Ces deux mots signifient, le premier (hébreu chèrem) perdre, détruire, vouer à l’extermination, le second, en grec, ce qui est mis à part, séparé, dévoué. L’un et l’autre s’emploient pour indiquer un retranchement quelconque, physique ou moral, et particulièrement le retranchement d’un homme, repoussé soit de la société par la mort, soit de l’Église par l’excommunication. Des animaux, des villes, des peuplades, pouvaient être vouées à l’interdit, et cette peine emportait toujours dans le style de l’Ancien Testament la mort des personnes ; quant aux animaux et autres objets de valeur, ils étaient quelquefois également détruits, d’autres fois ils devenaient l’apanage du sacerdoce (cf. Lévitique 27.28-29 ; Nombres 18.14 ; 1 Samuel 14.44 ; Ézéchiel 44.29). L’interdit était considéré comme la propriété de l’Éternel, comme un don irrévocable offert en hommage au roi du peuple, et il est appelé à cause de cela une chose sainte (Lévitique 27.21). Ces sortes de vœux étaient prononcées par la libre volonté du peuple qui voulait se rendre Dieu favorable dans une entreprise importante. Quelquefois, cependant, un vœu était imposé à l’armée par son chef, qui le croyait nécessaire au succès de son expédition (Nombres 21.2 ; 1 Samuel 14.24) ; mais souvent aussi l’interdit perdait son caractère de vœu pour prendre celui de châtiment théocratique (cf. Esdras 10.8), et comme tel il rentrait dans l’ensemble des lois pénales d’Israël ; ainsi, dans les cas d’idolâtrie, l’Israélite qui s’était laissé entraîner au culte des faux dieux, était voué à la mort (Exode 22.20) ; les villes même qui s’étaient laissé séduire n’étaient pas épargnées, le feu et l’épée en faisaient justice (Deutéronome 13.13-16). L’apostasie était punie comme une rébellion politique, et c’en était une dans le principe de la loi. C’est par le même principe sans doute, quoiqu’il s’y joignît encore d’autres considérations, que la conquête de Canaan dut être accompagnée de l’extermination de ses habitants ; les Israélites devaient s’habituer à l’idée de voir en Dieu le roi des rois et le maître de la terre, en même temps que le chef de tout culte, de toute religion, de toute morale ; pour les Israélites la mort devait être la conséquence naturelle et nécessaire de l’abandon du vrai Dieu, et l’extermination des Cananéens devait dire aux nouveaux possesseurs du pays qu’un sort pareil serait la récompense d’une idolâtrie pareille (cf. Deutéronome 2.34 ; 3.6 ; Josué 6.17 ; 10.28-35, 37, 40 ; 11.11). L’interdit emportait la destruction de tout ce qui se trouvait dans ces villes coupables ; les hommes et le bétail étaient mis a mort, brûlés, lapidés ou passés au fil de l’épée, les maisons étaient rasées et les murs démolis, mais l’or et l’argent, ainsi que les vaisseaux d’airain et de fer, étaient mis à part pour le trésor de la maison de l’Éternel (Josué 6.21-24). Quelquefois, cependant, l’interdit n’était prononcé que contre les habitants de la ville, tandis que le bétail était épargné, et se distribuait avec le reste du butin entre les soldats du parti vainqueur (Josué 8.26-27 ; Deutéronome 2.34 ; 3.6). Celui qui violait un interdit était lui-même mis à l’interdit (Josué 6.18) ; Acan fut assommé de pierres et brûlé (7.25), et Saül fut rejeté de Dieu pour avoir épargné Agag, roi des Amalékites (1 Samuel 15.23 ; cf. Deutéronome 13.17).
Après le retour de l’exil, Esdras excommunia tous les Israélites qui, ayant pris des femmes étrangères, ne voudraient pas les renvoyer, et leurs biens furent mis à l’interdit (Esdras 10.8), ce qui paraît avoir été la conséquence ordinaire de l’excommunication ; l’on ignore si cet interdit amenait la destruction des biens, ou leur simple confiscation au profit du sanctuaire ; le premier cas paraîtrait plus probable, d’après Deutéronome 13.16.
L’excommunication était un interdit purement ecclésiastique, voir Bannissement.