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Sommeil

Le sommeil, fonction naturelle indispensable au repos du corps et de l’esprit, est une suspension momentanée des manifestations de la vie animale, durant laquelle se poursuit dans l’inconscience la vie végétative et, jusqu’à un certain point, la vie mentale. Chez les tout petits, le sommeil prend les deux tiers de l’existence. Chez les adultes, sept à huit heures de sommeil suffisent. L’abus du sommeil et l’insomnie prolongée produisent des effets déprimants. Ils introduisent le désordre dans le fonctionnement de l’être en déshabituant les muscles et le système nerveux de travailler normalement. Le corps et l’âme en sont également affectés.

La Bible parle fréquemment du sommeil et en tire de suggestives métaphores.

Au sens propre, on y trouve le sommeil :

  • d’Adam (Genèse 2.21),
  • de Jacob (Genèse 28.11),
  • d’Élie (1 Rois 19.5),
  • de Joseph (Matthieu 1.24),
  • de Jésus (Marc 4.39; Luc 8.24),
  • des apôtres (Matthieu 26.40)
  • et le sommeil d’Eutyche, qui tombe par la fenêtre (Actes 20.9).

Un bon sommeil est la récompense :

  • du travail (Ecclésiaste 5.12),
  • d’une bonne conscience (Siracide 31.20),
  • de la confiance en Dieu (cf. Psaumes 121.4)

Par contre les passions, les préoccupations, la méditation, l’envie, le chagrin, les intentions criminelles, l’intempérance troublent le sommeil et le chassent (Daniel 6.18 ; Ecclésiaste 8.16 ; Siracide 40.5 ; Siracide 42.9 ; Siracide 31.1 ; 1 Macchabées 6.10, Proverbes 4.16 etc.).

Le sommeil déliant l’organisme de toute emprise de la personnalité, libère en l’homme le subconscient et rend celui-ci plus accessible aux influences spirituelles. Aussi l’humanité a-t-elle, par un sûr instinct, pensé dès les temps primitifs que la divinité pouvait agir sur l’homme pendant qu’il dormait et l’instruire au moyen de songes.

La Bible, en particulier l’Ancien Testament, donne aux songes une grande valeur pédagogique (cf. le discours d’Élihu dans Job 33.14 ; Job 33.18) et rapporte plusieurs songes qui sont restes historiques :

  • celui de Jacob (Genèse 28.12),
  • de Joseph (Genèse 37.5),
  • du Pharaon (Genèse 41.1 ; Genèse 41.14),
  • de Salomon (1 Rois 3.5),
  • ceux que Daniel eut à expliquer (Daniel 1.17 etc.),
  • ceux de l’Évangile de l’enfance (Matthieu 1 et Matthieu 2),
  • celui de la femme de Pilate (Matthieu 27.19), etc.

La Bible considérant le sommeil comme une nécessité quotidienne dont le retour régulier rythme la vie, emploie l’expression « se lever et se coucher » pour marquer le cadre de l’activité journalière (Deutéronome 6.7 ; Marc 4.27).

Les Hébreux dormaient tantôt sur des lits (Lévitique 15.4 ; 2 Samuel 17.28 ; 2 Chroniques 22.11 etc.), tantôt sur des grabats, sortes de lits de camp ou de légers brancards avec cadre en bois soutenant des sangles (cf. Marc 2.3 ; Marc 6.55 ; Actes 5.15 ; Actes 9.33), ce qui permet à Jésus de dire en deux occasions au malade qu’il a guéri : « Prends ton lit » (Jean 5.8 ; Matthieu 9.6). Les pauvres devaient, comme chez les peuples voisins, dormir sur des nattes de jonc.

Jésus, dans sa parabole de Matthieu 25.5, parle du sommeil des dix vierges. On a interprété ce sommeil, soit comme un relâchement dans la foi, soit comme une « distraction causée par les occupations du monde » (Calvin), soit comme une chute morale, soit comme le moment de la mort physique. Comme toute l’application de la parabole se résume dans le mot « veillez », il est probable que Jésus, par ce sommeil, a voulu marquer le peu de persévérance que les hommes montrent dans les occasions où Jésus leur semble faire attendre l’effet de ses promesses, et l’indifférence qu’ils manifestent à l’égard du moment certain où « Jésus viendra » ; qu’il s’agisse de leur mort, ou de Son retour glorieux.

Par extension, le sommeil, qui a tous les signes d’une mort transitoire, est employé dans la Bible comme l’image du repos de la tombe ; d’où les expressions :

  • « dormir avec ses pères »,
  • « se coucher avec ses pères »,
  • « s’endormir de son dernier sommeil »,
  • « dormir son sommeil éternel »,
  • « dormir dans la poussière »

(Genèse 47.30 ; Deutéronome 31.16 ; 2 Samuel 7.12 ; 1 Rois 11.43, cf. 1 Thessaloniciens 4.13 ; 1 Corinthiens 7.39 ; 1 Corinthiens 11.30 ; 2 Pierre 3.4, etc.).

L’expression « dormir », pour « être mort », est aussi employée par Jésus dans Jean 11.11 ; cf. Matthieu 9.24 ; Matthieu 27.52.

L’état de sommeil étant celui de l’inconscience et de l’inaction, les Hébreux attribuent parfois au sommeil de Dieu les retards de son intervention ; d’où les adjurations des psalmistes :

  • « Réveille-toi ! pourquoi dors-tu, Seigneur ? » (Psaumes 44.24),
  • « Réveille-toi, réveille-toi pour me faire justice ! » (Psaumes 35.23)
  • « Réveille-toi, bras de l’Éternel ! » (Psaumes 7.7 ; Ésaïe 51.9)

Par contre, ce qui rassure le pèlerin pendant son voyage et avec lui tout Israélite fidèle, c’est que : « Il ne sommeille ni ne dort, celui qui garde Israël » (Psaumes 121.4).

À l’activité de Dieu doit répondre l’activité de ses fidèles : « Réveille-toi, réveille-toi, Jérusalem ! » (Ésaïe 51.17 ; Ésaïe 52.1), etc.

Enfin, l’image du sommeil est employée pour exprimer la torpeur de l’âme, l’état de mort spirituelle des pécheurs qui n’ont pas répondu à l’appel de Jésus, et la coupable indifférence des chrétiens qui ont laissé s’éteindre en eux toute flamme d’activité spirituelle. Ici, nous avons le texte classique de Paul dans Éphésiens 5.14 : « Réveille-toi, toi qui dors, et te relève d’entre les morts, et Christ t’éclairera ». C’est de l’ensemble de ces textes et de leur application métaphorique que sont nées les expressions courantes dans le monde religieux : théologie du Réveil, réunion de réveil, revivalisme, etc.

Voir Songe, Divination, Lit.

Alexandre Westphal

Son  

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