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(hébreu aqrâb). Animal de la classe des arachnides, caractérisé par 4 paires de pattes, une paire de fortes pinces, un abdomen dont la partie postérieure allongée en queue incurvée se termine par un aiguillon courbe à la piqûre venimeuse. Il se nourrit d’insectes et de vers, parfois même de ses congénères, et tue d’un coup d’aiguillon la proie qu’il retient par ses pinces ; la femelle dévore le mâle après la fécondation. Le midi de l’Europe connaît le scorpius europaeus et le huthus occitanus ; mais l’Orient possède 6 à 12 espèces des genres buthns et androctonus, qui peuvent atteindre 15 cm de long (30 sous les tropiques), sont de couleurs diverses (blancs ou gris, jaunes, bruns, rougeâtres, noirs) et se tiennent de préférence sous les pierres, dans les crevasses, les ruines, les citernes sèches ; ce sont des animaux nocturnes. Leur piqûre est très douloureuse pour l’homme et peut en certains cas être mortelle (androctonus signifie : tueur d’homme).
Dans l’Ancien Testament, les scorpions sont mentionnés au sens propre (avec les serpents) comme de redoutables dangers du désert terrible aux Hébreux (Deutéronome 8.15). Une région porte leur nom : la montée d’Akrabbîm (Nombres 34.4 ; Josué 15.3 ; Juges 1.36), c’est-à-dire des Scorpions, entre Juda et Edom, au sud-ouest de la mer Morte ; la province s’appela plus tard Acrabattène (1 Macchabées 5.3), et le même nom fut aussi porté par une province située entre Sichem et Jérico, comme un village d’Akraba et un canal d’Akrabani se trouvent dans le voisinage de Damas. Au sens figuré, le scorpion représente : les persécutions des rebelles qui entourent le prophète (Ézéchiel 2.6), une femme méchante envers son mari (Siracide 26.7), les châtiments de Dieu destinés aux impies (Siracide 39.30) ; un supplicié sur la roue est comparé au scorpion recourbant son corps (4 Macchabées 11.10).
Dans le Nouveau Testament, les scorpions sont mentionnés trois fois (dont deux, encore, avec les serpents). À propos de l’exaucement d’un fils par son père, Jésus pose la question : « S’il lui demande un oœuf, lui donnera-t-il un scorpion ? » (Luc 11.12 ; cette question n’est pas conservée dans le parallèle Matthieu 7.10). Il est vain d’expliquer ce rapprochement par une prétendue ressemblance, qui n’existe pas, entre l’oœuf et le scorpion : le choix de cet animal en fait d’exemple renouvelle l’idée d’un don mortel, déjà suggérée à propos du serpent, et opposée à celle des aliments les plus habituels et les meilleurs. Dans ses encouragements aux soixante-dix disciples, Jésus déclare : « Je vous ai donné le pouvoir de fouler aux pieds les serpents, les scorpions et toute la puissance de l’ennemi » (Luc 10.19), ce qui doit être une allusion à Psaumes 91.13 ; l’un des deux termes parallèles désignant dans ce psaume des serpents (aspic, dragon) a pu devenir un scorpion à travers une traduction. Il y a naturellement dans ces deux passages une expression figurée évoquant les puissances infernales (cf. le verset précédent dans Luc : « Je voyais Satan tomber du ciel… »). L’ancienne mythologie ne distinguait guère, d’ailleurs, entre les monstres terrestres et les ennemis supraterrestres ; c’est ainsi que, dans la vision de Apocalypse 9.1 ; Apocalypse 9.11, les êtres malfaisants qui doivent causer « le premier malheur » (Apocalypse 9.12) en tourmentant les hommes non marqués du sceau de Dieu, sont représentés comme des sauterelles armées du pouvoir des « scorpions de la terre » (Apocalypse 9.3) ; d’après les anciens, il y avait des scorpions de l’air, ailés, et des scorpions de la terre), capables de causer un tourment analogue à la piqûre de cet animal (Apocalypse 9.5), et ce pouvoir réside dans leurs queues (Apocalypse 9.10). On en a rapproché les deux géants-scorpions de l’épopée babylonienne de Gilgamès (IX, 2-4), homme et femme, terribles portiers, reproduits dans la sculpture de la Babylonie, et mis en relation avec les constellations du zodiaque le Scorpion et le Sagittaire ; la Balance était elle-même appelée par les anciens Grecs Khêlaï = pinces [du scorpion].
Le proverbe latin bien connu : in cauda venenum, est une allusion au scorpion. Dans l’art chrétien, cet animal est un emblème d’opposition au Christ : le peintre Luini en a placé un sur le bouclier d’un soldat romain dans la fresque de la « Crucifixion » de Sainte-Marie-des-Anges à Lugano.
Les « scorpions » de 1 Rois 12.11 ; 1 Rois 12.14 parallèle 2 Chroniques 10.11-14 étaient des espèces de fouets (voir ce mot) garnis de pointes. Ceux de 1 Macchabées 6.51 étaient des machines de guerre, fortes arbalètes servant à lancer de gros traits.
Jean Laroche
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