On appelait ainsi les hauteurs sur lesquelles des autels étaient élevés soit à l’honneur de Jéhovah, soit en l’honneur de divinités païennes, chez les païens ou chez les Israélites eux-mêmes (Nombres 22.41 ; 33.52 ; 1 Rois 11.7 ; 2 Rois 17.9-29 ; 21.3 ; 23.5-13 ; Jérémie 19.5 ; 48.35 ; Ézéchiel 6.3 ; 20.29). Ces autels, qui correspondaient aux chapelles que les catholiques élèvent en tant de lieux déserts, dans les bois et sur les montagnes, étaient d’invention païenne ; les anciens avaient choisi de préférence des collines (Jérémie 2.20), parce que la vue étendue dont on jouit lorsqu’on domine un vaste horizon, élève l’âme esthétiquement, et la dispose à l’adoration de l’idée divine ; Moïse ordonna à son peuple de détruire les autels qu’ils trouveraient sur les collines dans le pays de Canaan (Nombres 33.52 ; Deutéronome 12.2), et leur défendit même, pour maintenir intact le principe du monothéisme, d’en élever au vrai Dieu pour leur usage particulier (Lévitique 26.30 ; Deutéronome 12.4-5). Mais les Israélites se laissèrent entraîner par l’exemple du mal, et l’on trouve déjà avant Salomon des exemples isolés de hauts lieux construits, et en quelque sorte desservis par des prophètes (1 Samuel 9.12-14 ; 2 Samuel 15.32 ; 1 Rois 3.2) ; plus tard, après le schisme, ce culte d’encens et de sacrifices offerts en dehors du temple, apparaît comme formellement organisé, dans le royaume d’Israël surtout (1 Rois 12.31 ; 13.32 ; 2 Rois 17.32), et même dans celui de Juda, où tous les rois (sauf Ézéchias, 2 Rois 18.4) favorisèrent où du moins tolérèrent cet acte défendu, mais qu’ils croyaient justifié par le fait que c’était Jéhovah que l’on y adorait (1 Rois 15.14 ; 22.44 ; 2 Rois 12.3 ; 14.4 ; 2 Chroniques 33.17). Dans l’un et dans l’autre royaume, des prêtres particuliers étaient chargés de ce service (1 Rois 13.33 ; 2 Rois 17.32 ; 23.9-20). Avec le temps l’expression de hauts lieux prit une acception plus générale, et s’appliqua à des autels construits dans des villes et même dans des vallées (2 Rois 17.9 ; cf. Ézéchiel 16.24 ; 20.29 ; Jérémie 7.31 ; 32.33) ; peut-être aussi peut-on conclure (de Ézéchiel 16.16) qu’il y avait quelquefois des espèces de hauts lieux portatifs que les personnes riches faisaient et défaisaient à volonté, comme le tabernacle dans le désert, et qu’elles ornaient de riches tapisseries.