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Premier mot et nom latin liturgique du cantique de Zacharie (Luc 1.67-79), transcrit dans nos psautiers et conservé dans nos liturgies : « Béni soit à jamais le grand Dieu d’Israël… » C’est au moment où la parole revient au vieux prêtre, dans la réunion de famille autour du petit Jean âgé de huit jours, que Zacharie, repentant de son incrédulité (Luc 1.20), emploie à bénir Dieu la parole qui lui est rendue. Il « prophétise », c’est-à-dire s’exprime en prophète, et, de plus, en citations des prophètes (voir une Bible à parallèles), pour célébrer la libération divine qui va permettre au peuple du Seigneur de le servir (grec latreueïn, terme cultuel) dans la sainteté et dans la justice. C’est bien le chant sacerdotal d’un prêtre, inspiré d’esprit prophétique. On peut y voir deux parties, subdivisées en quatre strophes :
Dans la deuxième partie, Zacharie s’adresse à Jean en qualité de prophète et non pas de père : « Toi, petit enfant » et non pas « mon enfant », et il place sa mission de Précurseur, accomplissement de Malachie 3.1 et Ésaïe 40.3, en contrebas de l’œuvre du Sauveur (verset 76) ; c’est bien dans cette perspective que Jean se présentera lui-même (cf. Luc 3.3 ; Luc 3.16 et suivant et, Jean 1.7 ; Jean 1.15 ; Jean 1.20 ; Jean 1.3:30). En plus des citations de l’Ancien Testament déjà signalées, on a remarqué que les versets 72 et suivant semblent faire allusion aux noms hébreux des trois membres de la famille (on sait combien les Israélites aimaient attacher un sens aux noms propres) :
Par le style et par certaines idées, en particulier le passage relatif aux ennemis (verset 71), le Cantique de Zacharie s’apparente à l’ouvrage pseudépigraphe contemporain : les Psaume de Salomon. L’un et l’autre, indignés par l’oppression et la haine, comptent sur le Messie futur mais tandis que dans les Psaumes de Salomon la soif de vengeance n’attend qu’un Messie politique, le Benedictus est évangélique au seuil de l’Évangile, et annonce rédemption, pardon, grâce, salut, paix (verset 68, 71, 77-79), aux conditions morales et religieuses de la sainteté, la justice et la foi (verset 75), en des termes qui dépassent même le développement spirituel des apôtres avant la mort du Seigneur.
Jean Laroche
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