On voit par Nombres 11.8, Ézéchiel 29.4-5, que l’Égypte, et notamment le Nil, abondait en poissons de toute espèce (cf. Exode 7.18). La Palestine en possédait également beaucoup dans ses rivières et dans ses lacs, et le lac de Génésareth était sous ce rapport tout particulièrement renommé (Jean 21.11 ; cf. Matthieu 14.17 ; 15.34). Les habitants de ses rivages vivaient de la pêche (Luc 5.2), mais travaillaient chacun pour son compte sans être réunis en corporation ou en corps de métier. On se servait pour pêcher, de filets de différentes grandeurs et de différentes formes (Matthieu 4.18 ; Jean 21.6), d’hameçons (Ésaïe 19.8 ; habakuk 1.15) et de crochets, crocs ou sorte de harpons (Amos 4.2 ; cf. Job 40.20-21). C’était surtout la nuit (Luc 5.5), ou au matin avant le lever du soleil, que les pêcheurs vaquaient à leur tranquille et silencieuse occupation. Les Phéniciens vendaient des poissons à la Jérusalem restaurée et reconstruite (Néhémie 13.16), du moins il n’en est pas fait mention plus tôt. Il ressort de plusieurs passages que les Juifs, surtout les Juifs postérieurs à l’exil, mangeaient volontiers le poisson, en comprenant sous ce nom tous les animaux aquatiques munis d’écaillés et de nageoires, car les autres, tels que la murène, le polype, la sèche, étaient déclarés impurs par la loi (Lévitique 11.9 ; voir Nombres 11.5 ; Néhémie 13.16 ; Matthieu 14.17 ; 15.36 ; Luc 9.13 ; 24.42 ; Jean 6.9 ; etc.) ; mais ils n’en faisaient pas, comme les catholiques romains, une des délicatesses du jeûne. Il y avait à Jérusalem un marché spécial destiné à la vente de la pêche, et une porte des poissons (2 Chroniques 33.14 ; Néhémie 3.3 ; 12.39). Cette viande ne figure jamais dans les sacrifices, non qu’elle fût souillée, mais parce qu’elle était considérée comme peu forte, peu nourrissante, et peu digne d’être offerte à la divinité ; il était même défendu aux prêtres d’Égypte d’en manger.
Il ne paraît pas que les Hébreux aient su désigner les différentes espèces de poissons par des noms particuliers ; du moins on n’en trouve aucun exemple nulle part ; le poisson même qui engloutit Jonas n’est pas désigné autrement en son lieu que par l’épithète de grand (Jonas 2.1) ; il est appelé baleine dans la mention qui en est faite (Matthieu 12.40) d’après la traduction des Septante, mais on est presque généralement d’accord à penser qu’il ne s’agit pas de la baleine dans ce passage : Hare l’entend de l’orque, grand poisson de l’espèce du dauphin ; Bochart et la plupart des commentateurs actuels, du requin (squamus, ou canis carcharias) ; ce grand poisson répond ainsi aux termes employés dans le livre de Jonas ; ses quatre cents dents placées sur six rangées sont aiguës et tranchantes comme des rasoirs ; sa gueule est si large qu’un homme peut à son aise y passer tout entier ; on a trouvé souvent dans son estomac des hommes, des chevaux, d’autres animaux ; et dans un de ces animaux qui ne pesait que 400 livres, on a trouvé jusqu’à dix thons. On raconte qu’un matelot fut un jour avalé vif par un requin, et que celui-ci ayant été atteint par un boulet de canon, le rejeta immédiatement, sans qu’il eût éprouvé le moindre mal. Nous avons parlé du poisson de Tobie à l’article Cécité, et du culte des poissons à l’article Dagon, voir aussi Béhémoth et Léviathan.