1°. Ami et disciple du Sauveur, frère de Marthe et de Marie, demeurait à Béthanie. Il tomba dangereusement malade et mourut pendant un voyage de Jésus à Béthabara, et déjà depuis quatre jours il était enseveli quand Jésus, de retour avec ses disciples, le ramena à la vie par une parole aussi puissante et aussi simple que celle de la création : « Lazare, sors dehors ! » (Jean 11.1 ; 12.1). Ce miracle si grand irrita d’autant plus les principaux sacrificateurs contre celui qui l’avait fait, et détourna en même temps une partie de leur haine contre celui qui avait été ressuscité ; ils cherchèrent à faire mourir Lazare, offrant par leur conduite insensée un vrai type de la colère des hommes irrégénérés contre ceux en qui se manifeste une vie nouvelle.
D’après la tradition, Lazare était alors âgé de trente ans, et il vécut depuis encore trente autres années ; il est donc probable qu’il vivait encore lorsque les trois premiers évangélistes composèrent leur travail, et c’est peut-être par cette circonstance, à cause de la haine que les Juifs portaient à cet irrécusable témoin, qu’ils ont passé sous silence ce miracle qu’ils devaient bien connaître, mais dont le récit eût troublé et compromis de nouveau la vieillesse et la vie de ce disciple. Une autre tradition porte que Lazare et Marthe, après la mort de Jésus, sont venus dans les Gaules, en Provence, et qu’il a prêché l’Évangile à Marseille. En 870, on prétendit avoir trouvé ses os en Chypre, mais on sait tout le cas qu’on peut faire des os de l’Église romaine.
2°. Le nom de Lazare se trouve encore, en Luc 16.20, employé dans une touchante parabole du Sauveur ; le malheureux couvert d’ulcères est devenu un type de ce genre d’infortune, et a donné son nom, celui de lazaret, aux premières léproseries françaises ; en hébreu déjà, Lazare (Loezer) signifie celui qui est sans secours, indigent, malheureux. On ne peut douter que dans la bouche de Jésus le fait qu’il raconte ne soit une parabole, bien que quelques auteurs se soient demandé si la scène s’était passée à Jérusalem ou à Babylone ; mais cette parabole toute morale, qui devait porter les Juifs à la générosité, renfermait aussi pour eux une leçon dogmatique bien importante, c’est qu’on peut être fils d’Abraham selon la chair, et ne pas reposer dans le sein d’Abraham ; on en peut tirer aussi cette autre terrible conclusion qui a été développée dans un sermon de M. de Fèlice, c’est que ceux qui ne sont pas touchés et convertis par la lecture de la Parole, resteraient également insensibles aux manifestations les plus magnifiques de la puissance divine.