Elles sont sans contestation désignées par le mot μαργαρίτης, ου, ὁ dans le Nouveau Testament (Matthieu 7.6 ; 13.45 ; 1 Timothée 2.9 ; Apocalypse 17.1 ; 18.12), et selon quelques auteurs, notamment selon les commentateurs juifs, par l’hébreu peninnim (Proverbes 3.15 ; 8.11 ; 20.15 ; 31.10 ; Job 28.18 ; Lamentations 4.7 ; où nos versions ont mis pierres précieuses) ; plusieurs rabbins entendent aussi des perles l’hébreu dar, d’après l’étymologie de l’arabe (Esther 1.6) ; voir Marbre, et le b’dôlach, voir Bdellion. On fait observer le rapport qu’il y a entre l’hébreu peninnim et le latin pinna, nageoire, poisson, qui désigne aussi par extension le coquillage qui produit les perles ; la circonstance que le nom hébreu est toujours au pluriel, et le contexte qui met toujours les peninnim à côté des métaux et des pierres précieuses, sans qu’elles soient ni l’un ni l’autre, militent en faveur de la traduction adoptée ; enfin, le fait que les perles ont été connues fort anciennement, et notamment dans les contrées voisines de la mer Rouge et du golfe Persique, où elles sont fort abondantes, mérite d’être pris en considération. Mais d’un autre côté le passage des Lamentations, qui donne aux peninnim la couleur vermeille, ne cadre guère avec l’idée qu’il s’agisse là de perles, à moins qu’on n’admette l’assertion de Calmet, que l’eau des perles de l’Orient tire sur l’incarnat, ou l’explication de Bochart qui prend le mot rouge ou vermeil dans le sens d’éclatant, brillant, ainsi que cela se fait quelquefois en arabe, et comme nous en avons un exemple dans les purpurei olores d’Horace. Gesenius repousse cette signification secondaire du mot, et donne avec Michaélis et d’autres à peninnim le sens de corail. Il est difficile de décider.
Quant aux perles, elles ont servi au luxe dès la plus haute antiquité ; elles étaient un article de commerce fort important que les Orientaux tiraient assez ordinairement de l’Arabie, sur les côtes de laquelle on en péchait en grande abondance ; l’île de Tylos était en particulier renommée pour ses nombreuses et belles pêcheries de perles et de nacre, que des plongeurs allaient chercher aux pieds des rochers ; on en trouvait également en fort grand nombre dans la mer des Indes. Depuis quelques siècles les côtes du Nouveau Monde ont offert de nouvelles richesses sous ce rapport ; leurs perles ont une eau verdâtre, qui les fait moins rechercher peut-être que les perles gris de lin des mers du Nord, que les perles rose-rouge de l’Océan des Indes, mais qui n’en est pas moins pure, délicate, et souvent préférable et préférée. Le coquillage qui les sécrète est le mytilus margaritiferus de Linnée, long et large parfois de 30 centimètres et de l’épaisseur d’un doigt ; la coquille, sans forme et rude à l’extérieur, est polie et d’une blancheur éblouissante en dedans. Les naturalistes ne sont pas d’accord sur le mode de formation des perles ; on sait seulement que ce sont des excrétions de l’animal, soit accidentelles, soit destinées à boucher de petites cavités formées dans le tissu du coquillage. La grosseur, la forme et la beauté des perles qu’on trouve dans un même individu varient beaucoup ; l’on en trouve de rondes, d’ovales, d’allongées en poire et d’anguleuses ; leur nombre varie également, et l’on en a découvert jusqu’à cent cinquante dans une seule mère-perle, mais elles n’étaient pas toutes achevées au même degré. Les plus grosses appartiennent aux îles de Ceylan, de Sumatra et de Bornéo, les plus fines au golfe Persique. On en trouve quelques-unes, mais peu appréciées et peu solides, dans les huîtres communes, et dans les rivières de l’Europe, en Bohême et en Silésie.