut de la puissance et qui est la cause unique de tout ce qui arrive en bien et en mal. Si la distinction du bien et du mal (voir ces mots) est très nette quand il s’agit de l’homme (le bien, c’est l’obéissance à Dieu, et le mal, la désobéissance), il n’en va pas de même quand il s’agit de Dieu, car Jéhovah fait ce qui lui plaît et tout dépend de son bon plaisir. Un texte met particulièrement en évidence cette sorte d’amoralisme : « Avec celui qui est fidèle, tu es fidèle ; avec l’homme intègre, tu agis avec intégrité ; avec celui qui est pur, tu te montres pur ; et avec le pervers, tu te fais pervers » (Psaumes 18.26 et suivant, Segond traduit : « … tu agis selon sa perversité », et la Version Synodale : « … tu te joues de sa perversité » ; on devine aisément sous ces euphémismes l’embarras des traducteurs).

Derrière ce qui est mal, du point de vue de la conduite humaine, et qui, comme tel, sera châtié, il peut y avoir une volonté particulière et une activité initiale de Dieu. Dans plusieurs passages, Jéhovah est présenté comme l’inspirateur de pensées mauvaises dans le cœur de ceux qu’il veut perdre.

C’est lui qui « endurcit le cœur de Pharaon » pour qu’il ne laisse partir les Hébreux qu’après avoir été durement frappé, lui et son peuple (Exode 4.21 ; Exode 7.3 ; Exode 10.20, cf. Deutéronome 2.30).

C’est lui qui, voulant faire mourir les fils d’Héli, les pousse à ne pas écouter la voix de leur père (1 Samuel 2.25).

C’est lui qui, dans sa colère, excite David à faire le dénombrement du peuple et qui châtie ensuite Israël en lui envoyant la peste à cause de cet acte considéré comme un péché (2 Samuel 24.1 et suivants ; voir aussi 1 Rois 12.15 ; 2 Rois 24.19 et suivant).

L’action de cette causalité absolue se fait aussi sentir dans le monde matériel, car, si Dieu donne la santé et le bonheur, il envoie également la maladie et le malheur (voir, par exemple, les bénédictions et les malédictions énumérées dans Deutéronome 28).

Jéhovah a sous ses ordres des esprits qui, tantôt sous une forme impersonnelle, tantôt sous une forme personnelle, peuvent exercer de sa part une action mauvaise sur les hommes.

C’est ainsi qu’il envoie :

  • un « esprit de discorde » entre Abimélec et les habitants de Sichem (Juges 9.23),
  • un « mauvais esprit » pour tourmenter Saül (1 Samuel 16.14 ; 1 Samuel 16.23 ; 1 Samuel 18.10),
  • un « esprit de mensonge » pour séduire Achab et le conduire à sa perte (1 Rois 22.18 ; 1 Rois 22.23),
  • « un esprit de vertige » (Ésaïe 19.14),
  • « un esprit d’assoupissement » (Ésaïe 29.10).

Les anges sont aussi parfois les agents de la colère divine. Exemples :

  • l’ange exterminateur (Exode 12.23 ; 2 Samuel 24.16 et suivant, 2 Rois 19.35),
  • les « anges de malheur » (Psaumes 78.49),
  • l’ange qui chasse et qui poursuit (Psaumes 35.5 et suivant).

Or, si tout vient de Dieu, si Dieu tient tout dans sa main, les anges et les esprits aussi bien que les hommes, il est aisé de comprendre qu’il ne soit pas nécessaire, pour expliquer la présence du mal dans le monde, de faire intervenir un être mauvais agissant en dehors de lui.

Mais, au fur et à mesure que la Révélation progresse, nous voyons s’épurer lentement cette notion primitive de Dieu, l’accent étant mis de plus en plus sur la sainteté de Jéhovah. Sans doute, cette sainteté a-t-elle été toujours proclamée ; mais, au début, elle n’avait pas le sens de perfection morale qu’elle devait prendre plus tard. Le terme de saint désignait surtout ce qui est sacré, inviolable, divin. La sainteté de Jéhovah était sa souveraineté absolue, sa dignité unique et exclusive, sa majesté et sa grandeur dont les manifestations inspiraient à l’homme un profond sentiment de crainte. C’est grâce à la prédication des prophètes que s’affirme le caractère moral de Jéhovah présenté avant tout comme le Dieu de la justice. La sainteté dont Ésaïe a la révélation (Ésaïe 6.1 ; Ésaïe 6.7) est la parfaite pureté morale de Dieu, pureté que le prophète Habacuc exprime en ces termes : « N’es-tu pas de toute éternité, Éternel, mon Dieu, mon Saint ? Tes yeux sont trop purs pour voir le mal et tu ne peux pas regarder l’iniquité » (Habakuk 1.12 et suivant, cf. Psaume 99).

Or, tandis que se poursuit, durant l’exil et pendant la période post-exilique, le développement de cette notion de la sainteté de Jéhovah, peu à peu s’impose la conviction qu’il est impossible d’imputer à Dieu l’inspiration mauvaise et qu’il faut attribuer à un autre l’action pernicieuse qui s’exerce dans le cœur des hommes.

C’est dans le prologue du livre de Job, écrit après l’exil, qu’apparaît pour la première fois Satan (Job 1 et Job 2) : « Les fils de Dieu vinrent un jour se présenter devant l’Éternel et le Satan vint aussi au milieu d’eux » (Job 1.6). Il fait donc partie de la cour céleste ; mais, tout en étant mentionné avec les « fils de Dieu », il semble avoir une place à part. Son nom n’est pas encore un nom propre car il est appelé « le Satan », désigné ainsi à cause de son rôle d’accusateur public dans le conseil de Dieu. Si rien dans le récit ne permet d’affirmer qu’il a une nature foncièrement mauvaise, il se révèle pourtant singulièrement malveillant envers les hommes, suspectant leurs intentions, doutant de leur sincérité, se réjouissant de les prendre en faute et cherchant à faire partager sa suspicion à Jéhovah. C’est lui qui envoie à Job toutes sortes, de calamités et qui, après l’avoir privé de tous ses enfants, le frappe durement dans son corps. Mais le texte nous montre très nettement qu’il ne peut agir ainsi qu’avec la permission de Jéhovah. Si donc il est déjà l’adversaire des hommes, il n’est pas encore l’adversaire de Dieu.

Dans le livre de Zacharie (Zacharie 3.1-5), les traits du caractère de Satan s’accentuent. Le prophète voit le grand-prêtre Josué debout devant l’ange de l’Éternel, et le Satan qui se tient à sa droite pour l’accuser. Or Satan, cette fois, en accusant Josué, non à cause de ses péchés personnels, mais en tant que grand-prêtre représentant le peuple d’Israël, s’oppose aux desseins miséricordieux de Jéhovah.

Aussi lui est-il répondu : « Que l’Éternel te réprime, Satan, que l’Éternel te réprime, lui qui a choisi Jérusalem ! »

Avec le livre des Chroniques (1 Chroniques 21.1), nous franchissons une nouvelle étape. « Satan se leva contre Israël et il excita David à faire le dénombrement d’Israël ». Maintenant c’est par un nom propre (Satan, sans l’article) que l’Adversaire est désigné, et non plus par un nom commun indiquant sa fonction. Il est devenu le Tentateur qui agit par lui-même, en dehors de Dieu, pour faire tomber les hommes dans le péché. Si on compare le récit que nous donne le Chroniste avec celui qui nous est rapporté dans 2 Samuel 24.1 pour relater le même événement, on voit le chemin qu’a parcouru la pensée religieuse d’Israël : ce n’est plus Dieu qui est l’instigateur de l’action mauvaise de David, mais Satan.

Dans les Apocryphes et dans les Apocalypses juives

Nous découvrons dans la littérature extracanonique de la période hellénistique des influences incontestables du syncrétisme oriental. La démonologie prend un développement considérable ; mais elle n’aboutit nulle part à un dualisme aussi radical que celui de la religion iranienne, car la souveraineté de Dieu n’est jamais mise en question.

Dans le livre de Tobit (Tobit 3.8), nous trouvons un démon appelé Asmodée qui vraisemblablement est le Aêchtna-daêva, le démon de la sensualité et de la fureur de la religion des Perses. C’est à son action ainsi qu’à celle de « toutes sortes de démons » que sont attribuées diverses maladies psychiques et physiques.

Dans la Sapience apparaît pour la première fois l’identification de Satan avec le serpent de la Chute. « C’est par l’envie du Diable (grec diabolos = calomniateur) que la mort est entrée dans le monde » (Sagesse 2.24). Le rédacteur jéhoviste du récit de Genèse 3 ne pouvait, lui, avoir l’idée d’une telle identification, car nous avons vu que la notion d’un être radicalement mauvais et indépendant de Dieu était étrangère à la pensée hébraïque antérieure à l’exil. D’autre part, quand le serpent est présenté comme « le plus rusé des animaux des champs que l’Éternel Dieu avait faits » (Genèse 3.1), il serait faux de croire qu’il est pour l’auteur simplement un animal comme les autres, sous la domination de l’homme. C’est un être énigmatique et troublant, qui semble doué d’un pouvoir surnaturel lui permettant de savoir ce qu’Adam et Eve ignorent encore (Genèse 3.5) et dont les intentions sont nettement malveillantes. En résumé, si l’on ne veut pas tirer de ce texte plus qu’il ne contient, il faut se borner à dire que, dans le récit symbolique de la Chute, le serpent représente une puissance mauvaise qui, elle, reste entièrement indéterminée (voir Chute). Dans la Sapience, au contraire, la détermination de cette puissance est complète : c’est le Diable qui a séduit le premier couple humain et qui a ainsi introduit la mort dans le monde. Cette identification de Satan avec le serpent se retrouve dans la littérature rabbinique et dans quelques passages du Nouveau Testament, implicite dans Romains 16.20 ; 2 Corinthiens 11.3, explicite dans Apocalypse 12.9 ; Apocalypse 20.2.

Le livre d’Hénoc, dans sa partie la plus ancienne (fin du IIe siècle avant Jésus-Christ), interprétant d’une façon tout à fait fantaisiste le récit de Genèse 6.1 ; Genèse 6.4, fait remonter l’origine des démons à la chute des anges ou « fils du ciel », qui s’unirent aux filles des hommes et leur révélèrent « les antiques mystères du ciel » au moyen desquels les hommes multiplièrent le mal sur la terre. Le chef de ces anges déchus est Sémiazas ; mais le plus redoutable de tous est Azaël (ou Azazel), « par la doctrine et les œuvres duquel toute la terre fut corrompue ». De ces unions illicites naquirent les géants. C’est de ces géants que sont issus les mauvais esprits qui tourmentent les hommes et qui exercent leurs ravages sur la terre jusqu’au jour du jugement final. Le déluge vint comme châtiment de la corruption générale. Quant à Azaël et aux autres anges pervertis, ils furent jetés « dans les ténèbres, dans les vallées de la terre » où ils demeureront liés en attendant le jugement dernier. Ils seront alors « amenés dans le gouffre de feu, dans la torture et dans la prison où l’on est enfermé pour l’éternité ». Dans la partie la plus récente du livre (datant probablement du milieu du Ier siècle avant Jésus-Christ), il est parlé de démons ayant pour chef suprême Satan et appelés eux-mêmes des Satans. Ces démons seraient autres que ceux issus des géants, car ils auraient existé avant la chute des anges racontée dans la première partie. Mais il est sans doute vain de chercher à dégager une doctrine cohérente de toutes ces données trop souvent contradictoires.

Telle est, dans ses grandes lignes, la démonologie élaborée durant la période hellénistique. La littérature rabbinique postérieure ne fait que la reprendre avec quelques variantes. Samael, le chef des démons, appelé aussi l’ange de la mort, y est présenté comme l’instigateur de la chute et le tentateur qui entraîne les hommes à la perdition.

Dans le Nouveau Testament

Satan, dont le nom apparaît plusieurs fois :

Dans les Évangiles

(Matthieu 4.10 ; Matthieu 12.26 ; Marc 4.15; Luc 10.18 ; Luc 13.16 ; Luc 22.3 ; Luc 22.31 ; Jean 11.27) y est aussi appelé :

  • le Diable (Matthieu 4.1 ; Matthieu 13.39 ; Matthieu 25.41; Luc 8.12 ; Jean 8.44 ; Jean 13.2),
  • le Malin (Matthieu 5.37 ; Matthieu 6.13 ; Matthieu 13.19-38),
  • l’Ennemi (Matthieu 13.39; Luc 10.19),
  • le Tentateur (Matthieu 4.3),
  • Béelzébul (voir Baal-Zébub),
  • le prince des démons (Matthieu 10.25 ; Matthieu 12.24 et parallèle),
  • le prince de ce monde (Jean 12.31 ; Jean 14.30 ; Jean 16.11).

Jésus le caractérise ainsi : « Dès le commencement, celui-là fut homicide, et il ne se tient pas dans la vérité, parce qu’il n’y a point de vérité en lui. Quand il profère le mensonge, il parle de son propre fonds, étant menteur et père du mensonge » (Jean 8.44).

Satan est présenté comme l’adversaire qui cherche à corrompre les hommes et à détruire en eux l’œuvre de Dieu. Il enlève de leur cœur la bonne semence « de peur qu’ils ne croient et ne soient sauvés » (Luc 8.12) ; il sème l’ivraie au milieu du froment (Matthieu 13.39) ; il tente le Maître pour essayer de l’empêcher d’accomplir sa mission (Matthieu 4.1 et parallèle) ; il tente aussi les disciples pour les faire tomber lorsque vient « l’heure où règnent les ténèbres » (Luc 22.31 ; Luc 22.53) ; il suggère à Judas de livrer Jésus (Jean 13.2). Cette irruption de l’Esprit mauvais dans le cœur du traître est exprimée en ces termes : « Satan entra en Judas » (Luc 22.3, cf. Jean 13.27).

C’est contre sa puissance redoutable que Jésus met en garde ses disciples : « Craignez celui qui peut faire périr l’âme et le corps dans la géhenne » (Matthieu 10.28; Luc 12.5) ; c’est de lui qu’ils doivent demander à Dieu d’être délivrés : « Délivre-nous du Malin » (Matthieu 6.13). On traduit habituellement : « Délivre-nous du mal » ; mais pourquoi rendre autrement ici le mot ho ponêros. qui, dans les autres passages de l’Évangile de Matthieu où il se trouve (voir plus haut), désigne incontestablement le Malin ?

Satan exerce aussi son pouvoir dans le monde matériel, car c’est de lui que viennent, directement ou par l’intermédiaire des démons, les maladies et les infirmités. Voici quelques déclarations de Jésus qui montrent clairement que telle était sa conviction. Quand, à propos d’une guérison qu’il opère, les pharisiens disent de lui : « Celui-là ne chasse les démons que par Béelzébul, le prince des démons », il répond : « Tout royaume divisé contre lui-même tombe en ruines… Or si Satan chasse Satan, il est divisé contre lui-même ; comment alors son royaume subsistera-t-il ? » (Matthieu 12.22-28). Cette-réponse de Jésus, qui fait appel au simple bon sens pour réfuter par l’absurde l’explication de ses adversaires, prouve d’une façon indubitable qu’il considérait cette maladie comme venant de Satan. Lorsque les disciples, qu’il avait envoyés en mission, lui racontent les guérisons qu’ils ont faites, il s’écrie : « Je voyais Satan tomber du ciel comme un éclair » (Luc 10.18). Dans une autre circonstance, parlant d’une femme infirme qu’il vient de guérir, il dit : « Cette femme que Satan tenait garrottée depuis dix-huit années…  » (Luc 13.16). L’apôtre Pierre dépeindra plus tard l’activité du Maître en ces termes : « Jésus de Nazareth, oint par Dieu d’Esprit saint et de puissance, allait de lieu en lieu en faisant le bien, en guérissant tous ceux qui étaient sous l’empire du Diable, parce que Dieu était avec lui » (Actes 10.38). Il ressort de là que Jésus et, avec lui, ses disciples voient dans la maladie et dans la souffrance non l’expression de la volonté de Dieu, mais la manifestation de l’activité pernicieuse de Satan. Et c’est pourquoi, durant tout son ministère, le Sauveur n’a cessé de lutter contre le mal sous toutes ses formes, aussi bien en délivrant les corps de l’esclavage de la maladie qu’en libérant les âmes de l’esclavage du péché.

Tout ceci nous montre que Jésus a admis un certain dualisme. Sans doute ce dualisme ne ressemble en rien au dualisme métaphysique qui met aux prises deux principes absolument opposés, entièrement indépendants l’un de l’autre et également primitifs. Une telle conception est tout à fait étrangère à la pensée de Jésus qui, d’ailleurs, est resté en dehors de toute spéculation et n’a jamais abordé le problème théorique de l’origine première du mal. Mais, sur le terrain des faits, il constate et il affirme que Dieu n’est pas seul à agir dans le monde, car Satan y manifeste aussi sa présence et son action. Et Satan est l’ennemi non seulement des hommes mais encore de Dieu (parabole de l’ivraie). Il est le chef d’un royaume en lutte avec le royaume de Dieu, et il exerce ici-bas un tel empire qu’il est appelé « le prince de ce monde ». Mais, quelle que soit la puissance de l’Ennemi, Dieu reste le Seigneur du ciel et de la terre, et sa volonté demeure souveraine.

L’œuvre accomplie par le Sauveur marque le commencement de la défaite de Satan :

  • « Je vous ai donné la puissance de fouler aux pieds toutes les forces de l’Ennemi » (Luc 10.19) ;
  • « prenez courage, j’ai vaincu le monde » (Jean 16.33) ;
  • « le prince de ce monde est jugé » (Jean 16.11) ;
  • « le prince de ce monde va être chassé » (Jean 12.31) ;
  • et, au jour fixé par Dieu, Satan sera jeté dans le feu éternel préparé pour lui et pour ses anges (Matthieu 25.41).

De cette étude des textes évangéliques se dégage une conclusion : Jésus a cru à l’existence personnelle de Satan. A-t-il simplement partagé sur ce point les idées de son temps, ou bien l’affirmation de la réalité de Satan fait-elle partie intégrante de son enseignement ? Pour le savoir, rappelons-nous qu’il « est venu chercher et sauver ce qui était perdu » (Luc 19.10). C’est là sa raison d’être ; c’est là la signification profonde et de sa personne et de sa mission. Or, pour accomplir cette œuvre de salut, ne fallait-il pas qu’il connût exactement la nature du mal dont il venait délivrer les hommes ? Et, si cette connaissance lui était nécessaire pour l’action, pouvait-il ne pas lui donner une place dans son enseignement ?

Dans les épîtres de saint Paul

  • Satan est le Tentateur (1 Thessaloniciens 3.5 ; 1 Corinthiens 7.5),
  • qui a séduit Eve (2 Corinthiens 11.3) ;
  • qui cherche à faire tomber les hommes dans ses pièges (1 Timothée 3.7)
  • afin de s’emparer d’eux et de les soumettre à sa volonté (2 Timothée 2.26) ;
  • qui, pour mieux atteindre ce but, sait se déguiser en ange de lumière (2 Corinthiens 11.14) ;
  • qui fait souffrir (2 Corinthiens 12.7) ;
  • qui détruit (1 Corinthiens 5.5).
  • Aussi faut-il ne lui offrir aucune prise (Éphésiens 4.27),
  • résister à ses manœuvres (Éphésiens 6.11),
  • se protéger contre ses traits enflammés (Éphésiens 6.16),
  • éviter de tomber sous son jugement (1 Timothée 3.8).
  • Satan est le chef des démons ; il commande aux « puissances qui sont dans l’air » (Éphésiens 2.2) ;
  • son royaume comprend « les principautés, les autorités, les puissances de ce monde de ténèbres, les esprits mauvais des régions célestes » (Éphésiens 6.12) ;
  • il est « le dieu de ce siècle » (2 Corinthiens 4.4).
  • Entre lui et le Christ l’opposition est absolue : « La lumière peut-elle s’entendre avec les ténèbres ? Le Christ peut-il s’unir à Bélial ? » (ou Béliar, un des noms du Diable dans la théologie juive, 2 Corinthiens 6.14 et suivant).
  • Être sauvé, c’est donc échapper à l’emprise de Satan pour appartenir à Christ : « Le Père nous a arrachés au pouvoir des ténèbres et transportés dans le royaume de son Fils bien-aimé » (Colossiens 1.13).
  • Cet antagonisme prendra fin quand le Christ « remettra la royauté à Dieu son Père, après avoir anéanti toute domination, toute autorité, toute puissance » (1 Corinthiens 15.24).

Dans les autres épîtres

L’épître aux Hébreux, se référant probablement à Sagesse 2.24, présente le Diable comme « celui qui a la puissance de la mort » (Hébreux 2.14).

L’épître de saint Jacques parle des démons qui croient en Dieu et qui en tremblent (Jacques 2.19) ; du Diable qui s’enfuit loin de ceux qui lui résistent (Jacques 4.7).

La 1ère épître de saint Pierre compare l’Adversaire à un lion rugissant (1 Pierre 5.8).

Dans la 1ère épître de saint Jean nous trouvons une série d’affirmations qui rappellent celles du 4e Évangile :

  • le Diable pèche depuis le commencement (1 Jean 3.8) ;
  • le monde entier est en son pouvoir (1 Jean 5.19) ;
  • le Fils de Dieu est apparu pour détruire ses œuvres (1 Jean 3.8) ;
  • ceux qui sont nés de Dieu ont vaincu le Malin (1 Jean 2.13 et suivant),
  • qui n’a plus aucune prise sur eux (1 Jean 5.18).

Les deux passages : Jude 1.6 et 2 Pierre 2.4, relatifs à la chute des anges, montrent que le livre d’Hénoc était lu dans certains milieux chrétiens. Jude 1.9 est une allusion à un autre Pseudépigraphe : l’Assomption de Moïse.

Dans l’Apocalypse

Dans son langage symbolique, décrit les dernières phases de la lutte entre le royaume de Satan et le royaume de Dieu. L’armée dévastatrice des sauterelles qui sortent du puits de l’abîme pour tourmenter les hommes a à sa tête « un roi, l’ange de l’abîme qui s’appelle en hébreu Abaddon [la destruction] et en grec Apollyon [le destructeur] » (Apocalypse 9.11). Ensuite a lieu, dans le ciel, un combat qui met aux prises Michel et ses anges d’une part, le dragon et ses serviteurs de l’autre. Le dragon, « le serpent antique qui s’appelle le Diable et Satan, le séducteur du monde entier », est vaincu et précipité avec ses anges sur la terre où, plein de rage et sachant que ses jours sont comptés, il se met à combattre ceux qui sont restés fidèles à Jésus (Apocalypse 12.7 ; Apocalypse 12.17). Mais, au temps marqué, il est réduit à l’impuissance et lié pour mille ans dans l’abîme (Apocalypse 20.1-3). Les mille ans accomplis (voir Millenium), il sort de sa prison pour égarer les nations et les conduire à la bataille contre les saints ; mais ses armées sont anéanties et il est jeté dans l’étang de feu et de soufre pour y subir le châtiment définitif (Apocalypse 20.1-10).

À travers ces symboles, inhérents au genre apocalyptique, s’affirme, forte et sereine, la certitude que Jésus avait mise dans le cœur de ses disciples et qui, de génération en génération, est le secret de l’espérance chrétienne : quels que soient les efforts de Satan pour maintenir son empire, il est vaincu d’avance et son royaume prendra fin, car il n’est qu’un usurpateur. À Dieu seul appartient le règne aux siècles des siècles.

Alb. D.

Sat
Satrape  

Vous êtes actuellement sur une version optimisée pour mobile, si vous souhaitez basculer sur la version complète suivez le lien suivant : Satan