Ce grand luminaire fut créé au quatrième jour pour dominer sur la nuit, et pour servir de signe pour les saisons, les jours et les années (Genèse 1.16). Servante de la terre, elle fut bientôt érigée en maîtresse et reine du ciel par l’idolâtrie ; on lui attribua une puissante influence sur la fécondité du sol et sur le sort des hommes, et dans les siècles de la plus haute antiquité elle était déjà l’objet d’un culte impie (voir Job 31.26). Les Égyptiens l’adorèrent d’abord sous le nom d’Io, et plus tard sous celui d’Isis ; et les Israélites malgré la défense formelle de la loi (Deutéronome 4.19 ; 17.3), lui firent aussi des offrandes (Jérémie 8.2 ; 19.13 ; 2 Rois 21.3), qui consistaient principalement en encensements, en libations et en gâteaux de miel ayant la forme de croissants (Jérémie 7.18 ; 44.17-19). La lune comptait aussi des adorateurs en Arabie ; les Romains lui rendaient un culte sous le nom d’Hécate, la même que Diane, avec cette seule exception que Diane était chaste, tandis que la première était réputée pour ses aventures galantes. Macrobe, dans ses Saturnales, affirme que pour sacrifier à la lune les hommes se déguisaient en femmes et les femmes en hommes, et Maïmonides croit que c’est une des raisons pour lesquelles Dieu avait défendu aux Juifs ce double travestissement. Sur les rapports de la lune avec Astarté, voir Baal et Chaldée. Quant à la reine des cieux dont parle Jérémie (44.18), il paraît, malgré l’opposition de quelques savants, que c’est de la lune qu’il est question, et non point de la brillante planète de Vénus, ou de l’armée des cieux en général. Le passage de Psaumes 121.6, semble se rapporter à l’influence maligne, ou réputée maligne, de la lune sur ceux qui dorment en plein air, sous le ciel pur et serein de l’Orient, ou sur la vue de ceux qui la fixent trop souvent lorsqu’elle brille de tout son éclat. « L’astrologie naturelle, dit Calvin, montrera bien que les corps d’ici-bas prennent quelque inflexion de la lune, parce que les huîtres se remplissent ou se vident avec elle ; pareillement, que les os sont pleins de moelle ou en ont moins selon qu’elle croit ou diminue ». Dans tous les cas, et quoi qu’il en soit, le psalmiste annonçant que le soleil ne donnera pas sur l’homme pieux de jour, ni la lune de nuit, parle le langage de son pays et de son temps, et veut indiquer d’une manière générale, qu’il sera préservé de tout accident fâcheux, de toute influence malveillante, soit que cette influence existe, soit qu’il y crût lui-même, soit qu’il eût simplement égard à une certaine crainte populaire mais indéterminée, comme le sont presque toutes les superstitions, soit enfin qu’il eût le pressentiment de cette nouvelle terre où il n’y aura plus ni jour ni nuit. L’obscurcissement du soleil et de la lune (et il n’est pas nécessaire d’entendre par là des éclipses), est fréquemment indiqué comme devant accompagner de grands événements, la chute de l’empire assyrien, de Babylone, et la fin du monde (Ésaïe 13.10 ; 24.23 ; Ézéchiel 32.7 ; Joël 2.10 ; 3.15).
Les Juifs célébraient les nouvelles lunes ; c’étaient des jours de fête et de repos qui avaient leur place au commencement de chaque mois, l’année juive étant supputée en mois lunaires ; elles étaient en quelque sorte des sabbats de mois, comme le samedi était le sabbat de la semaine. Les Juifs se reposaient alors de leurs travaux, et consacraient en entier ces jours au service de Dieu. On offrait au sanctuaire des sacrifices spéciaux (Nombres 10 ; 28.11-15 ; cf. 1 Chroniques 23.31 ; 2 Chroniques 2.4 ; 8.13 ; 31.3 ; Esdras 3.5 ; Néhémie 10.33) ; le peuple se rassemblait en assemblée solennelle (Ésaïe 1.13 ; Ézéchiel 46.1), et les sacrificateurs sonnaient des trompettes sur les holocaustes (Nombres 10.10 ; cf. Psaumes 81.4). On faisait des banquets sacrés, et l’on se réjouissait d’une sainte joie ; un festin avait lieu à la cour de Saül (1 Samuel 20.5-24), et les plus pieux cessaient de jeûner ; il n’y avait ni travail ni commerce (Amos 8.5 ; Néhémie 10.31). On faisait la lecture de la parole de Dieu (2 Rois 4.23). Cette fête, à cause de son importance, et peut-être aussi à cause de son analogie éloignée avec le sabbat, est souvent nommée à côté du jour du Seigneur (2 Rois 4.23 ; Amos 8.5 ; cf. Osée 2.11 ; Colossiens 2.16). Chaque septième néoménie (nouvelle lune), comme le sabbat d’une semaine de mois, était célébrée d’une manière plus solennelle, avec un holocauste de plus ; c’était un mémorial de jubilation (Lévitique 23.24 ; Nombres 29.1). Tacite et d’autres auteurs parlent d’un usage pareil chez quelques peuples de l’antiquité, de prières adressées à la nouvelle lune, et de festins joyeux, célébrés le jour où le sacrificateur chargé de cet office annonçait publiquement que la reine des cieux recommençait à croître ; il ne s’agissait évidemment pas de la détermination mathématique de la conjonction de la lune et du soleil, mais de la phase apparente et du croissant visible. Les Juifs modernes n’ont pas abandonné cette tradition de la loi, mais ils n’interrompent pas pour cela leurs travaux ni leurs affaires ; les femmes seules ne font rien ce jour-là : le soir après le renouvellement de la lune, dès qu’ils aperçoivent le croissant, ils se rassemblent pour faire une prière à Dieu, dans laquelle ils rappellent créateur des planètes, et restaurateur de la nouvelle lune ; ils font en même temps une commémoration de David, et se séparent après s’être salués.