Les miroirs de verre ne sont connus que depuis le treizième siècle ; jusqu’à cette époque, les anciens ne se servaient, comme font maintenant encore presque tous les peuples de l’Orient, que de miroirs de métal poli, de cuivre, d’étain, d’argent ou d’un alliage d’étain avec l’un de ces deux autres métaux ; l’usage en était si commun déjà du temps de Pline, que les domestiques même avaient souvent des miroirs d’argent. Cet objet de luxe et de propreté était une invention des Sidoniens. Les Hébreux le connaissaient (Job 37.18), et il ressort d’Exode 38.8, qu’il n’était point rare du tout, et que les femmes hébreues en possédaient un fort grand nombre ; c’étaient peut-être des miroirs portatifs retenus à la ceinture par des agrafes, ou fixés sur les bagues en guise de chaton. Ces petits miroirs avaient leur rôle dans quelques cérémonies païennes, et les femmes, en les présentant à leurs déesses, semblaient leur rendre hommage et se mettre dans leur dépendance ; on a voulu voir dans le passage cité de l’Exode une allusion à cette coutume, mais on ne l’a ni prouvé, ni même rendu probable (Gesenius). Une autre espèce de petits miroirs est nommée (Ésaïe 3.23), parmi les objets de luxe que le Seigneur détruira dans Juda en punition des péchés du peuple (voir Jacques 1.23 ; 1 Corinthiens 13.12). L’idée de miroirs se retrouve aussi en 2 Corinthiens 3.18, qui serait mieux traduit peut-être : « Nous tous qui faisons rayonner (comme en un miroir) la gloire du Seigneur », etc.
On comprend que, pour pouvoir être, non seulement portés, mais achetés facilement, des miroirs de métal devaient être très petits ; leur forme était ordinairement ronde ou ovale. Cependant il paraît qu’avec le temps, on attacha beaucoup d’importance à ces objets de luxe, et Sénèque se plaint d’avoir vu des miroirs aussi grands que le corps humain. La dot offerte par le sénat aux filles de Scipion n’aurait pas suffi, dit-il, à acheter un miroir à la fille d’un affranchi de son temps.