(2 Samuel 15.32)
Éphraïmite, de la ville d’Arki, dont l’histoire offre un épisode politique bien rafraîchissant au milieu des guerres civiles qui ensanglantèrent une partie du règne de David. Fidèle sujet de son roi, Hushaï vint pendant les troubles de la conjuration de Absalom, se prosterner devant David, en lui exprimant la vive douleur que lui causait la révolte de son fils, la désertion de ses braves, l’abandon du lâche et ambitieux, mais habile Akhithophel : en même temps, il fait à son roi ses offres de service, et se déclare prêt à le suivre partout. Mais David qui redoute plus encore les perfides conseils de Akhithophel que ses troupes désertées, renvoie Hushaï à Jérusalem, lui enjoint d’affecter un grand attachement à la cause de Absalom, d’offrir à ce rebelle ses services, de chercher à gagner sa confiance pour obtenir une part dans ses conseils, et d’user ensuite de son influence, soit pour déjouer les plans de Akhithophel, soit pour faire connaître à David, par le moyen des sacrificateurs Tsadok et Abiathar, les résolutions auxquelles on se serait arrêté. Hushaï qui ne craint pas de se mesurer avec le vieux conseiller, obéit ; il se rend à Jérusalem et crie vive Absalom ! Le jeune rebelle qui connaît l’affection de Hushaï pour son père, s’étonne d’abord ; mais les succès qu’il a déjà obtenus l’aveuglent, et le disposent à croire à de nouveaux succès, à de nouvelles conquêtes ; chaque jour, il voit grossir les rangs de son armée, et Hushaï n’a pas de peine à le persuader que lui aussi se range à la bonne cause, acceptant pour maître celui que Dieu a désigné, que le peuple a choisi, et qui d’ailleurs appartient à la famille royale, à la dynastie reconnue. Un premier conseil d’Akhithophel relativement aux femmes de David, passe sans contestation, soit que Hushaï n’ait pas été consulté, soit qu’il ait cru devoir, dans l’intérêt même de son roi, se joindre à une mesure dont le résultat était de rendre toute réconciliation impossible. Akhithophel propose ensuite à Absalom, de fondre immédiatement avec 12000 hommes sur la petite troupe de David, encore faible en nombre, fatiguée, et sans doute facile à intimider. Mais un autre conseil intervient : c’est Hushaï qui parle : « Le conseil que Akhithophel t’a donné maintenant, dit-il, n’est pas bon. Tu connais ton père et ses gens, que ce sont des gens forts, et qui ont le cœur outré, comme une ourse des champs à qui l’on a pris ses petits : et ton père est un homme de guerre, qui ne passera point la nuit avec le peuple. Voici il est maintenant caché dans quelque fosse ou dans quelque autre lieu ; s’il arrive qu’au commencement on soit battu par eux, quiconque en entendra parler, l’ayant su, dira : Le peuple qui suit Absalom a été défait. Alors le plus vaillant, celui-là même qui avait le cœur comme un lion, se fondra ;… mais je suis d’avis qu’en diligence on assemble vers toi tout Israël depuis Dan jusqu’à Béer-Sébah, lequel sera en grand nombre comme le sable qui est sur le bord de la mer, et que toi-même en personne marches en bataille. Alors nous viendrons à lui en quelque lieu que nous le trouvions, et nous nous jetterons sur lui, comme la rosée tombe sur la terre, et il ne lui restera aucun de tous les hommes qui sont avec lui. Que s’il se retire en quelque ville, tout Israël portera des cordes vers cette ville-là, et nous la traînerons jusque dans le torrent, en sorte qu’il ne s’en trouvera plus même une petite pierre ». Cet avis prévalut ; Absalom et les siens le préférèrent à celui du vieux ministre. David fut averti par les sacrificateurs. Le conseil de Hushaï amena et devait amener la défaite de Absalom. Une insurrection ne peut triompher que par l’audace et la promptitude. Laisser aux esprits troublés le temps de réfléchir, à un roi comme David le loisir de rassembler les adhérents nombreux que son règne lui avait faits, c’était tout perdre. Hushaï était digne de lutter contre Akhithophel ; il perdit son rival, se montra son maître en diplomatie, et sauva le roi.