Substance bien connue, qui a été de tout temps, et qui est encore de nos jours, un des principaux régals des Orientaux (Genèse 43.11 ; 1 Samuel 14.27 ; 2 Samuel 17.29 ; Psaumes 19.10 ; Cantique 5.1 ; Proverbes 24.13 ; Ézéchiel 16.13 ; Matthieu 3.4 ; Marc 1.6 ; Luc 24.42 ; etc.).
Les païens avaient coutume d’offrir du miel en sacrifice à leurs divinités, et c’est peut-être pour éloigner toujours plus les Israélites des usages païens, que Dieu leur avait défendu de le faire sur ses autels ; d’un autre côté, pour les rattacher cependant à la vie paisible de l’agriculture, il avait maintenu les prémices du miel avec toutes les autres offrandes en nature, comme devant être offertes aux prêtres pour servir à leur entretien (cf. Lévitique 2.11 ; 2 Chroniques 31.5).
Quelques auteurs pensent que dans plusieurs passages de l’Ancien Testament, et notamment en Genèse 43.11 ; Ézéchiel 27.17 ; Jérémie 41.8, il ne s’agit pas du miel d’abeilles, mais d’une espèce de liqueur sucrée, de sirop, qui découle des dattes lorsqu’elle sont en pleine maturité (les docteurs juifs, Maïmonide, Josèphe ; Hitler, Celsius, Geddes, etc.) ; ils s’appuient entre autres sur ce que le mot hébreu debash qui signifie miel, a en arabe le sens de dattes ; d’autres pensent qu’il faut l’entendre d’un miel de raisins, c’est-à-dire du jus de la vigne, cuit avec ou sans sucre, jusqu’à épaisseur de sirop (Rosenmuller) ; cette boisson se fait de nos jours encore en Syrie et en Palestine (Shaw, Russel, Burckhardt). Trois quintaux de raisins donnent un quintal de cette liqueur, nommée encore debs (debash). On l’emploie au lieu de sucre, en la délayant d’eau ; pour les pauvres elle remplace aussi le beurre, et pour les malades le vin. Les Grecs et les Romains connaissaient aussi le miel du raisin, et ils s’en servaient non seulement avec le vin et le lait, mais aussi pour l’assaisonnement des fruits cuits (Virg., Ovid., Plin., etc.). On fait observer encore que le miel était si commun en Palestine qu’on a pu appeler cette terre un pays découlant de lait et de miel (Exode 3.8 ; 13.5 ; Deutéronome 32.13 ; Psaumes 81.16 ; etc.), et que par conséquent un présent de miel ne pouvait pas être quelque chose de bien rare pour le gouverneur de l’Égypte, tandis que du miel de raisin était plus digne de lui être offert, et plus capable de bien le disposer (Genèse 43.11).
Quoi qu’il en soit de cette question, les abeilles abondaient en Palestine, et les forêts pleines de leurs essaims, étaient chargées de rayons dont les cellules, se fondant à l’ardeur du soleil, laissaient échapper leur miel qui coulait le long des arbres et sur les rochers, pur de toute espèce d’alliage, de mélange de cire, plus délicat et plus recherché que le miel des abeilles de jardin ; les Hébreux l’appelaient yaarah, mot que nos versions ont improprement traduit par rayon de miel (1 Samuel 14.27 ; Cantique 3.1), au lieu de miel qui coule, ou de ce qui distille des rayons de miel (Matthieu 3.4).
D’après Suidas, Kuhnol, Fritsehe, ce miel de forêts désignerait une espèce de manne qui découle des feuilles de certains arbres, soit naturellement, soit par suite des piqûres d’un insecte ; mais cette opinion ne se justifie que par des analogies éloignées. Le mot nopheth employé (Psaumes 19.10 ; Proverbes 5.3 ; 24.13 ; 27.7 ; Cantique 4.11), a paru à Harmer désigner le miel de dattes, mais il signifie étymologiquement ce qui distille, et le mot noub qui correspond en arabe à l’hébreu nouph ou nopheth, signifie encore miel sauvage, ce qui distille des rayons de miel (Forskal, Russel). Hasselquist, Maundrell et Shaw, ont trouvé dans les plaines émaillées de Jérico des rayons de miel sauvage aussi gros et aussi soignés que s’ils eussent été dans des ruches.
Le beurre et le miel sont nommés dans l’Écriture parmi les rafraîchissements les plus délicieux (2 Samuel 17.29 ; Cantique 4.11 ; Job 20.17 ; Ésaïe 7.15). Dans le passage de 1 Samuel 14.27, cf. verset 30, l’effet produit par le miel sur les yeux de Jonathan, n’est autre chose que les forces et la clarté d’esprit que retrouve un homme fatigué et affamé lorsqu’il s’est un peu reposé et qu’il a pris quelque nourriture. Mais comme de violents désirs ont de violentes fins, et que la voracité s’engloutit et se tue elle-même dans sa satisfaction, Salomon a choisi l’exemple du miel pour recommander à l’homme la sobriété (Proverbes 25.16).
Les Hébreux appelaient bakbuk le vase destiné à contenir le miel coulé (1 Rois 14.3) ; d’après Jérémie 19.1-10, il paraît que c’étaient des vases de terre, et nos versions ont improprement traduit ce mot par bouteille, car il est évident que c’est de vaisseaux évasés et non de vases à longs cous que les Hébreux devaient se servir, pour y mettre une liqueur sirupeuse aussi facile à se candir que le miel.